Eric Lhuillier, Ingénieur Général de l’Armement, nous a autorisé à rendre publique sa lettre adressée à l’Amiral Rogel, Chef d’Etat-Major de la Marine.
Nous versons ce document au dossier explosif de l’immigration maritime massive en Méditerrannée. Il confirme qu’il y a d’autres solutions que l’acceptation irresponsable d’un simple état de fait et l’organisation de quotas d’immigration par origine entre les différents Etats de l’Union.
Cette proposition est d’ailleurs pour le moins saugrenue : quel que soit son pays d’accueil, tout migrant ayant obtenu un droit d’asile dans un état de l’Union pourrait ensuite circuler librement en zone Schengen !
Encore une fois, à Paris comme à Bruxelles, à chaque occasion, sur tous les dossiers sensibles, on enfume le peuple.
Sans vergogne et sans limites.
MLS
Monsieur l’Amiral Bernard Rogel
Chef d’Etat-Major de la Marine
2, rue Royale
75008 – Paris
Monsieur l’Amiral,
Voici des années que je vois les commandants de navires de guerre français jouer les boys scouts en Méditerranée en secourant des migrants clandestins en difficulté et en les ramenant dans un port italien, d’où ils repartent rapidement vers des pays situés plus au Nord, dont, en particulier, la France. Bien entendu, les journalistes rapportent ces sauvetages avec tout l’esprit de « solidarité et de partage » en vogue à notre époque. Ils sont ainsi dans le rôle qu’on leur a inculqué dans leurs écoles de journalisme dont , si je me souviens bien , 90% des étudiants votaient Mélenchon à la Présidentielle de 2012 . Mais je trouve que nos marins se prêtent avec un peu trop de bonne grâce à ces figures imposées de la pensée unique. La plupart des officiers supérieurs qui commandent ces bâtiments semblent en effet tout contents de « passer à la télé », qui plus est dans la position valorisante de celui qui vient de faire sa bonne action.
J’entends bien que la déontologie des gens de mer oblige à porter secours à des êtres humains en danger. Mais je pense aussi que la Marine Nationale est d’abord faite pour défendre l’intérêt de la France. Et cet intérêt n‘est pas de favoriser une immigration dont le pays ne peut plus et ne veut plus.
Alors, ne serait-il pas préférable de ramener ces migrants à leur point de départ, ce qui aurait pour effet d’assécher immédiatement un trafic qui n’aurait plus d’intérêt ? Certes, il est probable que les pays de départ n’autoriseraient pas les navires européens à débarquer ces pauvres gens dans leurs ports, mais au moins la charge de la culpabilité en serait inversée. Et si ce refus est effectif, ne pourrait-on au moins laisser les migrants à la limite des eaux territoriales de ces Etats, dans des embarcations sommaires leur permettant de regagner la côte de départ par leurs propres moyens, ou les débarquer dans un endroit d’où ils ne pourraient pas gagner l’Europe ?
Je comprends que votre fonction vous interdise de répondre à l’aspect politique, voire polémique, de ma lettre. Mais peut-être pourriez vous répondre aux questions techniques qu’elle implique, c’est-à-dire à la faisabilité matérielle et juridique de ce que j’évoque.
Vous remerciant à l’avance de l’attention que vous porterez à cette lettre, je vous prie d’agréer, Monsieur l’Amiral, l’expression de ma haute considération.
Eric Lhullier
Ingénieur Général de l’Armement ( 2ème Section )
6 mai 2015