« J’ai fait mon devoir car j’estime que je suis un véritable fils de la France ».
(Alain Mimoun, à la ministre Chantal Jouanno, en 2011)
Il y a quelques jours, j’ai publié un article rendant hommage au Bachaga Saïd Boualem.
Un de mes lecteurs m’a écrit : « Votre choix d’un officier de l’armée française, vice-président de l’Assemblée Nationale, est mauvais, puisqu’il s’agit d’un notable. L’immigration est une chance pour la France. Pourquoi vous ne parlez pas des Algériens venus comme maçons ou éboueurs, faire le travail que les Français ne veulent pas faire ? ».
« Une chance pour la France » revoilà la tarte à la crème, bien lénifiante, chère au centriste Bernard Stasi (1). Pourtant, personne ne conteste – et surtout pas moi – que les ouvriers portugais venus travailler dans le bâtiment durant les « Trente Glorieuses », les républicains espagnols engagés dans la 2ème DB, les mineurs polonais, les maraîchers italiens du sud de la France, les tirailleurs et les Goumiers de Monte Cassino, etc… ont été, réellement, une chance pour la France : la défense de notre patrie ou l’immigration de travail sont éminemment respectables.
Mais le plaidoyer sentimentalo-pleurnichard de Bernard Stasi, partisan d’une immigration débridée (fruit du regroupement familial du tandem Giscard-Chirac) est une ineptie suicidaire.
Nous devons nous opposer à cette immigration « de peuplement » (2) surtout quand celle-ci refuse nos valeurs, nos coutumes, nos lois et veut nous imposer la Charia. Et puis, je ne pense pas que Merah, les frères Kouachi, Koulibaly et quelques autres du même acabit, français par le jus solis, aient été « une chance pour la France ». Pensons d’abord aux familles de leurs victimes !
De nombreux Musulmans ont voulu être (ou rester, comme nos Harkis) des Français et tous n’étaient pas de notables, loin de là ! Je vais donc, aujourd’hui, rendre hommage à un grand Français musulman dont on ne parle pas assez souvent: Monsieur Alain Mimoun.
Il est né le 1er janvier 1921 à Maïder en Algérie, alors française. Il était l’aîné d’une fratrie de sept enfants issue d’une famille pauvre: son père était ouvrier agricole et sa mère tissait des couvertures. Bon élève, il rêve d’une carrière d’instituteur et décroche son certificat d’études avec mention « Bien », mais il n’obtient pas de bourse pour aller plus loin. Il décide donc de s’installer en métropole, pour, dit-il « garantir sa totale intégration en tant que citoyen français ».
La « drôle de guerre » éclate et, le 4 janvier 1939, tout juste âgé de 18 ans, il signe un engagement au 6ème Régiment de Tirailleurs Algériens, et est envoyé sur la frontière belge. Après la débâcle de juin 1940, il s’initie à la course à pied. Son régiment est cantonné à Bourg-en-Bresse, c’est là que le président du club d’athlétisme local, Henry Villard, le remarque.
Il participe au championnat départemental de l’Ain et remporte l’épreuve du 1 500 mètres.
De retour en Algérie, au 19ème Régiment du Génie, il est affecté à une compagnie de sapeurs démineurs. Il combat contre l’Afrika-korps durant de la campagne de Tunisie (novembre 1942 – mai 1943). Il participe à la bataille d’El Guettar dans des conditions particulièrement éprouvantes.
Dès juillet 1943, pendant le campagne d’Italie, il est caporal au sein de la 3e Division d’Infanterie Algérienne du Corps Expéditionnaire Français, aux ordres du futur Maréchal Juin.
Grièvement blessé au pied à Monte Cassino, le 28 janvier 1944, il évite l’amputation de sa jambe gauche et est soigné à l’hôpital de Naples. Puis il participe au débarquement de Provence (15 août 1944). Il fait partie de cette glorieuse Armée d’Afrique qui a libéré la France.
Démobilisé en 1946, sans travail, le « Racing Club de France » offre un poste de… garçon de café à cet ancien combattant blessé au feu. A cette époque, le sport n’était pas encore vérolé par l’argent. Mimoun s’installe dans un modeste deux pièces au 127, avenue Simon-Bolivar à Paris.
Dès 1947, il enlève ses premiers titres de champion de France sur 5 000 et 10 000 mètres.
Il croise le Tchécoslovaque Emil Zátopek (1922-2000), qui devient son ami. Les oppositions Zatopek-Mimoun tournent le plus souvent à l’avantage de la « locomotive tchèque ».
Mimoun doit se contenter de trois médailles olympiques (d’argent) durant cette période : sur 10 000 mètres aux JO de Londres en 1948 et sur 10 000 et 5 000 mètres aux JO d’Helsinki en 1952.
Ensuite, Mimoun en accumule d’autres : sur 5 000 mètres en 1949, 1951, 1952, 1953, 1954, 1955 et 1956. Sur 10 000 mètres en 1947, 1949, 1950, 1951, 1952, 1953, 1954, 1955, 1956. Et en cross-country en 1950, 1951, 1952, 1954, 1956.
Il est élu « champion des champions français » par le journal « L’Équipe » en 1949.
Aux Jeux méditerranéens de 1951 et de 1955, il remporte le 5 000 et le 10 000 mètres.
En 1956, il détenait les huit records de France des 2 miles, 3 miles, 5 000 mètres, 6 miles, 10 000 mètres, 15 000 mètres, 20 kilomètres et le record de l’heure.
Né musulman, Ali Mimoun est devenu un catholique fervent, converti au catholicisme en 1955 à la suite d’un pèlerinage à Lisieux (3).
Le 1er décembre 1956, après un mauvais départ et une course éprouvante, Alain Mimoun devient champion olympique du Marathon, épreuve qu’il remporte en 2 h 25.
Il poursuit sa domination sur le fond français en remportant d’autres titres sur 10 000 mètres en 1957, 1958 et 1959. Il remporte Sedan-Charleville en 1959 et 1960.
Malgré son âge, il défend son titre à Rome en 1960, et compte un total de 86 sélections en équipe de France. En 1960, il aide à la création du « Centre d’Entrainement Sportif National » de Bugeat en Corrèze (4).
Après les accords d’Évian, Mimoun enregistre sa « reconnaissance de nationalité française » le 20 juin 1963. La France, dira-t-il, est sa « mère patrie » et, quand un journaliste trop curieux lui demande d’où il vient, il répond en souriant : « Je suis Français, de Corrèze ».
En 1966, à 45 ans, il remporte son dernier Marathon, après ceux de 1958, 1959, 1960, 1964 et 1965. Au total, il cumule 32 titres nationaux et 20 records de France.
Le 25 septembre 2002, à Argenteuil, il assiste à l’inauguration du 50ème stade portant son nom. Presque jusqu’à sa fin, on verra ce grand champion courir dix à quinze kilomètres par jour à Champigny-sur-Marne où il résidait alors.
Admis à l’hôpital militaire Bégin à Saint-Mandé, il y meurt dans la soirée du 27 juin 2013.
Alain Mimoun a été décoré de la Légion d’Honneur par quatre présidents. Elevé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur par René Coty, en 1956. Fait Officier de la LH par Georges Pompidou (à titre militaire, aux Invalides) en 1972. Commandeur par Jacques Chirac en 1999, puis Grand Officier par Nicolas Sarkozy en 2008. Il était également, Chevalier de l’Ordre National du Mérite, Commandeur de l’Ordre du Mérite Sportif, Croix de Guerre 1939-1945, et Croix du Combattant Volontaire.
Un hommage national lui a été rendu, en présence du président de la République, le 8 juillet aux Invalides, à Paris, avant des obsèques privées, le lendemain, en Corrèze.
Si je suis en désaccord total avec les thèses de Bernard Stasi, j’ai une admiration profonde pour ceux qui choisissent la France pour la servir. Mes respects Monsieur Mimoun !
On aimerait que beaucoup de Français, devenus français par le droit du sol, s’inspirent de votre amour de la France, ce pays qui ne vous a fait aucun cadeau et auquel vous avez tout donné !
Eric de Verdelhan
18 avril 2019
1)- « L’Immigration, une chance pour la France », de Bernard Stasi Robert Laffont, 1984.
2)- Qui est, en fait, un véritable « remplacement de population ».
3)- Il a, entre autres, fait construire une chapelle dans le cimetière de Bugeat, en Corrèze, d’où son épouse était originaire.
4)- Devenu depuis l’« Espace 1000 Sources Alain Mimoun »
J’approuve complètement votre article.
Pour moi, ceux qui viennent vivre en France, quelle que soit leur religion, mais qui respectent la France, ses valeurs, ses lois et les autres citoyens, sont bienvenues. Ensemble, nous pouvons développer notre pays bien aimé et aller jusqu’à le défendre contre l’adversité.
Honneur et respect à Monsieur Mimoun et à tous les étrangers immigrants qui suivent son exemple.
dans les années 63,64,65 , j’étais au même club que Mimoun , la VGA ( la vie au grand air ) a Saint Maur ? La récompense de temps en temps , pour nous les cadets , c’était de faire un » tour » de marne avec lui . Il nous a appris a courir jusqu’à la douleur , et de persévérer quelques minutes , et on atteins alors un état ou l’on ne ressent plus aucune douleur , on a l’impression de voler . C’était un sacré bonhomme ..simple et terriblement courageux , d’une droiture exceptionnelle ..il faisait ses 40 KM tout les jours .( il avait un mi-temps a la mairie pour tout salaire ) un exemple qui n’existe plus .Il ne courait pas pour l’argent mais pour l’honneur ,,,de la France . Menuisier , je lui dois ma réussite professionnelle , toute ma vie j’ai travaillé comme au stade ‘. Il m’est souvent arrivé de travailler 18 heures d’affilé et des mois de 300 heures, et aujourd’hui je suis encore 6 heures au potager a 70 ans .Alors aujourd’hui quand j’entends a nouveau le discourt des syndicalistes sur la remise en cause des 35 heures , je me dis que les français on du sang de navet dans les veines.Honte sur notre pays qui couvre de millions des footbaleux et qui a laissé vivre et mourir Alain Mimoun dans la misère .
Nos « chances pour la France » ne sont que le trop plein d’une Afrique surpeuplée , et une volonté des grands loobies financiers pour faire une Europe métissée , sans culture et sans racines , et surtout corvéable à merci !
Personne n’est chez soi , mais chacun fait ce qu’il veut ! Tout le contraire d’une bonne intégration ..
Alain Mimoun et tant d’autres moins connus existent pourtant … On ne peut que regretter que, de ce « forcing » imposé sans règles d’intégration n’aie au final déclenché qu’une haine bilatérale qui ne pourra que très mal se terminer .. La politique est un art , et la vitesse son ennemi .