G7 : PETITS SUCCES ET GROS ECHECS
(L’Imprécateur)

Le G7, ce n’est qu’un tiers de l’économie mondiale. Sans la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil, il ne peut prendre que des décisions régionales qui seront pilotées par les Etats-Unis.

Autrefois, la France était une grande puissance agricole et agroalimentaire mondiale, aux côtés des États-Unis. Deuxième exportateur dans les années 1990, notre pays est passé à la sixième place, derrière les États-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas, hors produits transformés.

Pour la première fois depuis la guerre, notre balance commerciale avec les pays européens a été négative en 2018. La compétence de nos agriculteurs n’est pas en cause ; celle de nos gouvernements, grands producteurs de charges salariales et de taxes, de nos fonctionnaires nationaux et européens créateurs de normes pour la plupart hors sujet ou stupides, est totale.

L’Allemagne s’est hissée en tête de la production européenne en quinze ans, reléguant la France au huitième rang. Même phénomène pour les fruits et légumes, avec l’Espagne, devenu le champion dans ce domaine. Résultat, pour compenser leurs coûts administratifs et fiscaux, les Français ont coupé dans les investissements, entraînant retards techniques et absence d’innovations. Un cercle vicieux.

Macron se découvre une vocation de grand négociateur

Ce n’est pas cela qui préoccupe Macron, mais comment faire, quoi inventer pour devenir le grand négociateur international que l’on  baptisera l’Ange de la Paix. Il a voulu se saisir de l’opportunité du G7 pour réussir : malgré le battage médiatique convenu, c’est un gros échec.

Macron s’était préparé deux gros atouts, enfin… ce qu’il croyait être deux gros atouts : inviter l’Iran, et, en s’appuyant sur les feux de forêt saisonniers au Brésil, imposer l’écologie comme sujet principal.

L’Iran a fait foirer le premier atout en envoyant son ministre des Affaires étrangères. Les chefs d’État du G7 ne parlent pas aux grouillots. Mohammad Javad Zarif a donc rencontré Yves Le Drian dans les coulisses, Macron est venu le saluer brièvement et MJZ est reparti sans avoir rencontré aucun autre chef d’État. La Maison Blanche a fait savoir que, n’ayant pas été informée de la venue de MJZ et n’ayant rien préparé pour une rencontre, il n’y avait aucune raison pour que Donald Trump parle au ministre iranien et Trump a dit qu’il prendrait directement contact avec l’Iran dans quelques semaines puisque c’est prévu dès que l’Iran donnera des signes de bonne volonté. Pour un grand négociateur international comme voudrait le devenir Macron, ce n’est pas un succès. Les médias nationaux payés pour encenser Macron voient bien sûr les choses différemment.

L’urgence incendiaire n’est pas du tout au Brésil

La photo ci-dessus, construite à partir de photographies satellites de nuit, montre que Macron s’est là aussi trompé : l’urgence n’est pas au Brésil, touché dans sa partie sud uniquement, mais au Paraguay dont presque toute la superficie est en feu, à Madagascar, et surtout dans toute l’Afrique noire centrale, au sud du Congo forestier. Là, comme au Brésil, ce sont les zones  déjà défrichées et mise en brûlis pour être « nettoyées » qui ont souffert. Comme TF1 l’a montré dans un reportage à l’Ouest du Brésil (État de Rhondônia) lundi soir, où l’on n’a vu que des zones buissonneuses brûlées. Ce que montre la carte où les zones de forêts en vert sombre sont presque partout intactes, les zones brun clair plus ou moins cultivées étant en rouge.

Dans les reportages sur l’Amazonie, les informations fausses ou déformées sont monnaie courante, entraînant des brouilles diplomatiques, hystérisant le débat et instrumentalisant des faits qui n’ont rien de dramatique. Les incendies au Brésil font couler beaucoup d’encre et de prêchiprêchas écolos. Mais affirmer que « Notre maison brûle. Littéralement. » montre une méconnaissance complète de la situation réelle, c’est de la « com », et de mauvais goût, comme celle de la terroriste climatique Greta Thunberg qui nous veut « terroriser ».

« En ce qui concerne l’Amazonie, l’appellation de « poumon de la planète » a tendance à faire tiquer les experts, rapporte le Huffington Post – que l’on peut difficilement accuser d’être climatosceptique. Sans parler des « 20% de notre oxygène » que la plus grande forêt du monde produirait. Cette affirmation, pourtant bien ancrée dans les esprits et dans les discours – y compris chez le président de la République – n’aurait en effet aucun fondement scientifique.

Aussi vaste soit-elle, la forêt amazonienne ne représente qu’environ 10% des forêts produisant de l’oxygène ; on est bien loin du chiffre fantaisiste avancé par Emmanuel Macron. D’autant plus qu’il y a bien plus d’oxygène produit par les océans (et notamment par la flore marine) que par les forêts terrestres. Si ‘’poumon’’ il y a, ce sont bien eux qui méritent le titre« . (V.A. 27août)

On oublie souvent que la forêt sibérienne est plus vaste que l’amazonienne. On oublie aussi qu’une forêt produit de l’oxygène, mais en consomme aussi beaucoup puisqu’elle respire comme tout organisme vivant, le bilan n’est pas toujours positif, et que les zones de végétation basse, mais dense, en produisent aussi. On oublie enfin que l’Agence spatiale européenne (ESA) estime qu’entre « 25 à 35% des émissions annuelles de gaz à effet de serre » proviennent des feux de forêt d’Afrique équatoriale. Et, étrangement, pas un écologiste ne semble  s’en émouvoir.

Pour le reste, tous les sujets qui fâchent ayant été soigneusement évités pour donner un semblant de cohésion, le  G7 peut sur ce plan là être présenté comme un succès. En réalité, le seul succès peut-être acquis, s’il est confirmé dans les semaines qui viennent, serait une réconciliation entre Trump et Macron, mais ce n’est pas la première fois que ces deux là s’embrassent et se tripotent sans que l’on sache lequel est en train de manipuler l’autre et peu de temps avant de rompre à nouveau. Si leur volonté de réintégrer Poutine dans le G7 qui redeviendrait G8 se concrétise ce sera un bon point.

Le bilan est quand même très léger et l’enterrement définitif du G7 serait politiquement et financièrement bénéficiaire, le G20 ayant une probabilité d’efficacité beaucoup plus grande.

Et si Macron s’occupait de redresser l’économie française et son agriculture en réduisant sérieusement le  poids administratif et fiscal qui les étouffe, au lieu de vouloir devenir l’éminence grise des vrais grands de ce monde, ce serait bien aussi.

L’Imprécateur
27 août 2019

3 Commentaires

  1. Mr Macron est un pompier pyromane … Même un G7 éclairé de mille feux télévisés n’en fera pas un être génial ..
    Malfaisant , prétentieux , méprisant , mal sevré … il le restera jusqu’à la fin …

  2. Ci dessous un e analyse écrite il y 20 ans !

    LA POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE :
    IL FAUT CHASSER LES MARCHANDS DU TEMPLE

    La mise en place de la PAC dans les années soixante avait pour ambition d’augmenter la production agricole pour permettre l’autosuffisance alimentaire de l’Europe et assurer le maintien de la classe paysanne. Quarante ans après sa mise en place le bilan est une série de catastrophes.

    Une catastrophe sociale
    Avec un budget public gigantesque, le nombre d’agriculteurs a été divisé par six générant une désertification massive des campagnes. Les subventions, attribuées pour maintenir ce revenu, sont distribuées de façon si inéquitable que beaucoup de petits paysans ont un revenu proche du SMIC alors qu’une minorité perçoit une rente publique supérieure au salaire d’un cadre supérieur de la fonction publique.

    Une catastrophe économique
    Malgré les affirmations nous sommes loin de l’autonomie alimentaire : 75% des protéines végétales consommées en Europe sont importées. Elles servent à nourrir du bétail pour produire en excédent du lait et de la viande d’une qualité douteuse que l’on brade d’autant plus sur le marché international que la qualité est douteuse. Plus le temps passe plus les finances publiques sont sollicitées pour compenser les nouvelles catastrophes sociales et économiques de cette politique folle.

    La trahison des clercs :
    Le comble, malgré ce déficit gigantesque en protéines végétales, le 3 décembre 1992 la Commission européenne, alors présidée par le très socialiste Jacques DELORS, signait avec les Etats-Unis l’accord de Blaire-House. Il concédait une diminution massive des productions européennes en oléo-protéagineux, un gel de 10% des terres cultivées et autorisait une augmentation des aides aux céréales que … nous surproduisons ! Le citoyen européen est en droit de se demander comment un tel accord, qui livre l’Europe pieds et poings liés aux marchands internationaux, a pu être signé … en leur nom !

    Une catastrophe écologique :
    Le développement insensé des productions animales a conduit à des nuisances environnementales que chacun constate et subi : après la Bretagne, de plus en plus de région sont « parfumées » aux lisiers des élevages intensifs, l’atmosphère et les eaux sont chargées en « icides » aussi divers que dangereux, l’eau potable a disparu ainsi que de nombreuses animaux sauvages, des torrents de boues destructeurs envahissent les maisons …

    Une catastrophe sanitaires :
    Malgré une volonté très forte de cacher, le quotidien nous fait connaître de nouvelles pathologies liées à la détérioration de l’environnement et de la qualité intrinsèque des aliments.

    Le temps est venu !
    Il est temps de demander des comptes à ceux qui nous ont conduit là, il est plus que temps de changer de direction. Il faut redéfinir les objectifs d’une politique agricole commune qui doit notamment permettre aux européens d’accéder à une réelle indépendance alimentaire, aider les paysans qui font une agriculture durable et lourdement pénaliser les autres. Il faut chasser les marchands du Temple !

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