INCOMPETENCES (2) :
LA LOI EGA
(L’Imprécateur)

Dans la série « INCOMPETENCES POLITIQUES« , que Minurne vient de lancer, la loi EGA (pour « Etats Généraux de l’Agriculture »), qui entrera en application le 1er février 2020, est en lice pour le podium !

En résumé, elle va réserver le monopole de la distribution aux grands groupes en obligeant à une organisation permettant une vente adaptée à chaque client selon plusieurs paramètres grâce à l’Intelligence Artificielle mise en œuvre par des « data scientists ».

On peut en attendre une augmentation générale de 6 à 7 % des prix des produits de grande consommation, l’appauvrissement des petits revenus pour lesquels l’alimentation et les produits de base sont une part importante de leur budget, la disparition des petits commerçants et finalement des retombées ridicules pour les producteurs.

Il fallait l’esprit tordu des énarques du ministère de l’Agriculture pour inventer pareille usine à gaz. Mais c’est le ministre qui la porte. Sénateur socialiste, ex agent du Trésor, il s’appelle Didier Guillaume, l’agriculture est un domaine où il est totalement incompétent.


UN APERÇU DE LA LOI EGA

Les grands groupes de la distribution vont devoir embaucher des « data scientists » pour mettre cette loi en application.

Avant d’expliquer en termes simples de quoi il s’agit, voici un extrait des compétences requises :

« Un bon data scientist saura contourner la difficulté liée au volume de produits avec les algorithmes de classification adéquats. Quant à la gestion des changements de comportement d’achat, elle se gère par le choix de modèles auto-apprenants, de type grandient boosté ou random forest.

Ces sujets devront être menés en proximité avec les équipes métiers et data. Les consultants Data Scientists en charge de ces projets évoluent généralement dans un environnement technique souvent constitué de Dalake, Datahub, Datawarehouse, d’outils de gestion de campagnes comme Adobe Champaign, Unica ou SalesForce, de requêtes SQL et de développements Python (packages Pandas, Scikit Learn, XGBoost, light GBM). Leurs compétences mathématiques associées à des connaissances précises du marketing et de la grande distribution sont indispensables pour ce contexte« . (Les Échos)

C’est clair ?

LA FIN DU HARD DISCOUNT

Le hard discount est un magasin de petite taille, en général dans les 600 m2, à prédominance alimentaire, qui vend en dessous des prix moyens de supermarchés parce qu’il se limite à un faible nombre de marques et de références dont il négocie l’achat chez des grossistes voulant se débarrasser à prix coûtant – voire à perte – de stocks excessifs. Ils ont surtout une clientèle à faibles revenus.

Depuis le 1er novembre 2018, l’obligation pour les grossistes de relever le seuil de revente à perte de 10 % a provoqué chez les discounters et les autres qui se servaient de certains produits comme « produits d’appel » une augmentation des prix sur Nutella, Ricard, Coca, Danette, pâtes Panzani, lait Guigoz, les marges nulles ou négatives ayant été interdites.

Pourquoi ? Le fisc estimait perdre lui aussi des taxes sur des chiffres d’affaires moins importants et sur la TVA.
Résultat de cette première Loi : une baisse de 1 à 3 % des ventes en 2019.

Avec la Loi EGA, les offres « deux pour le prix d’un » sont interdites », les références à prix cassés sont interdites. Seules sont désormais autorisées de minuscules promotions sur beaucoup de références simultanément. Pourquoi pas ? Seulement tout ce qui est simple et efficace étant banni du vocabulaire des énarques, la vente est soumise à un système ubuesque d’offres ultra-personnalisées.

CHAQUE CLIENT SERA ÉPLUCHÉ ET SCRUTÉ « POUR SON BIEN »

Chaque client sera identifié et scruté dans son comportement, ses achats, ses préférences pour une marque ou l’autre, pour tel ou tel produit. On lui proposera alors des coupons de réduction de valeur variable sur ses achats préférés, selon son niveau de fidélité aux produits et son niveau « de risque client ».

Qu’est-ce que le risque client ? Cela concerne les défauts de paiement.
Cela devrait, dit le ministère de l’agriculture augmenter les marges des magasins puisque les clients seront incités à être plus fidèles et à acheter de préférence les mêmes produits.

Le client sera identifié par une caméra à reconnaissance faciale à son entrée dans le magasin, ce qui lui évitera d’avoir à passer en caisse car d’autres caméras le filmeront durant tout son trajet dans les rayons, enregistrant tout ce qu’il y prendra. Sa carte de crédit ayant été enregistrée à son premier passage, il sera automatiquement débité ensuite, peut-être en fin de mois, mais cela n’est pas précisé.

Si c’est une première visite, il paiera avec sa carte de crédit, les paiements en espèces ou chèques devant être progressivement prohibés.

Ainsi Big Brother, « qui veut votre bien » (1984, Orwell), saura ce que chaque citoyen  consomme, en quelle quantité, sur quels produits, quelles marques, etc. et des milliers de fonctionnaires supplémentaires pourront faire des belles statistiques en dépouillant le tout, et le fisc surveiller que personne ne fraude avec des paiements en espèces non déclarées.

C’EST UNE APPLICATION DE LA THÉORIE DU RUISSELLEMENT

En échange, les distributeurs devront s’engager à baisser les prix sur les produits agricoles, fruits et légumes, viandes, poissons, lait etc. et s’engager aussi  à reverser « volontairement » aux agriculteurs une partie de ces marges mirifiques qui vont les enrichir. On ne voit pas très bien comment des marges plus faibles vont les enrichir sans qu’ils les augmentent fortement sur d’autres produits. Mais c’est leur problème.

Cette plaisanterie, au moment où Carrefour annonce qu’il devrait, pour équilibrer ses comptes, licencier trois mille salariés, où Auchan négocie des licenciements avec les syndicats où la disparition des Leader Price est annoncée, où Leclerc annonce des difficultés de trésorerie, et il n’est pas le seul !

On imagine avec quel plaisir et quel enthousiasme les distributeurs – qui ont déjà perdu en moyenne 1,5 % de chiffre d’affaires en 2019 – vont rogner leurs marges pour en reverser « volontairement » une partie aux agriculteurs.

C’est le progrès, dit le ministère, par l’application de la loi du ruissellement si chère à Macron.

APRÈS UBU ROI, ON PASSE À KAFKA

Il y a des dizaines de milliers de références et chaque acheteur est un cas particulier avec ses préférences, ses goûts, ses moyens financiers. Comment gérer cet énorme casse tête ?

Les énarques pensent à tout, sachez-le, et plus c’est compliqué plus ça leur donne des orgasmes. Les distributeurs devront s’équiper de « data scientists » pour concevoir des moteurs d’offres personnalisées s’appuyant sur des algorithmes d’intelligence artificielle.

Début de carrière : 3 200 €,

Expérimenté 5 000 €

Qu’est-ce qu’un « data scientist » ? Bonne question, voici la réponse la plus simple trouvée sur internet : le data scientist est un ingénieur de niveau minimum bac + 5, il travaille sur un projet sur lequel il doit mettre en œuvre les tâches suivantes : traduire un problème business en problème mathématiques/statistiques ; trouver les sources de données pertinentes ; proposer des recommandations sur les BDD à modifier, rapatrier, externaliser, internaliser ; …

Comment et sur quoi travaille-t-il ? La Loi EGA le précise, retournez au début de l’article à « Aperçu de la Loi EGA ».

Il est évident que seules les grosses centrales de distribution auront les moyens de payer des ingénieurs Bac + 5 qui sont rarement au SMIC, les ordinateurs, les logiciels, les caméras indispensables à la mise en œuvre de cette loi progressiste en diable. Que vont devenir les petits distributeurs, ceux dits « de proximité », ceux des villages qui font aussi des promotions ou des remises, comme sur les fruits un peu abîmés bons pour les confitures ? Ce n’est pas le problème du ministère de l’Agriculture ! Lui, son objectif, c’est de procurer aux agriculteurs des revenus supplémentaires fournis par les distributeurs. Ces derniers vont évidemment les prélever sur les clients. L’augmentation prévue est actuellement estimée à 6,3 %. Les gros revenus n’en souffriront pas trop, l’alimentation n’étant pas la part la plus importante de leur budget, mais  les autres ?

QUELS EFFETS PEUT-ON ATTENDRE DE CETTE LOI ?

Cette loi, avec l’automatisation électronique des ventes, va très probablement provoquer du chômage dans le personnel de vente et les caissières des distributeurs. Mais aussi la disparition de nombreux petits commerces. Par contre elle va donner du chiffre d’affaires aux entreprises de matériel informatique et créer des emplois d’informaticiens dont le gouvernement se gargarisera. Elle va aussi permettre à l’État un contrôle étroit des dépenses ordinaires des citoyens, qui mange quoi et en quelle quantité, ce qui lui permettra de faire des recommandations sanitaires personnalisées.

Mais rassurons-nous, il y a une forte probabilité qu’une loi aussi stupide finisse en fiasco, comme la plupart des initiatives « abracadabrantesques » de ce gouvernement d’incompétents.

L’Imprécateur
18 janvier 2020

6 Commentaires

  1. Encore un truc de fous …on n’arrête pas le progrès … On ne sait plus si on rêve ou si on cauchemarde !
    Il serait judicieux de ne plus faire ses courses avec un chariot , mais de choisir le panier . de faire une liste et de s’y tenir , et de ne payer qu’en liquide .. De quoi les faire cauchemarder un peu tous ces détraqués du bulbe …
    Un moment déjà que j’ai opté pour ce système , et les résultats sont excellents !
    – Quant aux pilules vertes de Dissident , on les a déjà avec nos merveilleuses chaines de télé ..Là aussi , choisir un film ou un reportage et on coupe tout !
    Bon courage à tous !

    • Si vous voulez vraiment foutre la merde dans les supermarchés, vous faites une première tournée d’achats  » légère  » avec une vingtaine de copains, par exemple le lundi, et vous réglez tous avec des chèques préalablement photocopiés. Vous revenez un jour d’affluence, avec votre vingtaine de potes, vous chargez les caddies à blocs, et, chacun à une caisse différente, vous payez avec les photocopies de chèques, ce qui est parfaitement légal. Sauf que dans les lecteurs optiques du supermarché, ça va coincer puisque les numéros de chèques sont déjà mémorisés. Un samedi avant le week end de Pâques, l’effet est garanti…

  2. Dans les magasins automatiques en question, ils vendront du « SOLEIL VERT » comme dans le film. Au début, il y en aura pour tout le monde…

    • Je n’y avais pas pensé, mais ça pourrait venir, déjà l’ONU a menacé la France de sanctions parce qu’après Vincent Lambert, les euthanasies d’handicapés lourds se multiplient. Bientôt ce sera les vieux de plus de 70 ans comme le préconise Jacques Attali, Ensuite les pilules vertes…
      Bien vu Dissident !

  3. Tout le monde ou presque joue au malin avec une carte bancaire parce que ça fait « riche ». Mais c’est un excellent fil à la patte qui permettra de sanctionner. Les gouvernants veulent supprimer les espèces (sauf pour leur valises clandestines, mais ils auront aussi le moyen d’utiliser le franc suisse pour lequel ce pays a créé le billet de 1000 FS qui, selon leur banque centrale, ne disparaitra jamais…)
    Bref, jouer uniquement à payer avec la carte ne met pas à l’abri des pannes d’électricité régionales suites à des guerres (civiles), catastrophes naturelles, etc. Et ces pannes peuvent durer… Et plus tard, ça permettra de sanctionner les porteurs comme en Chine. « Tu fais grève ? On te coupe les vivre et tu ne peux plus rien acheter gros couillon ! »
    Quant à la consommation, en Chine la personne qui va aux toilettes publiques et utilise trop de papier toilette est sanctionnée. Ils ont un permis de vivre à points. Chaque incivilité ou indiscipline leur fait perdre des points, et quand ils en ont plus : sanction, rééducation.
    La disparition de la monnaie papier/pièces, c’est le début de la fin. Et comme tout le monde aime payer par carte (ce qui freine les économies et pousse à consommer), cela pousse à la roue et le piège se referme. Les baisés, comptez-vous !

  4. Les coupables de la destruction de notre agriculture sont, au moins : La cupidité démoniaque de la grande distribution ; ce mondialisme dément, nocif, empoisonné, empoisonneur ; une bureaucratie tellement inutile qu’il vaut mieux en rire et une recherche tellement arriérée, que pour le coup, il conviendrait d’en pleurer de honte. Il y a aussi, dans ce paysage horrible, les organisations de producteurs, ces « interlocuteurs » exclusifs de l’administration. Là, je vais vous dire MM les agriculteurs encore survivants : dès que vous verrez les cadres de vos coopératives joliment cravatés, sachez que vous êtes déjà foutus, c’est un signe qui ne trompe jamais. Un autre signe, concomitant au premier, ce sont les réunions permanentes : ces types cravatés, quand ils ne sont pas à Paris à faire les jacques, sont systématiquement en réunion. Alors les gars, bonne chance avec les « datas scientists » crasseux et verdâtres qu’on vous colle maintenant dans les pattes, vous n’en aviez vraiment pas besoin. Incroyable cette histoire de « data scientists ». Grotesque.

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