L’EUROPE, LA GRECE, ET LE TONNEAU DES DANAIDES (par l’Imprécateur)

Jeudi 25 juin aura lieu à Bruxelles le dix ou douzième (on n’arrive plus à les compter), « sommet de la dernière chance » comme disent les journalises et les politiques qui aiment bien dramatiser les choses alors qu’il ne s’agit que d’une étape de plus dans un long marchandage entre un escroc officialisé et légitimé par son élection grecque et ses créanciers européens et internationaux.

Notre problème à nous, Français, c’est que notre négociateur en chef est du côté de l’escroc, « les Grecs ont raison » dit-il (BFM-TV), et se moque éperdument des conséquences qui adviendraient en cas d’échec final, puisque « c’est l’État qui paye » comme il aime à le dire. Or l’État a été bien imprudent ces dernières années en prêtant à la Grèce 50 milliards d’euros qui ont augmenté d’autant notre dette déjà colossale, et que les contribuables français devront éponger si un accord pour leur remboursement n’est pas trouvé. 50 milliards, ce sont 730 € par contribuable, du moins ceux qui paient des impôts sur leur revenu, soit moins de la moitié des foyers fiscaux français si l’on en croit le ministère des Finances qui trouve cette honteuse inégalité normale.

Côté grec, on objecte que puisque de toute façon on ne pourra pas rembourser, autant que le FMI et l’Europe se fassent une raison. De fait, la Grèce a un PIB de l’ordre de 200 milliards d’euros et une dette de 312 milliards, dont 246 lui ont été prêtés depuis 2010 en échange de promesses, « d’ivrognes » comme on dit. Ces prêts étaient consentis en échange d’efforts pour redresser le pays que le gouvernement de droite précédent n’a que timidement entamés, que l’actuel gouvernement de gauche n’a aucunement l’intention d’amplifier puisqu’il revient même dessus (il réembauche les fonctionnaires en surnombre licenciés et leur paie deux ans de salaire pour les indemniser) et dont le peuple grec ne veut pas. Les Grecs raisonnent comme ces mendiants que vous aidez pour leur donner une chance de se tirer de leur misère et vous objectent qu’ils n’ont aucune envie de travailler mais qu’il serait juste et bien que vous continuiez à leur donner de l’argent.

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Les États européens, et la France socialiste au premier chef, ont-ils réellement voulu aider la Grèce ? Rien n’est moins sûr. En mars dernier, un membre du FMI, le Brésilien Paolo Batista, déclarait sur une chaîne de télé grecque que la majeure partie de l’argent qui avait été prêté à Athènes l’avait été pour secourir des créanciers privés, en aucun cas pour aider le pays. « La Grèce a reçu des sommes énormes, mais cet argent a été principalement utilisé pour permettre le désengagement, par exemple, des banques françaises ou allemandes » (cité par Marianne).

Mais le proverbe bien connu « aide-toi et le ciel t’aidera » semble inconnu des Grecs qui malgré la publicité que fait la gauche française à leur misère affichée voudraient bien que la vie de citoyens-truands qu’ils menaient jusqu’à la crise soit oubliée le temps d’obtenir l’annulation de leur dette et qu’ils la retrouvent le plus vite possible. Que les truands veuillent bien pardonner ce lapsus, il fallait lire « citoyens-socialistes », nos lecteurs auront rectifié d’eux-mêmes.

Rappelons les faits. La Grèce du socialiste Papandréou vivait sur un petit nuage rose quand elle s’est rendue compte que sa dette augmentait, augmentait énormément, avec pour raison principale que pratiquement plus aucun grec ne payait d’impôts, la chose se réglant à l’amiable et de poche à poche entre le contribuable et le percepteur, ce qui fait que l’État ne voyait pas grand-chose arriver dans ses caisses. Le gouvernement se posa alors la question qui tue : qui serait assez bête pour prendre en charge le train de vie à la fois luxueux et parasitaire du pays ?

La réponse fut vite trouvée : l’Europe et sa masse énorme de fonctionnaires qui décident de tout, pratiquement sans contrôle d’un parlement croupion sis à Strasbourg, et ont besoin pour accroitre leur pouvoir et leurs salaires mirobolants défiscalisés que l’Europe et la zone euro s’étendent sans cesse. L’Europe va même jusqu’à payer les pays qui demandent à y entrer pour qu’ils se mettent aux normes européennes. La Grèce pouvait-elle trouver plus stupide ?

Le problème des conditions à respecter fut vite résolu : la Grèce falsifia ses comptes pour entrer dans la zone euro, puis continua à truander les fonctionnaires européens, chose facile puisque leur incompétence économique est à la hauteur de celle des grands financiers de l’hexagone, jusqu’à ce que la bulle explose.

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Les causes de la chute grecque sont bien sûr les grosses fortunes qui ont fichu le camp (emportant environ 20 milliards) dès que ça a senti le roussi de la faillite en prévision, mais surtout, et ça c’est vraiment le facteur principal, la fonction publique grecque  hypertrophiée et surpayée (relativement à sa productivité), un peu comme en France, mais en bien pire.

Beaucoup de ces fonctionnaires en surnombre n’ayant rien à faire passaient pointer au bureau le matin, puis filaient exercer une deuxième emploi, au noir celui-là, dans le secteur privé, ce qui arrangeait bien les employeurs dispensés de cotiser pour la retraite, la santé et la famille de ces merveilleux et consciencieux bi-employés.

Les chefs des administrations constatant que le travail n’était pas fait par des fonctionnaires dont l’absentéisme chronique n’était pas sanctionné (comme en France depuis la suppression du jour de carence) embauchaient à tout de bras, si bien qu’il y avait, ce sont de petits exemples, en moyenne 50 chauffeurs par voiture officielle, 45 jardiniers pour un jardin public de 100 m2 et un régiment de femmes de ménage pour chaque ministère.

De plus les fonctionnaires prenaient leur retraite à 50 ans, puisque c’était un acquis social sur lequel les syndicats interdisaient que l’État revienne et, faute d’enregistrement des décès, vivaient couramment jusqu’à 110 ans, ce qui évidemment ruinait les caisses de retraite (comme en France ou faute de transmission des certificats de décès des Africains ayant pris leur retraite au bled, leurs familles touchent de la Sécu les retraites jusqu’à ce que la durée de vie fictive prêtée au malheureux décédé devienne invraisemblable (interview de Marisol Touraine par JJ Bourdin, BFM-TV). En Grèce, quand tous les grands-parents étaient morts, la famille continuait ainsi à percevoir pendant des années plusieurs pensions de retraite. Le cas le plus extrême trouvé par les inspecteurs que la Commission européenne s’est finalement décidée à envoyer, est celui d’un homme mort en 1953 dont la famille percevait toujours la pension plus d’un  demi siècle plus tard, plus quatre autres pensions d’autres parent morts eux aussi depuis des années.

Les filles célibataires de ces fonctionnaires morts depuis belle lurette ont droit à une rente viagère. Pour la conserver, elles restent officiellement célibataires quand elles se mettent en ménage avec un amant, ce qui leur permet de conserver la pension à laquelle vient s’ajouter les primes de mère célibataire quand elles ont un enfant. Le gouvernement de droite qui a précédé l’actuel de gauche a fini par plafonner l’âge de ces rosières à 18 ans.

Les marchés publics sont, comme dans beaucoup de communes socialistes françaises (relire Rose connection), un peu « arrangés » pour que les copains élus et les amis en profitent, les prix acceptés n’étant pas contrôlés sont parfois de cinq à dix fois supérieurs à ceux du marché.

600 métiers environ sont considérés comme pénibles, comme coiffeur, présentateur à la télé, musicien jouant d’un instrument à vent, femme de ménage. Les hommes peuvent prendre leur retraite à 55 ans et les femmes à 50 ans, ce qui leur permet de toucher leur retraite à taux plein tout en continuant à exercer dans le privé. Or, ils touchent à la retraite 96 % de leur dernier salaire. Un rapport publié en 2011 a démontré que l’employé public en Grèce gagne trois fois plus que le même dans le secteur privé.

Comme en France aussi, il y a des milliers de « comités Théodule », de commissions et d’agences, d’instituts et même de ministères qui ne servent à rien, créés uniquement pour caser les copains, la famille et les clients électoraux. Un exemple : 1 763 fonctionnaires « travaillent » toujours pour l’Institut pour la protection du lac Kopaïs qui a été asséché en… 1930 ! Et les salaires des fonctionnaires grecs sont élevés, ainsi ceux des Chemins de fer grecs (O.S.E) sont en moyenne de 66 000 € par an et les fonctionnaires sont là aussi en surnombre. En effet, le réseau ferré fait moins de 2 500 km, réalise annuellement 100 millions d’euros de chiffre d’affaires et, à cause de la masse salariale gigantesque, l’État grec doit rajouter chaque année plus de 900 millions ! Tenez-vous bien, en 2013 la France a proposé que la SNCF rachète ce puits à déficits ! Les Grecs ont bien raison de penser que nos dirigeants sont bêtes !

Alexis Tsipras a, comme Français Hollande, fait plein de belles promesses aux Grecs pour être élu. Ce que lui demandent ses créanciers, c’est d’entreprendre des réformes en commençant (comme devrait le faire la France) par la réforme de la fonction publique et la lutte contre la corruption publique. De plus, lutter contre l’évasion fiscale dont une bonne partie est due aux hommes politiques grecs comme l’a montré une liste de 2 059 évadés fiscaux grecs établie par le FMI en 2010 ; sanctionner la corruption publique et privée ; réformer de fond en comble le secteur public en termes d’effectifs, de salaires, de temps de travail et de retraites. Tsipras ne le fera pas, ce sont les fonctionnaires qui l’ont fait élire pour protéger leurs énormes privilèges.

Que peut-il se passer dans les jours qui viennent ?

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Soit la Grèce sort de l’Euro, soit elle se résout à l’austérité

L’Europe et le FMI cèdent à Tsipras et prêtent des milliards d’euros supplémentaires à la Grèce qui rembourse une petite partie de sa dette pour la forme et dans quelques mois le problème se reposera. Ce serait la solution lapin-crétin de la dette éternelle permettant à la Grèce de continuer à vivre à crédit, un crédit dont les Européens paieraient les intérêts (actuellement faibles il est vrai). On s’avance mutuellement de l’argent qu’on n’a pas.

Tsipras cède à Merkel et au FMI parce que ce qu’il veut avant tout, c’est conserver le pouvoir et que pour cela il est prêt à trahir le peuple qui l’a élu : il renie ses promesses électorales de retour de la croissance et de l’emploi, engage des sérieuses économies et des réformes et, comme Hollande, espère que la situation s’améliorera d’elle même suffisamment vite pour qu’il soit rééligible aux prochaines élections malgré la misère et le chômage qu’il aura créés.

Tsipras tient bon, mais négocie avec l’Europe une sortie organisée de la zone euro (zone euro qu’il critiquait avant d’être élu) pour en réduire les conséquences négatives au maximum. Il remplace  l’euro par la drachme, la dévalue de 30 % au bout de quelques semaines, les touristes attirés par les prix devenus bas reviennent, les financiers européens attirés par les bas salaires investissent et les exportations reprennent. L’économie grecque se redresse lentement mais surement et la Grèce guérie du socialisme réintègre l’Europe dans quelques années. Mais Tsipras ne pourra pas faire l’économie des réformes à un moment ou à un autre.

Parions que c’est une quatrième solution, boiteuse et à base de jeux d’écritures comptables bancaires virtuelles, qui sera trouvée, car les milieux financiers y poussent pour sauver leurs avoirs et les banques, et même Hollande n’a aucune envie d’annoncer au Français qu’il pourrait avoir perdu 50 milliards. Elle présente un risque non négligeable : que les citoyens européens perdent totalement la confiance déjà sérieusement ébranlée qu’ils ont encore dans l’euro et l’Europe et « foutent en l’air » le système, quitte à se tirer une balle dans le pied, comme le font les Grecs qui retirent leur argent des banques en regardant si les billets en euros qu’on leur remet sont allemands (totale confiance), français (confiance faible) ou grecs (pas de confiance du tout), et pourtant ce sont les mêmes euros.

L’Imprécateur

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