Arash Derambarsh est Avocat au Barreau de Paris.
Conseiller Municipal de Courbevoie (Hauts de Seine), il est à l’origine de la loi contre le gaspillage alimentaire en France.
Il a reçu le prix « Win Win » en 2019 (équivalent du prix Nobel pour le développement durable).
Il a choisi de s’exprimer ici sur un exemple concret de ce que pourrait faire d’utile cette Europe qui n’a pas franchement brillé dans la crise sanitaire que nous traversons.
« Pour une directive européenne contre le gaspillage alimentaire ».
Avec cette crise sanitaire sans précédent provoquée par « Coronavirus Covid-19 », il serait plus que souhaitable de développer la solidarité et la fraternité en Europe.
La fraternité doit être un des piliers de la construction européenne car c’est une valeur qui permet aux citoyens européens de se rapprocher.
Cela passe par une entraide alimentaire.
1,3 milliard de tonnes de nourriture sont jetées ou perdues chaque année, soit 1/3 des aliments produits sur la planète !
Face à cette aberration, près de 10 millions de Français n’ont plus d’argent sur leur compte en banque après le 10 du mois et plus de 100 millions d’Européens vivent dans une situation de pauvreté sur le continent (sources : INSEE et Eurostat).
Il y a quatre ans, le 3 février 2016, la France a adopté une loi historique contre le gaspillage alimentaire.
Depuis, les supermarchés n’ont plus le droit de jeter leurs invendus alimentaires et doivent désormais les distribuer à une association. Une première mondiale.
En France, grâce à la loi, plus de 5 000 associations ont bénéficié des invendus alimentaires. Et plus de 10 millions de repas ont été distribués à des démunis. C’est une hausse de 22% du don alimentaire (chiffres confirmés par le programme alimentaire mondial des Nations Unies).
C’est une loi utile et efficace qui a été immédiatement applicable et n’a rien coûté à l’Etat ni aux contribuables.
Mais pour que la loi soit pleinement efficace, elle se doit d’être européenne…
Car on ne peut pas se satisfaire de la situation alimentaire dans l’Union Européenne aujourd’hui.
Plus de 80 millions de personnes vivent encore sous le seuil de pauvreté. Et alors que beaucoup ont du mal à nourrir leurs familles et à faire face à la crise, chaque supermarché, dans l’Union Européenne, jette plus de 40 kg de nourriture par jour ! Ce qui correspond à 500 € de nourriture consommable.
Aujourd’hui, avec cette crise sanitaire que nous traversons, il faut montrer des signes importants et concrets. Par exemple, qu’Emmanuel Macron ou d’autre chefs d’Etats de l’Union proposent d’étendre notre loi sur le continent en obtenant une directive contre le gaspillage alimentaire.
L’impact sur le plan européen d’une telle directive permettrait d’éradiquer une partie de la faim sur le continent.
Cette directive, à l’image de la loi votée en France ou à Herstal en Belgique (grâce à Frederic Daerden) est simple : elle obligerait chaque supermarché à faire don de ses invendus à l’association de son choix.
Elle faciliterait la récupération des invendus consommables d’un supermarché par des bénévoles. Ces derniers pourraient ensuite les distribuer immédiatement aux personnes nécessiteuses, notamment aux SDF.
Cet encadrement légal Européen aurait trois conséquences :
1) Que chaque ressortissant Européen puisse créer une association et obtenir une habilitation auprès des autorités compétentes.
2) Que chaque ressortissant Européen puisse ensuite s’adresser à l’enseigne de son choix, afin que celle-ci lui remette ses invendus pour une distribution chaque soir.
3) Qu’en cas de refus, le supermarché soit exposé à une lourde amende (en France, cette amende est de 10.000 € aujourd’hui).
Notre pétition « Stop au gaspillage alimentaire en Europe » (soutenue par le Programme Alimentaire Mondial de Nations Unies, La Croix rouge et Action contre la Faim) a déjà dépassé 1,5 millions de signatures. Nous sommes confortés dans l’idée que les Français et les Européens attendent cette loi.
Arash Derambarsh
28 avril 2020