« Jamais le drapeau du FLN ne flottera sur Alger … »
(Charles de Gaulle, en juin 1958).
13 mai 1958 – Alger
Aujourd’hui, les vieux soixante-huitards, devenus les « bobos » de la gauche-caviar, vont se remémorer, avec des trémolos, leur 13 mai 1968 : cette époque bénie où ces enfants trop gâtés de l’après-guerre (1) pouvaient tout casser, brûler des voitures, jeter des pavés sur les forces de l’ordre et hurler « CRS=SS » quand les flics ripostaient à coup de matraque.
Bravant, sans le moindre risque, le pouvoir gaullien, ils se prenaient pour des révolutionnaires ou mieux, pour des héros.
Quand on voit l’écolo-libéral « Dany le Rouge » soutenir Macron, on se dit que, finalement, les CRS de 68 auraient dû taper beaucoup plus fort !
Pour ma part, chaque 13 mai, j’ai une pensée pour celui de mes huit ans. C’est loin, mais je n’ai rien oublié de ce fameux 13 mai 1958, raconté avec force détails par de nombreux écrivains, plus ou moins témoins ou acteurs de ce qu’il faut bien appeler un coup d’Etat des séides gaullistes.
Sur Wikipédia, on peut lire ceci : « Le putsch du 13 mai est le coup d’État mené à Alger (département d’Alger) le mardi 13 mai 1958, conjointement par l’avocat et officier parachutiste de réserve Pierre Lagaillarde, les généraux Raoul Salan, Edmond Jouhaud, Jean Gracieux, l’amiral Auboyneau avec l’appui de la 10e Division Parachutiste du général Massu et la complicité active des alliés de Jacques Soustelle… ».
C’est (comme d’habitude !) approximatif et incomplet.
Au départ, en pleine guerre d’Algérie, c’est un drame qui va provoquer l’indignation des foules : le 25 avril 1958, un tribunal révolutionnaire de l’ALN (2) condamne à mort et exécute trois soldats français prisonniers depuis le 1er novembre 1956. Ces soldats, qui sont tombés dans une embuscade, sont René Decourteix et Robert Richomme du 23ème RI et Jacques Feuillebois du 18ème Dragons.
Pendant 18 mois, ces malheureux garçons ont subi un atroce calvaire, traînés de village en village, la corde au cou, couverts de crachats, de coups et d’insultes. Ils sont fusillés par l’ALN… sur le sol tunisien, ce « pays neutre et ami de la France » aux yeux de l’ONU.
Le général Raoul Salan était aux premières loges.
Il a raconté en détail le 13 mai dans un numéro d’« Historia », repris dans ses mémoires (3).
En France, le gaulliste Alexandre Sanguinetti remue ciel et terre pour organiser une grande manifestation en mémoire des trois soldats fusillés.
A Bône, à Oran, puis à Alger, les partisans de l’Algérie française et les associations d’anciens combattants en font autant. Mais il ne faut pas occulter l’agitation provoquée autour de ce drame par les partisans de « l’ermite de Colombey » qui ne rêve que d’un retour au pouvoir.
Retour que seules des conditions dramatiques pourraient provoquer.
Le dimanche 11 mai, un gaulliste historique demande à Raoul Salan :
« Mon général, pouvez-vous temporairement vous passer de deux régiments parachutistes et, en cas de troubles, les envoyer sur la région parisienne ? ».
Le 13 mai 1958 est un coup d’Etat gaulliste : les gaullistes ont bien envisagé un coup de force des paras pour s’emparer du pouvoir !
Salan était prêt à marcher puisque, il l’écrira lui-même :
« A Paris, des hommes politiques reprochent à cette guerre de s’éterniser et de coûter cher. 400 000 hommes, disent-ils, n’arrivent pas à bout de 60 000 Fellaghas ! Je retrouve les propos tenus autrefois sur l’Indochine… Mais Alger est à la porte de Paris… ».
Manipulé par les gaullistes – qui ont pourtant tenté de l’assassiner en janvier 1957 (4) – Salan déclare à la presse : « Pour éviter le désordre, je suggère que monsieur Pflimlin se retire et qu’un gouvernement de salut public soit constitué avec, à sa tête le général de Gaulle, seul garant pour nous de l’Algérie française … ».
Le 13 mai, une grève générale est décidée à Alger, en même temps qu’une grande manifestation patriotique au plateau des Glières, où se trouve le monument aux morts de la ville.
Cette manifestation de « Pieds-noirs » et de Musulmans, qui fraterniseront avec les paras du 3ème RPC de Trinquier et ceux du 6ème de Romains-Desfossés va prendre une ampleur considérable.
Au balcon du gouvernement général, la foule en liesse acclame les différents orateurs.
On crie « Vive l’armée », « Vive Massu », « Vive Salan », « Algérie française », mais surtout « Vive de Gaulle » et « de Gaulle au pouvoir ».
De nombreux auteurs qualifieront d’« heures historiques » ce qui fut une gigantesque manipulation. Pendant ce temps, de Gaulle secoue ses supporters et ses fidèles en leur rappelant qu’il n’interviendra que « comme arbitre ». Il n’ose pas encore dire comme sauveur !
Et « l’ermite de Colombey » revint aux affaires, après une longue traversée du désert, à coups de propos mensongers. Bernard Moinet, dans son « Journal d’une agonie » (5) s’est donné le mal de reprendre les différents discours, notes, conférences, dans lesquels « l’homme du 18 juin » a pris position en faveur du maintien de la France en Algérie mais surtout, a demandé aux militaires, aux « Pieds-noirs », aux Harkis, de lui faire confiance.
C’est à la fois édifiant et scandaleux !
Le fourbe va rapidement tomber le masque. Dès janvier 1959, une des premières mesures du tout nouveau président de la République laisse les « Pieds-noirs » et l’armée perplexes : la grâce de 180 terroristes – excusez du peu ! – du FLN condamnés à mort pour des massacres ; la libération de 7000 prisonniers (qui s’empressent de gagner le maquis pour reprendre les armes contre la France) ; et enfin le transfert du traître Ben Bella et de ses codétenus à l’île d’Aix, où ils allaient bénéficier d’un hébergement de luxe.
Cette clémence n’était que la première étape du chemin de l’abandon.
Très rapidement le « général micro » – qui découvre, en revenant aux affaires, l’utilisation qu’on peut faire de la télévision – dévoile ses véritables intentions : l’indépendance à court terme.
Déjà, des émissaires gaullistes rencontraient en grand secret des responsables du FLN pour préparer ce que de Gaulle appelait « la paix des braves ». Le 16 septembre 1959, il prononçait son discours sur « l’autodétermination » qui ouvrait la voie à l’indépendance.
Pierre Pflimlin, éphémère Président du Conseil qui n’avait tenu que 20 jours avant d’être renversé par les gaullistes en mai 1958, avait vu juste quand il déclarait :
« Les gens d’Alger vont avoir des surprises avec de Gaulle. Il les matera durement. Il ne croit pas à l’Algérie française. Il ira plus loin dans la politique algérienne qu’aucun gouvernement n’aurait pu le faire… Un jour les Français d’Algérie regretteront de m’avoir renversé… ».
La perte de l’Algérie, c’est aussi la fin de notre autosuffisance énergétique et le début de l’immigration-invasion que nous subissons actuellement. Comme disait un humoriste – ô combien lucide ! – « Lors du divorce entre la France et l’Algérie, c’est la France qui a obtenu la garde des enfants.
Pour moi, le 13 mai sera toujours une journée de deuil !
Semper fidelis.
Éric de Verdelhan
13 mai 2020
1)- C’est une époque où 20% des bacheliers, généralement issus de la bourgeoisie, pouvaient faire des études supérieures. Depuis, par souci d’égalité, on donne un bac totalement dévalorisé à 85 ou 90% d’une classe d’âge et on s’étonne qu’il n’ouvre qu’une porte : celle de « Pôle-emploi ».
2)- Armée de Libération Nationale ; la branche armée du FLN.
3)- « Mémoires » du général Raoul Salan, en 3 tomes. Le dernier, et le meilleur, traite du drame algérien. Plon, 1973.
4)- « L’affaire du bazooka » qui coûta la vie au commandant Rodier. Philippe Castille, l’un des auteurs de l’attentat, rejoindra plus tard Salan au sein de l’OAS.
5)- « Journal d’une agonie » de Bernard Moinet ; éditions Saint Just, réédition 1981.
si je n’avais que 14 ans en 1958 donc trop jeune pour discerner le drame abominable que vivaient les deux communautés j’ai depuis , grâce à internet et au blog « Algérie Française » qui a disparu , compris bien des choses et acquis une certaine conscience politique ( je ne suis pas un lanceur d’alerte bien que je passe pour un « complotiste » )gaulliste par tradition familiale , je me suis remis en question considérant la catastrophe qu’aura provoqué le « grand homme » et la France aurait du rester une grande puissance indépendante et souveraine même si depuis la plupart des dirigeants nous ont copieusement trahis particulièrement les derniers qui méritent d’être jugés et condamné à mort . « Les hommes (femmes politiques ) sont la lie de la société ; Brutes immondes arrogantes et cyniques, qui ne savent que mentir, voler, détruire, trahir, vautrées dans la fourberie et les forfaitures les plus abjectes »
En ce mois de Mai 58 je fêtais mes 9 ans. Je me souviens très bien du retour de mes parents à la maison, enthousiastes, euphoriques… Ma famille était très liée à un putchiste venu plus tard saluer mes parents en leur annonçant qu’il fuyait se mettre à l’abri en Espagne. Puis plus tard encore un autre de leurs amis, venu embarquer sur un chalutier lui aussi ( un du STAFF OAS).
Tous décédés depuis longtemps…
Je ne citerais ici que Claude Piegts, fusillé par le pouvoir gaulliste. Il habitait la maison de l’autre côté de la rue avec ses parents. Nous autres, enfants du quartier n’avions d’yeux que pour son coupé Alpha Roméo rouge. Et puis un jour il n’est plus revenu se garer juste en face…
Moi, j’avais 11 ans et je m’en souviens comme si c’était hier tant la foule était enthousiaste !!!!! Des femmes musulmanes ont enlevé leurs voiles et les ont brûlés devant nous !!!!! JAMAIS, je ‘oublierai comme JAMAIS je n’oublierai la trahison de cet homme que tout le monde trouve « très grand » ….. Par la taille, sans doute, mais pas par l’honneur !!!! Mon pays perdu reste encore aujourd’hui une plaie ouverte qu’aucun pays ne peut effacer …. Ce qui est sur c’est que si nous avions gardé notre beau pays, il y aurait du travail pour pas mal de français (du continent) et, peut-être pas de chômage en France !!!! Rien que le tourisme ….. un pays si magnifique, bien plus magnifique que le Maroc ou la Tunisie !!!! Enfin, ce que j’en dis …..