« Toujours laisser retomber l’écume avant d’analyser« , disait un professeur de chimie. C’est ce qu’il fallait faire avec le résultat du référendum grec, ce que n’ont pas fait la plupart des analystes officiels. À peine les premières estimations publiées dimanche en début d’après-midi donnant en gros 60 % de « non », ils péroraient déjà dans les salles de rédaction qui leur paient au prix fort des prestations le plus souvent nulles : lieux communs et emballage sucré de bienpensance politiquement correcte à la sauce marxiste. Ce que n’a pas fait non plus Charles Sannat du Contrarien matin, d’habitude plus perspicace, qui se réjouit avec Mélenchon et Philippot que « le peuple » grec ait donné une leçon de morale et de gestion à l’Europe honnie.
Car la réalité crue, c’est que le « non » (OXI) grec n’a rien d’une claque pour Angela Merkel dont il conforte au contraire la thèse selon laquelle Alexis Tsipras ne veut pas rembourser la dette et ne veut pas non plus faire l’effort des réformes indispensables au redressement du pays pour lequel il n’a pas de solution autre que « donnez-nous encore de l’argent ».
Angela Merkel et son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble sont de culture allemande et même, dans le cas d’Angela, de culture marxiste allemande. Elle a su la digérer et, comme elle est intelligente, en rejeter les conclusions erronées du marxisme pour n’en garder que la méthode d’analyse, heureusement pour l’Europe. Cette méthode et cette culture sont caractérisées par la rigueur, en opposition absolue à la méthode et à la culture socialistes françaises caractérisées par les foutaises et les contradictions.
La Grèce, c’est plus ou moins 1 % de l’économie et de la population actuelles de l’Europe. Ce qui veut dire que si l’on met de côté l’intérêt et le plaisir qu’il y aurait à garder dans l’Europe un pays qui a beaucoup contribué à la constitution de son identité scientifique, politique, philosophique et culturelle, que la Grèce reste dans l’Europe ou la quitte n’aura qu’une influence très minime sur la vie économique des Européens. Ceux-ci découvriront vite qu’une Grèce sortie de l’Europe et tombée au niveau économique du Zimbabwe sera une destination touristique bon marché et y retourneront en masse, ce qui relancera l’économie grecque qui ne produit pas grand-chose d’autre que du tourisme, avec peut-être l’aide financière de la Russie, ou de la Chine, ou des pays du Golfe arabique, selon que l’un ou l’autre achètera ce pays que son premier ministre met aux enchères !
Reste la question de la dette colossale de la Grèce : Après avoir reçu, de 2001 à 2013, pas moins de 57 milliards d’euros d’aides européennes et après avoir obtenu, en 2012, l’annulation pure et simple de 107 milliards d’euros de sa dette publique, la plus importante restructuration de dette jamais observée, l’État grec doit encore 312 milliards d’euros (174% de son produit intérieur brut en 2014) à ses créanciers. C’est le solde de la gestion socialiste de l’économie par Papandréou. Sur ce total, 235 milliards (trois quarts de la dette publique grecque) ont été prêtés par la fameuse Troïka, FMI, BCE et Communauté Européenne, qui, en contrepartie de taux d’intérêt et d’échéanciers de remboursement particulièrement accommodants, exige d’Athènes une remise en ordre de ses finances publiques et de son économie.
En clair, la Troïka s’engagerait à aider le gouvernement grec à éponger ses dettes à condition que ce dernier cesse d’en créer de nouvelles ! 312 milliards de dette, ce sont 39 000 euro pour chaque Grec, du bébé au vieillard. Et ce ne sont pas 40 ou 50 milliards comme annoncé dans la presse, mais en réalité au total 68 milliards qui sont dus à la France. C’est à dire que si la Grèce ne nous rembourse pas, ce sera une perte de presque 1 000 euros par Français ou 4 250 euros par contribuable français. Une paille puisque chaque Français doit déjà 30 164 euro aux créanciers de la France, alors pour 1 000 euros de plus, on ne va pas pinailler, nous dit le président ! Et surtout on ne va pas retirer notre confiance aux énarques qui gouvernent nos finances depuis 40 ans et ont largement contribué par leur incompétence en matière de gestion de l’économie publique à créer cette dette colossale. Hein ? Quand même !
Que nous disent les Grecs avec leur « OXI » franc et massif ? Qu’ils veulent bien rester dans l’Europe et garder l’euro, qu’ils veulent bien que nous continuions à leur faire crédit. Mais à condition que l’Europe les dispense des règles collectives de bonne gestion budgétaire qu’elle impose à tous. Les pays comme l’Islande, l’Irlande, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, après d’autres, notamment l’Allemagne et les pays d’Europe du Nord, les ont mises en œuvre et sont sortis, avec peine et douleur certes, de la crise où ils s’enfonçaient comme tout le monde. Seules la Grèce et la France refusent de les mettre en œuvre. Hors d’Europe d’autres l’ont fait aussi : comme le Canada qui a réduit considérablement son effectif de fonctionnaires et ses finances publiques et se porte à nouveau bien, et même Cuba qui a su sortir du secteur public près d’un million de citoyens et commence enfin à sortir de la misère socialiste.
On l’a oublié, mais la Grèce pauvre et ruinée par le socialiste Papandréou, comme la France l’est pas le socialise Hollande, a voulu intégrer l’Europe pour retrouver la prospérité. Elle a triché pour obtenir son ticket d’entrée, continué à tricher en prenant toutes les subventions et les prêts qui tombaient du ciel européen pour s’enrichir au lieu de les consacrer à créer les conditions législatives, administratives, industrielles et productives de son redressement économique, triché en ne faisant pas les réformes qu’elle annonçait pour obtenir de nouvelles aides.
Maintenant, elle veut le crédit mais sans conditions, parce qu’ayant connu la richesse facile, la misère passagère et très relative qu’entrainerait les réformes lui paraît désormais insupportable. Comme ces familles déjà surendettées qui ne peuvent plus se passer de grandes marques, Boss et Kelvin Klein, iPad et iPhone, vacances sur la côte et BMW. Elle veut le beurre et l’argent du beurre pour continuer comme elle en a pris l’habitude : corruption des fonctionnaires, clientélisme, détournement de fonds publics, évasion fiscale généralisée, administration aussi inefficace qu’en surnombre ; le tout financé par toujours plus de dettes. C’est tout à fait exemplaire d’un programme socialiste : on veut tout sans faire d’efforts et financé par les autres, ceux qui travaillent, ceux qui ont économisé, ceux qui produisent, par nous.
Et puis, il y a le référendum, un pari stupide de Tsipras qui croyait qu’une victoire « démocratique » ferait aussitôt céder les européens. Lundi il s’est présenté devant eux, hilare mais sans la moindre proposition. Ils n’ont pas apprécié alors qu’ils venaient de faire l’effort d’ouvrir de nouvelles négociations quand ils auraient dû tirer sans états d’âme les conclusions du « non » : la Grèce devait sortir de l’Europe. Comme le croyaient Mélenchon et son alter ego Philippot qui jubilaient et voyaient déjà l’Europe et l’euro se disloquant à cause du « non » et du départ de la Grèce.
À ce référendum, il aurait fallu opposer un autre référendum demandant aux peuples européens ce qu’ils veulent pour la Grèce. En substance : veulent-ils de la fermeté pour défendre leurs intérêts ou acceptent-ils d’être encore les dindons de la farce ? Mais l’élite européenne ne veut pas consulter les peuples, elle préfère de sempiternelles négociations qui aboutiront dans quelques semaines ou quelques mois à un accord bancal dans lequel la Grèce, comme elle le fait depuis trente ans, ne remplira pas ses obligations ce qui donnera lieu à d’autres négociations dans un an ou deux.
Car, très concrètement, la Grèce ne remboursera pas. La question n’est pas de savoir si les Grecs le peuvent, ils ne cherchent même pas les solutions, la vérité c’est qu’ils ne le veulent pas. C’est leur droit le plus strict mais c’est aussi notre droit de refuser d’être une fois de plus pigeonnés, car après tout c’est avec notre argent qu’ils jouent, avec les impôts que nous donnons à l’Etat, qui alimente avec nos impôts le F.M.I. et la B.C.E. Effaçons les dettes des Grecs et la première chose qu’ils feront sera de créer de nouvelles dettes. Offrons-leur un troisième plan d’aide, il en faudra un quatrième parce que, comme pour les deux premiers, ils n’auront pas respecté le contrat. Les Grecs veulent assumer leur sort et bien qu’ils l’assument, mais qu’ils en assument aussi toutes les conséquences, aussi dures et douloureuses soient-elles.
Dans le couple germano-français, Angela Merkel est la grande gagnante, car la Grèce vient de démontrer qu’elle ne veut pas payer ses dettes, ce que la Chancelière dit depuis le début des négociations. François Hollande est le grand perdant car il espérait forcer un compromis où la Grèce aurait été aidée sans avoir à faire des réformes ni remplir ses obligations communautaires et cela aurait fait un précédent pour demander la même chose pour la France quand il sera enfin admis officiellement qu’elle aussi est en faillite.
Car ce que tout le monde semble oublier, ces jours-ci, c’est que la stratégie de la politique de croissance à grands coups de déficits budgétaires que les énarques keynésiens Hollande et Sapin nous vendent comme une alternative à l’austérité prônée par les autorités monétaires internationales et européennes, c’est précisément ce que fait la Grèce depuis des décennies. Depuis son entrée dans la zone euro ça s’est encore aggravé, du 1er janvier 2001, à la fin de l’année 2009, la dette publique grecque s’est accrue de 8,9% par an, soit 3,2% de plus que le PIB. Le résultat ? Eh bien, nous l’avons sous les yeux et c’est ce qui va arriver prochainement à la France. La Grèce, c’est le tonneau des Danaïdes, rien ne sert d’y mettre de l’argent tant que les trous ne seront pas colmatés.
Puisque la Grèce refuse de faire ce qu’il faudrait pour arrêter l’hémorragie, cherchons si notre intérêt n’est pas de perdre aujourd’hui 1 000 € par Français plutôt que 2 000 dans deux ou trois ans, peut-être 5 000 dans dix ans, c’est la solution des faibles. Ou mieux, opérons des saisies sur ses ports et ses îles, ses sites touristiques et ses hôtels, sa flotte et ses compagnies aériennes, ses olives et ses vins, et revendons-les ou gérons-les pour nous rembourser.
L’Imprécateur