« Comment se trouve-t-il tant d’hommes qui, pour si peu d’argent, se font les persécuteurs, les satellites, les bourreaux des autres hommes…
C’est donc ainsi qu’on traite les hommes comme des singes !
On les bat et on les fait danser »(Voltaire, « l’Ingénu »)
Disons-le tout net, cette canaille maçonnique de Voltaire n’est pas ma tasse de thé. Je n’aime ni son style, ni ses idées. Je pourrais d’ailleurs en dire autant de son frère-ennemi, Jean-Jacques Rousseau. Mais « L’Ingénu » est une œuvre de Voltaire parue en 1767. Il y raconte les aventures d’un Huron (« l’Ingénu ») qui, arrivé en France, regarde ce pays avec candeur, innocence et naïveté.
Et bien, il se trouve qu’en classant des archives familiales, j’ai retrouvé une missive écrite par un vague aïeul, Jean-Aymard de Séconlat, petit hobereau cévenol qui a passé sa vie à parcourir le vaste monde. Je ne puis mettre en doute l’authenticité de cet écrit et je vais vous narrer brièvement ce qu’il raconte. N’ayant pas les connaissances encyclopédiques de mon aïeul, je ne saurais trop vous dire où se situe le pays, appelé « Cellezécie », dont il décrit les travers, les us et les coutumes ? Qu’il vous suffise de savoir qu’il est peuplé de « Cellezéceux », lesquels son divisés, comme notre ancien Soudan, Haute Volta ou Sénégal, en diverses ethnies qui se font la guerre entre elles, pour le plus grand bonheur de son souverain qui ne règne que grâce à ces divisions tribales.
Ledit souverain est un petit jeune homme au regard halluciné, le Marquis Emmanuel de Morveux d’Enarque. Ne vous y trompez pas, cet homme est Marquis comme je suis archevêque.
Il a épousé une vieille gourgandine dont la famille fit fortune dans la fève de cacao et tenait boutique de chocolat au Touké, un port de mer où l’on pêchait la morue, mais principalement dans les bars montants et les bouges mal famés pour marins en goguette.
C’est un parvenu vaniteux, un nouveau riche, porté au pouvoir par un banquier apatride, fils de Canaan. Il a succédé à toute une lignée de bons à rien, aigrefins, brigands et autres gibiers de potence. Les plus connus, parce que les pires, furent Charles le dérisoire, dit le « Saigneur » de Colombey-les-deux mosquées, qui brada toutes les possessions coloniales du pays pour le réduire à un hexagone ; le Comte Fiscard de Chamalières, un coureur de jupons, totalement dépravé et qui jouait (mal) de l’accordéon pour faire populo ; François de Jarnac, Baron de Latché et de l’Observatoire, aussi machiavélique que manipulateur ; Jacques Chiraclure, Seigneur d’Ussel et d’Upoivre, fainéant comme une couleuvre et menteur comme un arracheur de dents ; Nicolas Sarkozizi, un bouffon qui parlait couramment le « Kasstoipovkon », dialecte de son ethnie ; François le Mou, Seigneur de Tulle, un porcelet sudoripare, obsédé par ses bas instincts et son bas-ventre au point de sortir nuitamment de son palais pour aller culbuter quelques ribaudes.
Le pays, mal gouverné par des dirigeants incompétents et corrompus, se laissa berner par le jeune Emmanuel, toujours accompagné de son épouse (née Trogneugneux) qui était à la fois sa duègne, sa mère, sa maîtresse et sa femme. Il faut vous dire qu’en « Cellezécie » des tribus tentent d’imposer la polygamie, et le jeune Marquis présentait l’avantage d’offrir quatre femmes en une seule, ce qui aurait dû coûter moins cher aux finances – donc aux contribuables – du pays.
Très vite, la vieille épouse du Marquis devint la coqueluche des gazettes et libelles. Court vêtue, elle exhibait ses gambettes et sa blondeur à la une des hebdomadaires pour shampouineuses. En la voyant, on imaginait les amours coupables entre un cocker et un lévrier afghan. On apprit ainsi, par quelque pisse-copie, qu’elle avait déniaisé le Marquis quand il avait 16 ans. Dans n’importe quel pays civilisé, elle eut été condamnée à la chiourme pour « détournement de mineur » mais la « Cellezécie » avait amorcé sa décadence : tout le monde trouva cela amusant, voire charmant.
Depuis, les courants politiques du pays rêvent presque tous d’accorder la majorité à 16 ans, ce qui permettrait aux vieilles haridelles boucanées de chasser le puceau sans le moindre risque.
Le gamin arriva aux affaires après un coup d’état sans victime, bien aidé, entre autres, par une secte très présente dans les rouages du pouvoir : les « Frères la gratouille ».
Son électorat venait essentiellement des grandes villes, peuplées très majoritairement par l’ethnie «Ecolobobo », une engeance assez spéciale.
Riches, ils aiment à se vêtir comme des gueux ; ils appellent cela le « froissé chic ». Ils parlent couramment, entre eux, en « langue de bois » entrecoupée d’anglicismes. Ils disent aimer les pauvres, mais pas au point de vivre comme eux. Ils défendent aussi l’immigré mais seulement s’il vit en banlieue (ou accepte d’être leur boniche ou leur larbin payé « au noir »).
A ce niveau de ma narration, parlons des autres ethnies qui peuplent la « Cellezécie ».
L’une des plus nombreuses est celle des « Allahakbars ». Ils pratiquent, nous dit-on, une religion « de tolérance, d’amour et de paix ». Ils ne mangent pas de porc, ne boivent pas d’alcool, voilent leurs femmes, qu’ils appellent « moukères ». Ils lapident les femmes adultères, coupent la main des voleurs et commettent, de temps à autres, pour se distraire, des attentats contre les mécréants (les « kouffars »). On ne saurait leur reprocher quelques incivilités car ils ont, nous dit-on, une revanche à prendre contre les premiers habitants de « Cellezécie ». Pourquoi ? Je l’ignore.
Parmi les ethnies invasives, citons aussi les « Assatraorés » : noirs et le poil crépu, ils ont la démarche chaloupée des cercopithèques et des cynocéphales. Les « Assatraorés » sont violents, teigneux, agressifs, méchants, mais uniquement à l’égard des « Souchiens » à la peau blanche.
Autre tribu : les « Elgébétés ». Vous serez étonnés d’apprendre que chez eux, les hommes se sodomisent entre eux ; les femmes sont adeptes du « gazon maudit » et leur chant guerrier est le « gode save the gouine » (ne pratiquant pas leur dialecte, je n’en connais pas la traduction).
Les hommes veulent devenir des femmes, lesquelles veulent devenir des hommes, sans compter un reliquat qui, tel l’escargot, sont hermaphrodites ou ne savent pas ce qu’ils sont.
Le miracle, sachant que les hommes et les femmes ne copulent pas entre eux, c’est qu’ils (ou elles ?) sont de plus en plus nombreux. L’entrée dans la tribu se fait par un rite initiatique appelé « Komingaout ». En « Cellezécie », les gens du même sexe peuvent se marier, mais on me dit que beaucoup d’« Elgébétés » refusent d’être « genrés », ce qui complique grandement les choses.
Cette ethnie a, elle aussi, un seul ennemi : le mâle blanc hétérosexuel.
Une autre tribu grossit à vue d’œil en périphérie des grandes cités : les « Niktamers ». Ils ne respectent aucune loi, vivent de vols, de rapines, de rackets, et de la vente de certaines substances hallucinogènes fort prisées par les « écolobobos ». Eux aussi détestent les « Souchiens ».
Il existe d’autres ethnies, certes minoritaires, mais qui voudraient imposer leur mode de vie aux premiers habitants du pays. Cela va des « Boulgourékinoas » – qui voudraient interdire la consommation de la viande et attaquent les boucheries – aux Manouches, Roms et autres parasites, qui ne vivent que d’expédients et d’aides sociales aussi nombreuses que variées. Sans oublier les « frères la gratouille » déjà cités, qui voudraient imposer leur religion : l’athéisme maçonnique.
On juge le devenir d’un pays à sa jeunesse. Or en « Cellezécie », elle est assez surprenante.
C’est une caste à part. Les jeunes ne rient pas aux plaisanteries des anciens : ils les trouvent sexistes et racistes. D’ailleurs, ils ne rient pas, ils niaisent. Ils se prennent très au sérieux et sont, en effet, sérieux comme des papes. Ils se disent de gauche (ou écolos, ce qui revient au même), mais leur seule ambition est de « gagner de la thune » sans se fatiguer, si possible dans le show-biz ou sur Internet. Le spectacle de cette jeunesse – dégénérée et vulgaire – est assez affligeant :
Les adolescentes se déplacent en bande en niaisant ou en ricanant devant l’écran de leur Smartphone, maquillées dès l’âge de 13 ans comme des catins ou des voitures volées, le cul moulé dans des pantalons achetés pré-troués, qui valorisent leur cellulite. Les garçons, en survêtement « Nike » (ta mère !), tempes rasées très haut, parfois trois poils de barbe, tatouages de joueur de foot et casquette (ou bonnet) de rappeur, offrent un bien triste spectacle ! Mais ils ont la certitude d’être beaux et intelligents ; c’est la marque de fabrique des crétins, mais c’est assez logique…
Le système éducatif en « Cellezécie » est fondé sur la « discrimination positive » et « l’égalité des chances ». Ceci ne vous dit rien ? En fait le jeu consiste à donner à tout le monde un diplôme appelé « BAC » (ce qui veut dire, je crois, Bien Armé pour le Chômage ?) pour ne pas faire de jaloux.
Ce diplôme ne débouche sur aucun métier mais c’est sans importance : le Marquis prend l’argent des classes moyennes et de la petite bourgeoisie qu’il distribue « quoi qu’il en coûte » au pauvres, aux migrants et aux très riches qui sont ses amis.
Il serait, dit-on, proche des idéaux des Lumières, bien qu’il n’en soit pas une lui-même. La devise du pays est assez proche de la notre : « Diversité. Insécurité. Fiscalité ».
La diversité provoque l’insécurité d’où découle la fiscalité, indispensable pour faire vivre toutes les ethnies de feignasses qui ne font rien ; CQFD !
Je n’ai pas parlé de la tribu encore majoritaire en « Cellezecie » : les « Gauloiréfractaires », également appelés « Souchiens ». En fait, c’est une espèce en voie de disparition. On ne lui demande que trois choses : subir, travailler et payer des impôts pour faire vivre les autres ethnies.
D’ailleurs, sa blancheur de peau et son attachement au passé contrarient le Marquis qui ambitionne de la remplacer par une faune allogène et bigarrée qui se moque comme d’une guigne de l’histoire du pays qui les accueille et les nourrit, sans rien leur demander en échange.
Ce remplacement de population est, parait-il, en bonne voie.
A la fin de sa missive, mon aïeul, Jean-Aymard de Séconlat, déclare qu’il n’a pas aimé la « Cellezécie » : on se demande bien pourquoi ?
Cédric de Valfrancisque
6 novembre 2021.
Le cynisme est l’humour du désespoir. Vous excellez dans ce domaine votre prose est habile un vrai regal
Un mot: savoureux
Texte jubilatoire …Un vrai régal .. MERCI !
Compliments; vous vous êtes surpassé!
super de chez super !
magnifique texte !
Excellent texte à partager
SAVOUREUX !!!! A lire et partager absolument !!!!
Félicitations pour votre verve et votre style, ce texte est un régal.
La franche rigolade qui me prend accompagnée de l’esprit de vengeance sourde cache mal la colère encore froide qui ne me quitte pas.
J’ai subit ces celzeceux alliés aux escrologistes bien rouges, c’est infernal et je regrette maintenant de m’être retenu de distribuer de bonnes baffes si méritées.
Ces cuistres ont aujourd’hui quasiment tous les pouvoirs et je ne vois pas bien comment et quand nous en débarrasser. En fait je vois bien une manière mais je ne peux l’écrire ici, ça vous occasionnerait des ennuis … et à moi aussi.
Alors rongeons notre frein en attendant l’heure du chant des partisans et foutons nous bien haut et fort de leur gueule !
Encore merci cher Ami.