Minurne évoque rarement les questions coloniales, alors que Marc Le Stahler a passé des années aux Antilles et en Guyane à exercer dans le secteur de la formation pour les afro-caribéens. Quant à moi, j’ai passé trois décennies dans le Pacifique à donner des cours d’économie basique dans des tribus canaques, papoues, aborigènes, polynésiennes. Et en prime, à la demande du gouvernement, à régler des conflits locaux inter-îliens et parfois internationaux que les gentils jeunes énarques promus ambassadeurs ne savaient pas résoudre.
Nous savons que ce que l’on dit des colonies dans le monde occidental n’a souvent rien à voir avec la vie réelle de ces peuples qu’ignorent souvent les historiens marxistes félons à l’Histoire – comme Benjamin Stora quand il parle de l’Algérie.
T’ES FRANCAIS ? VOUS REVENEZ QUAND ?
J’ai eu justement l’occasion d’aller en Algérie en 1970, huit ans après l’indépendance. J’ai constaté l’écart entre les Arabes de la côte, descendants des colons d’il y a mille ans, à Alger notamment, accueil froid et hostile pour « al faransi » et celui, amical et chaleureux, de l’intérieur : kabyles, bédouins, touaregs, chaouias, à Batna comme dans leurs villages sahariens, résumé en deux phrases : « T’es français ? », exclamé avec un grand sourire à mon arrivée, et « Quand est-ce que vous revenez, les Français ? » à mon départ ! Ils se plaignaient de ce que le gouvernement FLN à Alger n’entretenait rien ; ni les routes, ni les pistes, ni les puits, ni les écoles et dispensaires ; il oubliait de payer les pensions et les allocations, traitant souvent les non-arabes comme des êtres inférieurs – comme Xi Jinping le fait en Chine communiste avec les non-Han (les Han étant supposés par lui être de race chinoise pure).
Le cas du Congo, créé par le roi belge Léopold II à coup de milliards de francs belges pour construire des écoles, des hôpitaux, des routes, des ponts… et apprendre à vivre ensemble à des centaines de tribus ayant chacune sa langue, ses coutumes et en guerres permanentes entre elles, est emblématique.
Des légendes stupides inventées par des historiens pour salir Léopold II ont été publiées, comme par exemple qu' »il faisait couper les mains de ses ouvriers ». Si ces idiots réfléchissaient seulement à ce qu’ils écrivent, ils comprendraient tout de suite qu’un ouvrier aux mais coupées ne sert plus à rien ! Selon Yabili, cette histoire vient de ce qu’un ouvrier fut mordu à une main par un serpent venimeux, accident fréquent dans les plantations de caoutchouc ; le médecin n’ayant aucun sérum anti-venin à lui injecter lui trancha rapidement la main pour sauver in extremis sa vie.
Quelques semaines plus tard, l’incident était devenu « Léopold fait trancher LES mains de ses ouvriers ».
« Les mains coupées » ? Il est bon de rappeler que, comme le fouet (chicote), les mains coupées n’ont jamais fait partie de la justice belge mais sont en revanche toujours d’actualité dans la justice musulmane.
La première chose que la Belgique a faite quand Léopold II lui a légué le Congo ce fut d’y envoyer l’armée pour mettre fin à la traite négrière menée par les Arabes à partir de Zanzibar, entre autres, par le célèbre Tippo Tip.
Ensuite, 1, puis 10, récemment 15 millions de Congolais tués lui ont été attribués ainsi que des discours racistes inventés de toutes pièces par des activistes d’extrême gauche.
Les historiens occidentaux présentent Léopold comme un monstre sans cœur n’ayant que cherché à s’enrichir en pillant les richesses du Congo, ayant introduit la chicote (le fouet, pour les délinquants) et persistent dans leurs erreurs malgré les analyses et les livres d’historiens congolais, comme Marcel Yabili, qui dit exactement le contraire : Léopold a investi de sa fortune personnelle pour mettre en exploitation le caoutchouc et les mines de métaux, dont les congolais ignoraient l’existence, a financé le budget et le développement du pays par les exportations, interdit la chicote et autres châtiments coutumiers, etc.
Mia Vossen et Anne Lauwaert ont toutes deux passé une grande partie de leur jeunesse au Congo.
Elles parlent de ce qu’elles ont vécu et connaissent mieux que quiconque.
Leurs deux articles ci-dessous ont été récemment publiés par Riposte Laïque.
L’Imprécateur
16 février 2022
LE CONGO DE LEOPOLD II (Mia Vossen sur « Terre sans foyer », d’Antoine Sohier)
« L’on me dit tant de mal de cet homme, et j’y en vois si peu, que je commence à soupçonner qu’il n’ait un mérite importun qui éteigne celui des autres » (La Bruyère). J’apprécie particulièrement cette remarque car elle présente l’envie (1) de manière succincte, vraie. Et j’y pense souvent quand on dit du mal de la colonie, et tout particulièrement de la colonisation belge qui, d’après des témoins ayant voyagé et vécu, ayant lu beaucoup, mérite plutôt des louanges.
Ces louanges s’adressent d’abord au Congo de Léopold II, qui étonnait le voyageur par ses progrès rapides et j’ai apprécié le livre d’Antoine Sohier arrivé au Congo en 1910, très peu de temps après la fin du règne de Léopold II sur son EIC (Etat Indépendant du Congo),
Au début du livre, l’auteur parle de ses préparatifs, veut trop dire en même temps mais quand il prend son poste de substitut du Roi dans la colonie, à la vraie vie des habitants, il m’a épatée et, une fois de plus, je me fais la réflexion que nos « historiens » belges feraient bien de s’instruire, de lire des histoires vécues au lieu de faire confiance à des auteurs qui, trop souvent, ne font que répéter des bribes de récits éternellement ressassés parce que frappants.
Des auteurs qui en revanche cachent soigneusement – ou ignorent ? – l’attitude exécrable des Anglais au Katanga (et en Australie avec le génocide des Tasmans), par exemple.
(Ci-contre, colon belge avec un couple de négritos pygmées).
Le lecteur belge pourrait apprendre ici que le colonisateur, contrairement à ce qu’on raconte, respectait les hiérarchies locales, tentait d’éradiquer des coutumes locales comme les mises à mort pour sorcellerie, les enterrements d’hommes et de femmes vivants, les martyres atroces infligés à des innocents, l’anthropophagie… Il apprendra aussi ce qu’était le fameux « travail forcé » dans la réalité. Il verra même que, parmi les colons, la variété de caractères était aussi grande que parmi les Belges de Belgique. Oui, il y avait des colons formidables de courage, de travail, d’empathie pour les colonisés et il y avait aussi des colons « intéressés ».
Le train a permis de désenclaver des centaines de tribus en reliant la côte à l’intérieur.
Et je suis émerveillée de lire tout ce qui avait déjà été réalisé au Congo en 1910 !
Je constate la sympathie pour le colonisateur que, beaucoup plus tard, j’ai pu vivre, petite fille au Congo belge.
Et j’insiste : lisez ce livre si vous désirez apercevoir une tranche de vie honnête et réaliste de la colonie. J’ajoute : lisez aussi les livres de George Orwell qui nous montrent ce qu’était la vraie vie en Europe à la même époque ; lisez Marcel Yabili qui montre l’évolution de la vie au Congo depuis Léopold II, et Jean-Pierre Nzeza Kabu.
Mia Vossen
(1) Helmut Schoeck, L’envie
(2) J-P.Nzeza Kabu Zex-Kongo, Léopold II, Le plus grand chef d’État de l’histoire du Congo
(3) G. De Weerd, L’État Indépendant du Congo
(4) G.Orwell, Dans la dèche à Paris et à Londres
(5) G.Orwell, Le Quai de Wigan
(6) M.Yabili, Le roi génial et bâtisseur de Lumumba
COMMENTAIRES D’ANNE LAUWAERT… ET DEMAIN ?
Chère Mia, je suis de votre avis : ce que mes beaux-parents ont vécu au Congo depuis 1936, ce que j’y ai vécu depuis 1956 est tout à fait différent de ce que la bien-pensance en dit actuellement. Mais ce n’est pas seulement le cas du Congo, c’est général : il n’y a plus de vérité, de réalité, d’Histoire, il n’y a plus que de l’idéologie.
Pire : la Belgique, qui était un pays si sérieux n’est plus cette Belgique. Bruxelles n’est plus Bruxelles. Les bas de soie sont en nylon. Blanche neige et les 7 nains est devenue Noire charbon sans les nains…
Tout fout l’camp. C’était mieux beaucoup avant.
Mais il y a autre chose, encore pire : nous vivons une période tellement… comment dire ? grave ? profonde ? décisive ? vitale, mortelle ? Je ne sais comment la qualifier… paralysante ?
OU VA LE MONDE POST-COVID ?
Le Congo, on s’en fout… L’islam on s’en fout… Le climat on s’en fout… La possible guerre en Ukraine, on s’en fout tout autant… Y a-t-il encore un thème important ? A-t-on encore envie d’écrire ? A quoi cela sert il ? Ne sommes-nous pas dans un état de sidération, en nous demandant « Mais qu’est-ce qui va nous arriver ? Qu’est-ce qui est en train d’arriver ? ». J’entends ce que les spécialistes disent, non seulement de l’affaire du « virus chinois » mais surtout du « vaccin”, de l’expérimentation Pfizer qui dure jusqu’en 2023 et des résultats que nous recevrons en 2025…
Les gens sérieux comme le professeur Montagnier prévoient le pire, c’est à dire des morts… Il n’est pas le seul.
Quand je pense que toute ma famille a été “vaccinée”, qu’ici, au village 75% des gens sont “vaccinés”… Je me demande ce qui va arriver si et quand les “effets” des “vaccins” vont ,se manifester, ne fut-ce que dans 50% de la population… Va-t-il y avoir tous ces malades, tous ces morts ? Et forcément tous ces enfants sans parents… Qu’allons-nous faire avec les animaux sans paysans, ces chiens et chats sans leurs maîtres ? Les écoles sans enseignants, les hôpitaux sans soignants ? Le maintien de l’ordre sans policiers, l’administration sans fonctionnaires ?
Cela me parait tellement énorme qu’à côté de ça le Congo…
Si les prévisions se réalisent, dans 5 ans, y aura-t-il encore quel qu’un qui saura ce qu’est le Congo ?
Quand les vieux seront morts, quand les jeunes “vaccinés” auront subi les effets des “vaccins” y aura-t-il encore quelqu’un pour raconter, expliquer ou enseigner aux enfants qui auront échappé au massacre non seulement l’histoire du Congo, mais aussi tout le reste ? La langue, la grammaire, les maths ? Si des générations manquent, comment va-t-on former des nouveaux médecins ? Et pas seulement des universitaires, mais aussi des plombiers et autres artisans pour maintenir tout en ordre de fonctionnement ?
Et le Congo, dans tout ça ? La re-migration se fera d’elle-même car il n’y aura plus aucun intérêt à rester dans une Europe dévastée où il manquera du gaz russe pour se chauffer et du blé ukrainien pour cuire du pain… Ou bien aurons-nous des vagues migratoires qui viendront occuper nos habitations vides dans lesquelles elles trouveront nos garde-robes garnies, nos photos de famille dans nos albums, le collier de perles de nos 18 ans… Ou bien la dépopulation se fera t’elle également dans le reste du monde ? Calcutta vidée de ses slums ? Les favelas vides ? Les township déserts ?
Suis-je la seule à me poser ces questions ? Apparemment tout le monde continue son petit train train…
Il restera votre bibliothèque et la mienne et peut-être quelques descendants survivants de « no-vax » y pénétreront comme des égyptologues qui découvrent une pyramide…
Anne Lauwaert
16 février 2022
Ne désespérez pas, Anne. Il restera bien quelques Bansky de rue pour rafraichir les anciennes grottes réhabilitées par les survivants novax !
pour l’Algérie, j’y suis retourné en 77 dans mon village, perle du littoral devenu une déchèterie à ciel ouvert; à en pleurer de tristesse. A moi aussi les anciens amis algériens ont demandé si nous pouvions revenir, ainsi que les anciens ouvriers de mon oncle…
Vous revenez quand ?
C’est la litanie qui a résonné dans toutes nos anciennes colonies, sans espoir, hélas, pour les populations « libérées du joug colonialiste » !
Populations qui n’ont aujourd’hui d’autre espoir d’une vie meilleure à tous points de vue, celle qu’elles ont connues quand elles étaient « asservies », qu’en venant envahir une Europe qui est incapable de la leur redonner.
Excellente synthèse !