« GOUVERNER C’EST PRÉVOIR », disaient-ils sans rire ! (Jean Goychman)

Alors que, depuis des années, nos gouvernants, murés dans leurs certitudes, nous ont répété à l’envi que la politique qu’ils nous imposaient était la seule possible, il était légitime de penser que celle-ci avait fait l’objet d’études minutieuses et que chaque décision avait été au préalable pesée au trébuchet. Or, depuis prés de 15 ans, on nous explique que les échecs successifs qui ont mis notre pays dans la situation que nous connaissons sont entièrement dus à des causes impossibles à prévoir.

Crise financière de 2008, guerres diverses en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, réchauffement climatique, Gilets Jaunes, COVID et maintenant guerre en Ukraine sont la succession d’événements invoqués pour justifier le présent.

 

 

 

UNE OCCURRENCE PRÉVUE

Pourtant, ce ce qui nous est présenté comme fortuit (voire dû au hasard), avait dans la plupart des cas, des signes avant-coureurs. Sans remonter à la préhistoire, la révolte des Gilets Jaunes était la conséquence d’une tension sociale identifiée, catalysée par une augmentation des taxes sur le carburant liée à la (prétendue) lutte contre le réchauffement. Il y aurait beaucoup à dire sur les causes réelles de ce changement climatique, mais on a instillé dans l’esprit des gens que le carbone était le seul responsable, d’où ces mesures fiscales…

L’épidémie de COVID n’était peut-être pas prévue en tant que telle, mais le sujet d’une pandémie, de ses dangers et des moyens à mettre en œuvre pour la combattre avait fait l’objet d’un grand nombre de publications, et notamment dans un rapport de la CIA en 2009. Compte-tenu de l’ampleur prise par ce phénomène et ses conséquences parfois dramatiques, la mansuétude dont ont fait preuve certains médias ainsi que nombre de politiques pourtant identifiés comme étant d’opposition, paraît curieuse. Pourtant des mesures qui peuvent être taxées de « liberticides » ont bien été imposées, alors que nombre d’entre-elles résultaient de carences des services de santé et des coupes budgétaires.

UN LOURD PASSÉ RÉGULIÈREMENT CONFORTÉ

Nous avons alors pu prendre la mesure de la situation sanitaire réelle de notre pays et des contorsions de langage d’un gouvernement qui, certes, n’était pas le seul responsable, mais qui, par manque de chance, devait bien endosser le total. Bref, nous étions pratiquement en manque de tout, masques, personnels soignants, lits d’hôpitaux, surtout pour les soins dits « critiques ».

Plus de médicaments fabriqués chez nous non plus, résultat d’une politique de désindustrialisation mise en œuvre à la fin des années 70 qui a vu triompher les idées libérales promues par la très mondialiste « école de Chicago » mais jamais remises en question par nos dirigeants successifs.

Et c’est bien là que le bât blesse.

POURQUOI CETTE PERSÉVÉRANCE DANS L’ERREUR ?

Vu de l’extérieur, on avait l’impression que la démocratie jouait son rôle en France, installant au gré des élections une sorte d’alternance qui redonnait l’espoir de voir les choses s’améliorer rapidement. Mais nous sommes allés de déception en déception, en voyant toujours les mêmes causes produire les mêmes effets ; effets qui, chaque fois s’amplifiaient, se traduisant par toujours plus d’impôts, toujours moins d’emplois industriels et toujours moins de pouvoir d’achat.
Et chaque fois, quelles que soient les idéologies au pouvoir, toujours le même constat : l’Europe qui devait nous apporter la paix et la prospérité ne parvenait pas à atteindre ses objectifs. Pourquoi ?

Toujours la même réponse, quels que soient les gouvernants : parce qu’il n’y a pas assez d’Europe !
Depuis 50 ans, c’est devenu une sorte de leitmotiv, qui, en quelque sorte, désignait les « anti-européens », ensuite devenus les « populistes », comme seuls responsables de notre déclin.

Ce qui est curieux, c’est que, sous des couleurs différentes, ceux qui nous gouvernent semblent tous sortir du même moule « euro-mondialiste ».

LE CAS DE LA GUERRE EN UKRAINE

Ce que nous vivons actuellement est la parfaite illustration de ce qui a toujours été soigneusement caché et qui apparaît maintenant en pleine lumière. Cela n’a rien de nouveau et de Gaulle, en son temps l’avait évoqué, mais son message n’avait pas été suivi d’effet. Parlant de l’intégration européenne, il avait, dès 1962, dénoncé l’ingérence américaine, voire la vassalisation de celle-ci par les Etats-Unis.

Car le nœud de l’affaire se trouve là, et depuis la Seconde Guerre Mondiale. L’actuelle guerre en Ukraine, dans laquelle il convient de noter que l’Union Européenne n’est en rien impliquée, est pourtant liée à l’Europe au travers de l’OTAN. En 1963, de Gaulle avait fait observer à Konrad Adenauer, le Chancelier allemand, qu’il ne pouvait tenir pour acquis qu’en cas d’invasion de l’Allemagne par l’armée soviétique, l’OTAN, bras armé des USA en Europe, viendrait en aide en Allemagne, quitte à déclencher un conflit nucléaire. Cette considération à été la raison majeure pour laquelle le Traité de l’Elysée de janvier 1963 a été signé. Malheureusement, les Américains ont réussi à « neutraliser » ce traité en le vidant de sa substance et en faisant réaffirmer par les Allemands dans le préambule du texte leur indéfectible confiance dans l’OTAN.

De Gaulle ayant décidé de retirer la France du SHAPE (Commandement intégré de l’OTAN), pourquoi diable, sous l’action de Chirac complétée par celle de Sarkozy, l’y a-t-on remis ?

Sur un plan strictement européen, cela n’avait aucun sens, à moins d’en conclure qu’un pouvoir américain restant dans l’ombre avait suffisamment d’influence sur nos gouvernants successifs pour leur dicter leurs décisions. Ceci pourrait expliquer la situation présente, très peu différente de celle dénoncée par de Gaulle, malgré la disparition de l’Union Soviétique en 1991.

UNE POLITIQUE TRÈS DANGEREUSE

Sans aborder le contexte de cette guerre et de ses causes profondes, et indépendamment de l’aspect humain, qui est effroyable – comme dans toute guerre depuis la nuit des temps – force nous est de constater qu’elle oppose la Russie à l’Ukraine, et qu’aucun des deux ne sont membres de l’Alliance Atlantique. Seul le jeu américain, tel qu’il se pratique depuis une vingtaine d’années, en justifiant les interventions extérieures au nom des actions humanitaires comme en Afghanistan, en Irak, en Libye et dans d’autres lieux, le fait que l’OTAN soit le bras armé de ces interventions implique que l’Etat profond américain peut donner les ordres sans impliquer les États-Unis eux-mêmes.

Cela risque d’avoir pour conséquence de laisser l’Union Européenne seule face à la Russie, le président Biden ayant d’ores et déjà déclaré qu’aucun soldat américain ne combattrait contre l’armée russe.

Le plus frappant dans cette histoire est qu’elle était déjà écrite. En particulier par Vladimir Poutine qui, depuis plusieurs années, avait annoncé qu’on allait vers une situation dangereuse. En avril 2021, sa déclaration était sans ambiguïté mais, comme à l’habitude, personne n’a voulu l’entendre et, encore une fois, on va nous dire que c’était imprévisible…

Mais cette guerre d’Ukraine révèle aussi un bouleversement beaucoup plus grand…

LE RETOUR DES EMPIRES DANS UN MONDE MULTIPOLAIRE

Depuis l’attaque de Pearl Harbour, les mondialistes du Council on Foreign Relations (CFR) pensaient, en ayant réussi à rompre l’isolationnisme du peuple américain, que la mise en place d’un gouvernement mondial était inéluctable. Dès le 8 décembre 1941 (lendemain de Pearl Harbour) le Baltimore News Post l’affirmait très clairement. Avant même la fin de la Seconde Guerre Mondiale furent réalisés tous les travaux préparatoires à la mise en œuvre de ce projet. Les grandes institutions mondiales sont nées entre 1944 et 1945.

L’Europe de l’Ouest a été sur ce plan, dès le débarquement en Normandie, considérée comme un territoire vassalisé des Etats Unis, dont la victoire était d’ores et déjà inscrite. Cependant, il subsistait à la surface de la planète un autre bloc qui était l’Union Soviétique. En 1949, celle-ci se dotait à son tour de l’arme atomique et devenait ainsi un adversaire redoutable et non-disposé à subir le joug mondialiste.

La guerre froide se termina par la disparition du bloc soviétique, laissant le champ libre aux tenants du gouvernement d’un monde monopolaire et globalisé, dans lequel la disparition des États-nations apparaissait comme l’ultime étape. Seulement voilà, la cupidité de la finance internationale, toujours désireuse d’accroître des profits déjà énormes qu’elle tirait notamment de la maîtrise du budget militaire américain, dénoncée par Eisenhower dans son discours de janvier 1961, décida dans les années 70 de transférer la production industrielle des pays où elle se faisait vers les pays émergents, situés essentiellement en Asie.
Ils créèrent ainsi ce qui allait inévitablement se retourner contre leur projet. Et là encore, tout ceci était prévisible.

Nous vivons aujourd’hui un moment de transition dans lequel la puissance dominante américaine, concurrencée à l’extérieur par la Chine sur le plan industriel et militaire, et à l’intérieur par un puissant mouvement populaire et isolationniste, est en train de perdre son hégémonie.
Un empire disparaît, mais d’autres sont en train d’émerger. On peut citer sans grand risque la Chine, la Russie, l’Inde et le Brésil. Nous allons probablement vers un monde multipolaire dans lequel les sentiments nationaux redeviennent puissants. C’est probablement dans cette perspective que s’est élaboré en réponse le « Great reset », afin de tenter d’endiguer ce processus et d’accélérer la constitution de ce gouvernement mondial.

ET L’EUROPE, DANS TOUT ÇA ?

Elle risque, en raison de sa docilité constante envers les États-Unis, d’être la grande perdante de ce jeu mondial.
Ayant perdu son autonomie énergétique, laissé décliner son industrie et avoir confié sa défense aux Etats-Unis, elle s’est surtout consacrée, toujours sous la pression américano-mondialiste, à suivre un seul objectif : celui du fédéralisme européen. Ce fut une erreur constante qui risque maintenant de lui être fatale.

La prise de conscience brutale de cette situation qui met en lumière toutes les erreurs passées, et notamment l’occasion perdue et peut-être irrécupérable de ne pas avoir saisi la main tendue par la Russie après la chute de l’Union Soviétique, va coûter très cher.

La vision de de Gaulle d’une Europe de « l’Atlantique à l’Oural » aurait pu alors trouver sa concrétisation. Elle aurait donné à l’ensemble un poids extraordinaire, en combinant les savoir-faire, le potentiel économique et industriel avec des ressources naturelles exceptionnelles.

Bien-sûr, le CFR n’en voulait à aucun prix, car elle représentait la menace la plus importante pour eux, celle qui inquiète les Etats-Unis depuis Bismarck, voir réunies dans le même ensemble économique l’Allemagne et la Russie. De plus, il fallait renoncer à la chimère d’une Europe fédérale pour revenir à l’Europe des Nations, basée sur les coopérations entre elles.

De par cette constance dans l’erreur, ce refus de voir les réalités géopolitiques, de ne pas « vouloir voir les choses, non pas telles qu’elles sont, mais telles qu’on voudrait qu’elles soient » comme disait le Général, l’Union Européenne, qui n’est de fait qu’une zone de libre échange ouverte à tous les vents et sans délimitation réelle, à brûlé ses vaisseaux.

De tout ceci et de tout ce qui risque de s’ensuivre, nos dirigeants successifs portent une écrasante responsabilité. N’ayant (ou feignant d’avoir) rien vu venir, ils ont manqué à leur engagement essentiel, celui pour lequel ils ont été élus, à savoir assurer l’avenir de notre peuple et de notre nation.

Jean Goychman
11 mars 2022

 

 

 

1 Commentaire

  1. Excellente analyse ! Le pire étant l’aveuglement total d’une grande partie de la population française, qui se laisse manipuler avec une facilité désarmante par un « président » dépourvu des qualités du poste, mais expert en psychologie des masses. Voir la manière dont il a retourné la situation pour les gilets jaunes, terrorisé les gens avec un virus peu dangereux au final pour leur faire accepter de servir de cobayes des labos, et maintenant on focalise l’émotion et la compassion sur les ukrainiens, à juste titre certes, mais on oublie simplement de compatir aussi sur les soldats russes qui ne font que leur devoir de militaires, et surtout sur les 13 000 morts au Donbass dans une guerre civile qui n’a pas dit son nom, histoire de confisquer la campagne électorale et de repartir pour un tour avec les mêmes incapables. Le tout il est vrai avec la complicité très active des médias !

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