En annonçant précipitamment la position du gouvernement dans le dossier corse, Darmanin vient de se tirer une balle dans le pied. Comment peut-on en effet négocier en ayant prématurément donné à son interlocuteur la conclusion possible de la négociation ?
Décidément, sur tous les plans, ce gouvernement (et ce quinquennat) n’auront laissé que des décombres aux successeurs auxquels on ne peut que souhaiter bon courage… et bonne chance !
MLS
18/3/22
Michel Franceschi, Parachutiste des Troupes de Marine, est un général en retraite qui fut chef des armées en Nouvelle Calédonie. Corse, il connait particulièrement bien la situation et les problèmes spécifiques des îles françaises tiraillées entre l’envie d’indépendance d’une minorité indigène et le réalisme de la majorité comprenant que, sans la France, ce serait un retour en arrière dramatique vers une situation économique et sociale, un niveau de vie plus bas, rapidement redevenus identique à celui des îles voisines indépendantes.
Sans oublier le risque d’une recolonisation quasi immédiate par la Chine, comme celle que vient de connaître l’archipel de Kiribati dans le Pacifique dont l’atoll principal, un paradis de sable et de cocotiers, maintenant bien bétonné, a été transformé en base militaire chinoise.
Comme en Afrique, cela aboutirait rapidement au pillage des ressources minières, maritimes et agricoles du pays. Je vous informe en outre, parce que je suis bien placé pour le savoir, qu’une instruction est en cours pour accuser la Chine de Crime contre l’Humanité en Afrique.
Le risque est certain en Nouvelle-Calédonie riche de nickel, de cobalt, de métaux rares, d’une immense zone maritime et de sa proximité avec l’Australe et la Nouvelle-Zélande, la Chine y a déjà mis un pied dans sa province nord.
Il est loin d’être nul en Corse. La Chine a déjà un pied en Grèce avec le port du Pirée.
Une base solide en Corse est maintenant son objectif. Elle mettrait toute l’Europe occidentale à sa portée. C’est pourquoi l’analyse faite par le général Franceschi, (même s’il l’a faite non comme général mais en tant que citoyen français) est importante.
Patriote incontestable, Michel Franceschi a écrit un lettre à Gérald Darmanin pour lui faire part de son inquiétude en raison de la méconnaissance évidente de la situation historique, politique, sociale et économique que notre ministre de l’Intérieur a de la Corse, et de son incompétence encore plus évidente pour négocier les solutions à mettre en œuvre.
Amateur il a, avant même d’avoir mis le pied en Corse, fait cadeau de son principal atout aux élus indépendantistes en leur faisant savoir par Corse-Matin que Macron, le fossoyeur de la France, était d’accord pour leur donner l’autonomie.
L’Imprécateur
18/3/22
Lettre ouverte à Monsieur Darmanin, Ministre de l’Intérieur
par Michel Franceschi
C’est en simple citoyen natif de Corse et y vivant que votre serviteur s’adresse à vous, en porte-parole d’une opposition pour l’instant défaillante.
Vous avez été désigné en catastrophe pour éteindre un violent incendie en Corse par la négociation avec les élus de l’île.
Mais à la veille de votre visite sur place, vous avez déjà brûlé toutes vos munitions en déclarant dans les colonnes de Corse-Matin que vous étiez « prêt à aller jusqu’à l’autonomie », objectif affiché des Séparatistes.
Sachez d’abord, monsieur le Ministre, que lorsque l’on achète la paix, on se met en position de la payer de plus en plus cher, comme à Munich.
Nous pensons ensuite que vous surestimez la légitimité démocratique des Séparatistes au pouvoir. Le dernier scrutin leur a certes donné 67,9 % de votes exprimés mais, compte tenu d’une abstention de 41,09 %, leur représentativité tombe à 40,04 %, de la population, c’est à dire loin de l’onction populaire qu’impose le choix du destin de la Corse.
Sachez aussi que l’autonomie de la Corse, région la plus pauvre de France, aggraverait sa situation en l’éloignant de la pleine solidarité nationale, les Insulaires devenant des Français à part.
Sachez encore que l’autonomie de la Corse reviendrait à une sorte de privatisation politique de l’île au profit d’une minorité exposée à un clanisme atavique pouvant s’imposer à l’occasion des relèves des dirigeants. L’appartenance pleine et entière de la Corse à la France constitue ainsi l’assurance tous risques de ses habitants contre toutes les dérives.
Sachez enfin que, par ses conséquences prévisibles, la question corse est devenue une cause nationale car engageant l’unité de la France. Ce que l’on accorde à Pierre, on ne pourra pas le refuser à Paul, renvoyant ainsi la France à sa féodalité.
Une forte aspiration à l’exercice de nouvelles responsabilités prévaut aujourd’hui dans toutes les régions. Aussi, l’institution d’un nouveau statut général de la France doit-il l’emporter sur un énième statut particulier de la Corse qui pourrait d’ailleurs s’y intégrer sans perte des droits acquis.
Une indispensable et profonde décentralisation du pays doit aboutir à la Régionalisation administrative du pays par application pleine et entière du principe de subsidiarité, hors toute attribution régalienne, non négociable. Cette réforme ne s’opposera en rien à l’épanouissement des identités régionales.
L’égalité des régions sera le seul impératif à respecter pour préserver l’unité de la France.
La probable opposition locale à cette réforme salutaire ne doit pas conduire à un énième arrangement d’appareils politiques. On devra en appeler à l’arbitrage direct du peuple souverain de l’île. Les Séparatistes exigeant une solution politique de la question corse, quoi de plus démocratique qu’un référendum local !
Que l’on n’objecte pas que la Constitution s’y oppose. D’abord parce que les lois doivent être faites pour les hommes et non l’inverse. Ensuite, en raison de la jurisprudence de 2003 sur la fusion des deux départements.
Et pourquoi refuserait-on à la Corse ce que l’on a accordé à la Nouvelle-Calédonie ?
Placés devant toutes leurs responsabilités, les Insulaires devront en fait se prononcer sur leur fidélité au serment de Bastia de 1938 de leurs Anciens, « jurant de vivre et de mourir Français ».
Et le verdict, quel qu’il soit, et toutes ses conséquences, devront s’imposer à tous.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mon respect républicain.
Michel FRANCESCHI
18 mars 2022
