GUERRE « SI VILE » EN CELLEZÉCIE (Cédric de Valfrancisque)

« …L’homosexualité, c’est la dernière chance de réduire les files d’attente, l’encombrement des crèches et la saturation des transports en commun ».
(Philippe Bouvard)

 

 

Vous vous souvenez qu’il y a quelques mois je vous racontais qu’en classant des archives familiales, j’avais retrouvé une missive écrite par un aïeul, Jean-Aymard de Séconlat, petit hobereau cévenol qui a passé sa vie à parcourir le vaste monde.  Je ne puis mettre en doute l’authenticité de ses écrits mais, n’ayant pas ses connaissances encyclopédiques, je ne saurais trop vous dire où se situe le pays, appelé « Cellezécie », dont il décrit les travers, us et coutumes ?

Qu’il vous suffise de savoir qu’il est peuplé de « Cellezéceux », lesquels  sont divisés, comme notre ancien Soudan, en diverses ethnies qui se font la guerre entre elles, pour le plus grand bonheur de son souverain qui ne règne que grâce à ces chicayas et querelles tribales.

Le dit souverain est un petit jeune homme au regard halluciné, le marquis Emmanuel de Morveux d’Enarque. Ce dernier a épousé une vieille gourgandine dont la famille fit fortune dans la fève de cacao et tenait boutique de chocolat au Touké, un port de mer où l’on pêchait la morue, mais principalement dans les bars montants et les bouges mal famés pour marins en goguette.

La « Cellezécie », gouvernée par des dirigeants incompétents et corrompus, se laissa berner par le jeune Emmanuel, toujours accompagné de son épouse (née Trogneugneux) qui était à la fois sa duègne, sa mère, sa maîtresse et sa femme. Il faut vous dire qu’en  « Cellezécie »  des tribus tentent d’imposer la polygamie, et le jeune marquis présentait l’avantage d’offrir quatre femmes en une seule, ce qui aurait dû coûter moins cher aux finances – donc aux contribuables – du pays.

Très vite, la vieille marquise devint la coqueluche des gazettes et libelles. Court vêtue, elle exhibait ses gambettes et sa blondeur à la une des hebdomadaires pour shampouineuses. En la voyant, on imaginait les amours coupables entre un cocker et un lévrier afghan. On apprit ainsi, par quelque pisse-copie, qu’elle avait déniaisé le marquis quand il avait 16 ans. Dans n’importe quel pays civilisé, elle eut été condamnée à la chiourme pour « détournement de mineur »  mais le pays  avait amorcé sa décadence, et tous les dégénérés  trouvèrent  cela charmant.

Je vous ai parlé précédemment des ethnies  qui peuplent la « Cellezécie ».

Les « Ecolosbobos » soutiens inconditionnels du marquis ; les  « Allahakbars » qui pratiquent une religion « de tolérance, d’amour et de paix », ils ne mangent pas de porc, ne boivent pas d’alcool, voilent leurs femmes, qu’ils appellent « moukères » ; les « Assatraorés », noirs et le poil crépu, ils ont la démarche floue et chaloupée  des  cercopithèques et  des cynocéphales ;  les « Niktamers » qui ne respectent aucune loi, vivent de vols, de rapines, de rackets, et de la vente de certaines substances hallucinogènes fort prisées par les « Ecolobobos » ; et enfin, les  « Elgébétés ».

Chez eux, les hommes  copulent entre eux et les femmes sont adeptes du « gazon maudit ».

Les hommes veulent devenir des femmes, lesquelles veulent devenir des hommes, sans compter un reliquat qui, tel l’escargot, sont hermaphrodites ou ne savent pas ce qu’ils sont. L’entrée dans cette tribu se fait par un rite initiatique appelé « Komingaout ». En « Cellezécie », les  gens du même sexe peuvent se marier, mais  certains refusent d’être « genrés », ce qui complique les choses.

Il existe d’autres ethnies, certes minoritaires, mais qui voudraient imposer leur mode de vie aux autres : Cela va des « Boulgourékinoas » – qui tentent d’interdire la consommation de viande  et attaquent les boucheries – aux Manouches, Roms et autres parasites, qui ne vivent que d’expédients et d’aides sociales, aussi nombreuses que variées, allouées par le gouvernement.

 Une tribu est encore majoritaire dans le pays : les « Gauloiréfractaires » également appelés « Souchiens ». En fait, c’est une espèce en voie de disparition. On ne lui demande que trois choses : tout subir, travailler dur et payer toujours plus d’impôts pour faire vivre les autres ethnies.

D’ailleurs sa blancheur de peau et son attachement au passé contrarient le marquis qui ambitionne de la remplacer par une faune allogène et bigarrée qui se moque comme d’une guigne de l’histoire du pays qui les accueille et les nourrit, sans rien leur demander en échange.

Dans ses écrits, Jean-Aymard de Séconlat nous raconte l’histoire croustillante d’un pugilat qui  faillit  tourner à la guerre civile entre tribus. Cette histoire mérite d’être contée.

Figurez-vous qu’après sa réélection, le marquis  nomma une femme premier ministre. Cette dame, du nom de Bornstein, constitua son gouvernement avec des affidés du marquis, mais aussi avec des traîtres et des renégats des ethnies  d’opposition. Elle offrit un poste de ministre délégué  à une dénommée Caroline Cagneuse, un vieux tableau de 73 ans.

Emmanuel de Morveux d’Enarque et Caroline Cagneuse

Bornstein savait que le marquis aime à s’entourer de vieillasses, de radasses, de haridelles boucanées, qui font presque passer la vieille Marquise  pour une première communiante.

Cette Caroline Cagneuse, grande bourgeoise fort riche, était entrée en politique sous Jacques Chiraclure, Vidame d’Ussel et d’Upoivre, puis, imprégnée de social comme le sont  généralement les gens qui ne voient la misère que de loin – la gauche-caviar et la droite-cachemire – elle a été « la chèvre de monsieur Seguin » (Philippe de son prénom, chantre du « gaullisme social »).

Adepte, comme tant d’arrivistes, du grand écart idéologique, elle avait rejoint le parti du marquis. Ce dernier, toujours reconnaissant envers les gens fluctuants, sans morale, sans honneur et sans conviction (les gens comme lui, en somme), avait demandé à Bornstein de lui confier un sous ministère plus ou moins bidon. Tout allait donc pour le mieux dans ce monde bien pourri, et puis, patatras, voilà que plusieurs  tribus  entraient en guerre ouverte contre la dame Cagneuse.

D’où partait le conflit ? Huit années en arrière, Caroline Cagneuse avait manifesté contre le mariage des invertis, ce qui, pour les « Elgébétés », plusieurs suppôts du Marquis et les ethnies minoritaires,  était un crime impardonnable. En « Cellezécie » en effet, il est de bon ton de porter la Jacquette flottante. La puissante confrérie des « Chevaliers de l’œil de Bronze » et les prêtresses de la « Tarte à Poil » veillent au grain. Il y a un fort pourcentage d’invertis dans le gouvernement. Certains médisants  affirment même que la dame Bornstein serait elle-même tribade.  

En « Cellezécie » on tolère les hétérosexuels à condition qu’ils restent discrets et ne fassent pas de prosélytisme. « L’Immonde »,  une libelle progressiste à la solde du régime, posait la question de savoir s’il était tout simplement  normal d’être encore hétérosexuel.  

La dame Cagneuse devait donc aller à Canossa, en robe de bure et la corde au cou. C’est ce qu’elle fit rapidement. On appelle cela « rétropédaler ». Contrairement à mon aïeul, Jean-Aymard de Séconlat, Je ne parle pas cellezécien, je ne sais donc pas si « pédale » doit être pris au propre ou au figuré ? D’ailleurs la pédale n’est absolument pas rétro, elle est même très tendance.

Mais cette vieille folledingue se crût autorisée à insulter les « Elgébétés ». Il faut savoir que dans la langue du pays, les pires invectives, les jurons les plus durs, les insultes les plus blessantes, les grossièretés les plus salaces, se terminent toujours en « a ». Par exemple, si l’on veut s’en prendre à une femme poissarde et vulgaire, idiote, pétasse, on la traitera de « Chiapa » ; si on engueule une brute au front bas, on le traitera de « Bénala » ; si l’on veut dénigrer  un parvenu, un nouveau riche, on le traitera de « Céguela » ; si l’on veut se moquer d’une vieille peau qui croit faire jeune, comme la marquise et sa coiffure de cocker, on la qualifiera d’« Evelinedélia » etc…  

Je vous disais donc que Caroline Cagneuse avait gravement blessé les « Elgébétés ».

Les a-t-elle traités de fiottes, de tapettes, de pédés, d’invertis, de tafioles, de gougnottes, de tarlouzes, de goudoues, voire d’encul… ? (tous ces qualificatifs qui tombent sous le coup de la loi car l’homophobie est un délit que, personnellement, je condamne avec la plus grande fermeté).
Que nenni, elle a fait bien pire, elle a commis l’impardonnable, elle a traité la communauté invertie de « Cégenla ».  Vous ne mesurez pas la portée d’une telle insulte !!!

Les tribus, outrées, demandèrent la tête de la dame Cagneuse. Cette naïve pensait que  la liberté d’expression l’autorisait à dire qu’elle n’était pas favorable au mariage entre gens du même sexe. Quatorze associations d’« Elgébétés » déposèrent une plainte contre elle.

Une partie du pays  grondait, l’autre se gaussait ;  on était au bord de la guerre civile.

Alors, pour calmer le jeu, la mère Bornstein  prit dans l’urgence une mesure autoritaire. Elle décida de nommer un ambassadeur des droits des  « Elgébétés ».

Pour cela, elle aurait dû, elle aussi, être poursuivie devant les tribunaux pour homophobie car quelle est la définition du mot « ambassadeur » ? C’est le « représentant permanent d’un État auprès d’un État étranger ». La tribu des « Elgébétés » est-elle un État dans l’État, de surcroît  étranger au reste du pays ? C’est tellement impensable que je n’ose l’imaginer !

Heureusement pour elle, le marquis, qui tel Henri III, aime à être entouré de « mignons », prit aussitôt des décisions fortes pour calmer la fronde des tribus. Il décida la création immédiate d’un « ministère de la Trouduculture », qu’il confia, bien sûr, à un androgame, et exigea que l’hymne national cellezécien soit remplacé par le « Gode save the gouine ».

Je ne saurais vous dire comment se termina cette quasi guerre civile car mon aïeul, Jean-Aymard de Séconlat, n’en a pas connu la fin. Interpellé par un argousin qui lui demandait son identité, il a répondu « Séconlat ». Le pandore a compris « Cékonla » qui est une injure du même tonneau que « Cégenla ». Il ne dut son salut qu’à la fuite.

Il passa nuitamment la frontière et s’en revint dans son Gévaudan natal pour « vivre entre ses parents le reste de son âge »  et rédiger la narration de ses voyages.    

A la fin de son récit, Jean-Aymard de Séconlat, normalement membré et porté sur la cuisse comme tout vrai mâle, affichait un certain dégoût  pour la « Cellezécie ».

Ne me demandez pas pourquoi ? Sur ces questions épineuses de genre et/ou de sexe, je n’ai pas d’avis. D’ailleurs, au pays « des droits de l’homme et des libertés », ai-je le droit d’avoir un avis qui soit différent  de la doxa officielle ?    

Cédric de Valfrancisque

7 août 2022

20 Commentaires

  1. Quel régal !
    Figurez-vous que j’ai une côte fêlée.
    Pouvez-vous imaginer la difficulté qu’il y a de pouffer de rire dans ces conditions ?
    À suivre, j’espère…

  2. Désopilant ! Je n’aurais pas écrit : « aux Manouches, Roms et autres parasites, qui ne vivent que d’expédients et d’aides sociales, aussi nombreuses que variées, allouées par le gouvernement. » Car c’est trop sérieux et nuit à la franche rigolade. Cette lecture a été le meilleur moment de ma semaine.

  3. Au fait, qui est de la famille  » de CESCONNARDSLA  » ? Je cherche à compléter mon arbre généalogique :-)))

  4. Cédric, un seul mot : EXCELLENTISSIME !!!

    J’ai bien rigolé, entre les noms et les événements, toute ressemblance ne pouvant être que malheureuse avec le réel en France, je pense aussi que nous sommes cousins, étant issu de la famille « sescrétinsla », et j’ai le même prénom, ce qui donne  » Jean-AYMAR de SESCRETINSLA !!

    • Waouh ! Moi je connaissais Michelsercétin, champion du monde de ping-pong que j’ai eu le bonheur de le rencontrer en 1975.. d’ailleurs, je crois que son frère Jacques était aussi un pongiste renommé. Sinon, cet article est tourné tellement humoristiquement, est d’une exceptionnelle vérité.

  5. Une chronique savoureuse et pertinente. Bravo pour l’humour mais grande tristesse pour l’avenir de notre pays.

  6. Ecoutez, la prochaine fois que vous postez un article du même tonneau, prévenez-moi, je vous prie, car il me faudra d’abord courir m’acheter une provision de mouchoirs en papier qui me servent à essuyer mes larmes de rire et moucher mon nez affecté brusquement par cette ondée lacrymale! Votre aïeul Séconlat devait sûrement avoir quelque brin d’ADN avec les miens! Soyez béni! Annie de Sesabrutisla.

    • Chère Madame, il me vient à l’esprit que nous aurions un lien de parenté car j’ai adopté la devise du regretté Albert Spagiari ( l’homme du casse de Nice)  » Tout me fait rire » . Vous savez sans doute que « l’humour est la politesse du désespoir  »
      Avec mes hommages.
      Cedric de Valfrancisque

  7. MERCI vos ecrits savoureux sont de grandes réalités pauvre FRANCE le pays se creuse de plus en plus sans que personne dise STOP

  8. Les aventure de Jean-Aymar en Celzécie je les conserve précieusement.
    Si j’ai un petit coup de mou après le visionnage des infos, je m’en lis un bout et mon moral repasse illico au beau fixe !
    Quel régal ! Merci Cédric.

  9. Vos écrits, votre esprit, bref votre plume assassine, cher Cédric, me sont toujours un régal, de lignes en lignes… C’est bon de rire de ces gens-là !

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