LE MASSACRE DES HARKIS (Éric de Verdelhan)

« Dans un premier temps, il faut leur faire bonne figure pour ne pas provoquer leur départ en métropole, ce qui leur permettrait d’échapper à notre justice. Ces chiens ne trouveront le repos que dans la tombe ».

Houari Boumediene, au sujet des Harkis (1).

 

 


Parlons de nos Harkis – 100 à 150 000 en comptant les membres de leurs familles – qu’on a délibérément livré désarmés aux égorgeurs du FLN. Quelques officiers courageux ont réussi, avec des complicités sur place, à en rapatrier en métropole. Quelques uns sont arrivés à gagner la France par leurs propres moyens. Qu’à cela ne tienne, on les rembarquera en direction de l’Algérie, où les attendent la torture et la mort. Ceux qui parviendront à rester en métropole seront parqués dans des camps, comme des parias. Voilà comment la France remerciait ceux qui lui avaient été fidèles, tandis que, dans le même temps, elle déroulait le tapis rouge aux Fellaghas.

Le 30 août 2001 – c’est donc récent ! – deux avocats français déposaient une plainte contre X pour « crimes contre l’humanité ». Cette plainte visait les Républiques algérienne et française pour leur comportement à l’égard des Harkis. Le dossier était solide et la plainte fondée. 26 jours plus tard, une journée d’hommage national aux Harkis était organisée et le président Chirac recevait leurs représentants à l’Élysée. Ainsi, il aura fallu attendre presque trois décennies avant que la France ne se décide ENFIN à reconnaître le sort tragique des supplétifs algériens qui avaient choisi de la servir.

Aujourd’hui, on leur rend hommage chaque 25 septembre et ce n’est que justice !

Disons un mot de ces oubliés de l’histoire, une histoire tragique et honteuse.

Le terme de « Harkis » désigne, de nos jours, tous les combattants musulmans, réguliers ou supplétifs, de l’Armée française en Algérie. Au maximum de leurs effectifs, en janvier-février 1961, ces soldats étaient répartis en sept catégories : les appelés du contingent (60 000 hommes), les engagés (28 000 hommes), les Groupes Mobiles de Sécurité (7 500 hommes), les Moghaznis (19 500 hommes), les Unités de Réserve  dites « Aassès »; (3 000 hommes), les Groupes d’Auto-défense (62 000 hommes), et les Harkis proprement dits (63 000 hommes).

Les Harkis, curieusement, ont une origine civile : c’est l’ethnologue Jean Servier qui organise, dès 1954, la première Harka, pour défendre la petite ville d’Arris dans les Aurès. Les Harkas  reçurent un statut militaire le 8 février 1956 mais la condition de Harki ne sera fixée que le 7 novembre 1961 : c’est un supplétif sous contrat, engagé au mois ou à la journée, recevant une solde modique.

Lors des préparatifs des accords d’Evian, le ministre des Armées, Pierre Mesmer, tenait à rassurer les Algériens servant dans l’Armée française sur, je cite: « leur avenir et la volonté de la France de ne les abandonner en aucune manière ».
La suite est connue : on désarme les Harkis.

Dans un premier temps, le pouvoir algérien alterne promesses d’amnistie et menaces.

Puis les sévices et les assassinats commencent. Les Harkis sont abattus en masse, lors des deux principales vagues de répression en été et en automne 1962. Quelquefois par unité entière, par village entier, par famille entière, les femmes et les enfants n’étant pas épargnés. Les supplices qui précédent la mort sont d’une cruauté inouïe et peuvent durer plusieurs heures, voire plusieurs jours…

Corps ébouillantés, dépecés, enterrés ou brûlés vifs, énucléations, membres découpés en lanières et salés. Des anciens combattants sont contraints d’avaler leurs médailles avant d’être brûlés vifs dans le drapeau français…

Selon des témoignages rapportés par Camille Brière :

« Certains harkis furent crucifiés sur des portes, les yeux crevés, le nez et les oreilles coupés, la langue arrachée, systématiquement émasculés…
D’autres furent dépecés vivants à la tenaille, leur chair palpitante jetée aux chiens…
Des vieillards et des infirmes étaient égorgés, des femmes violées puis éventrées, des nourrissons avaient la tête écrasée contre les murs sous les yeux de leur mère… ».

Dans « La paix des braves » (2), Louis Merens relate le récit fait par un Algérien de la mise à mort effroyable des Harkis de son village. Un récit d’un cynisme écœurant :

« Nous avons eu l’exécution des Harkis ; faut dire que nous avons chez nous le lieutenant Hocine, un dur… Donc, sur le champ de foire, il a fait rassembler les Harkis, une quarantaine, et il les a fait se déshabiller. On a pu voir que, pour salaires de leurs crimes, ces chiens avaient été bien nourris par l’armée d’occupation, car ils étaient tous gros et gras…

Donc, le lieutenant les a fait se déshabiller et les a attachés aux poignets, tous les mètres, par une longue corde très solide. Le bout de la corde était relié à un tracteur. Le tracteur s’est mis à faire le tour du champ de foire, lentement puis plus vite. Au bout de dix minutes, il y en avait qui étaient déjà crevés, les paresseux, les bons à rien. Surtout qu’ils étaient pieds nus, habitués à courir les djebels avec les godasses de l’armée française… La corde s’est brusquement tendue, leurs bras ont filé raides en avant ; ça leur a fait mal ; ils ont gueulé comme des chacals. Il a fallu que leurs jambes se mettent à tricoter pour rattraper les bras qui prenaient de l’avance à l’autre bout de la corde. Puis plein gaz ! Y’en a un qui est tombé ; celui qui le suivait lui est rentré dedans et s’est effondré à son tour ; un troisième a piqué du nez aussi. Le tracteur a accéléré et on a entendu les articulations qui pétaient les unes après les autres. Les articulations, pas les tendons : les tendons c’est plus solide… La moitié de nos coureurs étaient traînés sur le sol, les autres, plus valeureux que Mimoun, couraient, courbés… Les poignets frôlant le sol…Pour leur permettre de reprendre haleine, le tracteur ralentissait ; à coups de fouets on relevait les traînards puis on remettait la gomme. Bientôt, il n’y en eut plus que dix à faire usage de leurs jambes : à la longue les tendons avaient fini par craquer eux aussi. Des mains, des bras pendaient sur la corde, comme du linge. Plusieurs étaient morts le crâne fracassé… Alors le lieutenant fit signe au chauffeur pour le sprint final. La vitesse est montée à dix, quinze, vingt, trente kilomètre-heure, et, d’un seul coup, ils se sont abattus les uns sur les autres, comme des quilles, dans un craquement de bois sec. Quand le tracteur a fait le tour d’honneur, il ne trainait plus que des haillons noirâtres… »

Dans un compte-rendu destiné à sa hiérarchie, le sous-préfet d’Akbou, en Kabylie, dresse de façon précise et détaillée la chronique macabre des exactions – supplices, assassinats, viols collectifs, enfermement dans des camps – subies par les Harkis et leurs familles dans sa circonscription après le cessez-le-feu du 19 mars 1962 jusqu’à la fin décembre 1962. Il note parmi les victimes « la proportion non négligeable de civils qui est de l’ordre d’un tiers, constitué d’élus, de chefs de villages, d’anciens combattants… ». S’agissant d’un rapport officiel, il ne peut être taxé d’exagération.

L’aspect cathartique des massacres a été souligné par Mohand Hamoumou :

« La plupart furent torturés publiquement, longuement, avec un luxe de raffinement dans l’horreur. La mort était une délivrance, d’où la recherche de morts lentes pour faire durer l’expiation. Le supplice est destiné à rendre infâme celui qui en est la victime… »

D’autres Harkis sont enfermés dans des camps, dans lesquels la Croix Rouge recensera (en 1965) 13 500 personnes. Certains seront employés à des tâches dangereuses comme le déminage, à mains nues, avec une jambe coupée préventivement pour qu’ils ne puissent pas s’échapper.

D’autres enfin sont enlevés : ce sont ainsi des milliers de Harkis (et de « Pieds-noirs ») qui disparaissent après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, puis au cours des deux vagues de répression qui interviennent en 1962, et de celles qui interviendront plus tard, jusqu’en… 1966, sans que les autorités françaises, pourtant informées des lieux de leur détention, ne s’en inquiètent.

Dans un rapport de mai 1962, monsieur de Saint-Salvy, contrôleur général, a pu écrire :

« Les crimes de guerre commis en Algérie depuis le 19 mars 1962 sont sans précédent depuis la dernière guerre mondiale, dépassant tout ce qui avait pu être constaté en Afrique noire » (3).

Dès le 3 avril 1962, juste après les accords d’Evian, de Gaulle déclarait à Alain Peyrefitte :

« Il faut se débarrasser sans délai de ce magma d’auxiliaires qui n’ont jamais servi à rien » et il donna l’ordre de les désarmer dans les plus brefs délais. Le 16 mai suivant, le général de Brébisson, obéissant servilement à son ministre, Pierre Messmer, interdisait à ses troupes de procéder « à des opérations de recherches dans les douars de Harkis ou de leurs familles. »

On disserte encore aujourd’hui sur le nombre des victimes. De l’aveu même de Ben Bella, la population visée représentait 500 000 personnes. Si l’on s’en tient aux confidences de Krim Belkacem à Jean Daniel, sur les 220 000 Musulmans abattus par l’ALN, « en dehors des combats », 150 000 auraient été exécutés après le cessez-le-feu.

Quelques auteurs font remarquer que, lors des accords d’Evian, il ne restait que  42 000 Harkis sous les armes. C’est vrai, mais les actes d’extermination, ont duré plus de 10 mois.

Ils ont frappé des Harkis démobilisés, leurs femmes, leurs enfants, parfois leurs parents ou leurs cousins. Le chiffre retenu par les auteurs sérieux et crédibles sera de 150 000 victimes et il s’appuie sur différentes estimations rappelées notamment par l’historien Abd-El-Azziz Meliani ; sur celle du service historique des Armées qui, dans une note officielle en 1974, estime à environ 150 000 le nombre des Harkis disparus ou assassinés ; sur celle du chef du 2ème  bureau à Alger qui retient également ce chiffre de 150 000 ; celle, enfin, du sous-préfet d’Akbou, qui dans son compte-rendu officiel, fait état de 2 000 victimes, en moyenne, par arrondissement, (soit 150 000 pour les 72 arrondissements algériens). Anne Heinis, dans un mémoire datant de 1977 sur l’insertion des français musulmans (4) situe la fourchette haute à 150 000. Même chiffre de 150 000 chez André Santini, secrétaire d’état aux rapatriés en 1986-1988.

Les Harkis qui eurent la chance de regagner la France (90 000 environ) furent parqués dans des camps d’internement et ce bagne dura 12 ans.

Le 6 août 1975 – enfin ! – le gouvernement prit quelques mesures pour améliorer leur sort.

« Aujourd’hui, la télévision montre des images de « migrants » regroupés dans des camps de fortune… Les People et les hommes politiques défilent entre les baraquements pour dénoncer un accueil indigne. J’aimerais que ceux qui se révoltent aujourd’hui aient la même réaction pour ce qui s’est passé pour les Harkis » dira, en mars 2015, Jeannette Bougrab, elle-même fille de Harki.

Le massacre de nos Harkis est une honte ! Notons que l’abandon de nos supplétifs algériens est à mettre au compte quasi exclusif de Charles De Gaulle. Ce dernier,  il le dira à Alain Peyrefitte, ne voulait pas voir son village s’appeler « Colombey-les-deux-mosquées » (5). 

Le capitaine Moinet  a écrit un livre poignant sur ce drame : « Ahmed ? Connais  pas ! » (6).

En dehors du sort tragique de nos Harkis, à qui va t’on faire croire que le gouvernement pouvait ignorer ce qu’Ahmed Boumendjel avait confié à Jean Daniel dès juin 1960, à savoir que :

« Dans une Algérie indépendante, il n’y aura de place ni pour les Juifs algériens, ni pour les Européens, ni pour ceux qui les auront aidés ». Il est difficile d’être plus clair !

Durant l’été 1962, Robert Boulin, cynique, estimait que les : « Pieds-noirs ont avancé leurs vacances. Simplement, la plupart sont incertains sur la date de leur retour. »

En débarquant, souvent dans le dénuement le plus total, en métropole, la première surprise des « Pieds-noirs » fut leur découverte de l’humour de notre fonction publique. Arrachés à leur terre natale, débarquant dans un pays qu’ils ne connaissaient pas, ils se virent appeler « rapatriés » ; or, comme dira l’un d’eux : « Ici, la patrie est un vain mot. Nous n’y avons ni nos morts ni nos usages ». Ils auraient préféré être reconnus comme « repliés », ou « déracinés ». D’ailleurs, ces « Français à part entière » furent accueillis en métropole comme des indésirables ou comme des gens suspectés de sympathie pour l’OAS. Le ministre Louis Joxe ne souhaitait « cette mauvaise graine, ni en Algérie, ni en métropole. Il vaudrait mieux qu’ils s’installent en Argentine, au Brésil ou en Australie… ».

Comme le dit l’écrivain Jean Brune, le « Pieds-noirs » est : « Un Français à part entière qui, à son arrivée en France, s’est découvert entièrement à part ».

L’attitude qui les choqua le plus profondément fut, bien sûr, celle de de Gaulle. Ce dernier devait déclarer, le 4 mai 1962 : « L’intérêt de la France a cessé de se confondre avec celui des Pieds-noirs. ». Un peu plus tard, en juin 1963, il se félicitera que l’intégration des « Pieds-noirs » se soit faite « sans heurts, sans drames et sans douleurs ». Puis, il fermera la page de l’Algérie française, le 22 juillet 1964, en supprimant le ministère des rapatriés avec cette déclaration :

« Ils ont été absorbés comme par un papier-buvard… ». Quel cynisme ! Quel mépris !

Depuis, nos dirigeants font régulièrement repentance au nom de la France ; or le peuple de France n’a pas à battre sa coulpe car il ne saurait être tenu pour responsable de l’abandon honteux de l’Algérie française, après une guerre gagnée militairement, ni des atrocités commises par le FLN algérien avec la complicité du pouvoir.

Aujourd’hui encore les Algériens (et les Franco-algériens) considèrent les Harkis comme des traîtres, et beaucoup d’entre eux ne cachent pas leur détestation de la France.

Alors, il serait temps d’arrêter de jouer les pompiers-pyromanes et d’exacerber les tensions entre les anciens Fellaghas et nos frères d’armes musulmans.

Pour ma part, je n’oublie rien. J’ai consacré plusieurs livres au drame algérien, dont un qui est une réponse à Emmanuel Macron lequel, en 2017, qualifiait l’œuvre française en Algérie de « crime contre l’humanité » (7).

Rappelons que le  « crime contre l’humanité » est une incrimination créée en 1945 par le tribunal de Nuremberg, et établi par la Charte de Londres (art. 6 C).

Il désigne une « violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d’un individu ou d’un groupe d’individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux ».

Le massacre de nos Harkis et de leurs familles est bien un « crime contre l’humanité » mais, que je sache,  il n’est pas imputable aux défenseurs de l’Algérie française.

Ceux qui voulaient que l’Algérie reste française étaient tout simplement des visionnaires. Le bradage honteux de l’Algérie et du Sahara, avec ses immenses réserves de gaz et de pétrole, est à l’origine de l’invasion maghrébine que nous subissons aujourd’hui. Il marque aussi la fin de notre autosuffisance énergétique, sujet ô combien brûlant en ce moment.

Ceux qui contestent la notion même de « remplacement de population » devraient méditer la citation prémonitoire de Houari Boumediene : « Après l’Algérie française viendra le temps de la France algérienne ; nous vaincrons ce pays par le ventre de nos femmes ». Elle date de …1963.

Nous étions prévenus, mais nos dirigeants politiques, souvent par clientélisme électoral, ont préféré pratiquer la politique de l’autruche : la tête dans le sable et le cul à l’air, prêts à subir les derniers outrages.     

Semper fidelis.

Éric de Verdelhan

22/9/2022

1)- Cette citation date du 20 mars 1962, le lendemain des accords d’Evian.

2)-  « La paix des braves » de Louis Mérens ; l’esprit nouveau ; 1963.

3)- Rapport du contrôleur général de Saint-Salvy cité par Abd-El-Azziz Meliani dans « La France honteuse. Le drame des Harkis » ; éditions Perrin.

4)- Anne Heinis « L’insertion des français musulmans » ;  Montpellier III ; 1977.

5)- « C’était De Gaulle » d’Alain Peyrefitte; Gallimard; 1994.

6)- «  Ahmed ? Connais pas ! » de Bernard Moinet; Lettres du Monde; 1980.

7)- « Hommage à NOTRE Algérie française » ; Dualpha ; 2019.

8 Commentaires

  1. De toute façon,Charles de Gaulle, que l’on décrit souvent comme un oracle voyant loin et juste, s’est planté de A à Z.

    Il a commencé les bêtises avec ces histoires de réconciliation franco-allemande, avec le chancelier Adenauer. Les bondieuseries sont toujours la matrice des crimes contre l’esprit. On n’avait pas à se  »réconcilier  » avec ce pays qui nous a fait trois guerres catastrophiques, et qui maintenant, est en train de nous en faire une quatrième, LA PIRE DE TOUTES, en démolissant notre industrie nucléaire, notre production d’électricité, notre indépendance financière et en nous poussant dans une guerre infâme contre la Russie, qui menace de nous achever.

    Il a toujours choisi l’Europe alors que notre domaine algérien était prometteur, avec les immensités du Sahara, vide d’habitants mais rempli de ressources énergétiques que ce soit l’uranium ou les réserves de gaz et de pétrole.

    Il a eu des éclairs de lucidité comme en 1966, quand il est revenu de son voyage en URSS en disant, à sa descente d’avion (en parlant des russes)  »ce peuple ne veut pas la guerre ».
    Il aurait dû stopper le Marché Commun, que de toutes manières les allemands n’ONT JAMAIS RESPECTE. En effet, la  »petite Europe des six » avait instauré un  » tarif extérieur commun », que les allemands ont tranquillement violé sans discontinuer pour les produits agricoles. Ainsi l’Allemagne a nui à notre agriculture. Par exemple, dans nos îles Martinique Guadeloupe et leurs petits archipels, la population vivait en partie de la banane. Les allemands n’ont jamais consommé ces bananes-là, ils en achetaient ailleurs à meilleur compte sans respecter le tarif extérieur commun, ce qui a provoqué du chômage dans ces îles. Pour l’huile avec l’Afrique, même topo. Nos agriculteurs ont râlé dur pour l’huile, mais ça n’a été qu’un cataplasme sur une jambe de bois…….

    De Gaulle aurait dû suivre Soustelle, qui préconisait une indépendance de la France, appuyée par des Etat-Unis France-Algérie-Sahara. Cette indépendance nous aurait facilité la seule réconciliation qui valait le coup : celle avec les russes.

    De Gaulle n’a jamais rien compris aux questions énergétiques. Il a certes encouragé notre industrie nucléaire mais personne n’a jamais relevé que cette indépendance-là avait été forgée sous la Quatrième République, avec Mendès-France et Guy Mollet, qui ont fondé les bases des bombes atomiques françaises.

    Il a tout raté avec l’affaire Si Salah, qui nous apportait sur un plateau la  »Paix des braves » avec la Wilaya 6, celle d’Alger, qui valait toutes les autres réunies. Au lieu de saisir cette perche miraculeuse qui nous aurait valu les mêmes avantages que Poutine avec la Tchétchénie, il a refusé avec le même entêtement stupide et borné d’Alceste dans la pièce  »Le Misanthrope, ou l’atrabilaire amoureux » de Molière. Cette perche aurait valorisé notre victoire militaire incontestable sur le FLN, gagnée haut la main par le général Challe.

    Personne n’a compris l’abandon total du Sahara et de ses richesses qui n’appartenaient qu’à nous ! Le Sahara aurait été notre amérique à nous. On aurait pu en fertiliser maintes parties en y amenant l’eau : ainsi de Gaulle s’est placé au-dessous de Khadafi, qui lui, dans des conditions pires qu’au Sahara français, a su procurer l’eau aux habitants de la Libye (1). L’exploration approfondie du Sahara et sa mise en valeur aurait donné à notre jeunesse française un champ d’action incomparable (2) qui l’aurait mise à l’abri des crises que nous avons hélas subies depuis 1960 : crise de 1973, crise de 1979, désastre de l’élection du 10 mai 1981, crises financières sous Delors, plan de rigueur catastrophique de 1983 qui fit monter le chômage à 3 millions; et maintenant cette crise que nous impose l’OTAN qui rêve de détruire la Russie devenue forte et indépendante.

    Ce qui est triste avec de Gaulle : il était souvent lucide mais il n’allait pas jusqu’au bout de ce qu’il y avait de juste dans ses moments lucides. Par exemple, dans un moment de lucidité, il avait dit  »l’ONU, ce machin » ; excellente remarque, mais il n’en a pas tiré la leçon : il fallait boycotter ce machin qui publiait en Suède, dans les hôtels, des placards honteux montrant les pires atrocités de Melouza et qui accusaient l’armée française d’avoir commis ces crimes ! Il n’avait donc pas des informateurs qui dénoncent ces mensonges criminels, de Gaulle ?

    A cause de ces erreurs majeures, je ne donne à de Gaulle qu’une petite moyenne : entre 9/20 et 10/20, que j’estime trop généreux. i, je devais résumer ce texte en quelques mots ce serait ceux-ci :

    De Gaulle n’a pas été assez intelligent pour comprendre qu’il ne fallait s’allier ni à l’Allemagne ni à l’Angleterre ni à une utopique Europe unie (tu parles d’une union !) mais profiter des Trente Glorieuses pour nous établir solidement dans les Etat-Unis France-Algérie-Sahara, sous la protection d’une puissante armée comme nous savons en créer. S’il avait compris cela, aujourd’hui, nous serions parmi les pays les plus riches de la planète, à l’abri des calamités qui sont en train de saccager cette stupide Europe. Et nous aurions au moins entre 6 et 8 millions de français de souche en Algérie-Sahara, une masse inexpugnable !

    (1) je rappelle que l’OMS, avant la crise actuelle de l’Afrique du Sud, ne comptait dans toute l’Afrique que TROIS pays où les gouvernements assurent l’eau potable à tous leurs habitants : la Libye, l’Afrique du Sud et le Maroc. (C’est un scandale qu’il ne figure pas le Cameroun dans cette liste). Si nous avions eu le courage et l’intelligence d’écouter Soustelle, dans cette liste il y aurait l’Algérie ! nos ingénieurs forestiers avaient créé en Algérie des dizaines de retenues collinaires dans le but noble et intelligent de reboiser les Aurès. Aujourd’hui ces retenues n’existent plus et tout ce qu’on avait commencé à reboiser a crevé depuis longtemps……

    (2) et puis je vous le demande, ça ressemble à quoi, notre glorieuse Légion Etrangère sans les grands espaces du Sahara ?

    • Bonjour et merci pour votre article qui permet de mieux mesurer pour les plus jeunes et aussi pour les anciens comme moi, de mieux cerner les enjeux qui étaient sur la table de réflexion des décideurs politiques durant la guerre d’Algérie. Votre propos déroule une philosophie politico-économique qui se réclame de Jacques Soustelle et qui se corrobore avec les motivations de ceux que Charles De GAULLE nommait factieux et traitait de  » carteront d’ officiers », lors du coup d’État d’Alger que du haut de ma juvénilité je soutenais, seul face à mes camarades de classe de 5ème de lycée et ce professeur affidé communiste qui m’avait fait monter sur l’estrade de son bureau pour que je m’explique sous les huées de la classe qui étaient très majoritairement pro- De Gaulle ou communiste, debout levée et menaçante… : « Souvenirs, souvenirs » comme le chanta Johnny Halliday peu d’années après…
      Cependant, à décharge partielle pour le « Général Président », puisqu’ qu’il aurait déclaré en privé à Michel Debré, son Ministre, qu’il craignait par-dessus tout que « Colombay les deux Eglises » ne devînt « Colombay les deux Mosquées » avec le temps, si l’Algérie restait Française, car grâce à la victoire militaire de notre armée dans la « Bataille d’Alger », celle-ci avait rétamé le FLN auquel, il est prétendu, que De Gaulle donna « carte blanche » pour éliminer le M.N.A (ou M L A, trou de mémoire de ma part …) sur le sol de Métropole, puisqu’il qui était d’obédience « Frères Musulmans ». Aussi, je pense depuis longtemps que le Général a dut se retourner dans sa tombe, par la faute de l’Association de malfaiteurs que formèrent le tandem V.G.E/J. Chirac en fondant le rapprochement famillial au bénéfice des migrants Algériens peu d’ années après la mort du Général..
      Quoi qu’il puisse en être, votre long et étayé commentaire est très intéressant et donne matière à méditer longuement.. Encore, merci !

    • Je suis tout à fait d’accord avec votre analyse, malheureusement il ne reste que très peu de gens qui ont connu cette période et les autres ne font pas de recherches historiques.
      Merci !

  2. Après avoir lu cet article d’Eric de Verdelhan pour le moins poignant qui illustre que l’Histoire et la morale se rangent toujours du côté du vainqueur. Que celui-ci le fut par le mérite militaire et dans l’honneur ou/et grâce bien souvent aux  » combines qui meublent les tractations et négociations d’armistice ou de paix » menées par les personnels politiques des camps adverses (Accords d’Évian ). De quoi dégoutter du patriotisme et de l’humanité.
    En passant : Dire que « des planqués » traînèrent dans la boue un certain Jean Marie Lepen qui démissionna de son mandat de jeune député afin de « partir pour l’Algérie » comme l’on disait à l’époque ; et ce parce qu’il aurait employé des méthodes d’interrogatoires trop musclées par lesquels il obtint pourtant des renseignements de la part de poseurs de bombes du FLN ; renseignements qui sauvèrent de nombreuses vies de civils !

  3. Pour les harkisalariés je comprends que la France et soncomportement est indigne en revanche j’aimerais aussi que la France respect les soldats qui sont partis sur le front de l’est combattre la peste rouge ce n’était pas des nazis mais aussi des visionnaires ÿ qu’à voir des melanchon et compagnie

  4. Cette histoire des Harkis est la HONTE de la France. LOa honte des politichiens du moment.
    Elle démontre aussi la cruauté ignoble, inouie et sauvage des Algériens. J’ai des amis Tunisiens et Marocains qui ne les apprécient pas du tout, d’autant que beaucoup d’Algériens ne respectent pas les règles de l’islam et boivent même de l’alcool.

  5. Le 25 septembre, allez donc à la commémoration officielle de votre ville ou village. Vous y écouterez de splendides discours.
    Mais il y a peu de chances que l’on vous en désigne les coupables puisqu’ils furent de la même obédience politique que ceux qui écrivent maintenant ces beaux discours, les préfectures étant souvent en pointe sur le sujet.

  6. J’ai 82 ans ! J’ai vécu cette TRAHISON. Depuis ces massacres je ne peux pardonner le comportement des métropolitains autant que celui des sauvages FLN.

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