SANDRINE ROUSSEAU CROQUE-MONSIEUR (Christian Potier)

Écoféministe revendiquée, Sandrine Rousseau a fait de l’homme blanc le coupable idéal. Redresseuse de torts professionnelle, la députée de la Nupes sème la terreur et utilise la guerre des sexes pour mieux se faire une place et étendre son influence.

 

 

LES VICTIMES DE SANDRINE ROUSSEAU

Elle assassine, le sourire aux coins des lèvres. Froide et méthodique. Avec l’air satisfait de qui est persuadé d’avoir rendu service à la société tout entière. En quelques mois, Sandrine Rousseau aura, rien de moins, précipité l’éviction de Matthieu Orphelin, porte-parole de la campagne de Yannick Jadot, coupable d’avoir été trop proche de Nicolas Hulot, achevé de faire capoter la campagne du candidat écologiste, obtenu le scalp de Damien Abad, éphémère ministre des Solidarités, et celui de Julien Bayou — son chef-d’œuvre —, contraint de démissionner de son poste de secrétaire national d’EELV après l’avoir accusé de violence psychologique sur une ex-compagne.
De la belle ouvrage…

ROUSSEAU ET SA JUSTICE

​Un peu comme son double littéraire. En 2007, Sandrine Rousseau n’a pas encore cette réputation de procureur, mais, déjà, elle s’empresse de se faire justice elle-même. Elle n’est alors que maître de conférences en économie à l’université de Lille, mais, à 35 ans, la jeune femme entend déjà régler ses comptes. Exaspérée par l’un de ses chefs, elle se venge dans un polar (Épluchures à la lilloise). L’homme, sous sa plume, meurt, pelé à l’aide d’un économe comme une vulgaire patate tandis qu’un inspecteur « tellement bête » peine à démasquer la coupable parmi 67 blondes. Dans un reportage que lui consacre France 3, Sandrine Rousseau explique que, chaque soir, elle se met à son bureau pour lui jeter un nouveau sort.

« C’était comme une poupée vaudou. Je lui plantais des aiguilles », confesse-t-elle avant d’être prise d’un fou rire.

“Elles savaient très bien qu’il fallait se méfier de Denis Baupin, mais elles minaudaient pour se hisser vers le pouvoir”, assure un ancien de la famille écolo.

15 ANS PLUS TARD

​Quinze ans plus tard, Sandrine Rousseau a quitté Lille pour Paris et emménagé avec son mari, « un homme déconstruit », ainsi qu’elle le qualifie, dans une grande tour de la dalle des Olympiades, en plein quartier chinois. Un parachutage doré pour celle qui, dit-on dans le Nord, s’est grillée au conseil régional et à l’université. Nombreux — à commencer par le syndicat Solidaires étudiant·e·s — sont ceux qui s’étaient émus de sa discrétion sinon de son absence pendant la crise sanitaire, alors qu’elle était vice-présidente de Lille-3 chargée de la vie étudiante. La voilà députée de la Nupes, après s’être définitivement imposée dans le paysage politico-médiatique à l’occasion de la primaire des écologistes.

​Son truc à elle ? Une écologie radicale. Une haine des hommes nées au sein même d’EELV où Sandrine Rousseau, à l’ombre de Cécile Duflot, s’est mise à exister en accusant Denis Baupin d’agression sexuelle. Le seul fait d’être une femme en politique leur conférait un statut.

« Le parti est une sorte de vaginocratie », poursuit-il. Son écoféminisme est revendiqué jusqu’à la sorcellerie.

« Le monde crève de trop de rationalité, de décisions prises par des ingénieurs. Je préfère des femmes qui jettent des sorts plutôt que des hommes qui construisent des EPR »,

assume Sandrine Rousseau dans Charlie Hebdo. Même Éric Piolle (“Piolle Pot”, le “khmer vert” de Grenoble), est dépassé. Et c’est peu dire des autres têtes de gondole du mouvement. Pendant la présidentielle, elle rhabille pour l’hiver le trop sage Yannick Jadot.

« On s’emmerde, non ? », confie à l’Obs celle qui est pourtant son porte-parole.

« Ce qu’il nous faudrait, c’est un type qui mette les pieds dans la boue, un rocker qui donne envie de passer une nuit à Woodstock avec lui. »

Sandrine Rousseau est débarquée en rase campagne. Son “égologie” plutôt que son écologie a fini par lasser son camp.

ELLE VOIT LE KKK PARTOUT

​Réponse de l’intéressée :

« Ça me déprime de faire de la politique dans des groupes du Ku Klux Klan. Je veux faire de la politique avec des visages de toutes les couleurs. »

Sandrine Rousseau, qui a échoué d’un rien à l’emporter lors de la primaire, veut faire de cette défaite une victoire. Elle sait pouvoir compter sur les faveurs des médias, qui guettent désormais chacune de ses déclarations tonitruantes.

« Elle a compris quen étant bonne cliente des médias, elle pouvait saccaparer l’écologie sans plus jamais en parler »,

commente, presque jaloux, un proche de Yannick Jadot. Et force est de constater que la machine fonctionne à plein régime. Aucun sujet ne lui résiste.

Du plus sérieux au plus dérisoire, Sandrine Rousseau met son grain de sel partout et s’autorise une pensée définitive avec un art consommé de faire le buzz et d’imposer son récit. De l’accueil des Afghans en France pour pouvoir surveiller d’éventuels terroristes en passant par la criminalisation du Jet Ski d’Emmanuel Macron jusqu’à la création d’un délit de non-partage des tâches domestiques, Sandrine Rousseau fait feu de tout bois. Même le barbecue, « symbole de virilité », y passe.

« C’est un délire, cette femme, je me demande comment on peut créer autant de sottises régulièrement »,

s’étouffe le philosophe Michel Onfray, alors que Laurence Ferrari l’interroge à son sujet.

Les propos de Sandrine Rousseau sont si délirants qu’ils rivalisent avec ceux que lui prête Sardine Ruisseau, le compte parodique qui la moque sur Twitter. Au point de provoquer la colère de la députée de Paris, qui goûte peu le succès de son double parodique. « Il y a des limites à la caricature. » L’humour est évidemment de gauche. Il ne saurait être de droite. Encore moins d’extrême droite. Sandrine Rousseau, qui, à l’occasion, joue à merveille la victime, dénonce une campagne de harcèlement médiatique.

L’IMPLACABLE PROCUREUR DE L’HOMME BLANC

Reste que l’on aurait tort de ne pas prendre au sérieux celle que l’humoriste Gaspard Proust surnomme “Josiane Spinoza”. Elle est devenue le mètre étalon de la pensée woke. Son point culminant. Pour preuve, Par-delà l’Androcène (Seuil), l’essai qu’elle a cosigné avec deux autres militantes écoféministes, Adélaïde Bon et Sandrine Roudaut.
Pour elles, l’homme blanc est coupable de tout. Le dérèglement climatique ? C’est lui ! Le capitalisme, la colonisation, le racisme ? Encore lui ! Le patriarcat, encore et toujours l’homme blanc. La déforestation et #MeToo, encore lui.
Le néologisme qu’elles utilisent, “androcène” leur permet, en un seul mot, de résumer tous les maux que la gauche intersectionnelle veut combattre. Et si la définition n’était pas assez évidente, Sandrine Rousseau s’en explique dans Libération à travers l’exemple d’Elon Musk.

« Il a décidé de conquérir Mars, il sapproprie une technologie avec sa richesse et le concours de fonds publics issus de la recherche. Il se fiche complètement de son empreinte écologique, il est dans l’accaparement, la prédation du commun à des fins de profit privé. Cet archétype d’homme, entrepreneur et conquérant, est presque déifié alors qu’il faudrait le considérer parmi les plus grands écocidaires de tous les temps. »

Rien de moins. Le patron de Tesla n’a qu’à bien se tenir. Son compte est bon. Sandrine Rousseau le convoque, sans autre forme de procès, devant la Cour pénale internationale et sa sentence est déjà irrévocable.

En réalité, avec une frénétique « envie du pénal » pour reprendre l’expression de Philippe Muray, qui s’inquiétait déjà de cette peste justicière qui investissait à toute allure l’époque, Sandrine Rousseau se veut l’implacable procureur de l’homme blanc. Elle instruit toujours à charge. Il lui aura suffi de quelques secondes dans l’émission C à vous pour détruire la réputation de Julien Bayou. Une véritable peine de mort médiatique. « C’est Kafka sur les réseaux sociaux », s’est désolé l’ex-président du groupe EELV à l’Assemblée nationale, contraint à renoncer à ses fonctions dirigeantes dans le parti sans pouvoir se défendre.

« Cette histoire est complètement dingue, reconnaît une écologiste. Je nai pas de passion pour Bayou, mais là le mec est mort, sans aucune preuve, alors même que le courrier accusateur de son ex-compagne est complètement décousu. Mais ça suffit pour se débarrasser du mec politiquement. »

Le politologue Thomas Guénolé, qui a connu, avant les européennes, une mésaventure similaire au point d’être contraint de renoncer à son investiture LFI, ne connaît que trop les mécanismes qui conduisent à cette présomption de culpabilité. Mais, explique-t-il à Valeurs actuelles,

« il y a une vraie différence entre se battre pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes et le fait de désigner un coupable que l’on cherche à punir. C’est d’ailleurs pareil pour la lutte des classes : ce n’est pas la même chose de vouloir l’émancipation des pauvres ou de punir les riches ».

Il en sera quitte pour une dépression de deux ans.

« Lorsque l’on a été sali avec une telle calomnie, c’est comme si l’on avait un sac de serpents qui s’agitent à vif dans l’estomac. Vous ressassez sans cesse, bloqué dans votre traumatisme. L’impression que tous ceux que vous croisez vous dévisagent en ne pensant qu’à ça »,

confie-t-il encore. Dans son cas, il n’y a jamais eu ni plainte déposée ni enquête de police ou de justice. Par conséquent, aucune condamnation, sinon un bannissement social. De son côté, Damien Abad, après avoir vécu « un enfer », victime des griffes de la sorcière, est en attente d’une instruction équitable. Auprès de Valeurs actuelles, l’ex-ministre des Solidarités s’inquiète de

« cette suspicion généralisée jetée sur l’ensemble de la classe politique. Sandrine Rousseau s’érige en procureur à la place de la Justice, il y a une confusion des genres contraire à tous les principes du droit français. La dérive est inquiétante. Elle cherche à déconstruire le monde et la France ».

Et de prophétiser :

« Ce sera le futur clivage politique. »

​ MANTE RELIGIEUSE DES DERNIERS MÂLES NON « DÉCONSTRUITS »

​De la légitime lutte contre les violences faites aux femmes à la guerre des sexes, il n’y a souvent qu’un pas. Pire, elle est aussi un prétexte à une lutte des places. C’est le soupçon qui pèse sur la dénonciation de Sandrine Rousseau. Si la députée de la Nupes ne compte pas personnellement prendre la direction du parti lors du congrès des écologistes en décembre, elle intrigue pour y placer Mélissa Camara, sa protégée. Une manière d’étendre son influence. Julien Bayou est hors course. Quant à la motion déposée par Marine Tondelier, elle a été écartée le 25 septembre…

​Comme le note un proche de Yannick Jadot,

« le parti est en voie de rousseauïsation ».

Le cas Rousseau est le dernier avatar de l’écartèlement entre la culture de gouvernement des écologistes et celle des gauchistes.

« Quand l’ex-candidat à la présidentielle aspire à faire d’EELV le parti dominant de la gauche sociale-démocrate, Sandrine Rousseau, à l’inverse, est dans une course à la pureté doctrinale et accumule les combats électoralement minoritaires »,

observe Thomas Guénolé. Une secte dont elle serait la grande prêtresse, mante religieuse dévorant les derniers hommes qui ne seraient pas “déconstruits”. Un ancien parlementaire EELV, passé avec armes et bagages dans la majorité présentielle, ne dit pas autre chose lorsqu’il nous confie :

« L’intérêt général, chez les écolos, ça ne les intéresse pas. Ce qui leur suffit, c’est d’être toujours propriétaires de leur petite maison dans la prairie. Elle est petite, mais elle est à eux. Leur but n’est pas de gouverner, mais de garder leur petite boutique. »

Christian Potier

30/9/2022

9 Commentaires

  1. Au fait, son déconstruit de mari, il est de quelle couleur ?
    Et que fait-il dans la vie, à part assumer sa part de travaux domestiques ?

  2. Le Général Bigeard avait eu cette formule au sujet d’Arlette Laguiller
    «  il faut la marier à un Para ! »
    je pense qu’effectivement, sous la houlette d’un béret rouge , vert d’un Légionnaire ou noir d’un CPA , la Sandrine connaîtrait enfin le véritable amour qui lui fait tant défaut apparemment et qui lui permettrait intellectuellement de se reconstruire…Qui ose gagne par St Michel

  3. ​« Il a décidé de conquérir Mars, il s’approprie une technologie avec sa richesse et le concours de fonds publics issus de la recherche. Il se fiche complètement de son empreinte écologique, il est dans l’accaparement, la prédation du commun à des fins de profit privé. Cet archétype d’homme, entrepreneur et conquérant, est presque déifié alors qu’il faudrait le considérer parmi les plus grands écocidaires de tous les temps. » Replacez « il » par « elle » … a décidé de conquèrir les Verts, elle s’approprie avec la richesse de son verbe et son culot …
    Les louves alpha veulent transformer les hommes blancs en bétats, en l’occurrence le bétat en question n’est pas issu de l’alphabet grec !

  4. bien mais je suis sûre qu’elle traîne au moins une casserole il y a bien quelqu’un dans les milieus autorisés qui a le courage de l’étaler sur la place publique afin une fois pour toute de la detruire!!!

  5. Se faire l’un, se faire l’autre, elle eût mieux fait de faire des enfants même s’ils risquaient de lui ressembler . Cette mégère a-t’elle vraiment castré son mari ou bien est-elle bréhaigne ?

  6. La « Rousseau »ne rend pas service à son parti politique..Elle a été élue,et donc elle défèque sur tous les espaces politiques y compris le sien..En ce n’est qu’un « doryphore » qui vient inséminer son venin naturel

  7. Valeurs Actuelles lui a trouvé un pseudo qui lui va à merveille :l’Epuratrice !

    Ce qui m’attriste le plus, c’est que des électeurs l’aient envoyée à l’Assemblée. Que font les psys ?

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