Tandis que notre jeunesse trouve sa fierté en 2022 à défiler en robe décolletée, en cuir, en tenue sado-maso, à quatre pattes, que d’autres souhaitent vivre dans les grottes à la cro-magnon pour sauver la planète, des hommes en 1914 étaient au front pour défendre la patrie en danger.
Mon grand-père serait effaré de cette vision de la fierté, de ces Français amorphes, soumis et devenus peureux et masqués.
C’est en souvenir de mon grand-père, blessé au combat, décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze que j’écris ce poème.
Honneur et misère
Tombé sur un champ d’honneur ! Mais qui donc le sait ?
Disparu des rangs. Personne ne l’a remarqué.
Blessé, il se relève isolé, affolé.
Seul, dans la boue d’un monde inconnu. Mortifié !
Tombé avec les honneurs ? Tombé pour de bon.
Personne ne lui avait dit, ce qu’était le front.
Ordre donné de charger, et il a foncé.
Petit soldat sortit du bois. De la tranchée.
Un soldat sacrifié parmi d’autres milliers.
Tombé sur un champ d’horreur. Exécuté.
Touché et tombé lors d’un soir d’hiver glacé.
Un visage emporté, l’avenir défiguré.
Il se relève dans le grand silence, hébété.
Seul, dans la boue d’un monde inconnu. Mortifié !
Il lui faudra se soigner et guérir ses plaies.
Apprendre à revivre et puis… à oublier.
Elle va venir, il va la revoir son aimée.
Elle lui a dit ! Elle ne pouvait pas l’oublier.
Juste avant de partir. Son amour dans les prés.
Enfin, il l’espérait. Enfin, il le croyait.
C’était bien avant ! Avant cette gueule cassée.
Gérard Brazon
9 novembre 2022
Lors de l’inéluctable prochaine guerre il ne faudra pas compter sur les LGBTXYZ+++ pour défendre quoi que ce soit, même pas leur propre vie.
Magnifique poème et bel hommage rendu aux Poilus dont mon père et mon oncle ont fait partie. Ils en sont ressortis grandis, à peine blessés malgré les ballles et les bombes et tous deux ont été décoré de médailles dont la Légion d’Honneur, celle que Napoléon avait prévue pour ses Grognards et non pas celle que Macron distribue à n’importe qui.Ils m’ont transmis l’amour de la Patrie. Merci pour ces vers émouvants. Rien à voir avec ce qu’envoie aujourd’hui comme message l’entrée de l’Ocean Viking dans le port de Toulon. Un 11 Novembre. J’appelle cela : se foutre de la France et des Français ! Je vous salue cordialement, Monsieur.
Bonsoir Brazon ;
Votre poème m’a beaucoup ému.
Enfant, j’ai connu un rescapé de Verdun, que la mort guettait de par son âge…
Enfoncé dans son vieux fauteuil, non loin d’une fenêtre donnant sur son jardin, son vieux chien couché à ses pieds, il m’a parlé un midi pendant qu’il mangeait du fromage étalé sur une tranche de pain, repas frugale accompagné de son, verre de vin sacré pour lui,… de sa bataille de tranchées contre les »boches », comme les nommaient tous les rescapés de la Grande Guerre, plus de 35 ans après…
Quand, je m’en souviens comme si ce fut le mois dernier, malgré mon tout jeune âge à l’époque, qu’il interrompit son récit de souffrances , de grosses larmes silencieuses coulaient de ses yeux bleus délavés par le temps; il posa alors sa tartine et son couteau sur sa serviette qu’il avait étalée sur ses genoux, se devant d’essuyer d’un revers de main son visage devenu humide, et pour finir roula de ses doigts, ses longues moustaches blanches, mais entretenues selon le style des élégants jeunes hommes du début du 20ème siècle….
Ces larmes étaient apparues lorsqu’il m’évoqua que la nuit, les pieds dans la boue, lui et ses camarades de combat, entendaient les cris de rassemblement des rats courant et grignotant les chaires des cadavres des camarades non évacués à cause de la longue durée des bombardements de l’artillerie allemande, qui parfois se comptait en heures et en heures successives, rendant ainsi à moitié fous certains de la tranchée !
C’est avec une énorme émotion que je frappe les touches de mon clavier, ce commentaire prenant les caractéristiques d’ une catharsis narrative de mes
souvenirs de ma jeunesse ; durant laquelle j’appris très tôt à respecter et aimer les anciens ainsi que ma Patrie, être fidèle à la mémoire de ses enfants sacrifiés qui figurent sur les innombrables monuments aux morts de notre beau pays profond, méprisé de nos élites hors sol …
Grand merci. Nos vieux étaient modestes et ne se vantaient de leurs malheurs. Ils restaient discret…
Je vous renouvelle mon bonsoir et vous présente mes excuses pour avoir omis par étourderie, de vous nommer correctement, soit : Gérard Brazon.
Jeune mon grand père ancien de l’armée d’Orient m’emmenait à Lyon voir un autre poilu, de Verdun celui là, Monsieur MAGNE. Il nous racontait qu’une fois dans la tranchée sa section était en alerte prête à et en mesure de…Il y avait un bombardement. Puis la relève arrivé et Mr MAGNE appela ses camarades pour leur dire qu’ils allaient être relevés. Il appela plusieurs fois mais ses camarades ne répondaient pas et pourtant ils étaient droit dans la tranchée prêts à et en mesure de….En fait ils étaient morts debout sauf Mr MAGNE sans doute protégé par ses camardes de l’effet de souffle des bus tombés à proximité.Dans mon jeune esprit j’imaginais la scène….Ce monsieur discret dessinait des étiquettes pour des bouteilles de vin vieux. Il habitait dans le 8ème arrondissement de Lyon dans les années 60. Qu’il repose en paix !.
Honneur,respect tant de valeurs fondamentales disparues comme tombées au champ d’horreur de cette société zombifiée , déshumanisée enfin il nous reste des petits enfants de poilus dont je suis et qui ont su par l’éducation reçue rester dignes et patriotes avec de vraies valeurs sociétales transmises à nos générations futures.
Honneur… Un mot qui me bouleverse et m’émeut, et qui semble pourtant lui aussi, avoir disparu, ou du moins ne plus résonner comme il devrait. Merci pour votre belle prose…