DE LA TOLÉRANCE… (Éric de Verdelhan)

« Une foi n’est tolérable que si elle est tolérante. »
(Gisèle Halimi).

 

 

Faut-il que je sois de mauvaise humeur pour commencer mon article du jour par une citation de cette harpie gauchiste de Gisèle Halimi. J’aurais aussi bien pu citer le « Traité sur la tolérance » de Voltaire (1) ou la phrase qu’on lui attribue (à tort) : « Je ne partage pas vos idées mais je me battrais pour que vous puisiez les exprimer ». Notre monde occidental est devenu aussi intolérant, aussi dur, que l’étaient – ou le sont encore – les « démocraties populaires » sous tutelle communiste.

On tolère tout de ceux qui pensent bien ; ceux qui, tels les moutons de Panurge, acceptent de se plier au diktat du  « politiquement correct ». En revanche, rien n’est épargné aux opposants qui refusent la dictature des minorités, qu’elles soient écolos, végans, racialistes, LGBT, etc…

La tolérance est à géométrie variable et notre pays – parmi tant d’autres – crève des oukases de tous ces nouveaux ayatollahs qui entendent lui imposer ce qui (pour eux) est bien, et lui interdire de penser et surtout de vivre en dehors de la doxa officielle. Et pourtant, Dieu sait que nous aurions besoin d’un peu de tolérance, ne serait-ce que pour stopper la sclérose intellectuelle qui est en train de nous ronger et de faire disparaitre ce qui a fait la grandeur de la France, son rayonnement dans le mode, sa culture, son génie, ses arts, sa littérature, etc…

L’envolée « La tolérance, y’a des maisons pour ça ! » date d’une époque où il y avait encore, chez nous, des « maisons de tolérance ». Certains l’attribuent à Georges Clémenceau, d’autres à Paul Claudel. Je crois – mais je peux me tromper – qu’on la doit à la truculence de Léon Daudet, le trublion de « l’Action Française », ceci a d’ailleurs peu d’importance. C’est pour moi l’occasion de souligner que, si l’intolérance est rarement le remède à un mal – vrai ou supposé – on ne devait  avoir aucune tolérance, aucune faiblesse, envers ceux qui minent les fondements de notre civilisation.

Puisque la mode est au féminisme, je vais faire l’apologie d’une femme qui devrait être aussi chère au cœur des Français que Jeanne d’Arc : la bonne Jeanne 1ère , Reine de Naples et Comtesse de Provence. En 1347, ce n’est pas hier, cette souveraine, pourtant très pieuse, autorisa l’ouverture des « maisons closes » pour le repos de ses guerriers, mais aussi pour que les prostituées, qui exercent le plus vieux métier du monde, cessent  d’être marquées du fer rouge de l’infamie.

Et, pendant presque… 600 ans, les « bobinards », les claques, les bordels, les « maisons de tolérance », les hôtels borgnes, ont fonctionné dans tout le pays  pour le  bien-être de sa population.

Ils faisaient le bonheur du bourgeois, qui s’encanaillait en sauvant les apparences ; de sa bourgeoise qui, coincée par son éducation, préférait la broderie, les bonnes œuvres et « l’hôtel du cul tourné » aux galipettes lubriques ; des « gagneuses » qui profitaient de la notoriété de leur « maison » comme un cuisinier fait ses premières armes chez les grands chefs. Bref, c’est tout un système social qui fonctionnait, plutôt bien puisqu’il a perduré durant six siècles.

Mais hélas, les meilleures choses ont une fin : le 13 avril 1946, à l’instigation (liée, dit-on, au repentir) de Marthe Richard, dite « l’Alouette », demi-mondaine et contre-espionne retraitée, la France fermait ses maisons closes. La loi scélérate s’est abattue sur le pays le jour où était annoncée l’autonomie du Cambodge. Il y a des jours où il vaut mieux ne pas ouvrir son journal !

Marthe Richard, surnommée aussitôt « la veuve qui clôt », pensait œuvrer pour la santé morale et mentale de ses concitoyens. La France condamnait le « sport en chambre » – fauteur de chaude-pisse, vérole et autres maladies sexuellement transmissibles – et prônait le sport tout court : fini les bordels, on construisit, aux frais du contribuable, des stades, des gymnases et des piscines municipales. Et on ne saura jamais combien les sports d’équipes débiles – principalement le foot –  ont occasionné de lésions et blessures graves : tibias, péronés, fémurs, ménisques, ligaments endommagés ?  Combien de verrues plantaires, abcès  et autres maladies du derme ou de l’épiderme doit-on mettre sur le compte des piscines municipales. Ces grandes lessiveuses démocratiques dans lesquelles barbote une engeance pas toujours propre ?

Les arrêts cardiaques pour effort violent sont plus fréquents sur les stades que chez les dames de petite vertu (d’ailleurs, l’histoire n’a retenu que le président Félix Faure et Monseigneur Daniélou). Par idéologie – bien avant que le « syndrome sécuritaire » ne soit à la mode – Marthe Richard a mis la prostitution dans la rue. Le trottoir n’a rien réglé mais il a fait le bonheur et la fortune des proxénètes, des « barbeaux » et des réseaux maffieux. La fameuse libération sexuelle d’après mai 68 s’est chargée du reste. A force de copuler « à c… rabattues », n’importe où et avec n’importe qui, de prôner et d’encourager l’infidélité,  le « vagabondage sexuel », l’échangisme, les partouzes, la bisexualité, puis l’homosexualité (et pourquoi pas la zoophilie, au stade où nous en étions ?), le Ciel a su nous rappeler que, comme pour Sodome et Gomorrhe, la dépravation des mœurs ne pouvait pas être érigée en modèle de société. Un mal beaucoup plus insidieux que ceux qu’on pouvait attraper dans les « maisons » fit son apparition à la fin des années 70 : le SIDA.

A l’origine, il nous arrivait d’Afrique et frappait les singes bleus du Zaïre. Puis cette pandémie fit des ravages au sein de la communauté homosexuelle des grandes métropoles occidentales. En France, le pays des « droits de l’homme », il était politiquement incorrect d’oser dire ou écrire que le SIDA nous arrivait d’Afrique (c’était une forme de racisme !) et/ou que la communauté « gay » était son principal vecteur (l’homophobie étant aussi condamnable que le racisme). On a donc préféré mettre la poussière sous le tapis, occulter la vérité et nier des évidences.

Entre 1981 – date des premiers comptages – et 2022, le SIDA a  tué 49 millions de personnes dans le monde et le nombre de séropositifs, susceptibles de déclencher la maladie à tout moment, serait de 40 ou 45 millions. Voilà où nous mènent les bons sentiments et la « langue de bois » !

Sans la fermeture des « maisons closes », nous n’en serions pas là. L’alerte aurait été donnée bien plus tôt. Dès 1978, des médecins militaires avaient détecté la maladie chez des Légionnaires rentrant d’Afrique noire où ils avaient contracté le mal dans des bordels locaux. Mais qui écoute un médecin militaire dans un pays où l’antimilitarisme est presque une religion ? On a donc laissé faire jusqu’à ce que la proportion d’hétérosexuels de race blanche soit « significative ». La preuve était enfin faite que le SIDA pouvait frapper tout le monde. C’était donc un mal conforme aux « valeurs républicaines »,  il était démocratique et égalitaire ; ouf, on respirait !

Je m’autorise à dire, comme Alphonse Boudard, que la fermeture des « maisons closes » est une ineptie. Jusqu’à la loi Marthe Richard, le divan de ces dames remplaçait avantageusement celui des « psys » et autres charlatans de la détresse humaine (2). Et il y avait plutôt moins d’agressions sexuelles et de viols par des déséquilibrés que de nos jours, les statistiques sont formelles !

Dans le même temps, les hommes politiques, les intellectuels, les sociologues, se montraient très tolérants à l’égard de la drogue, ou plutôt des drogues, qu’ils banalisaient et qu’ils classaient en drogues douces et dures avec l’espoir de faire légaliser les premières.

Le show-biz, les acteurs connus – tous de gauche – étaient invités sur les plateaux télé et ne se gênaient pas pour vanter les paradis artificiels et les bienfaits du « joint » ou du « rail de coke ». Et bien que la consommation de drogue soit interdite par la loi, ces gens-là se plaisaient à ironiser et à dire que le populo, qu’ils méprisent, s’arsouille au Ricard ou au gros rouge, ce  qui est bien pire.

Je rappelle, au passage, que la France est un grand pays viticole (et vinicole) et que la vente de vin et d’alcool est en vente libre, ce qui n’est pas le cas du cannabis, de la cocaïne ou de l’héroïne.

Après mai 68, puisqu’il était « interdit d’interdire », puisque la vie n’était que jouissance, puisque l’intérêt commun disparaissait au profit de l’égocentrisme, de l’individualisme égoïste (et narcissique), puisqu’enfin la sexualité débridée ne devait pas être entravée, quelques penseurs ont fait l’apologie de la pédophilie, sans être pour autant poursuivis et encore moins condamnés.

En 1975, Cohn-Bendit publiait le livre « Le grand bazar », dans lequel il évoquait ses activités d’aide-éducateur au jardin d’enfants de Francfort. Certains passages de cet ouvrage témoignent de rapports à connotation sexuelle qu’il a entretenus avec eux. Citons, par exemple, ce passage :  

« Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème.
Je leur demandais :
« Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m’avez-vous choisi, moi, et pas d’autres gosses ? » Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même…J’avais besoin d’être accepté par eux. Je voulais que les gosses aient envie de moi, et je faisais tout pour qu’ils dépendent de moi… »

Ceci se passe de commentaire, même si ça donne la nausée.  

Le même déclarait, lors de l’émission « Apostrophes » du 23 avril 1982 :

« Vous savez que la sexualité d’un gosse, c’est absolument fantastique… Quand une petite fille, de cinq ans, commence à vous déshabiller c’est fantastique ! C’est fantastique parce que c’est un jeu absolument érotico-maniaque ! ».  

Ce type a été  député européen, un autre a été ministre (3).

En fait nous vivons au pays du terrorisme intellectuel. Sans nous en rendre compte nous sommes devenus une dictature, avec sa Nomenklatura presque intouchable, son populo qu’on méprise, et ses dissidents qu’on peut matraquer sans états d’âme.  

On condamne lourdement « Valeurs Actuelles » pour avoir fait une couverture avec la photo d’une femme voilée. On condamne tout aussi lourdement Eric Zemmour pour avoir osé affirmer, chiffres à l’appui, que le gouvernement de Vichy a plutôt mieux protégé les Juifs que d’autres pays européens, mais on a toléré pendant 30 ans les frasques de Pierre Palmade. Mais le pitre ne fait plus rire, il a mis en lumières les pratiques de son monde. Depuis quelques jours les plateaux-télé sont devenus le bal des faux-culs. Tout le monde savait mais se taisait…

Mais là, brusquement, le show-biz et les médias semblent beaucoup moins tolérants.

Éric de Verdelhan

23 février 2023

1)- Le « Traité sur la tolérance » est une œuvre de Voltaire publiée en 1763. Pour la réhabilitation de Jean Calas, protestant faussement accusé et  exécuté pour avoir assassiné son fils.

2)- Et, accessoirement, ça ne coutait rien à la Sécurité Sociale.  

3)- Citons « La Mauvaise Vie » récit autobiographique écrit par Frédéric Mitterrand, paru en 2005 (éditions Robert Laffont). Frédéric Mitterrand a été ministre de la culture en 2009, sous Sarkozy.

6 Commentaires

  1. Voir les commentaires de Michel Audiard sur la question, dans le film « les grands seigneurs »… un film dont je me lasse pas. Du reste, c’était bien préférable, plutôt que de risquer les agressions et les viols en pleine rue, et même les mamies ne sont plus tranquilles…

  2. L’un traite l’autre d’intolérant.
    Mais tout bien réfléchi, le premier est lui-même intolérant puisqu’il ne permet pas au second d’avoir une opinion autre que la sienne propre.
    Le mot « tolérance » est un des mots que je déteste le plus.

  3. « …le show-biz et les médias semblent beaucoup moins tolérants… » Oui, vis à vis de ceux qui se sont fait prendre au mauvais moment, Weinstein, Palmade mais il y en a encore combien de ces saloperies qui continuent dans l’ombre, dans l’ignorance du peuple mais au vu et au su de tout ce beau monde, du festival de Cannes aux Emmy Award en passant par les Oscar, César et autres. Quand la pédophilie ou le traffic de drogue n’empêche pas d’être député on peut s’attendre à tout.

    • mais oui c’est ça la vie d’artiste :artiste tout court Mais pas n’importe lequel , artiste politique :ils ont tous les droits et manient la rhétorique et surtout les influences :Beaucoup se servent de leur statut pour développer leurs vices :Pas tous heureusement . Mais une chose m’énerve ,c’est de dire que le peuple se prend pour vertueux : Peut être, mais en tous les cas quand il n’est pas vertueux , la punition n’est pas au même tarif. Non ,le peuple n’est pas plus vertueux mais IL a serieusement la conviction tres renforcée de la validité encore plus présente encore de cette fable de la fontaine que nous ici connaissons tous. »les banimaux malades de la peste sacrément au gôut du jour.

  4. Nous ne sommes plus à l’heure de la tolérance dans le capharnaüm actuel qui caractérise la société où règne le grand n’importe quoi, et les dérives perverses de beaucoup trop de gens.

  5. DE la tolérance , je n’ai plus envie d’en avoir : de la tolérance pour se faire piétiner :A quoi ça sert ?
    Tout le monde n’est pas le CHRIST et je n’ai pas envie d’être le christ même si on est des fils de DIEU
    Celui là il n’a pas pas peur , d’avoir donné son fils en pature et par là ?la plupart des gens vivant sur cette terre entre les maladies ,les infirmités ,les guerres.:Quel pied!
    On parle de jugement dernier mais actuellement DIEU se moque de nous.C’est le paradis des voyous.
    A ce compte là ,j’ai bien peur que ce soit DIEU qui finisse au tribunal.du fait de cette duperie.
    Eh oui j’en deviens mystique mais je n’entends pas encore de petite voix: OUf pour les autres.

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