Assurément, le ministricule Gérald-Moussa Darmanin ne sait plus quoi inventer pour faire oublier qu’il fut, dans sa jeunesse, proche des milieux catholiques traditionalistes(1) et qu’il écrivit quelques articles pour « Politique magazine », organe de presse de la « Restauration Nationale », car, depuis qu’il forme, avec Dupont-Moretti, un duo moins comique que Laurel et Hardy, il n’arrête pas de faire la chasse aux mouvements et manifestations qu’il catalogue systématiquement à l’extrême- droite : Il voit des « fachos » partout alors même que tous les désordres dans ce pays, dans les villes, les « ZAD » ou au parlement, émanent TOUS de l’extrême-gauche, des Islamo-gauchistes ou d’une faune allogène inassimilée (car inassimilable). Il a prononcé récemment la dissolution de quelques groupuscules nationalistes, et interdit le défilé des anciens militaires de « Place d’Armes ». Il a même osé interdire les manifestations pour la Fête de Jeanne d’Arc. Je suppose qu’à « Sciences-po » Lille, on ne lui a pas appris que Jeanne d’Arc est devenue un symbole national lors de la défaite de 1870. Symbole repris ensuite par de nombreux partis et figures politiques, du Parti Socialiste à la droite nationale. Dès 1894, Joseph Fabre proposa une fête de Jeanne d’Arc baptisée « Fête du patriotisme ».
Mais c’est sur proposition de Maurice Barrès que fut instaurée la « Fête de Jeanne d’Arc », par la loi du 10 juillet 1920. Cette loi fut adoptée à l’unanimité par la Chambre des députés et le Sénat, quelques semaines après la canonisation de Jeanne. Depuis quelques années Maurice Barrès sent le soufre, le voilà catalogué à l’extrême-droite. Assimiler le « nationalisme chrétien » de Maurice Barrès au fascisme, il fallait oser mais ces ignares sont comme les cons de Michel Audiard, ils osent tout !
Darmanin a aussi fait interdire l’hommage à Dominique Venner, mort le 21 mai 2013, il y a dix ans déjà. Jusqu’où ira cette chasse aux sorcières digne de la Corée du Nord ou de l’ex-URSS ?
A la réflexion, on peut comprendre Darmanin car Venner c’était un homme d’honneur, de courage, de convictions fortes, de grande culture, un homme qui ne se reniait pas ; en somme tout le contraire de Darmanin qui, à 40 ans à peine, aura passé son temps à virer de bord par ambition.
Et bien je m’autorise aujourd’hui à rendre hommage à Dominique Venner.
Il n’était pas de mes amis. Nous ne nous sommes vus qu’une fois, à Paris, à l’occasion d’une dédicace d’un de ses livres. Nous n’avons eu que deux ou trois échanges épistolaires, pas plus.
Il s’est tiré une balle dans la tête, le 21 mai 2013, en la Cathédrale Notre-Dame de Paris.
Qui était réellement Dominique Venner, peu connu du grand public jusqu’à son suicide ?
Essayiste, Venner était l’auteur de plusieurs livres d’histoire sur la période allant de 1914 à 1945, notamment sur la Révolution russe, les corps-francs de la Baltique, la Collaboration et la Résistance en France pendant la Seconde Guerre Mondiale. Mais il était également un spécialiste, mondialement reconnu, des armes à feu sur lesquelles il a écrit des ouvrages qui font référence.
Chez Dominique Venner, j’ai d’abord découvert l’expert en armement avant de m’intéresser à son parcours politique. Pourtant « quel roman que (sa) vie ! » comme aurait dit Napoléon.
Il était le fils de Charles Venner, architecte, membre du Parti Populaire Français de Jacques Doriot. Dominique Venner étudie au collège Bossuet à Paris, à l’Oakland’s College, puis à l’Ecole Supérieure des Arts Modernes. C’est durant cette scolarité pseudo « artistique » qu’il abandonne la foi chrétienne et rejette définitivement le catholicisme (2).
À 17 ans, épris d’aventure, « pour fuir l’ennui de la famille et du lycée », il s’engage à l’école militaire de Rouffach. Une école créée par « le Roi Jean » de Lattre de Tassigny, à la Libération.
Volontaire pour aller se battre en Algérie, il est sous-officier dans un bataillon de Chasseurs et combat le FLN dans les montagnes proches de la frontière tunisienne jusqu’en octobre 1956. Cette guerre, qui lui vaudra la Croix du Combattant, a énormément compté dans ses engagements futurs.
À son retour en Métropole, pour lutter contre le soutien du Parti Communiste au FLN, il s’engage en politique. Il entre au mouvement de droite « Jeune Nation », et prend part, à la suite de l’insurrection de Budapest, à la mise à sac du siège du PCF, le 7 novembre 1956.
En 1958, il participe avec Pierre Sidos à la fondation de l’éphémère « Parti Nationaliste », et adhère également au « Mouvement populaire du 13 Mai » du général Chassin.
Après le putsch des généraux d’avril 1961, il bascule dans l’OAS-Métro ce qui lui vaudra 18 mois d’isolement à la prison de la Santé. Libéré à l’automne 1962, il écrit un manifeste intitulé « Pour une critique positive » — souvent comparé au « Que faire ? » de Lénine et longtemps considéré comme un texte fondateur par toute une fraction de la droite[] nationaliste[ ] —, dans lequel, prenant acte de l’échec du putsch d’avril 1961 et du fossé existant entre « nationaux » et « nationalistes », il préconise la création d’une Organisation Nationaliste Révolutionnaire, « destinée au combat… une, monolithique et hiérarchisée, formée par le groupement de tous les militants acquis au nationalisme, dévoués et disciplinés ». Ayant étudié Marx et Lénine, il analyse le communisme, qu’il combat depuis toujours, non seulement comme un programme politique, mais aussi comme une organisation que les militants nationalistes doivent imiter en se structurant intellectuellement.
Il s’inspire également des luttes anticolonialistes et développe l’idée que les mouvements nationalistes européens doivent adopter la rhétorique des mouvements d’indépendance nationale.
Très critique envers le christianisme – c’est là, et uniquement là, que nos vues divergent – Venner prône une réhabilitation des traditions païennes et des identités, une défense des cultures face au melting-pot, et une valorisation élitiste de la force et de l’héroïsme.
En janvier 1963, ce leader naturel, fonde, puis dirige, le journal et le mouvement « Europe-Action » — ainsi que les Éditions Saint-Just, au service du mouvement — qui rassemble, autour de convictions nationalistes, des membres de la « Fédération des étudiants nationalistes », des rescapés de l’OAS-Métro, et d’anciens intellectuels considérés, souvent à tort, comme collaborationnistes.
En 1968, il contribue — sous le pseudo de Julien Lebel — à la fondation du « Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne » (GRECE) , avant de créer avec Thierry Maulnier, la même année, « l’Institut d’études occidentales ».
La croix bretonne, symbole du GRECE
Il lui adjoint, en 1970, la revue « Cité-Liberté » : « entreprise à la fois parallèle, concurrente et ouverte vis-à-vis du GRECE », rassemblant de nombreux intellectuels (Robert Aron, Pierre Debray-Ritzen, Thomas Molnar, Jules Monnerot, Louis Rougier, Raymond Ruyer, Paul Sérant, etc.) autour de l’anticommunisme, la lutte contre « la subversion mentale » et pour « les valeurs occidentales ».
Après plusieurs colloques et sept numéros de « Cité-Liberté », l’institut se saborde en 1971.
La période de militantisme politique de Dominique Venner prend fin à cette époque, et c’est bien dommage car il incarnait un nationalisme fort, moralement et intellectuellement.
Personnellement, j’ai découvert le militant en 1971, quand… il avait cessé de militer.
En 1971, il embrasse alors une carrière d’écrivain et d’historien. Son travail sur la Résistance et la Collaboration est remarquable car il a le mérite de remettre les pendules à l’heure.
Son « Histoire de l’Armée rouge » a obtenu un prix de l’Académie française en 1981.
En 1995, c’est son ami François de Grossouvre (ancien résistant, spécialiste des services secrets, et ami de François Mitterrand), qui lui suggère d’écrire ce qui sera, à mon humble avis, son meilleur livre: « Histoire critique de la Résistance ». Ce livre relate la forte présence d’éléments issus de la droite nationaliste au sein de la Résistance et dévoile le rôle considérable de la « Résistance maréchaliste ». Après avoir fondé la revue « Enquête sur l’histoire », il crée en 2002, le bimestriel « La Nouvelle Revue d’Histoire » dans lequel écrivent des plumes remarquables comme Bernard Lugan, Jean Tulard, Aymeric Chauprade, Alain Decaux, ou Jacqueline de Romilly.
Il anime également le « Libre journal des historiens » sur « Radio Courtoisie ».
Dominique Venner a voulu théâtraliser sa fin de vie. Son ouvrage testamentaire s’intitule « Un samouraï d’Occident ». La couverture est illustrée par une estampe de Dürer : « Le Chevalier, la Mort et le Diable ». Le 21 mai 2013, vers 16 heures, Venner se donne la mort par arme à feu — il a choisi un vieux pistolet belge à un coup — devant l’autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui devra être évacuée. Il aurait laissé une lettre à destination des enquêteurs.
Certains ont aussitôt parlé du « geste d’un déséquilibré ». Il n’en est rien.
Dans une lettre envoyée à ses amis de « Radio Courtoisie » et à « Boulevard Voltaire », il explique « croire nécessaire… devant des périls immenses pour sa patrie française et européenne…de se sacrifier pour rompre la léthargie qui nous accable ». Il déclare « offrir ce qui lui reste de vie dans une intention de protestation et de fondation ».
Concernant le lieu – bien mal choisi – de son suicide, il indique « choisir un lieu hautement symbolique, la cathédrale Notre-Dame de Paris qu’il respecte et admire, elle qui fut édifiée par le génie de ses aïeux… » Dans un texte publié quelques heures auparavant sur son blog, il avait appelé à des actions « spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences », expliquant que « nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes ». Il y écrit que les manifestants contre le mariage homosexuel ne peuvent ignorer « la réalité de l’immigration afro-maghrébine… » Le péril étant selon lui « le grand remplacement de la population de la France et de l’Europe ». Dès l’annonce de son suicide, plusieurs personnalités lui ont rendu hommage.
Marine Le Pen écrit sur Twitter :
« Tout notre respect à Dominique Venner dont le dernier geste, éminemment politique, aura été de tenter de réveiller le peuple de France ».
Bruno Gollnisch parle d’un « intellectuel extrêmement brillant » qui s’est donné la mort pour exprimer « une protestation contre la décadence de notre société ». En dehors de sa famille politique, quelques personnalités saluent son caractère. Benoît Rayski écrit : « Aucune des idées de Dominique Venner n’était mienne. Mais l’homme peut parfois échapper par son courage et sa noblesse à la gangue idéologique qui lui tient lieu d’armure ».
Un hommage public lui est rendu le 31 mai 2013 à Paris. Je n’y étais pas car je partais pour un long voyage. Je me suis simplement contenté d’envoyer sa dernière lettre, par mail, à mes amis. Dans ma mouvance idéologique – la droite catholique traditionaliste – on a fortement critiqué son geste. L’Eglise condamne le suicide, et puis, un sacrilège à Notre-Dame de Paris, c’était impardonnable.
Personnellement, sans doute parce que j’ai admiré l’homme, je ne condamne pas cette mort de samouraï : Dominique Venner a choisi le jour de sa sortie après une vie de rectitude morale et de combat. Je ne supporte pas les commentaires contre quelqu’un qui a si bien défendu, par les armes puis par ses écrits, la France éternelle !
Monsieur Venner, j’espère que, malgré votre geste, le Seigneur vous aura reçu au paradis des justes. Vous étiez athée (ou agnostique ?). Tant pis, depuis ce jour fatidique de mai 2013, il m’arrive souvent de penser à vous et même, parfois, de prier pour vous.
Vous avez rejoint le Panthéon des gens qui me sont chers. Je vous dois bien ça !
Éric de Verdelhan
22 mai 2023
1)- Selon la journaliste Anne-Sophie Mercier, du « Canard enchaîné », Darmanin jeune avait des convictions très proches des catholiques traditionalistes à « tendance intégriste, et une position homophobe ».
2)- Ce qui ne l’empêchera pas de défendre, durant toute sa vie, notre culture judéo-chrétienne.
Merci pour ce bel hommage qui traduit les sentiments de nombreux catholiques de nos courants de pense