EDITO 659 – APRÈS LA DÉCISION DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL… (Marc Le Stahler)

Après des semaines d’un tel pataquès, dans une ambiance quasi insurrectionnelle, il était probable que le Conseil Constitutionnel allait normalement valider l’essentiel de la réforme sur les retraites, en l’assortissant de quelques modifications marginales pour donner aux opposants un os à ronger. Du moins c’est ce qu’imaginaient sans doute les « Sages » de cette vénérable institution, créée par la Constitution de 1958.

Mais nous ne sommes plus dans une situation normale…

 

 

Une loi bâclée, mal ficelée, confuse, d’une utilité discutable en l’état, et surtout mal expliquée ; l’absence de majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale ; des élus anarcho-gauchistes incompétents, nuls et braillards qui, loin de montrer l’exemple de la démocratie, lancent dans l’impunité la plus totale des slogans subversifs (« la police tue ») ; des émeutes urbaines à peine maîtrisées ; un système judiciaire partial, complice objectif des black blocs, mais prêt à châtier à la moindre « bavure » des forces de l’ordre éreintées, sourd et indifférent à leurs  blessés (ne pas manquer à ce sujet le magnifique article de Philippe de Villiers sur le « gouvernement des juges contre l’âme de la France »).

Tous les ingrédients sont là, comme les prémices d’une guerre civile d’une toute autre ampleur.

Il ne fallait pas trop compter sur le courage politique du président du Conseil Constitutionnel, qui a suffisamment montré dans sa carrière son caractère fuyant face à l’adversité pour adopter une position solide et intelligente (chacun se souviendra des deux affaires plus que sensibles qu’il eut à gérer en tant que Premier Ministre et dont il s’est lâchement dédouané en prétendant « qu’il ne savait pas » *).

Droit dans ses bottes, tel la statue du Commandeur, Macron n’a – institutionnellement parlant – pas encore bougé d’un iota. Pas de dissolution d’une Assemblée Nationale ingérable (de peur de perdre encore des sièges, au profit du RN – et peut-être pire encore – de la NUPES) ; pas de changement de Premier Ministre ; pas même le moindre petit remaniement ministériel…

Et il reste 4 ans…

Et contrairement à ce qu’on imagine, la situation ne pourra se calmer avec le temps, comme l’accalmie vient naturellement après l’orage. Déjà mal élu, Macron est désormais franchement rejeté par une majorité de Français et n’est objectivement plus en état de gouverner. Lire à ce sujet l’excellent article du sénateur Sébastien Meurant « En attendant la décision du Conseil Constitutionnel ».

La situation de la France est sans doute encore pire, sur le long terme, que cet avatar de la réforme des retraites. L’aphorisme de Karl Marx « Les hommes font l’Histoire, mais ne voient pas l’Histoire qu’ils font » illustre parfaitement la situation de la France aujourd’hui. Le blocage en cours de nos institutions, par l’incompétence du chef de l’Etat, n’est qu’une facette du mal qui nous ronge, beaucoup plus profondément, et hélas beaucoup plus durablement qu’on l’imagine.

S’ajoutent à cette crise de régime, la lente et inexorable destruction du système éducatif, tant scolaire qu’universitaire, si profond qu’il a déjà commencé de porter ses fruits amers sur les jeunes générations ; la destruction de notre langue (y inclus le stupide langage « inclusif »), de notre histoire et de notre culture, par les coups de boutoirs répétés de l’idéologie woke et d’un féminisme dévoyé ; la déchristianisation rampante simultanée à une islamisation tous azimuts ; la destruction de la famille ; l’obéissance aux oukazes des fonctionnaires non élus de Bruxelles ; une éducation sexuelle publique douteuse, prématurément imposée aux enfants incluant jusqu’au choix de leur sexe ; le révisionnisme historique (largement pratiqué par Macron lui-même qui a osé accuser la France de « crimes contre l’humanité » lors d’une visite officielle en Algérie) ; la violence, l’immigration débridée ; le délitement des classes moyennes (indicateur principal du sous-développement) et tant d’autres choses encore… Sans oublier la « Déconstruction », comme le dirait la détestable Sandrine Rousseau.

Les jeunes sont tellement déconstruits qu’ils s’en prennent aujourd’hui aux entreprises du CAC 40. Le siège de LVMH a été récemment investi par des manifestants, en oubliant que 160 000 personnes travaillent dans le monde pour LVMH, que 15 000 emplois ont été créés en France en 2022 (4 fois plus en comptant les sous-traitants), que 5 milliards € sont affectés au développement et que 4,5 milliards d’€ d’impôts et taxes ont été versés…

Et on a réussi à faire croire aux jeunes que le succès économique de la France dans l’industrie du luxe, qui crée des emplois et apporte des devises était un crime…

En conclusion, il y a de nombreuses raisons de s’inquiéter de l’avenir de la France, déjà en perdition.

Une dernière remarque. En fait un remerciement post-mortem à François Mitterrand qui, en 1982, a réduit de 65 à 60 ans l’âge de départ à la retraite, alors que la plupart des pays d’Europe, conscients de l’impact de la courbe démographique, allaient (déjà) plutôt dans le sens contraire.

Démagogie, quand tu nous tiens…   

La douloureuse affaire du sang contaminé et l’attentat des services spéciaux contre le Rainbow Warrior.

Marc Le Stahler

14/4/23