À cette occasion, nous ne résistons pas à l’envie de republier l’excellent article, du non moins excellent Gilles William Goldnadel, paru dans le Figaro en 2018
Toutes les questions que vous vous êtes posées sur la crise migratoire à travers l’odyssée de l’Aquarius, sans avoir osé le demander.
Et pour cause, dans le climat actuel d’hystérie, le fait de demander risque de vous exposer à être soumis à la question par la grande inquisition.
Vous pourriez, tout d’abord, vous interroger sur la question du droit maritime international dont on a dit un peu vite que l’Italie l’avait foulé aux pieds.
Et vous n’auriez pas tort. Les spécialistes les plus pointus, dans ce domaine mouvant, estiment que l’Aquarius n’était pas dans une situation de détresse qui commandait juridiquement son entrée au port.
Vous pourriez également vous étonner du manque de précisions sur l’origine des passagers du bateau. Un esprit chagrin pourrait être porté à penser que, précisément, cette absence de précision par ceux qui les transportent signifierait qu’il s’agissait de migrants économiques et non de réfugiés de guerre éligibles au droit d’asile, au moins dans sa conception extensive actuelle.
Vous pourriez également vous interroger légitimement sur le propriétaire de l’Aquarius.
L’auteur du présent article l’a fait à voix haute au micro de RMC en suggérant que, peut-être, George Soros, spéculateur international autant que philanthrope internationaliste se cachait, via sa fondation Open Society, derrière SOS Méditerranée qui est l’affréteur de l’Aquarius. Le site Checknews de Libération a passé au crible mes prudentes mais hérétiques déclarations. Évoquant un « raccourci » de ma part tout en empruntant un long tunnel, les décodeurs libérés ont admis, en gentlemen, que l’Open Society était indirectement en lien avec les affréteurs. Cela autorise amplement à se poser la question des arrière-pensées d’une fondation qui milite, et c’est son droit, pour l’immigration sans limites et pour la fin des frontières. Mais ces arrière-pensées métapolitiques sont très loin du discours officiel d’une association SOS Méditerranée qui déclare ne penser qu’au sauvetage des migrants.
Dès lors, vos soupçons commanderaient cette question de bon sens de l’orientation : pour quelle raison, si seul le sauvetage dans l’urgence des migrants venus de la Libye incertaine leur importe, les gens de l’Aquarius ne les ont-ils pas acheminés vers les côtes assurées algériennes et tunisiennes, plus proches que l’Italie ? Un peu embarrassée, leur représentante, Sophie Beau, a déclaré que le droit de ces pays était plus impérieux que le droit européen. Voilà qui en dit long pour ne pas dire tout : c’est parce que l’Europe est plus laxiste qu’on dédouane sans question des pays intransigeants mais pourtant plus proches des migrants, ne serait-ce que par la géographie et la religion.
Dans la profondeur de ce déni se niche, comme je l’observe souvent, l’anti-occidentalisme culpabilisateur le plus sournois. Seule l’Europe devrait être comptable du sort des migrants, dès lors que c’est elle qui est coupable. C’est ainsi par exemple que l’ONU le lui a fait souvent grief sans un mot par exemple pour l’Arabie Saoudite et le Qatar, richissimes et déserts, qui expliquent ingénument la fermeture de leurs frontières, y compris à des frères en culture et en langue, au nom d’une exigence de sécurité qui ne se pose évidemment pas pour les peuples d’Europe…
Dès lors que le soupçon vous habite, des questions saugrenues d’intendance vous taraudent.
C’est ainsi par exemple que les responsables de l’Aquarius expliquaient avec insistance que les passagers étaient en surnombre et que la faim les menaçait. Mais pourquoi, dans ce cas hautement prévisible, accepter la présence à bord d’une journaliste d’Euronews et ne pas limiter strictement les passagers au personnel indispensable de bord aux fins de réserver une place supplémentaire à un naufragé ?
Enfin et surtout, dès lors que le sauveteur autoproclamé est avant tout un idéologue mondialiste, une question vous hante – et qui a hanté des juges italiens- sur les rapports entretenus avec des passeurs qui n’hésitent pas à saborder les embarcations pour placer les autorités européennes devant le forfait accompli.
En réalité, on peut se poser toutes les questions du monde, on ne trouvera la réponse la plus satisfaisante à une question douloureuse désormais existentielle que lorsqu’on se débarrassera des deux obstacles qui empêchent toute appréhension rationnelle.
Le premier obstacle est d’ordre juridique autant que politique. Tant que les déboutés du droit d’asile ne seront pas reconduits hors des frontières européennes, il n’y a aucune chance et même aucune raison que les peuples d’Europe, soucieux de la sécurité et du bien-être de leurs enfants comme de l’identité (le mot dit maudit) de leur pays, acceptent la situation actuelle. Et au-delà de la question de l’asile, et notamment en France, il est normal que le fait que des centaines de milliers de sans-papiers se maintiennent illégalement autant qu’ouvertement inspire aux citoyens chaque jour plus exaspérés un sentiment de révolte légitime. Ainsi, c’est le bafouement flagrant des lois républicaines sur la régulation des flux migratoires qui est le premier ennemi du réfugié éligible au droit d’asile qui mérite notre protection.
Que penser, par ailleurs, de ce slogan qui attendait les migrants de l’Aquarius à leur arrivée à bon port espagnol : « Bienvenus chez vous »? Bienvenus chez nous, pourquoi pas, mais… « chez vous »!
Le diable se cache derrière une lettre à la place d’une autre. C’est lui qui tyrannise et déboussole les peuples. Pourquoi des migrants illégaux seraient-ils chez eux ? Et même les réfugiés éligibles au droit d’asile, n’ont-ils pas vocation un jour de rentrer chez eux ? Mais derrière cette question, on sent bien qu’il n’y a plus en Europe de « chez nous » pour personne sinon le monde entier, dans la tête des idéologues sans frontières, et que le mot « hôte » justifie plus que jamais son double sens absurde.
Le second obstacle découle du premier. Mais il est de l’ordre de la psychologie et de la morale collective. Ainsi, il existe en Europe, et notamment en France, des gens, peu nombreux mais puissants médiatiquement et socialement qui refusent sans le dire ouvertement le respect des lois migratoires précisément dans le même cadre métapolitique que l’Open Society mondialiste de George Soros et de bien d’autres ONG.
Il leur arrive parfois de l’avouer par mégarde puis de le regretter. C’est ainsi par exemple que j’ai réussi à faire dire à Iann Brossat, future tête de liste du Parti Communiste aux élections européennes et surtout adjoint au logement de Madame Hidalgo, qu’il ne saurait être question de reconduire les personnes déboutées de leur revendication au droit d’asile (RMC).
Dès lors, que penser de la politique de la mairie de Paris qui, le lundi matin, joue à guichets ouverts l’accueil bruyant et entraînant de tous les migrants et, le mardi soir, se lamente de l’indignité de leur situation et incrimine la carence d’état ?
Dans ce cadre rien moins que sincère et rationnel, les ennemis déclarés de l’Europe des frontières continuent d’user de leur arme favorite : l’antinazisme fantasmé.
C’est ainsi par exemple que l’ineffable mais combien populaire à Cannes et dans les médias, Cédric Herrou a twitté ainsi cette obscénité :
« Quand Éric Ciotti dit en 2018 « mettons les migrants en Libye » il dirait en 1940 mettons-les dans des chambres à gaz ».
Bref l’utilisation nauséabonde d’un gaz incapacitant par voie de gazouillis écœurants.
Mais ces petits maîtres-chanteurs de Nuremberg et de l’antinazisme devenu fou ont, pour cause d’avoir trop crié au retour du loup, une voix enrouée qui porte désormais moins loin.
Tout cela marche moins bien et les peuples ne marchent plus du tout. De l’Italie jusqu’en Autriche en passant par l’Allemagne. Et même en Israël. La semaine dernière, un tabou jusque-là entretenu avec une vigilance obsessionnelle autant que névrotique a été levé. Le chancelier autrichien Sébastien Kurz, pourtant allié à la droite dure, s’est rendu en Israël. Accompagné d’un ministre israélien, il s’est rendu au mémorial de Yad va Shem pour s’incliner devant les victimes de la Shoah. Il venait de décider d’expulser des imams islamistes radicaux inféodés à Erdogan. Il va être très difficile, malgré tous les efforts, de le faire passer pour un nazi antisémite, quand bien même il se montrera attaché au sort de ses compatriotes germaniques.
Vous verrez que bientôt les populistes passeront pour plus intelligents et même plus généreux que les fausses élites aux cœurs artificiels.
Gilles-William Golnadel
18 juin 2018
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