KEVIN ET MATTÉO (Cédric de Valfrancisque)

Credit: Gamma-Rapho via Getty Images/API« France de ton malheur tu es cause en partie,
Je t’ en ai, par mes vers, mille fois avertie.
Tu es marâtre aux tiens et mère aux étrangers
Qui se moquent de toi quand tu es en danger.
Car la plus grande part des étrangers obtiennent
Les biens qui à tes fils, justement appartiennent… »

(Pierre de Ronsard, 1524-1585).

 

 

Assez régulièrement, je vous livre des extraits de missives écrites, jadis, par mon aïeul, Jean-Aymard de Séconlat, petit hobereau cévenol qui a passé sa vie à parcourir le vaste monde. 

Il a beaucoup écrit sur un pays étrange appelé « Cellezécie » que je ne saurais situer et dont il a dépeint, avec moult détails souvent fort croustillants, les travers, us et coutumes ?

Vous vous souvenez sans doute que la « Cellezécie » était un État peuplé de « Cellezéceux », lesquels étaient divisés en diverses ethnies qui se faisaient la guerre entre elles, pour le plus grand bonheur de son souverain qui ne régnait que grâce à ces querelles tribales.

Ledit souverain était un jeune homme narcissique au regard halluciné, le marquis Emmanuel de Morveux d’Enarque. Ne vous y trompez pas, ce triste sire, ce parvenu, était marquis comme je suis archevêque. En fait, il avait épousé une vieille gourgandine dont la famille fit fortune dans la fève de cacao et qui tenait boutique de chocolat au Touké, un port de mer où l’on pêchait la morue, surtout dans les bars montants et les bouges mal famés pour marins en goguette.

Le bas-peuple, qui n’avait aucun respect pour la Cour, traitait la marquise de « vieille morue » (et son jeune époux de « maquereau » (1)), ce qui, vous en conviendrez, était fort irrévérencieux.

Le marquis Emmanuel de Morveux d’Enarque avait succédé à une très longue lignée de bons-à-rien, aigrefins, brigands et autres gibiers de potence qui avaient pillé et appauvri le pays, avant que de le laisser envahir par des barbares venus le plus souvent de la lointaine Afrique.

Mal gouverné depuis des lustres par des dirigeants – incompétents et corrompus – le pays, qui rêvait de changement, se laissa berner par le jeune Emmanuel, toujours   accompagné de son épouse qui était à la fois sa duègne, sa mère, sa maîtresse et sa femme. Et comme tout allait mal dans le pays et qu’il fallait bien distraire le vulgum pecus, la vieille épouse du marquis devint la coqueluche des gazettes et libelles. Court vêtue, ce qui n’était point de son âge, elle exhibait ses fines gambettes et sa blondeur à la une des hebdomadaires pour shampouineuses. On apprit ainsi, par quelque pisse-copie, qu’elle avait déniaisé le marquis quand il avait 16 ans. Dans n’importe quel autre pays, elle eut été condamnée à la chiourme pour « détournement de mineur » mais la « Cellezécie » avait amorcé depuis longtemps sa décadence ; tout le monde trouva cela charmant.

Dans une de ses missives, Jean-Aymard de Séconlat, nous raconte un épisode d’émeutes, de violences et de troubles qui mirent le pays à feu et à sang pendant plusieurs semaines.

Je vais brièvement vous narrer cette histoire qui en dit long sur les mœurs de l’époque :

En l’an de disgrâce (date illisible), un argousin tua d’un coup d’arquebuse ou de mousquet un jouvenceau qui refusait d’obéir à une injonction de la maréchaussée. Rien que de bien normal dans un pays normal ; force doit toujours rester à la loi qui est là pour faire respecter l’ordre.

Mais hélas, depuis longtemps, la « Cellezécie » partait à vau-l’eau et plus rien ne fonctionnait normalement. L’insécurité régnait partout, la crasse également ; les rats envahissaient les villes ; les ateliers et usines fermaient leurs portes. On ne fabriquait plus rien ; la classe ouvrière était laminée ; les commerçants faisaient faillite ; l’inflation était galopante. Les hospitaux, hospices, et lazarets manquaient de médecins, d’infirmières, de médications. Les escholiers n’apprenaient plus à lire et à écrire ; on ne leur enseignait plus que l’eschologie, l’antiracisme et l’accueil du migrant.

Dans les tribunaux, les chats-fourrés punissaient lourdement les Cellezéceux de souche et se montraient plus cléments et compréhensifs à l’égard des malfrats que de leurs victimes.

Il fait savoir qu’un des prédécesseurs du marquis, aussi fou et aussi fourbe que lui, messire Giscard de Chamalières, avait fait voter une loi permettant le « regroupement familial », une folie qui autorisait l’allogène à faire venir sa famille en « Cellezécie ».  

De surcroît, on acceptait déjà le « Jus Solis » qui faisait d’un enfant d’immigré né dans le pays un Cellezéceu, comme si le simple fait pour un veau de naître dans une écurie faisait de lui un étalon ou un cheval de course ! Messire Giscard et tous ses successeurs, ces folledingos, ces malades mentaux, avaient été beaucoup plus loin que l’Empereur Caracalla qui avait octroyé, en l’an 212, la citoyenneté romaine à tout estranger vivant dans l’Empire romain. Pourtant, nul n’ignorait que c’est à la « Constitution Antonine », entre autres, qu’on devait la chute de l’Empire romain.

Il faut savoir aussi que le jeune Emmanuel, gamin narcissique, capricieux et fantasque, avait des passions qu’un esprit sain ne saurait expliquer. Il adulait, à part égale, les basanés, les invertis et les vieillasses. Et aux affaires, il ne manquait jamais une occasion de promouvoir un allogène bigarré au détriment des Cellezéceux de vieille souche.

La couleur de peau, les mœurs et le sexe tenaient lieu de compétence.

N’avait-il point nommé, au début de son règne, comme porte-parole, une grosse négresse qui, tel Henri IV avec la poule au pot, voulait imposer à tous le « Kébab ».  Dans le même ordre d’idée (ou la même volonté de nocivité ?) il avait confié le ministère des escholiers à un nègre (1) qui, à moult reprises, avait déclaré son mépris des Blancs. Toujours prêt à la provocation, il avait nommé, comme marraine de la « Cellezésophonie » une plantureuse négresse du nom d’Yseult, qui n’avait rien de commun avec « Yseut la Blonde » dont le chevalier Tristan tomba fou amoureux. Cette Yseult avait pourtant proféré moult sotties et méchancetés sur la « Cellezécie » avant que de quitter le pays pour s’en aller vivre outre-Quiévrain. A la Cour comme dans les salons à la mode, il était de bon ton de dénigrer son pays. L’exemple était donné par le marquis lui-même qui, chaque fois qu’il se rendait dans un pays estranger, critiquait son peuple ou la culture et l’histoire de la « Cellezécie ».   

Le pays, subissant depuis moult décennies des arrivées massives d’allogènes, victime de ces invasions migratoires – tant officielles que clandestines – du « regroupement familial » et du Jus Solis, comptait une importante population d’Africains noirs ou de Mahométans d’Afrique du Nord.

Cette immigration, bien qu’elle se comporta souvent mal, jouissait de tous les droits, car les Cellezéceux étaient invités à ne pas faire d’amalgame et à ne point « stigmatiser leur communauté ». Quiconque osait proférer une critique, aussi justifiée soit-elle, contre un immigré, était traité de raciste, de xénophobe, de fasciste, et, traduit devant les chats fourrés, il finissait parfois dans un cul de basse-fosse ou à la chiourme.

Les élus du peuple aux Etats Généraux, qu’ils se disent du parti du Marquis ou ses opposants, étaient très majoritairement favorables aux immigrés. Certains d’entre eux, de la deuxième ou troisième génération, étaient mêmes élus dans les Assemblées – haute et basse – où ils œuvraient ouvertement et sans complexe contre les Cellezéceux de souche (qu’ils surnommaient les souchiens ou sous-chiens). De plus, dans leur communauté, beaucoup refusaient les lois du pays et entendait imposer la « Charia » qui était à la fois leur religion et leur code civil.

On vit, par exemple, une députée inviter les Cellezéceux à « manger (leurs) morts » or la « Cellezécie » avait coutume d’honorer ses défunts et ne pratiquait pas le cannibalisme nécrophage.

Aidés et encouragés par de nombreux « collabos » et conscients de la lâcheté, de la veulerie et de la dégénérescence d’une partie du peuple cellezéceu, ils osaient toutes les provocations.

Dans la ville natale du plus grand poète-écrivain cellezéceu, par exemple, ils transformèrent sa statue en lui badigeonnant le visage en noir. Plus rien ne les arrêtait et ils auraient eu bien tort de se gêner car les gouvernants, les médias, les plumitifs leur étaient totalement acquis.

Dans les publicités et réclames on ne voyait plus que des nègres ou des mahométans alors qu’ils représentaient, en réalité, 10 à 12% de la population. Quelques cellezéceux, lucides, osaient dire qu’ils occupaient aussi une place importante dans les prisons, cachot et culs de basse-fosse, mais ils étaient aussitôt poursuivis pour « incitation à la haine raciale ».

D’ailleurs le pouvoir interdisait toutes statistiques ethniques ce qui aurait pourtant permis de dénoncer leur refus de se plier aux lois du pays et de s’y assimiler.

Or donc, revenons à notre histoire : Dans une banlieue aux mains d’allogènes – qui y font un juteux commerce de substances hallucinogènes illicites – un argousin voulut arrêter un jouvenceau pour contrôler ses papiers.

Ce dernier, qui n’avait point la conscience tranquille, refusa d’obtempérer et tenta de s’enfuir. Et ce qui devait arriver arriva : l’argousin, qui avait dégainé son mousquet, fit feu sur lui et l’homicida prestement. Il n’avait fait que son devoir qui était de protéger la société des malfrats, gredins, voleurs et autres nuisibles malfaisants.  

Dans tout autre pays civilisé, il eut été félicité, complimenté, décoré peut-être. Mais aussitôt, les territoires tenus pas les allogènes s’enflammèrent. La famille du jouvenceau fut soutenue par une partie des élus du peuple, puis par le marquis et ses ministres.   Le soir même les plumitifs aux ordres du pouvoir, les libelles progressistes, les bateleurs de foire, les poissardes et autres grandes gueules patentées, clamaient leur indignation. C’est à celui qui crierait le plus fort !

Les émeutes se rependirent dans tout le pays ; partout on bastonnait les argousins, on pillait les commerces et échoppes, on mettait le feu aux calèches et carrosses. Comme aurait dit Charles de Colombey, c’était partout « la chienlit ».

Le pouvoir ne maitrisait plus la rue et les bourgeois commençaient à faire dans leurs braies.

Tant que les bagarres, destructions et bastonnades avaient lieu dans les quartiers populaires ils prenaient fait et cause pour les mutins (et les fils de mutins (3)) mais voilà que ces derniers s’en prenaient aux quartiers chics et résidentiels, on craignait une guerre civile.

En fait cette crainte était sans fondement car, pour que l’affaire tourna en guerre civile, il eut fallu que deux belligérants s’opposent or personne ne combattait les émeutiers. Les gens d’armes et argousins avaient pour consigne de ne point aller au contact, de se laisser insulter et piétiner.

Au bout de quelques jours, le marquis inquiet décida de siffler la fin de la partie. Après avoir condamné en premier lieu ses propres forces de l’ordre, il fustigeait dorénavant les casseurs, fidèle à sa stratégie du « et en même temps », mais ne voulait point qu’on puisse attribuer les débordements aux allogènes basanés. Il manda donc à son ministricule des basses polices, Moussa Dard-Malin, de trouver une solution pour que l’ordre revienne. Or ce Moussa, qui avait des ambitions inversement https://charliehebdo.fr/wp-content/uploads/2022/09/1573-02-juin-charlesiii.jpg?x83733proportionnelles à sa taille, était un petit malin. Déjà lors d’émeutes à la suite d’un match de « Balle-au-Pied », il avait désigné à la vindicte populaire de faux responsables : des supporters venus de la « perfide Albion ».  Il avait bien failli créer un incident diplomatique avec le Royaume Uni, mais fort heureusement ce pays fêtait l’accession au Trône d’un grand couillon qui découvrait, à 73 ans, qu’on allait lui demander de travailler, ce qu’il n’avait jamais fait jusque là.   

Après réflexion, Moussa convoqua la presse aux ordres et déclara aux larbins les plus zélés, ceux des premiers rangs. « Il ne faut pas mettre les émeutes sur le dos de l’immigration. Parmi les casseurs, il y a beaucoup de Kévin et Mattéo… » Aucun de ces deux prénoms, vous l’aurez compris, n’étaient d’origine cellezéceue. Cette déclaration créa un tollé au sein de nations jusque-là amies de la « Cellezécie ».  La Ritalie, gouvernée par Georgia Macaroni, où le prénom de « Mattéo » est aussi répandu que « Mohamed » ou « Youssouf » en « Cellezécie », rappela aussitôt son ambassadeur et cessa l’exportation de pates « Panzani » et de mozzarella « Galbani ». Et de son côté, l’Ireland, d’où provient le prénom de Kévin, bloqua l’exportation de bière « Guiness » et de « Whikeys ».    

Dans ses écrits, Jean-Aymard de Séconlat ne nous dit pas comment tout ceci se termina et c’est bien dommage. Tout ceci finit mal car il concluait son récit par ces mots : « Ne cherchez point ce pays, il n’existe plus ! » et il ajoutait : « J’ai grande chance de vivre en France ! »                                 

Cédric de Valfrancisque

6 juillet 2023

1)- Note de l’éditeur : Il est indéniable que ces qualificatifs peu flatteurs correspondaient assez bien aux deux personnages.

2)- Note de l’éditeur : Nous tenons à préciser que l’appellation « nègre » (et « négresse ») n’a pas la moindre connotation raciste. Elle doit être comprise comme la « négritude », concept revendiqué par Aimé Césaire et Léopold Senghor.

3)- Note de l’éditeur : Ce n’est pas avec cet humour douteux de garçon de bain que monsieur Cédric de Valfrancisque entrera à l’Académie Française.

8 Commentaires

  1. Quelle plume ! Quel esprit ! Quelle imagination, à partir de l’observation de faits réels !
    On dit « il vaut mieux en rire », mais même le sourire s’efface vite au vu de l’évolution de l’état de la « Cellezécie ».

  2. Je n’avais pas encore lu, à ce jour, à cause d’un malheur familial, mais je suis avec bonheur ce talentueux journaliste à la plume acerbe. Une fois de plus je ne peux que le féliciter pour cette brillante diatribe, en accord parfait avec ce que je pense de l’état actuel de la cellezécie et j’en suis sûr de la plupart de mes concitoyens quand je compulse leurs dires dans les sondages des journaleux hostiles aux ordres du Marquis.

  3. J’en fait une lecture à voix haute et nous prenons plaisir à vous lire et savourons chaque mot
    C’est un plaisir merci Cedric de Francisque

  4. Splendide brûlot ! Quels talent littéraire spirituel et culture !

    Merci à Cédric de Valfrancisque , mais quel dommage que son écrit – de la part des lecteurs, n’ait suscité que si peu de commentaires et bravos à ce jour !

  5. Monsieur de Valfranscisque, vos écrits sont un régal. Que la divine providence ainsi que votre  » humour douteux de garçon de bain  » vous tiennent à l’écart de l’Académie Française. D’autre part, si Moussa Dard Malin s’attribua le mérite d’avoir mis fin à la jacquerie, j’ai lu quelque part que ce sont les négociants d’herbes exotiques et autres poudres hilarantes qui aient fait cesser les troubles, l’agitation nuisant grandement à leur commerce. Mais je ne suis pas historien…

  6. Avant que ces progressistes ingenus nous traitent de has been ,je vois qu’ils n’ont pas lu ronsard
    et que ces humanistes illusionnés +++ au nom de je ne sais quoi ou qui, pensent construire un monde nouveau sur un sol sans piliers : en général selon les lois de la physique « même humaniste » ça ne tient pas longtemps..Elémentaire mon cher watson

  7. Ce dimanche commençait un peu tristou-gnangnan et tout d’un coup ça va mieux ! Très mieux même !

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