À l’attention de M. Bernard CAZENEUVE
Ministre de l’Intérieur
Hôtel de Beauvau, Place Beauvau
75008 PARIS
Paris, le 5 octobre 2015
Monsieur le Ministre,
Ce dimanche 4 octobre, le Président turc M. Recep Tayyip Erdogan, longtemps à la tête du parti islamiste turc AKP, a tenu un meeting électoral de grande ampleur, au cœur de la capitale alsacienne, dans la grande salle du Zénith de Strasbourg, en présence de 15.000 personnes, toutes rassemblées sur un motif purement ethno-religieux, celui de la turcité et de la solidarité islamique. Ces milliers de Turcs ont afflué, par cars entiers, de France mais aussi de Belgique, de Suisse, d’Allemagne…
À l’occasion de ce meeting où les femmes et les hommes ont été séparés de chaque côté de la salle, M. Erdogan, Président d’un État étranger, de surcroît non-européen, a appelé les « Turcs d’Europe » à conserver leur culture dans les pays où ils vivent, autrement dit, à ne pas s’assimiler à leur pays d’accueil.
M. Erdogan ne leur a pas demandé de s’abstenir de profiter de la générosité des États-providence européens ; non, il les a encouragés à rester eux-mêmes, en attendant sans doute que la Turquie puisse rejoindre l’Union européenne pour accélérer l’islamisation de l’Europe ! Au passage, M. Erdogan, s’est offert le luxe de critiquer l’absence de citoyens de souche turque à l’Assemblée nationale et au Sénat !
M. le Ministre, au moment où les Chrétiens, les Alévis, les Chiites, les Kurdes, mais aussi une grande partie des Arabes sunnites d’Irak et de Syrie sont en train de payer au prix fort la politique turque de soutien à l’islamisme, très officiellement s’agissant des Frères musulmans, et officieusement quand il s’agit des bouchers de l’État islamique, comment justifiez-vous l’autorisation du meeting politique de M. Erdogan ?
Faut-il vous rappeler l’objectif prioritaire de l’AKP, la réislamisation des Turcs de Turquie et d’ailleurs, ou le « néo-ottomanisme » assumé de son brillant ministre des affaires étrangères, M. Davutoglu ?
Faut-il vous rappeler la condamnation de M. Erdogan, par un tribunal turc, en 1998, pour appel à la haine alors qu’il reprenait à son compte le slogan célèbre de l’un des théoriciens du nationalisme turc Zia Gokalp « Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées nos casernes et les croyants nos soldats » ?
M. le Ministre, votre geste de soumission à ce nouveau totalitarisme qu’est l’islamisme, n’est hélas pas un geste isolé dans la classe politique française. Il s’inscrit dans la continuité de l’action de votre gouvernement et rejoint ainsi le geste incroyable de Madame Taubira, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux écrivant en personne au Parlement européen afin de demander à celui-ci la levée de l’immunité parlementaire de l’un de nos compatriotes, M. Philippot, vice-président du Front National, et ce dans le but que le Qatar, autre soutien de Daesh, avec la Turquie, puisse mieux le faire condamner par la Justice française.
J’espère que vous êtes bien conscient, M. le Ministre, que vous-même et vos amis du gouvernement socialiste, vous serez un jour comptable, devant une France souveraine et libérée de l’argent corrupteur du Golfe arabe, de ces actes de collaboration avec ces régimes soutenant l’islamisation de l’Europe.
Ceux qui chérissent la liberté des peuples, la liberté des femmes, la liberté de l’esprit et de la foi, attendent ce moment avec une grande impatience.
Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de mes salutations les plus distinguées.
Aymeric CHAUPRADE
Géopolitologue, Député français au Parlement européen, membre du Groupe « Europe des Nations et des Libertés »