LE GUIGNOL BHL EXPLIQUE CE QU’EST UNE “GUERRE JUSTE” (par l’Imprécateur)

Bernard-Henri Lévy, invité par l’IHEDN (Institut des Hautes Études de la Défense Nationale) pour y faire un cours magistral,  a vite transformé le cours en plaidoyer pro domo pour défendre les interventions personnelles qu’il a menées et mène dans les pays en guerre. Il en a profité pour donner sa définition d’une « guerre juste », s’appuyant pour la justifier sur la conception qu’en avait Saint-Augustin.

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Je ne vais pas faire ici l’exégèse du texte de Saint-Augustin, mais seulement rappeler à BHL que le saint berbère de Souk Ahras, mort à Annaba (Hippone pour les Romains),= en Algérie, faisait une distinction entre le Jus in bello, le droit de la guerre, respect de règles communes (ex. convention de Genève), et le Jus ad bellum qui définit les conditions dans lesquelles on peut dire qu’une guerre est juste ou non.

Pour l’être, elle doit avant tout l’être dans son objectif, qui doit être la substitution d’un moindre mal [la guerre] à un mal jugé plus grand : agression militaire ou agression d’un peuple constitué en État par quelque moyen que ce soit, invasion de type colonial, blocus entraînant une famine, agression religieuse, etc.

C’est cela qui a permis à l’Église, quatre cent ans plus tard, au VIIIème siècle, de justifier les réactions militaires  européennes et françaises contre les agressions de l’islam en armes, puis les croisades.

BHL a présenté le cas de la Libye, où France et OTAN sont intervenus pour supprimer Kadhafi, comme le modèle d’une guerre juste. Il eût été bien qu’il explique à l’IHEDN pourquoi les avions français, transportant soi-disant de “l’aide humanitaire”, convoyaient − en plus de leur cargaison d’armes que l’on retrouve aujourd’hui entre les mains des terroristes que nous combattons au Mali − les dirigeants de TOTAL, VINCI et EADS et autres sociétés souhaitant conclure des contrats avec ceux qu’ils espéraient voir devenir les nouveaux dirigeants d’un pays “islamiste démocrate modéré”. Un bel oxymore !

Qu’il explique aussi pourquoi Sidney Blumenthal, un proche conseiller des Clinton, a révélé l’existence d’échanges diplomatiques montrant que la France voulait aller en Libye « pour des raisons militaires et économiques », y voyant notamment « une opportunité pour la France de se réaffirmer en tant que puissance militaire ». Pourquoi enfin sa guerre juste en Libye s’est transformée en un foutoir sanglant où plus personne ne sait qui est l’État, dans un pays dont la moitié est est tenue par l’islam fondamentaliste agressif du calife Al Baghdadi, et le sud par “Al Qaïda au Maghreb Islamique”, d’où partent des terroristes qui cherchent à déstabiliser la Tunisie, l’Algérie, le Mali et l’ensemble de l’Afrique subsaharienne.

Si c’était cela l’objectif et la morale de sa guerre juste… Elle est du même tonneau frelaté que la justification du droit d’ingérence que Kouchner donnait pour les interventions militaires en Somalie qui ont fait le jeu des terrorises.

imagesGuignol à la guerre

En réalité, ce qui se passe partout où une agression a lieu ressort de la philosophie de Machiavel : la loi morale ne s’applique pas dans les rapports entre États. Ceux-ci ne doivent se préoccuper que de leur propre puissance. Pour échapper à une guerre perpétuelle ruineuse, ils devront cependant tenter de maintenir un équilibre des forces.

Il faut être un crétin pour croire (ou un salaud pour faire semblant de croire) qu’un État puisse intervenir dans une guerre pour donner une leçon de morale ! La France est-elle morale quand son premier ministre va commercer avec l’Arabie Saoudite à qui elle vend des armes qui servent au même moment à bombarder des populations civiles au Yémen ? À moins qu’il n’y soit allé pour fêter avec le roi la 135ème exécution par décapitation ou par crucifixion depuis le début de l’année 2015 ? (chiffre au 15 octobre 2015).

Quoi qu’ait fait BHL, son activisme brouillon, mortifère et intéressé (doper la vente de ses livres) ne changea pas le monde en reposoir de la Fête-Dieu (G. Bernanos, Journal d’un Curé de Campagne).

L’Imprécateur

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