Bertrand de B. est un ami psy, un métier pour moi assez improbable. Pourtant, là, “il m’interpelle” comme on dit, en m’expliquant que les manifestations d’empathie dont la presse nous gave (fleurs et bougies déposées en masse devant les grilles d’une ambassade ou proches du lieu d’un attentat ou d’une catastrophe), ne sont pas vraiment spontanées.
Il est en effet nécessaire que les gens expriment leur douleur d’une manière ou d’une autre, non pour l’oublier mais pour qu’elle ne tourne pas à l’obsession et à la morosité explique-t-il. Les préfectures envoient donc maintenant assez systématiquement une “cellule psy” se mêler à la foule. Comme il est impossible de traiter individuellement chaque personne en souffrance psychologique, c’est cette cellule qui lance la thérapie collective avec les premières fleurs ou bougies déposées sur le trottoir, amorçant ainsi le mouvement collectif.
L’endroit a été préalablement choisi par l’autorité afin qu’il ne gêne pas outre mesure la circulation, puisse être protégé et, éventuellement, permette les visites des députés et autres ministres qui viendront se recueillir sous l’œil des caméras et à portée des micros (ce qui, si le geste était totalement sincère, pourrait très bien se faire discrètement).
Cela explique que le phénomène ne se produise pas n’importe où, ou pour n’importe qui. Par exemple on fleurit le trottoir du Bataclan et ses 130 morts, mais pas les grilles de l’ambassade de Russie qui quelques jours avant avait à déplorer 224 morts dans le Sinaï, alors que les Moscovites ont fleuri la nôtre. En règle générale ce sont les catastrophes nationales qui motivent l’autorité à utiliser cette procédure maintenant bien rodée, alors que pour les catastrophes étrangères on laisse le mouvement se faire (ou non) spontanément.
Car il y a un objectif qui n’est jamais dit : étouffer, retarder ou diluer une possible montée de colère de la foule qui pourrait se retourner contre les autorités accusées (à tort ou à raison) d’être à l’origine de l’événement tragique par leur incurie, une faute préalable, ou une volonté délibérée.
S’il est nécessaire de prolonger l’opération, on met la presse et la télévision à contribution, avec ces reportages journaliers sur des témoins pas toujours choisis au hasard, car ils doivent être représentatifs du “peuple” et dire les mots qu’il faut, des mots qui n’évoquent pas la violence. Ils disent, fleur ou bougie en main, des trucs bien larmoyants du genre “il fallait que je vienne pour dire ma sympathie aux familles en deuil” ou “je suis venu de loin pour rendre hommage aux victimes”, mais éviteront soigneusement les mots “morts”, « assassinés”, “assassins”, “politiques”, “salopards”, etc.
Au besoin, on recueille plusieurs dizaines de témoignages. Les meilleurs, les plus sédatifs, sont sélectionnés pour être diffusés, ce qui en attire d’autres et ainsi de suite. Ainsi anesthésiés, ce n’est qu’au bout de plusieurs jours que les gens recommencent à réfléchir et que les questions commencent à devenir gênantes pour le pouvoir, mais c’est trop tard : le risque d’une explosion populaire a été écarté.
Dans le cas du Bataclan, il y a déjà la question de l’inertie de l’État depuis le mois de janvier et “Je suis Charlie”, qui est posée. Souvenez-vous du tweet : “www.je-suis-charlie.fr – je suis charlie. déposez votre bougie et laissez un message. site hommage”.
Mais il y a des réfractaires qui ne rentrent pas dans le jeu sinistre du gouvernement : « Nous refusons cette main tendue par les représentants politiques de la France pour plusieurs raisons : – Parce qu’en France, les attentats perpétrés du 7 au 9 janvier de cette année ont fait 17 victimes, – Que depuis, rien n’a été fait. Si des textes ont été votés, aucun décret d’application n’a encore été publié, etc. » écrit aujourd’hui la sœur de l’une des victimes du Bataclan, dont la famille n’était pas à la cérémonie organisée par l’Élysée aux Invalides. Elle a été suivie de plusieurs autres familles, choquées, disent-elles, de l’indécence de cette récupération politique de leur drame et de leur douleur par le président-candidat socialiste.
Et maintenant, Internet bruisse de questions qui intriguent l’esprit critique en cours de réveil des Français. Je les donne ici à peu près dans l’ordre chronologique, sans accuser qui que ce soit, mais il faudra qu’un jour des réponses leurs soient apportées si le pouvoir socialiste veut éviter ou éteindre le fort soupçon qui pointe en France de sa lourde responsabilité dans ces attentats du 13 novembre.
- Les services de renseignements algérien et marocain disent avoir averti les services français de l’imminence de l’attentat : pourquoi aucune mesure préventive n’a-t-elle été prise ?
- Les djihadistes étaient tous connus des services de l’État, fichés “S” ou multirécidivistes, quatre d’entre eux sur une liste de 80 personnes particulièrement dangereuses établie par les service français, dont la maire de Moolenbek-Saint-Jean a révélé l’existence.
Pourquoi pouvaient-ils circuler en toute tranquillité, louer des voitures et des appartements, se promener en armes sans être le moins du monde inquiétés ? - Trois des tueurs sont venus de l’État Islamique en se mêlant aux réfugiés, via l’île grecque de Leros. Le policier grec qui les a contrôlés dit qu’il n’a à sa disposition aucune liste de personnes à surveiller et signaler, c’est le rôle de FRONTEX. Il a donc transmis leurs Passeports à son collègue de FRONTEX qui les lui a rendus sans commentaire.
Celui-ci affirme n’avoir, lui non plus, aucune liste, ni d’Europol, ni d’Interpol « parce que la Commission européenne n’a pas voulu que nous puissions les avoir sur nos ordinateurs ».
Est-ce par bêtise, négligence ou volonté délibérée validée par la France et l’Allemagne de ne pas empêcher le retour de djihadistes dans leur pays d’origine ? Les djihadistes semblent savoir tout cela. Rien d’étonnant à ce que E.I. prétende en avoir envoyé déjà 40000 en Europe ! - Le premier site attaqué par trois des djihadistes, déposés semble-t-il par Salah Abdeslam, est le Stade de France. Ils arrivent en retard et se heurtent aux grilles fermées, ils se font sauter sur le trottoir. Surprenant pour des gens que l’on dit remarquablement organisés et ayant repéré leurs cibles les jours précédents !
Alors que joueurs et spectateurs prennent les explosions hors stade pour des gros pétards, le président dans sa tribune dit tout de suite « c’est un attentat ». Comment le sait-il ? Ses gardes du corps l’exfiltrent et dans sa voiture il appelle aussitôt Cazeneuve « rejoins-moi tout de suite, ça y est, c’est un attentat ».
Il s’y attendait donc ? Pourquoi ces grilles fermées plus tôt que d’habitude ? - Les tirs ont commencé dans les bars et restaurants, ainsi qu’au Bataclan. Police et pompiers arrivent très vite, vers 22:40. La Brigade Rapide d’Intervention (BRI) et le RAID arrivent eux aussi, évaluent la situation à partir des témoignages des rescapés sortis par la petite porte de secours de derrière et, selon des témoins, auraient informé le ministère de l’Intérieur vers 23:00 qu’ils étaient prêts à intervenir. Ils doivent attendre l’autorisation, validée par l’Élysée. Celle-ci n’est arrivée qu’à 00:40. POURQUOI ? Pendant presque deux heures des gens ont vécu dans la terreur, des dizaines sont morts. Le bruit court, mais ce n’est pour le moment qu’un bruit, que Gégé (Gérard Gangzter), le grand communicant chouchou de Hollande aurait recommandé d’attendre pour faire monter la pression, selon le principe énoncé par Noam Chomsky : on crée un événement négatif, on patiente pour le dramatiser, quand il est brûlant on arrive en sauveur et les gens vous admirent.
Est-ce exact ?
Un Tweet malencontreux de Gégé, (vers minuit ?), semble le confirmer « C’est 70% de plus pour le Président ». - Abdelhamid Abaaoud condamné pour terrorisme en Belgique, fiché “S”, objet d’un mandat d’arrêt international, connu de toutes les polices, est arrivé jusqu’en France sans problème. Une caméra de sécurité l’a vu dans le métro vers 22:40. Il est revenu sur les lieux et s’est trouvé à quelques mètres du Président venu avec Valls et Cazeneuve. Il aurait pu les faire sauter, il ne l’a pas fait. Admettons qu’il s’était débarrassé de son gilet explosif par crainte d’une fouille… Mais personne ne l’a reconnu. Ni signalé. Or le Procureur général dit qu’il était géolocalisé par son portable et que c’est ainsi que l’on a découvert sa proximité avec le président.
Alors quoi ? Énorme faute du service des écoutes ou énorme faute des gardes du corps ? - Abaaoud va se réfugier dans l’appartement de Saint-Denis. Jawad Ben Daoud, taulier et proxénète, déjà condamné une dizaine de fois dont une à 8 ans fermes pour crime, mais en liberté comme il se doit sous le règne de la reine-sorcière Taubira, y a couché la veille avec l’une de ses filles, Hayet, qui l’a vu préparer l’appartement pour plus de deux personnes.
- Le jour de l’assaut, Abaaoud est tué. Mais quand les policiers fouillent l’immeuble, il n’y a plus d’armes, excepté un pistolet retrouvé sous les gravats et deux housses qui contenaient les costumes que Abaaoud avait demandés à sa cousine Hasna Aït Boulahcen d’aller acheter la veille pour préparer son attaque de La Défense.
Le troisième homme qui était dans l’appartement est toujours recherché. Comment a-t-il fait pour sortir avec des armes de guerre et deux costumes sous le bras, d’un immeuble cerné par une bonne centaine de policiers ? Une complicité ? Ou un réseau de caves ?
À gauche Salah Abdelslam, à droite, Amri, l’artificier présumé du groupe - Salah Abdeslam, fiché “S”, est sorti vivant des attentats. Lui aussi, dit le Procureur Moulis, était suivi et géolocalisé par son portable, le “proc” donne son itinéraire de Gentilly à Montrouge en passant par le Stade de France et les restaurants mitraillés. Il arrive dans un squat rue Chopin à Montrouge vers 01:30 et de là, téléphone à deux reprises en Belgique, à Moolenbek-Saint-Jean, pour demander qu’on vienne le récupérer. Il attend 3 heures rue Chopin.
Pourquoi ne l’a-t-on pas serré si on le voulait ? En plus, il y a un commissariat non loin, 4 rue Guillot, à proximité, moins de 10 min par l’avenue Jean-Jaurès. - La voiture arrive de Bruxelles à 04:40. C’est rapide, mais faisable de nuit. Il jette son portable et un gilet explosif dépourvu de son détonateur dans un tas d’ordures. Ses deux amis le trouvent, diront-ils, très agité, terrorisé et en larmes. D’après eux, il craint pour sa vie parce qu’il n’a pas obéi aux ordres et ne s’est pas fait sauter. Ils partent par le périphérique Est prendre l’autoroute A1, la seule voie un peu surveillée pour aller à Bruxelles.
Pourquoi n’ont-ils pas pris des petites routes non-surveillées, il y en a environ 7.000 qui franchissent la frontière belge ? Ils agissent comme s’ils n’avaient rien à craindre.
De fait, à hauteur de Cambrai ils sont arrêtés par un barrage de Gendarmerie. Papiers, passeports en règle, mais un Gendarme les prend et s’écarte pour téléphoner.
Il parlemente une minute environ, revient vite et dit « c’est bon, allez-y ».
N’a-t-il pas trouvé d’interlocuteur compétent (il devait être environ 07:30), ou a-t-il reçu un ordre ? De qui ? Lequel ?
Abdeslam a disparu à son arrivée à Bruxelles. Pour échapper aux énormes moyens mis en œuvre par les Services belges et français à sa recherche, il faut être soit extrêmement intelligent avec de gros moyens, soit être protégé, mais par qui ?
Dernière question : la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) aurait intercepté le 12 novembre une conversation téléphonique passée par Hasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abdelhamid Abaaoud. À un contact syrien, la jeune femme aurait assuré être sur le point de commettre une attaque terroriste dans l’Hexagone.
Sur le plateau de Des Paroles et des Actes, Bernard Cazeneuve a affirmé le jeudi suivant que tout était faux. « Les communications qui ont été interceptées par nos services l’ont été au lendemain des attentats dans le cadre d’une procédure judiciaire sous contrôle du procureur de la République ». Soit, mais si la conversation a été interceptée le 14 c’est qu’Hasna parlait du projet d’attentat à La Défense, ce n’est donc pas faux. Et si elle l’a été le 12, elle parlait du lendemain 13, mais cela signifierait que la DGSE procède a des écoutes hors procédure judiciaire, ce qui serait gênant pour le ministre de l’Intérieur.
Et puis, si l’autorisation judiciaire des écoutes n’a été donnée que le lendemain 14, comment le Procureur Moulis peut-il affirmer que Abaaoud et Adeslam étaient suivi à la trace et géolocalisés par leur portables dans la nuit du 13 et même avant ?
Si Cazeneuve ne ment pas, ce serait que tous les autres auraient menti ou triché avec la procédure judiciaire ?
Pas bien clair tout ça !
L’Imprécateur