HOLLANDE FAIT (AUSSI) UN BIDE À WALLIS ET FUTUNA (par Maurice D.)

Un événement politique mineur vient de passer totalement inaperçu en France, il s’agit de la claque magistrale que les Français de Wallis et Futuna viennent d’administrer à François Hollande.

J’ai bien connu Wallis et Futuna pour y avoir séjourné, publié une étude sur son potentiel économique et même pris un petit-déjeuner avec le roi de Wallis, Tomasi Kulimoetoke II, (ce que n’a pas fait Hollande). Pendant que les deux hommes politiques du pays à l’époque, le député Benjamin Brial et le sénateur Sosefo Papilio (surnommé « le bulldozer » dans les couloirs du Sénat) à genoux, assis sur leurs talons et pliés en trois se confondaient en courbettes (exercice physique difficile), je peux en parler en connaissance de cause. D’autant que le roi m’invitât ensuite à boire le kava avec lui dans une cérémonie coutumière officielle en présence des autorités coutumières (comme l’a fait Hollande).

D’abord, en quelques mots qu’est-ce que Wallis et Futuna ? Trois ilots volcaniques, Wallis, Futuna et Alofi dont le dernier cité est inhabité. Moins de 100 km2 au total, 8 000 habitants sur Wallis, 4 500 sur Futuna, des polynésiens aux morphologies distinctes parlant deux langues différentes et caractérisés par leur grande taille et leur poids qui font d’eux des forces de la nature et des vigiles appréciés et redoutés dans les sociétés de gardiennage.

Ce pays se sentant menacé par la violence du colonialisme anglais en Océanie (génocide des negritos en Tasmanie, suivi d’une tentative de génocide sur les aborigènes australiens) demanda et obtint en 1887 la protection de la France. Le protectorat fut signé par la reine Amelia de Wallis et les trois rois de Futuna en 1888. Puis Wallis et Futuna sont devenus Territoire d’Outre-mer et, depuis 2003, Collectivité territoriale.

Wallis et Futuna n’ont pas été colonisées, parce qu’il n’y a rien ou presque à y faire (pas de mines ni de cultures de rente) et qu’elles ne produisent qu’un peu de nacre, de poisson et de légumes. Elles sont administrées conjointement par le diocèse (Wallis et Futuna sont entièrement catholiques) et un préfet, actuellement Marcel Renouf, celui qui a reçu Hollande. 70 % des actifs sont des fonctionnaires et 98 % du budget est assuré par des transferts financiers de France.
Sachant cela, qu’a fait et dit Hollande pendant les quatre heures qu’il a passées à Wallis ?

Le journal local à Wallis est « Les Nouvelles calédoniennes« . Il n’y a pas d’autre journal actuellement. Leur compte-rendu du passage éclair de Hollande est à mourir de rire car rien de négatif n’est dit, mais les sous-entendus abondent ! À l’aéroport de Mata-Utu, la capitale, « le président a été accueilli par les enfants des écoles et un groupe de chanteurs« . Il pleuvait, le préfet Renouf était là, mais pas le roi, ni  l’évêque (deuxième personnage du pays). Autrement dit, pas d’accueil par les autorités politiques et coutumières.

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Hollande va ensuite au palais royal pour la cérémonie du kava. Les Nouvelles oublient de mentionner la présence du roi, pourtant présent, mais qui n’a pas dit un mot, laissant le soin de faire un discours à l’un de ses ministres (pas le premier).

Un « vrai » kava est préparé de façon traditionnelle : les racines du kava (piper methisticum, une plante légèrement hallucinogène) coupées en morceaux sont mâchées par des vieux qui recrachent le jus obtenu, lequel fermente légèrement. Ensuite, on offre un coco coupé en deux rempli du breuvage coupé d’eau à l’hôte de marque qui doit le boire cul sec, puis claquer trois fois des mains pour montrer sa satisfaction.
Pour être franc, ce n’est pas franchement mauvais malgré le goût de terre, tant que l’on ne sait pas comment le liquide a été produit.
À Hollande on a fait boire un ersatz, préparé avec des racines broyées mécaniquement et de l’eau, car pour l’Elysée il était impensable de faire absorber une boisson aussi peu hygiénique au président.
Or, sans « vrai » kava, la cérémonie perd une partie de son sens coutumier.

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Les Nouvelles mentionnent la présence à la cérémonie des autorités coutumières (bien obligées quand le visiteur donne 98 % de votre budget) au palais et l’illustrent d’une très belle photo. Mais où était le peuple ? Y a-t-il eu un bain de foule ? « Les Wallisiens ont préféré regarder la retransmission en direct du séjour du président devant leur télévision« , disent Les Nouvelles.
Autrement dit, il n’y avait personne. Enfin une distraction dans cette île du bout du monde (12 heures de décalage horaire) et personne ne se déplace ? Quel succès présidentiel !

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Où est la foule des Wallisiens enthousiasmés par la visite présidentielle ? Sur le dos, à gauche quelques-uns des 24 cochons du roi tués en l’honneur du président dont l’un, mi-cuit, lui a été offert. Toutes les photos de presse ont été cadrées sur le petit groupe pour faire croire à une abondance de personnes !

À Futuna, la seconde île de l’archipel, ce fut pire ! La seule photo du peuple, que n’ont pas osé montrer Les Nouvelles, a été publiée à Nouméa par DNC, un excellent hebdomadaire calédonien de droite. On y voit des opposants brandissant des pancartes ! Pas d’applaudissements, pas de « vive le président », rien !

Quel débile a pu recommander ce voyage à Hollande ? Ne savait-il pas que, comme en France, Wallis et Futuna sont très majoritairement de droite et que le socialisme y est aussi mal toléré que vécu ?
En fait, je suppose qu’il y a eu un malentendu que l’on comprend seulement si l’on connaît le système politique local et les conflits claniques en cours.

Celui-ci est beaucoup plus démocratique qu’en France. Les rois ne sont pas héréditaires, mais élus. Ce sont les familles nobles, les alikis, qui élisent ou destituent les rois. Le pouvoir est décentralisé : les rois locaux doivent négocier avec les chefs de village, et répondre aux demandes des alikis qui les élisent et dont l’autorité morale s’appuie aussi sur la population, tout en négociant avec le représentant de l’État pour obtenir les budgets de développement du territoire.

Le roi est assisté d’un premier ministre et de cinq ministres et nomme, sur proposition de la population, trois chefs de district qui ont autorité sur les 21 chefs de village reconnus par la population. Les chefs de village, qui peuvent lever les corvées d’intérêt général, sont plébiscités ou destitués au cours d’assemblées générales de village (fono) qui ont lieu le dimanche dans une case commune. Bref, le peuple décide de tout et élit des représentants pour la mise en œuvre des décisions prises.

Le roi doit être choisi dans une famille noble, les nobles étant toujours des descendants d’un grand guerrier. Car les Wallisiens et les Futuniens étaient autrefois de grands guerriers qui avec, une flotte conséquente, n’hésitaient pas à aller attaquer Samoa, Tonga ou Fidji.
Ils ne furent colonisés qu’un temps par l’empire des Tonga qu’ils finirent par chasser dans un bain de sang.

Ils ont toujours été de droite, sauf en 2012 où ils ont donné 56 % à Hollande. Mais la cause n’est pas qu’ils auraient viré au socialisme comme on le croit naïvement à l’Elysée, il s’agit tout simplement de la conséquence d’un conflit multi-clanique.

La crise débute en 2005 quand le petit-fils du roi Tomasi Kulimoetoke II, en place depuis 46 ans, est condamné pour homicide involontaire après avoir tué un motocycliste alors qu’il était ivre. Il se réfugie au palais royal. Le roi résiste d’abord aux demandes d’arrestation de son petit-fils, car les délais entre l’accident mortel et la sanction judiciaire ont été longs, compte tenu que ce territoire est rattaché sur le plan judiciaire à la Nouvelle-Calédonie. Cette décision divise les familles aristocratiques, partagées entre le devoir traditionnel de solidarité familiale (envers le petit-fils et le roi) et celui de loyauté envers la puissance tutélaire française (l’économie du territoire dépend des aides de l’État et l’administration emploie comme on le sait de nombreuses personnes).

Le peuple veut que le petit-fils du roi purge sa peine comme un citoyen normal et le préfet de l’époque, Xavier de Fürst, profite de la situation pour tenter un coup d’Etat. Une partie des chefs de village, soutenus par le nouveau préfet, décident d’introniser un nouveau roi et demandent l’aide de l’administrateur français, qui émet plusieurs arrêtés reconnaissant les griefs de ces chefs coutumiers. Mais, à l’approche de la cérémonie d’intronisation, le conflit institutionnel manque de tourner à l’affrontement avec les partisans du roi, qui occupent l’aéroport et édifient des barrages.

Le conflit sera finalement réglé par une médiation, mais le peuple rancunier l’a fait payer à la famille royale des Kulimoetoke (le roi Tomasi était mort entre temps en 2007) très RPR-UMP en votant socialiste en 2012 !

La vengeance étant consommée, le peuple Wallis revient à droite, d’autant que la gestion socialiste a fait à Wallis, comme en France, beaucoup de dégâts et que les jeunes, surtout les jeunes diplômés, quittent Wallis et Futuna pour aller faire fortune ailleurs, en Nouvelle-Calédonie où 10 % de la population est maintenant wallisienne, et en Australie où étant Océaniens ils sont bien reçus.

C’est peut-être pour récupérer quelques milliers de voix que Hollande a fait autant de promesses de cadeaux à Wallis et Futuna : équipements hospitaliers, ligne aérienne supplémentaire, etc. C’est d’autant plus amusant que Wallis et Futuna sont un paradis fiscal dont la presqu’unique ressource, l’aide financière française, est alimentée par la fraude fiscale ! Wallis et Futuna est un grand fournisseur de pavillons de complaisance pour les compagnies maritimes. Une partie des recettes publiques est constituée par la taxe annuelle forfaitaire sur des sociétés extraterritoriales, qui n’ont aucune activité sur le Territoire de Wallis-et-Futuna, (sociétés « offshore »). Elles ont fait des Wallisiens et Futuniens le peuple autochtone le plus riche du Pacifique-Sud.

Il n’est pas certain que ces recettes perdurent. En effet, les paradis fiscaux étant remis en cause par le gouvernement socialiste, ces sociétés ont maintenant un caractère délictueux, du fait qu’il s’agit de sociétés fictives (coquille vide) dont le seul but est de frauder l’impôt et les taxes dans les pays où elles travaillent effectivement. Il faut rappeler que le code pénal et le code de commerce français sont applicables à Wallis-et-Futuna.

Bref, Wallis et Futuna sont riches d’argent en grande partie étranger, devenu délictueux mais toujours perçu par le Trésor français. Grâce à Hollande il devrait être remplacé par de l’argent des contribuables français. Mais comme Hollande ne sera pas en mesure d’honorer ses promesses, soit parce qu’il ne sera pas réélu en 2017, soit parce que l’Etat en faillite ne pourra les tenir, les Wallisiens-Futuniens s’attendent à un appauvrissement de leur pays, grâce aux socialistes.

Une fois de plus il aura été démontré que le socialisme apporte la pauvreté partout où il est mis en œuvre.

Maurice D.

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