Au sommet de chaque état il y a une classe sociale, protégée par l’armée et la police, intouchable et qui vit dans une bulle douillette bien à l’abri des problèmes quotidiens du peuple… problèmes qu’une cour nombreuse, obséquieuse et soucieuse de plaire se charge de masquer en permanence.
Cette classe sociale au sommet de l’État, qui ne voit rien, qui ne sait rien ou si peu de choses et qui ne pense qu’à elle, se nomme aristocratie.
Elle peut être de droite comme elle peut être de gauche, mais c’est de toute façon toujours la même. Tout ce petit monde se connaît, se fréquente et joue à se repasser le pouvoir comme on joue à « chat perché ».
Pendant ce temps, pendant que ces messieurs-dames gloussent et rient bruyamment en se poursuivant et se chahutant, le peuple, bien ficelé par la police, l’armée et les lois qui ne concernent que lui… pas du tout l’aristocratie qui les fabrique… le peuple attend, attend, attend… interminablement… attend.
Et cela se passe dans tous les pays… absolument TOUS, sans exception.
Il arrive quelquefois que les aristocraties de pays très différents s’invitent et se rencontrent.
Elles se ressemblent toutes, de quelque pays qu’elles soient et sont toutes à peu près du même niveau.
Ce qui n’est pas le cas de leurs peuples.
Il y a des peuples majoritairement inventifs, créatifs, entreprenants, honnêtes, travailleurs, talentueux, géniaux, généreux, philanthropes, comme le nôtre par exemple… et d’autres qui le sont si peu ou même qui ne sont rien de tout cela… comme ceux du Maghreb ou d’Afrique par exemple.
Quand notre noblesse rencontre la noblesse maghrébine ou africaine, il n’est pas besoin de sortir de l’ENA, de Centrale ou de Polytechnique pour savoir ce qu’ils se racontent :
« Bonjour cher ami, comment allez-vous !
On ne peut mieux mon cher, on ne peut mieux !
Qu’est-ce qui vous amène ?
Rien, rien du tout, le simple plaisir de vous revoir.
Ah non, ne me dites pas que vous êtes venu pour rien… ne serait-ce pas par hasard à cause de vos problèmes avec votre élite ?
Hum, si… on ne peut rien vous cacher. J’ai une élite excellente, bardée de diplômes.
Mais peu nombreuse, peu nombreuse par rapport à votre population.
Oui, c’est cela…
Alors de quoi vous plaignez-vous ?
Je ne trouve pas à l’utiliser.
Votre population est trop nulle ?!
Tout à fait ! »
Et les voilà qui éclatent de rire tous les deux, d’un rire inextinguible… car si ces deux aristocrates sont de simples crétins-instruits et mégalomanes, ils ne sont pas assez bêtes pour ne pas savoir si leur population est excellente, moyenne, nulle, très nulle, ou tout simplement stupide, prétentieuse et agressive… ils le savent.
Une fois le fou rire passé, la conversation reprend :
« Donc votre population est trop nulle pour son élite.
Exactement !
Et donc vous voulez ?…
Je ne sais qu’en faire. Je voudrais bien que votre peuple l’absorbe ! »
Notre aristo se gratte un peu le menton :
« D’accord, c’est d’accord… l’élite, nous en regorgeons, nous en avons déjà beaucoup, mais ça ne fait rien, ça ne fait rien, je ne peux pas laisser un vieil ami comme vous dans la gêne.
Je vais ralentir la production d’élite chez nous et absorber la vôtre.
Oui mais le peuple ?
Quel peuple ?
Le vôtre !
Ah oui, mais que voulez-vous qu’il dise le peuple. Il ne compte pas, il est là pour obéir, il est là pour nous cher ami, il est là pour NOUS… c’est d’ailleurs sa seule, son unique raison d’être. Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer.
Oui mais les droits de l’homme ?
Eh bien quoi les droits de l’homme ?
Ils protègent et défendent votre peuple.
Absolument pas mon cher, absolument pas. Détrompez-vous, c’est l’inverse mon ami, l’inverse : les droits de l’homme sont tout simplement les droits du juif d’être juif, du musulman d’être musulman, du gitan d’être gitan, du Rom d’être Rom, de l’algérien ou du marocain d’être algérien ou marocain, du sénégalais d’être sénégalais, du papou d’être papou, au sein même de notre peuple… sans s’intégrer bien sûr.
Mais cela peut terriblement affaiblir votre peuple.
Diviser pour régner mon cher, diviser pour régner ! Vous nous voyez, nous, la noblesse de droite ou de gauche française dominant un peuple compact, homogène, solide, fier et rétif, un peuple qui refuserait de se mêler à une race et une culture inférieure… ah non mon cher, non, c’est impensable, ce peuple-là finirait même par refuser de nous servir, non, c’est hors de question.
Donc, les droits de l’homme ne sont rien d’autre que les droits du loup dans la bergerie ou du renard dans le poulailler ?!
Vous avez tout compris !
Mais je crains quand même pour notre élite, je me demande… quand ils arriveront. Vous savez, les miens sont normaux… ils sont fiers de leur race, de leur pays et de leur culture. Ils sont racistes.
Qu’à cela ne tienne, tout est prévu… nous avons créé toute une série d’associations antiracistes pour faire baisser la tête à notre peuple… associations chargées de punir impitoyablement la moindre attitude ou expression de fierté chez les nôtres et d’encourager et de glorifier les mêmes attitudes ou expressions chez les vôtres.
Oui, mais, quand même…
Allez, allez, ne vous inquiétez pas, nous allons arranger ça mon cher, nous allons arranger ça… tenez je vous propose une chose : pour que les vôtres soient plus rassurés et se sentent comme chez eux… envoyez-nous les, envoyez-nous les en masse… tenez je vous donne par exemple le droit à 150 000 immigrés « légaux » chez nous par an, vous m’entendez bien « LÉGAUX ». Quant aux illégaux, eh bien, n’ayez pas peur, rassurez-vous, on va les protéger, les chouchouter, les privilégier même, ne vous inquiétez pas.
Houlà, mon cher, houlà ! C’est très aimable et généreux de votre part, mais explosif… vraiment explosif : vous n’avez déjà pas assez de travail et de logement pour les vôtres… la situation va devenir explosive.
Et alors, qu’elle explose… de toute façon nous ne pouvons plus continuer à accepter un peuple de plus en plus intelligent, perspicace et rétif qui refusera sous peu de nous obéir, NOUS, la noblesse de droite et de gauche.
Non mais sincèrement, franchement… vous nous voyez avec un peuple qui refuserait d’aller faire la guerre ici ou là, qui refuserait de se mélanger à telle ou telle ethnie ou culture, qui refuserait de voir partir à l’étranger ses outils de travail, qui refuserait de continuer à travailler jusqu’à épuisement pour payer les dettes que nous avons contractées auprès des banques, bref un peuple qui ne penserait plus à nous mais à lui et qui refuserait de nous obéir a-veu-glé-ment… bref UN PEUPLE QUI AURAIT DES DROITS… mais vous rêvez mon cher, vous rêvez !
Non, voyez-vous mon cher, notre peuple est en train de s’émanciper dangereusement.
Dangereusement pour vous.
Et pour vous aussi mon cher car s’il veut se défendre, vous ne pourrez plus l’infiltrer, l’utiliser et en profiter… et de plus le vôtre peut prendre exemple. Non-non mon cher, non, nous ne pouvons plus admettre aucune évolution chez les nôtres, aucune, c’est trop dangereux. Il en va de la survie de notre noblesse, de NOS noblesses. Non-non-non mon cher, croyez-moi, il faut agir et agir vite. Notre population devient de plus en plus fine et intelligente… il nous faut la « connifier » le plus vite possible… C’est pour cela que vous ne savez pas à quel point votre visite me fait plaisir. Il nous faut une population très conne, abrutie, une population qui marche à quatre patte et se prosterne facilement, pour un oui ou pour un non… au fait… si vous avez besoin de quelques mosquées supplémentaires chez nous, ne vous gênez pas… demandez et nous vous offrirons aussitôt terrains et financements.
Mais ne craignez-vous pas que tout cela entraîne une guerre civile ?
Une guerre civile ?… eh bien tant pis, qu’elle arrive, qu’elle arrive, nous nous ne risquons rien… ils ne nous enlèveront pas le pouvoir… tout est prévu.
Mais vous ne craignez pas un soulèvement de l’armée et de la police contre vous ?
Que nenni mon cher, que nenni !
Une grande partie, grassement payée, le cerveau consciencieusement lavé nous restera fidèle et puis, ne vous inquiétez pas, nous aurons préalablement et discrètement armé, et armé jusqu’aux dents toutes les banlieues à problèmes.
La guerre civile aura lieu, c’est sûr, mais qui nous permettra de changer la population pour une population très conne… la civilisation régressera fortement, bien sûr, mais au moins, au moins nous aurons gardé le pouvoir mon cher, NOUS AURONS GARDÉ LE POUVOIR !… c’est le principal… c’est tout ce qui nous importe !
Mais ?
Mais quoi ?
Et si ?
Et si quoi ?
Et si quelqu’un ou quelques-uns se mettaient en tête, un jour, de créer et d’exiger les « DROITS DU PEUPLE ».
Oh ! Ohoh ! Ohohoh !
Brisons-la mon cher, brisons-là, vous m’effrayez, sincèrement vous m’effrayez… n’y pensons pas, n’y pensons plus et allons plutôt à table :
Champagne, caviar, truffes, foie-gras… ça vous chante ?
Vous m’en voyez ravi ! »
Et les voilà qui s’éloignent dans les couloirs de l’Élysée, tout sourire, précédés de sonores « gard’à vous ! » à mesure qu’ils avancent, aucun ne voulant précéder l’autre :
« Après-vous cher ami !
Non-non, je n’en ferais rien ! »
La dernière porte claque.
1789 : avec les droits de l’homme nous avons été spoliés de notre révolution, grugés, bernés, trompés, roulés, floués.
217 ans plus tard… après 217 ans de stupidités, d’aberrations, de sang, de sueur et de larmes, il est temps de réclamer notre dû :
LES DROITS DU PEUPLE