Réveiller les zombis, c’est aussi, un peu, le défi que nous nous sommes fixés.
« Vaste programme » aurait dit le général de Gaulle…MLS
Les zombis existent, je les ai rencontrés
Chronique de Michel Geoffroy, essayiste.
♦ « Les zombis sont activés quand leurs envoûteurs médiatiques prononcent certaines incantations particulières : république, droit de l’homme, liberté (sans S), fâââscisme ».
D’après la légende, les zombis sont des morts qu’un sorcier a réveillés pour les mettre à son service. Mais les zombis ne sont pas que des créations du folklore haïtien. Ils existent bel et bien. D’après les préfectures il y en avait environ 3,7 millions dans nos rues le 11 janvier dernier. De quoi frissonner.
Comment reconnaître un zombi ?
Les zombis se reconnaissent au fait qu’ils marchent périodiquement en foule silencieuse, à l’appel de leurs envoûteurs médiatiques. Les zombis s’émeuvent, mais à la condition de se trouver en foule.
Parfois aussi ils s’arrêtent, le visage absent : on appelle cela des « minutes de silence ». Des fois ils allument des bougies.
Et puis ils psalmodient en cadence : « Je suis charlie » et « Pas d’amalgame, pas d’amalgame, pas d’amalgame »…
Les zombis se reconnaissent aussi au fait qu’ils regardent et écoutent en permanence les médias grâce à leurs prothèses électroniques qu’ils ne quittent plus. Et le matin ils se jettent sur les « journaux gratuits », qu’ils dévorent. Les zombis font la queue pour acheter Charlie Hebdo.
Les zombis se reconnaissent enfin au fait qu’ils s’habillent tous de la même façon : pantalon jean et veste ou blouson noirs, sac au dos. Ce sont les hommes (ou les femmes) en gris dont l’écrivain Jean Raspail avait aussi prévu l’avènement, dans son roman onirique Septentrion.
Les zombis sont activés quand leurs envoûteurs médiatiques prononcent certaines incantations particulières : république, droit de l’homme, liberté (sans S), fâââscisme. Par contre, d’autres incantations ne parviennent jamais à mettre en mouvement ces golems : comme Nation, Souveraineté, Chrétienté ou Identité, par exemple.
Les zombis sont serviables
Les zombis sont serviables : ils viennent par leurs « marches » d’apporter à François Hollande et à son gouvernement l’état de grâce qui leur avait toujours manqué.
Grâce aux zombis, les revenants de la gauche et de la droite ont été remis en selle comme par magie. Une magie qui a pour nom Union Nationale : une union qui se caractérise par le fait qu’elle exclut tous les autres Français, mais cela ne choque pas les zombis, puisqu’ils ont perdu l’esprit.
Les zombis sont aveugles
Les zombis piétinent longuement dans les rues au nom de la liberté d’expression.
Mais ils viennent d’offrir à l’oligarchie l’occasion qu’elle attendait pour museler définitivement Internet et les réseaux sociaux ; pour mettre des micros et des « écoutes administratives » partout ; pour réglementer le droit de rire ; pour vérifier ce que nous disons et ce que nous pensons ; pour lutter encore plus, comme l’a dit notre premier ministre devant l’Assemblée nationale le 13 janvier, contre « le terrorisme, l’intolérance, l’antisémitisme et le racisme ».
Grâce aux zombis, la France va prendre l’habitude de vivre dans un climat de contrôle permanent, ce qui renforcera l’autocensure, pour le plus grand profit du Système. Comme, depuis l’affaire Dieudonné, on habitue les Français à l’idée que la liberté d’expression devrait être restreinte (cf. article dans le 20 Minutes du 15 janvier 2015 intitulé significativement « L’expression, un droit limité » !).
Les zombis marchent, pour mieux réduire les autres au silence. L’état de zombi est contagieux.
Les zombis sont soumis
Grâce à leur marche, les zombis français ont éclipsé celle des Allemands de Pegida. C’est d’ailleurs un peu pour cela que Mme Merkel est venue marcher avec les zombis, avec tous ses amis européens venus en renfort.
Car les zombis viennent de faire de l’islam une religion intouchable, inattaquable, non critiquable en France et bientôt en Europe, et dont il faudra encore plus favoriser l’exercice au nom du « vivre ensemble ». Il faudra encore « mieux intégrer ceux qui veulent s’intégrer », comme dit déjà l’UMP Hervé Novelli, afin d’éviter que « les jeunes des quartiers ne dérivent vers le djihadisme ».
Grâce aux marcheurs, les luttes contre l’islamophobie et la « politique de la ville » ont de beaux jours devant elles.
On reparle aussi d’une modification de la loi de 1905 pour faciliter l’édification de lieux de culte : on imagine lesquels. Notre premier ministre n’a-t-il pas déclaré à l’Assemblée nationale que « l’autre urgence est de protéger nos compatriotes musulmans » ?
Car les envoûteurs cathodiques ont bien expliqué aux zombis que les musulmans étaient des victimes des terroristes et qu’ils avaient peur.
Le serment zombi
Grâce à la marche des zombis, toute critique de l’immigration sera encore plus diabolisée, cette fois sous le signe de l’atteinte au « vivre ensemble ».
Peut-être d’ailleurs que le gouvernement profitera de ce climat d’unanimisme zombi pour tenter de faire passer son projet de vote des étrangers aux élections locales, afin de donner à la gauche les électeurs qui lui manquent.
On peut imaginer en effet qu’un tel vote serait acquis par les parlementaires chantant debout la Marseillaise, les larmes aux yeux, dans une version zombie du serment du Jeu de Paume !
« La France debout », titrait Le Figaro du 12 janvier 2015. « Debout » titrait le 20 minutes du même jour. Ils avaient raison : le 11 janvier les morts vivants se sont bien levés.
Michel Geoffroy