Demain c’est l’automne. Après un hiver qu’on pressent de tous les dangers, le printemps français 2017 devrait voir poindre − si toutefois notre pays n’est pas détruit d’ici là − un nouveau président ou bien le retour triomphant d’un ancien Premier ministre, (« le meilleur d’entre nous »), voire même la réélection du président sortant, mais ça, c’est l’hypothèse extrême qui signifierait que la France serait définitivement abandonnée des Dieux…
C’est pour l’instant un combat pour la « primaire », que la Droite s’est bêtement laissé imposer par l’idéologie dominante. En contradiction totale avec l’esprit de la constitution de 1958 et le sens gaullien de l’élection du président au suffrage universel, arbitre suprême au-dessus des partis. Cà c’est bien fini. C’est même le retour triomphant desdits partis, au moment précis où le peuple les méprise et les délaisse (ce qui en dit long sur la perspicacité de nos politiciens).
Depuis le passage au quinquennat – réforme idiote du pauvre Chirac (en compétition avec l’hérésie majeure du « regroupement familial » décidé en 1976 à l’aube d’une crise économique qui dure depuis 40 ans) et la concomitance des élections présidentielle et législative, le président, s’il reste de jure le chef de l’état, a été rétrogradé de facto chef du gouvernement. Ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes au Premier ministre, devenu « collaborateur », mais Dieu merci, précisons-le, sans cette connotation péjorative que pourraient entendre certains de nos lecteurs seniors. Et ce qui pose aussi un autre problème, finalement plus grave : où est le chef de l’État ? J’ai bien une petite idée pour l’actuel : quand il n’est pas en goguette sur son scooter ou à faire le pitre en mannequin de cire le jour du patrimoine derrière son bureau sans ordinateur (il parait qu’il est aussi bon en informatique qu’en anglais, c’est dire…), il assiste sûrement à une commémoration compassée des victimes du laxisme de son gouvernement. Tout ça pour finalement être gratifié − en présence d’Henry Kissinger qu’on a pour l’occasion sorti de la naphtaline − « homme d’état de l’année » par un machin (“The Appeal of Conscience”, excusez du peu) qui a attribué ce titre en 2008 à… son ennemi juré Nicolas Sarkozy !
Bref, à Droite, ce sont les grandes manœuvres pour la « Primaire » (à prononcer la bouche en cul de poule, comme le fait si délicieusement NKM).
« PRIMAIRES OUVERTES DE LA DROITE ET DU CENTRE »
Le drame se nouera en novembre, et au 2ème tour de ces « primaires ouvertes de la Droite et du Centre ». Un mot rapide sur cette dénomination aussi large que le postérieur d’Emmanuelle Cosse.
La Droite, on sait ce que c’est : la Gauche molle. Le Centre, c’est encore plus flou. Et comme dit Martine Aubry (quand elle est à jeun) « quand c’est flou, y’a un loup ». On trouve donc au centre l’inénarrable Bayrou − qui fit élire Hollande en 2012, ne l’oublions-pas − et qui a annoncé qu’il ne se présenterait pas contre Juppé. On peut donc en déduire qu’il ne se présentera que si c’est Sarkozy (qu’il déteste) qui sort du chapeau des primaires. Vous suivez ? Mais comme il n’aura pas concouru dans lesdites primaires, on en conclura que Bayrou ne se considère pas du centre et se présentera à la gaullienne, tout seul, sans parti. Là, vous avouerez, ça se complique un peu…
Et quand vous saurez que tout le monde pourra voter aux primaires, et que, comme d’habitude, les opposants voteront pour le plus bête (je le sais, ayant voté moi-même Ségolène aux primaires du PS en 2007), ça rend l’exercice assez aléatoire…
ALAIN JUPPÉ
Grand favori : Alain Juppé. Oui, oui, celui qui a mis la France en ébullition en 1995 avec son plan de réformes. Soyons justes : des réformes qu’il fallait faire, pour affronter notamment la mondialisation qui pointait, comme Reagan et Thatcher, en leur temps, avaient su les mener. Et aussi pour remettre la France en ligne de vol après quatorze années mitterrandesques. Oui mais voilà, « c’est au pied du mur qu’on voit le maçon » comme disait mon grand-père, et c’est le résultat qui compte. Les syndicats ont gagné. Sans doute pas la France, mais tant pis pour elle (déjà). Les fonctionnaires, les régimes spéciaux, les nantis de la gabegie ont vu s’ouvrir un boulevard. Et, surtout après la dissolution ratée, on a continué de laisser filer les déficits dans la continuité logique des deux septennats précédents.
Après quelques légèretés immobilières (des appartements somptueux de la rue Jacob loués à sa famille par la ville de Paris à des tarifs plus que compétitifs, et des travaux somptuaires payés par le contribuable), le cher Juppé fut obligé, cerise sur le gâteau, de prendre à sa charge les magouilles du maire de Paris, écopant en appel de 14 mois de prison avec sursis et d’un an d’inéligibilité pour des emplois fictifs. Il s’exila alors au Québec où il put apprendre par cœur le riche vocabulaire d’injures acadiennes qu’il ne sied pas de proférer dans les palais nationaux de la vieille Europe, tabarnak !
Juppé favori, donc, avec son slogan bizarre « l’identité heureuse », qui semble pourtant avoir un peu de plomb dans l’aile depuis l’entrée en lice de Nicolas Sarkozy, et surtout qui pâtit de ses amitiés particulières avec l’imam de Bordeaux, Tareq Obrou. De son propre aveu, Juppé (« Ali Juppé » disent les méchantes langues) ignore tout de l’islam, mais “aime bien” cette secte. C’est quand même assez gonflé, par les temps qui courent, après les 245 morts du quinquennat au nom d’Allah et pour un candidat à l’Élysée. Un peu comme si Paul Reynaud avait clamé en 1940 qu’il ignorait tout de la doctrine nationale-socialiste (ce qui était d’ailleurs peut-être le cas, finalement, nos hommes politiques ayant toujours − à de rares exceptions près − été en retard d’une guerre). En tous cas, ça fait peu sérieux et ça risque fort de lui coller à la couenne qu’il a, dit-on, épaisse. On lui souhaite un bon voyage dans son taxi pour Obrou.
NICOLAS SARKOZY
Challenger : Nicolas Sarkozy. Haï des médias, qui ont joué le « TSS » (« tout sauf Sarkozy ») en chœur avec les écolo-socialistes, tant en 2007 qu’en 2012. Plutôt bon candidat en campagne, mais président pour le moins contesté. Accusé de ne pas mettre ses actes en conformité avec ses promesses (on attend encore le coup de karcher), on lui reproche, à juste titre, d’avoir fait voter par le Parlement une loi qui annulait le rejet en 2005 par référendum du Traité Constitutionnel Européen. Il est en effet difficilement défendable, tant moralement que juridiquement, que la représentation nationale annule une décision référendaire et on pourrait avec malice considérer que tous les actes votés dans le cadre du Traité de Lisbonne sont ipso facto caduques (certains, parmi nos amis juristes constitutionnalistes, y songent sérieusement − ils se reconnaitront sans peine). Voilà qui remuerait gentiment la cocotte-minute européenne. Ce Traité de Lisbonne va lui coller aux mollets, au petit Nicolas, mais le bougre a de la répartie et de la ressource et il pourrait bien ramasser Juppé en rase campagne.
FRANCOIS FILLON
À ma droite, toujours, les outsiders, et les premiers d’entre eux : Fillon et Lemaire. Le premier (Fillon) fut le collaborateur de l’ancien président et aimerait bien devenir calife à la place du calife, d’où son surnom, qui lui va comme un gant : Iznogoud. On l’appelle aussi la Chèvre de M. Seguin, compte tenu de sa connivence notoire avec l’ancien député de la ligne bleue des Vosges. Fillon se veut le « candidat de la rupture ». Bigre. Comme il prône notamment l’alignement des retraites du public avec celles du privé, on peut considérer qu’il a déjà perdu les suffrages des fonctionnaires, ce qui fait pas mal de monde dans notre France communiste…
BRUNO LEMAIRE
Issu de l’ENA, il veut supprimer l’énarchie. Il a raison, mais on nous permettra d’émettre quelques doutes. On préférerait en effet que ce bouleversement structurel soit menée par un bon Sup-de-Co-province, qui y mettrait sans doute un peu plus d’ardeur et d’efficacité.
… ET LES AUTRES
Il faut encore évoquer Coppé, Mariton, Poisson (vous ne le connaissiez pas celui-là, avouez ! Pour le situer, c’est une créature de Christine Boutin…) et NKM !
La seule candidatE et la seule à être reconnue par ses initiales. C’est chic, ça. Comme JJSS et VGE jadis. On a tous admiré son forcing féministe pour obtenir ses parrainages. Tenace, la dame. Arrière-petite-fille d’André Morizet, maire communiste de Boulogne, elle a la politique dans les gênes. Plutôt libérale sur le plan économique, elle se situe franchement à gauche pour les réformes sociétales (mariage homosexuel, PMA…) et hostile à la déchéance de nationalité, ce qui la rend assez peu audible. Le grand écart entre la gauche et la droite, idéal pour se ramasser un gadin…
Coppé, c’est la France « décomplexée ». Je me demande où ils vont chercher leurs slogans. Vous en connaissez, vous, des gens qui vont vous dire : « j’étais complexé(e), mais François m’a complètement guéri(e). Maintenant, j’ose tout, y compris de dire que je suis de droite, na ! ». Sa trouvaille : gouverner par ordonnances ! Comme de Gaulle !
Hervé Mariton gagnerait sans doute à être un peu mieux connu. D’abord il n’est pas énarque (mais polytechnicien, quand même), il est maire de Crest, charmant village de la Drôme et le seul à s’opposer formellement au mariage pour tous et à ses conséquences. Fiscalement, il défend la « flat tax », qui serait un moteur puissant pour relancer la croissance économique. Mais il est médiatiquement inexistant.
attention !!! actualisation 21/9 minuit : Mariton finalement éliminé de la course !!!
J’espère n’avoir oublié personne. Ah si ! Henri Guaino, qui a annoncé, en pur néo-gaulliste, qu’il se présenterait « hors primaires ». A condition bien sûr, qu’il obtienne les 500 parrainages (il pourra toujours demander conseil à NKM). Le seul fait qu’il contourne les primaires me le rend sympathique, et il faut reconnaitre que ses interventions sont toujours pertinentes. Et intelligentes, ce qui se fait rare dans le monde politique français…
Toujours est-il que tout se jouera donc au 2ème tour des primaires. Et aux désistements croisés des éliminés du 1er tour. Rien que d’écrire ça « me donne la nausée » comme disent les bobos. Vous imaginez un peu ? NKM va-t-elle se désister pour Juppé ? Auquel cas Mariton choisira-t-il Sarkozy et Coppé ne donnera pas de consigne de vote, arguant du fait qu’il « n’est pas propriétaire de ses voix » ?
Et au moment de l’élection, de la vraie, en mai 2017, s’il y a un 2ème tour et si la droite y figure, ils se seront tellement cognés les uns sur les autres qu’Hollande pourrait bien en profiter… Non, je plaisante bien sûr…
On parlera prochainement de Marine, qui caracole fièrement en tête du 1er tour, et aussi de la Gauche, tout aussi déchirée que la Droite, mais déjà un peu plus moribonde, voilà la bonne nouvelle de ce soir…
Et tout cela se passe en 2016, dans un pays en guerre, appauvri par ce détestable quinquennat, ravagé par le terrorisme, divisé, éclaté en centaines de zones de non-droit et envahi par une immigration agressive que plus rien ne semble pouvoir arrêter.
Ah j’oubliais ! Il y a aussi quelques Généraux qui aimeraient bien se faire entendre lors de cette présidentielle.
Et parler de la France et des Français.
On les écoutera avec attention et plaisir…
Marc Le Stahler