On a vu, à l’occasion des dernières élections, quel que soit leur niveau, des partielles aux présidentielles en passant par les primaires, que les sondeurs se trompent très souvent et de beaucoup : Trump devait être écrasé par Clinton la candidate du Système financiaro-médiatique ; le Brexit était impossible à cause de l’Europe ; Fillon en quatrième position derrière Sarkozy, Juppé et Le Maire ; Hamon derrière Valls et Fillon, etc. Il y a à cela deux raisons essentielles : les sondeurs posent des questions orientées en fonction des desiderata de ceux qui commandent les sondages (Élysée, ministères, partis politiques, grandes entreprises), et si les réponses des sondés (les plus souvent un millier sortis de panels aléatoires) ne correspondent pas aux schémas informatiques qu’ils ont entrés dans leurs ordinateurs, ils procèdent à des “redressements” forcément plus ou moins subjectifs.
Il existe pourtant des organismes qui font des prévisions qui se réalisent très souvent en matière politique. Ils ne posent pas de question mais relèvent dans la presse et les réseaux sociaux les déclarations et commentaires des lecteurs et internautes sur les sujets politiques et de société. Ce sont donc des dizaines de millions d’avis exprimés qui sont analysés selon des méthodes statistiques prouvées, le résultat prévisionnel obtenu est presque toujours conforme au résultat final constaté. Ces analystes-là ne prononcent jamais les phrases que l’on entend de la bouche des sondeurs “officiels” régulièrement consultés par les journalistes politiques dans les émissions telles que C dans l’air. Du genre « les électeurs frontistes dissimulent souvent leur choix parce qu’ils ont honte de voter FN » ou bien (c’est plus récent) « l’impact moral de la faute de Fillon va laisser des traces durables dans son électorat ». Deux de ces organismes publient en français: Euromédiations dirigé par Véronique Quéffelec, et Filteris par Jérôme Coutard.
Ils avaient prévu l’élection de Trump, le Brexit, et pour rester sur le sujet d’actualité, ils ont prévu dès le 12 octobre Fillon en tête à la primaire de la droite et dès le 25 novembre les 60% de Fillon face à Juppé (résultat publié par Entreprendre le 28 novembre).
Le 9 février, les deux organismes ont publié une analyse prévisionnelle commune qui donne clairement Fillon et Le Pen en tête au-coude-à-coude au premier tour de la présidentielle, suivis de Macron et Mélenchon éliminés et, loin derrière, Hamon, Dupont-Aignan et les deux naufragés du communisme Poutou et Artaud, et enfin Jacques Cheminade.
Nous sommes à moins de deux mois du premier tour et les choses peuvent encore évoluer, cependant il est probable qu’elles se maintiendront en l’état car une forte majorité des électeurs potentiels de Fillon et Le Pen se disent sûrs de leur choix, à 80% dans le cas de Marine Le Pen, de 70% dans celui de Fillon, mais il remonte depuis quelques jours, depuis que le Pénélopegate apparaît pour ce qu’il est : très surfait.
En autorisant Fillon à poursuivre sa campagne sans l’inculper, le Parquet financier reconnaît de facto qu’il n’a rien contre lui et ne cherche qu’à sauver la face en annonçant qu’il continue à enquêter. En effet la seule question qui portait un doute était « est-ce que Pénélope a réellement travaillé ? ». La réponse ne peut être que “oui” et elle se trouve dans l’article même du Canard : Fillon, comme tous les députés, ne peut pas travailler sans assistant parlementaire, dont le rôle est à la fois divers et très chargé. Or à aucun moment Le Canard n’a dit: « le travail était fait en réalité par M. X ou Mlle Y, donc pas par Pénélope ». C’était pourtant le seul moyen de prouver que Pénélope n’aurait rien fait. Et le Parquet n’a trouvé aucun autre assistant parlementaire que Pénélope Fillon. Si donc elle était bien la seule, comment imaginer qu’elle n’ait pas fait le travail ? Comment le député Fillon aurait-il pu fonctionner ?
Il n’y a pas eu non plus de “détournement de fonds publics” puisque l’argent en cause dès lors qu’il a été donné légalement par l’État devient privé et appartient en propre au député. De plus, les faits (emplois fictifs, détournement de fonds publics) se prescrivent par trois ans. Pénélope a cessé de travailler comme assistante en 2013. Les faits remontent donc à plus de trois ans. Rien que pour ce motif de forme, la procédure diligentée à grand fracas contre Fillon devenait illégale si elle avait été poursuivie. Fillon est donc blanchi et l’on peut espérer qu’il en sera de même dans le cas de Marine Le Pen et de ses assistants. Le gouvernement a fait traîner les choses pendant quelques semaines dans le seul but de persuader l’opinion délibérément mal informée par les médias que les faits étaient immoraux et délictueux, afin de fausser l’élection présidentielle.
Cela va être la même chose avec Marine Le Pen.
La question est maintenant de savoir pour qui voter.
Mentionnons le programme de Hamon pour mémoire, puisque lui et le PS sont dans le coma. Sa “semaine de 32 heures” diminuera encore la chute de la compétitivité de nos entreprises, comme l’ont fait les 35 heures, cependant que le “revenu universel”, qui coûterait chaque année autant que tout le budget de l’État, ne peut être financé qu’en doublant tous les impôts (la TVA à 40% par exemple) ou en s’endettant comme la Grèce. La France irait tout droit sous la tutelle du FMI, comme en 1958, situation dont nous avait sorti l’arrivée de de Gaulle, remettant tout en ordre.
Macron ? On attend son programme. Le peu qu’il en ait exposé consiste à créer de nouvelles dépenses. Il ne prend parti sur rien, ou, quand il le fait, c’est pour renier ce qu’il a défendu la veille. Il se présente comme le candidat de la rupture et du renouveau, mais il est soutenu par la finance internationale et la plupart des ministres de Hollande. Cela dit, on a le droit d’avoir été satisfait du bilan de Hollande…
Mélenchon ? Son programme est un copié-collé de celui de Chavez du Venezuela qui a fait en peu d’années de ce pays prospère, assis sur un immense gisement de pétrole, l’un des pays les plus pauvres du monde. Il se résume à fermer les frontières, renier la dette publique (« les banquiers n’avaient qu’à pas nous prêter, c’est de leur faute ! » pour n’emprunter qu’à la Banque de France, ce qui aurait pour effet immédiat d’obliger à doubler les impôts avec une inflation galopante, et embaucher plein de fonctionnaires.
Marine Le Pen ? C’est le mariage des extrêmes, de gauche et de droite : son programme économique est d’extrême-gauche, c’est celui de M. Mélenchon (voir ci-dessus), motif pour lequel, d’ailleurs, au Parlement européen le Front National s’est vu refuser sa demande d’adhésion au groupe d’extrême-droite. Par contre, et contrairement aux socialistes, elle aborde de front le problème de la gangrène islamique, sujet de préoccupation majeur des Français, avec la sécurité. Son programme monétaire est la sortie de l’euro, par création d’un euro français dont la valeur sera déterminée souverainement par l’État et avec lequel seraient remboursés les emprunts publics qui sont détenus pour les deux tiers par des étrangers. On va vers des dévaluations en chaîne, la fuite des capitaux et des compétences et une perte du niveau de vie. Son programme budgétaire consiste à s’affranchir des règles d’équilibre de Maastricht. On fera le déficit qu’on voudra, financé par la Banque de France et on pourra embaucher des fonctionnaires en gardant les 35 heures, etc. Bref, on socialise l’économie encore plus quelle ne l’est, mais on se débarrasse des “étrangers” et on francise l’islam.
Fillon ? Il est le seul à présenter un programme complet et cohérent de redressement du pays. Mais il est vrai qu’il va demander des efforts aux Français, notamment par l’adaptation du fameux “modèle social” et de la gestion administrative de la France dont nous sommes si fiers, mais qu’aucun pays développé au monde ne nous envie ni ne copie. Adapter à quoi ? Tout simplement à nos ressources financières réelles.
J’ai repris ici pour parler des programmes présidentiels de chacun en les résumant l’analyse excellente d’Antoine Brunet, je n’aurais su faire mieux.
L’Imprécateur