FRANÇAIS, RÉVEILLEZ-VOUS !
(Jean Goychman)

Depuis quelques mois, notre pays semble progressivement se résigner à son sort, celui d’une puissance sur le déclin, incapable d’assurer seule son rang et la défense de ses intérêts dans un monde qui nous est présenté comme hostile. C’est ainsi que, en catimini, nos fleurons industriels qui ont fait notre fierté, quittent le giron national qui les a fait naître pour d’autres rives. Après STX et Alstom, c’est maintenant Airbus, sous la tutelle d’un Thomas Enders, qui semble être tenté par une aventure commune avec Boeing, malgré un combat commercial d’apparence…

Renault, leader mondial de l’automobile, est au cœur d’une divergence stratégique. Le président Macron ne cache pas son souhait, depuis 2015, de voir opérer une fusion avec Nissan et Mitsubishi, cette dernière ayant déjà un lourd passé dû à la fusion ratée en 2000 avec Chrysler et Daimler. A contrario, et s’appuyant sur des exemples vécus (notamment avec Volvo), Carlos Ghosn ne semble guère convaincu du bien-fondé d’une telle opération. Le problème est que la vision mondialiste en a déjà probablement décidé autrement.

Les origines de la mondialisation

Née au départ dans un pays réputé européen (l’Angleterre), cette idée portée par un petit nombre de gens très puissants et très discrets [1] au cours de la seconde moitié du XIXème siècle, a permis au Royaume-Uni de construire un empire qui étendait son pouvoir sur tous les continents, depuis l’Amérique du Nord jusqu’à l’Australie en passant par les Indes et l’Afrique orientale, depuis la Palestine jusqu’en Afrique-du-Sud. À la fin du XIXème siècle, la marine britannique régnait sur tous les océans. Un grand pays d’Asie avait cependant résisté en ne concédant que des « miettes » comme Hong-Kong et Shanghai : la Chine. Et la Chine, malgré la « Guerre de l’Opium » [2] s’est libérée de l’emprise européenne juste avant la guerre de 14.

Parallèlement à ces conquêtes militaires, notre groupe anglais, soutenu par la finance anglo-saxonne, décida de jeter son dévolu sur les États-Unis en prenant, au terme d’une action de longue haleine, le contrôle de la monnaie américaine [3]. Après la création de la Réserve Fédérale en décembre 1913, une nouvelle phase de cette conquête du monde put s’engager, débutant avec la 1ère guerre mondiale dont le financement par la dette était désormais possible. Pour l’Angleterre, il s’agissait : d’une part de diminuer la puissance de la France et de l’Allemagne en les faisant s’entrechoquer et, d’autre part, d’achever la destruction de l’Empire Ottoman afin de contrôler depuis la Palestine le pétrole du Moyen-Orient ainsi que la route des Indes. Visiblement, la première guerre mondiale, même si les objectifs fixés étaient globalement atteints, ne suffirait pas. L’isolationnisme américain, issu de la « Doctrine Monroe » de 1823 était trop important pour permettre la prise de contrôle du reste du monde via la Société Des Nations créée à l’initiative du Council on Foreign Relations en 1920. Le CFR lui-même avait été créé en 1919 sur la base la « Round Table » de 1909 créée en Angleterre par notre groupe anglais [4].

La mondialisation par la Grande Finance Internationale

La création de la BRI en 1930 (Banque des Règlements Internationaux) ayant pris le relais de la finance anglo-saxonne après la crise de 1929 pour redresser l’Allemagne écrasée par le Traité de Versailles de 1919, les capitaux purent affluer à nouveau via cette « banque des banques », rendant possible le déclenchement de la 2nde guerre mondiale en Europe en 1939. La guerre éclata dans le pacifique entre les États-Unis et le Japon en décembre 1941. En 1944, les dés étaient jetés et les États Unis sortirent grands vainqueurs, affirmant ainsi leur leadership sur la planète. Ce fut l’époque des grandes conférences qui allaient remodeler le monde de l’après-guerre. Seule ombre à ce tableau idyllique : l’Union Soviétique, qui était incontestablement sortie victorieuse de la guerre en Europe ce qui allait influencer le partage du monde. On percevait déjà la notion de « monde libre ». En juillet 1944, les accords de Bretton Woods consacrèrent la suprématie du dollar comme monnaie internationale. Afin d’emporter la décision, le secrétaire d’État au Trésor américain, Harry Dexter White, s’appuya sur la convertibilité en or du dollar et et Keynes dut s’incliner alors qu’il proposait une monnaie dont aucun État n’aurait pu avoir le contrôle. Cet épisode est essentiel pour la suite car c’est la double nature du dollar (monnaie domestique aux USA et internationale à la fois) qui va permettre la mise en œuvre de la mondialisation. Issus des mêmes accords, on trouve également la création du FMI et de la Banque Mondiale. Les instruments de la mondialisation financière furent ainsi créés.

La fin des empires européens

Tout comme la guerre de 14 avait mis fin aux empires monarchiques (Austro-hongrois, Russe et Ottoman) celle de 40 fut fatale aux empires coloniaux. Dès le mois d’août 1945, les États-Unis commencèrent à dicter leurs volonté au reste du monde. Les empires coloniaux devaient disparaître afin de rebattre les cartes mondiales. L’empire japonais se disloqua de lui-même après la défaite du Japon, redonnant leur liberté à certains peuples colonisés par le Royaume-Uni. Les guerres d’indépendance eurent raison des colonies d’Asie, et la France, très affaiblie par la guerre, ne pouvait plus conserver les colonies d’Afrique. L’indépendance de l’Algérie en 1962 mit un pont final à l’empire français. De leur côté, les anglais se retirèrent graduellement de leurs anciennes possessions. La touche finale fut la restitution à la Chine populaire de l’ile de Hong-Kong en 1997.

Le leurre de la construction européenne

La place était donc libre pour une autre forme d’occupation. Les accords de Yalta de février 1945 actèrent le partage de l’Europe en deux camps séparés par ce que Churchill appela « le rideau de fer ». Depuis le débarquement en Normandie, une sorte d’ambiguïté s’était installée au sujet du statut des territoires libérées par les alliés. Étaient-ce des troupes de libération ou d’occupation ? De Gaulle avait réussi à débarquer en France avant que n’ait cours la « monnaie d’occupation » [5] qui préfigurait l’euro. Ce dollar AMGOT était un simple billet de la Réserve Fédérale sur lequel le signe AMGOT avait été rajouté avec un tampon rouge. Entre 1945 et pratiquement jusqu’à nos jours, la construction européenne a subi l’influence prépondérante des milieux financiers américains et anglais. Il y eut le « Plan Marshall » puis les agissements feutrés de l’ACUE [6] jusqu’en 1960, suivis de ceux du « Mouvement Européen » qui lui succéda. Il y eut ensuite la période « de Gaulle », durant laquelle le rapport de force entre les partisans très « atlantistes » qui souhaitaient installer un État fédéral et supranational – qu’ils appelaient « l’Europe intégrée » – et ceux qui défendaient une « Europe des Patries et des Nations », resta équilibré. Toutefois, cela n’empêcha pas une ingérence évidente, notamment lorsque JFK intima à Gerhard Schroeder de « neutraliser le Traité de l’Élysée [7] qui constituait le socle d’une « Europe des Nations ». À peine de Gaulle sorti de la scène politique, les grandes manœuvres « libérales » commencèrent.

L’École de Chicago

Une fois les empires disparus, il fallait s’attaquer au « vaste programme » de l’unification du monde « libre », c’est à dire celui sur lequel la Finance Internationale entendait régner sans partage. Il lui fallait pour cela adopter une véritable liturgie. Ce fut celle du libéralisme économique enseigné par l’École de Chicago dès 1946 dont le pape était un certain Milton Friedman, économiste et monétariste qui s’était assez régulièrement opposé à JM Keynes [8]. L’intérêt de cette théorie (pour ses promoteurs) était qu’elle était basée sur la conception d’un marché « auto-régulateur » (la main invisible d’Adam Smith) et qu’elle aurait conduit à supprimer tout ce qui pouvait freiner les échanges commerciaux, en particulier les réglementations nationales et les frontières. En ce sens, elle s’opposait à l’interventionnisme des États-nation et par là-même à la souveraineté de leurs peuples. Ce fut donc l’axe principal choisi pour la construction européenne.

Le CFR organise ses relais d’opinion : le Club des Bilderberg et la Commission Trilatérale

Une fois mise en place la stratégie qui allait mener à la réalisation d’une Europe conforme à leurs projets (c’est à dire faire de l’Europe une sorte d’anti-chambre et d’appartement témoin de la mondialisation) il restait a obtenir, sinon le consentement, du moins une sorte de neutralité des peuples. Pour ce faire, il était nécessaire de maîtriser sans partage le rôle de la communication.

Deux organismes apparurent à une vingtaine d’années d’intervalles, chacun répondant à une mission précise. C’est ainsi qu’apparut le Club des Bilderberg en 1954 et la Commission Trilatérale en 1973.

Ces deux « think-tanks » (littéralement « réservoirs de pensée ») ont en commun d’avoir été fondés sur les mêmes bases idéologiques [9] et par des personnes qui relevaient du CFR.

Le Bilderberg – fondé par David Rockefeller et le Prince Bernhard – répondait au besoin de promouvoir l’OTAN comme seule force capable de s’opposer à ce que Reagan désignera plus tard sous le nom « d’empire du mal » c’est à dire l’URSS. Ensuite, il a évolué en regroupant les magnats de la presse et de la finance mondialiste (les premiers étant souvent soumis aux seconds) et son rôle est devenu une sorte de « grand oral » pour ceux qui voulaient bénéficier du soutien médiatique lors de leurs campagnes électorales. Ces épreuves se déroulent lors de la conférence annuelle à laquelle ils sont invités.

La Commission Trilatérale répondait au besoin d’élargir le cercle aux autres continents, le Bilderberg étant jugé trop « américain ». Elle fut également fondée par David Rockefeller et introduite en France par Giscard d’Estaing et Raymond Barre, tous deux membres éminents. De nombreux dirigeants politiques français sont passés soit par l’un ou par l’autre, et quelquefois par les deux. [10]

Regroupant ainsi dans un ensemble cohérent et complémentaire à la Grande Finance (les médias et les dirigeants politiques) la machine mondialiste ne pouvait que progresser et la fédéralisation de l’Europe devint une étape essentielle.

Cependant, il fallait encore trouver un catalyseur à ce fédéralisme. C’est là que l’entrée en scène de la monnaie unique est devenue essentielle, même si son introduction se faisait en dépit du sens normal, qui veut qu’on réalise préalablement à l’introduction d’une monnaie unique les harmonisations nécessaires entre les différents États qui l’utiliseront. La fédéralisation de l’Europe était, pour l’aboutissement du projet mondialiste, beaucoup plus importante que l’avenir de l’euro, destiné à être supplanté tôt ou tard par le dollar.

Quel est le but de tout cela ?

Simplement de réussir à faire par d’autres procédés ce que l’Empire Britannique n’avait pas réussi, à savoir l’implantation d’un gouvernement mondial. Voici ce qu’écrivais dans ses mémoires en 2002, David Rockefeller (fondateur du Bilderberg et de la Trilatérale). [11]

« Certains croient même que nous participons à une cabale secrète travaillant contre les meilleurs intérêts des États-Unis. Ils définissent ma famille et moi comme des “internationalises” conspirant avec d’autres dans le monde pour construire une entité globale, économique et politique, plus intégrée – un seul monde, si vous voulez.
« Si telle est l’accusation, je me proclame coupable, et j’en suis fier. »

Vous conviendrez qu’après cela, il n’y a pas grand-chose à ajouter.

Le tout étant maintenant de savoir si ce qui s’est passé en Chine jusqu’à avant la guerre de 14 va se reproduire. Certains observateurs le prédisent déjà. La Chine et ses gouvernants n’ont aucune envie de se voir sous la tutelle d’un gouvernement mondial. Ils sont persuadés que les centres de pouvoirs se déplacent autour le la Terre dans un mouvement circulaire d’est en ouest. Hégémonique jusqu’au XVIIème siècle, la Chine a cédé sa place à l’Europe, qui l’a elle-même perdue au profit de l’Amérique au XXème siècle. Le prochain mouvement lui ramènera le pouvoir perdu.

Donald Trump fait-il obstacle aux mondialistes ?

Au-delà de l’écume médiatique, cirque dans lequel s’affrontent les « pros » et les « anti-Trump », l’analyse de ses discours et de ses gestes montre qu’il plus « nationaliste » que « mondialiste ». Vous me rétorquerez avec justesse que ce n’est pas le discours qui fait l’homme. Nous avons vécu de telles désillusions, notamment avec Jacques Chirac et son « appel de Cochin » en 1978 [12], que le doute est permis. Cependant, je crois que la hargne que met « l’État profond » américain (auquel appartient le CFR) à le combattre est une forte présomption. Tous les discours importants – comme celui des Nations Unies, de Floride ou de Davos – vont dans le même sens du retour à la souveraineté des nations.

La course de vitesse a commencé

Dans ces conditions, le BREXIT, puis l’élection de Trump, et la montée progressive mais générale de ce que les mondialistes appellent avec un certain dédain les « populistes », il convient d’ accélérer le processus de l’intégration européenne, dirigée par une Commission composée de personnalités cooptées (donc non-élues) au travers de l’appartenance aux organismes évoqués plus haut. Ceci constitue une sorte de « pilote » pour le futur gouvernement mondial. Il y a une « fenêtre de tir » relativement étroite qui risque de ne pas réapparaître de sitôt. En clair, l’éveil des peuples joue contre eux. D’où l’appel du titre « FRANÇAIS, RÉVEILLEZ-VOUS ! » et je voudrais vous rappeler la fin du discours de Cochin dont les véritables auteurs étaient probablement les deux authentiques gaullistes MF Garaud et P. Juillet,

« Comme toujours quand il s’agit de l’abaissement de la France, le parti de l’étranger est à l’œuvre avec sa voix paisible et rassurante. Français, ne l’écoutez pas ! C’est l’engourdissement qui précède la paix de la mort. Mais comme toujours quand il s’agit de l’honneur de la France, partout des hommes vont se lever pour combattre les partisans du renoncement et les auxiliaires  de la décadence.
« Avec gravité et résolution, je vous appelle dans un grand rassemblement de l’espérance, à un nouveau combat, celui pour la France de toujours et l’Europe de demain. »

 

Jean Goychman
20/02/2018

 

[1] L’histoire Secrète de l’Oligarchie Anglo-Américaine » Caroll Quigley (éd. Le Retour aux Sources).
[2] https://www.les-crises.fr/les-guerres-de-l-opium-1/
[3] « Le Complot de la Réserve Fédérale » (1995) Antony C. Sutton (éd. Nouvelle Terre).
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Round_table_(think_tank)
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Billet_drapeau
[6] https://fr.wikipedia.org/wiki/Comit%C3%A9_am%C3%A9ricain_pour_une_Europe_unie
[7] Voir : MACRON VEUT UTILISER LE TRAITÉ DE DE GAULLE DE 1963 POUR FÉDÉRALISER L’EUROPE
[8] https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/le-role-de-la-monnaie-keynes-vs-33288
[9] https://blogs.mediapart.fr/scientia/blog/310510/trilaterale-bilderberg-pourquoi-il-faut-en-parler
[10] Voir « Circus Politicus » (2012) Christophe Deloire & Christophe Dubois (éd. Albin Michel) notamment le ch. 2 « la super classe invisible ».
[11] https://reinformation.tv/tpp-mondialisme-trilaterale-bilderberg-cfr-agenda-mille-54354-2/
[12] https://docs.school/sciences-politiques-economiques-administratives/vie-politique-et-elections/dissertation/appel-cochin-jacques-chirac-6-decembre-1978-7546.html