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Minurne-Résistance
Cet article a été rédigé avant le coup d’État du dimanche 27 mai 2018.
Deuxième partie (postérieure au coup d’État) : cliquez ici.
Les deux partis arrivés en tête des élections italiennes se sont mis d’accord sur un programme de gouvernement. Ils ont également présenté au président italien un Premier Ministre, Giuseppe Conte.
Aussitôt, tous les partisans d’une Europe « intégrée », comme disait de Gaulle, se sont empressés de dénoncer « l’aventurisme » de ce projet gouvernemental, qui semble préférer l’amélioration du sort du peuple italien à l’application stricte d’un dogme budgétaire.
L’oligarchie financière, ennemie des peuples
Avant même que le Premier Ministre soit accepté par le président italien, Sergio Mattarella (qui ne pourrait pourtant que difficilement s’opposer à cette nomination) a demandé un temps de réflexion. Tout au plus peut-il la retarder en donnant ainsi un signe de « prise de distance » avec le programme du futur gouvernement. Mais ne soyons pas dupes, ces réactions « à chaud » sont souvent épidermiques. Plutôt que d’essayer de rameuter à cor et à cris l’opinion publique dans sa fraction bien-pensante et partisane d’une Europe fédérale, toute cette oligarchie financière devrait plutôt s’interroger sur les causes de cette situation.
Ils ont imposé, au travers de l’Euro, une monnaie basée uniquement sur une dette, créée par la BCE (Banque Centrale Européenne) à partir de rien [cliquez sur ces 2 liens différents]. Elle peut imprimer cette monnaie comme bon lui semble sans aucune limite, et elle ne s’est pas fait prier pour le faire. Bien sûr, les contribuables de la zone euro se retrouvent, malgré eux, prêteurs en dernier ressort. Pourquoi la BCE ne peut-elle imprimer directement des euros qu’elle prêterait sans intérêt aux États de la zone Euro ? – Parce que cela ne rapporterait strictement rien aux banquiers internationaux !
On brandit l’épouvantail de la dette…
La plupart de nos concitoyens ignorent à peu près tout du système de création monétaire.
Cela vaut sans doute mieux pour la tranquillité de ceux qui nous dirigent. Dès qu’un gouvernement « non-aligné », issu d’un scrutin démocratique, entend ne pas se soumettre au « diktat » de la dette, et c’est le cas du gouvernement italien, comme ce fut celui du gouvernement grec avant qu’Alexis Tsipras ne décide, une fois son élection assurée, de trahir ceux qui avaient cru en lui (voir la lettre de Mikis Theodorakis à Tsipras). Nous avons tous en mémoire les « négociations » qui ont précédé cette reddition. C’est d’autant plus curieux que, contre toute attente, le référendum gagné le mettait en position de force et lui permettait de quitter unilatéralement l’Europe et l’euro sans que le peuple y trouve à redire. Certes, la dette grecque, comme la dette italienne, sont très importantes. Et après ? – Tout le monde de la finance sait depuis des décennies que ces dettes publiques, dont le niveau proprement ahurissant dépasse trois fois le PIB mondial, ne seront jamais remboursées. Et même si elles l’étaient, les créanciers ne pourraient que détruire ces remboursements, puisqu’elles ont été créées ex-nihilo. Cela n’arrivera jamais pour une raison très simple : il n’y aurait plus la moindre monnaie en circulation…
L’intérêt de la dette, ce sont les intérêts versés
Car ces dettes représentent, pour ceux qui les détiennent, une véritable rente.
Le PIB annuel mondial est de l’ordre de 60.000 milliards de dollars. La dette mondiale s’élevait à fin 2017 à 217.000 milliards de dollars. Je vous laisse imaginer le montant des intérêts encaissés. Mais le plus grave est que, si la dette est créée à partir de rien, les intérêts qui sont versés sont en argent « réel », celui qui provient du travail physique ou intellectuel des êtres humains qui peuplent la planète. Et cet argent va simplement enrichir un peu plus ceux qui ont le droit de « créer de la dette » Pour eux, tout va bien. Ou presque…
Le pactole peut disparaître
Car deux menaces, a priori différentes, risquent de chambouler la donne.
La première est liée à l’instabilité du système financier.
Ce n’est pas le tout de créer de la monnaie, même à partir de rien. Encore faut-il qu’elle aille quelque part ! Jusqu’à présent, cette manne qui n’a rien de céleste, ne s’est pas diffusée dans l’économie « réelle » (celle des entreprises) mais a surtout servi à alimenter des « bulles », image empruntée aux bulles de savon, qui, comme ces dernières, finissent toujours pas éclater. Et les dommages collatéraux peuvent être colossaux. Et en première ligne de danger, on trouve certaines grandes banques internationales.
La seconde vient de la montée d’un phénomène péjorativement appelé le « populisme ». Et c’est le plus dangereux vu par nos élites dirigeantes. Jusqu’à présent, les peuples ne les intéressaient qu’au travers des résultats électoraux. Les progrès, à la fois dans le domaine technologique, mais également psychologique, permettent en effet d’orienter les bulletins de vote vers le ou les candidats souhaités, tout en donnant l’illusion du parfait respect de la démocratie. Mais là aussi, il existe une limite. Les peuples ont de la mémoire et lorsqu’ils constatent que les changements de personnes successifs ne modifient en rien les politiques suivies, ils en tirent les conséquences.
Les peuples veulent être entendus
Sous la poussée mondialiste de l’après-guerre, une nouvelle architecture a vu le jour, notamment en Europe, dans laquelle les États-nations devaient progressivement se fondre en une seule entité. Certaines voix, dont celles du général de Gaulle, qui voyait dans les nations « les seules réalités internationales » n’ont pas été écoutées. Les peuples se sont vus, d’une manière insidieuse, dépossédés de leur souveraineté. Pas trop regardants au départ, ils se sont rendu compte que le système du libre-échange généralisé augmentait les écarts entre des riches-toujours-plus-riches et des pauvres-toujours-plus-pauvres. Si la première génération de la guerre l’a admis, les suivantes sont devenues plus critiques et on estime que seulement 30% de la population de l’Union Européenne soutiendrait encore cette vision de l’Europe. Ce retour des nations est une réalité palpable qui ne peut plus être ignorée et le concept flou de souveraineté européenne sans qu’il y ait réellement un peuple européen apparaît comme un leurre.
La succession des réveils
Cela a commencé par la révolte du peuple grec en 2010, puis les montées des partis qualifiés de « populistes » lente mais régulière élection après élection. En 2014, le Front National devenait le 1er parti de France en nombre de suffrages exprimés lors des élections européennes. Et ce fut la Hollande, le BREXIT en 2016, l’Autriche en 2017 et l’Italie tout récemment. En même temps, une immigration volontairement non-contrôlée provenant du Moyen-Orient et de l’Afrique avait fait brutalement prendre conscience aux peuples que la disparition des frontières les rendait vulnérables. Ce grand retour des Nations se constate également aux États-Unis, en Russie et en Chine.
La situation devient préoccupante pour les mondialistes partisans des échanges « multilatéraux », en clair le libre-échange généralisé.
L’Italie risque de subir un sort « exemplaire »
Le projet de gouvernement proposé par « La Ligue » et le parti « M5S » met clairement en évidence un refus de suivre la politique d’austérité imposée par Bruxelles. Or, l’Italie est la 3ème économie européenne. Logiquement, la réalisation de ce programme devrait la conduire à sortir de la zone euro afin de récupérer sa souveraineté monétaire. Stephen Goodson montre clairement que les États dont la monnaie est contrôlée directement par le pouvoir politique s’en sortent mieux économiquement que ceux qui ont confié le contrôle de leur monnaie à une banque centrale indépendante et hors de leur souveraineté [1]. On peut d’ailleurs constater qu’en France, la dette publique a commencé à croître exponentiellement après l’adoption de la loi du 3 janvier 1973, interdisant au Trésor Public de « présenter ses effets à la Banque de France »
Il est donc très probable que les tenants du libre-échange généralisé vont s’opposer par tous les moyens à la réalisation de ce programme italien qui représente pour eux un enjeu majeur. Laisser l’Italie sortir de l’euro implique, dans l’état actuel des traités, qu’elle quitte l’Union Européenne. On ne voit pas comment, amputée d’un de ses membres fondateurs, celle-ci pourrait continuer d’exister sous sa forme actuelle, plus proche d’un « empire technocratique » que d’une fédération d’États.
On fait souvent référence aux « États-Unis d’Europe ». Ceci n’est qu’un artifice de plus qui ignore volontairement une réalité pourtant évidente : derrière les États-Unis d’Amérique, il y a d’abord et avant tout un peuple Américain qui a fondé la Nation Américaine. Cela n’est pas le cas de l’Union Européenne dans laquelle les peuples tiennent à conserver leur identité et leur souveraineté.
On voit que les mois prochains vont s’avérer cruciaux et qu’aucun peuple européen ne peut se tenir à l’écart et se doit de manifester son soutien à ce combat pour la souveraineté retrouvée du peuple italien.
(Suite : cliquez ici)
Jean Goychman
24/05/2018
[1] Histoire des Banques Centrales, de Stephen Goodson (éd. Omnia-Veritas).