« Ils furent ici moins de soixante opposés à toute une armée. Sa masse les écrasa. La vie plutôt que le courage abandonna ces soldats français »
(Inscription figurant sur le monument de Camerone, au Mexique).
Le 25 avril, à la Sorbonne, Emmanuel Macron a ouvert « sa » campagne en vue des élections de juin prochain, et, comme je le répète assez régulièrement dans mes articles, il a avancé ses pions vers une gouvernance européenne. Il veut réaliser le vieux rêve de Giscard d’Estaing et aller à marche forcée vers la fin des nations au profit d’un conglomérat européen. Fidèle à lui-même, il a saoulé son auditoire de formules emphatiques et pompeuses. Il y a mis la gravité et l’intonation qui conviennent aux moments historiques. Cet avorton se prend pour Churchill alors qu’il est une bien pâle copie de Castro, un « leader minimo » que je me plais à surnommer « Fidel Castré ».
Pour être franc, je dois vous avouer que n’ai pas écouté l’intégralité du discours présidentiel. Ce type, narcissique et vaniteux comme un paon, m’insupporte. Sa seule présence sur un écran de télé suffit à faire monter ma tension et à me mettre de mauvaise humeur. Mais les médias nous ont copieusement abreuvés des meilleurs moments de l’interminable prêche élyséen.
J’ai noté, une fois de plus (et alors qu’il est aux affaires depuis 2017), que celui qui fait office de président de la « start’up France » n’est responsable de RIEN. Depuis qu’il est au pouvoir, la dette de la France est passée de 2000 milliards d’euros à plus de 3000 milliards ; c’est le prix du « quoi qu’il en coûte ». Un prix pharaonique, exorbitant, démentiel, qu’il faudra bien payer un jour !
Macron a également fait rentrer régulièrement plus d’un million d’immigrés dans notre pays. Il en rentre plus du double clandestinement, et il ose nous dire que nous devons mieux protéger nos frontières. À la solde de la finance apatride, il regarde avec cynisme notre pauvre France se déliter. Il est vrai qu’il a été choisi et formaté pour ça. Il ne fait qu’obéir docilement à ses maîtres mondialistes.
Peut-être faudrait-il lui rappeler que – selon la Constitution – il est garant de la souveraineté de la France car il semble avoir oublié les cours de droit constitutionnel de Sciences-Po et de l’ENA.
Comme il n’est pas tout à fait idiot et qu’il voudrait être le premier président d’une Europe fédérale, voilà qu’il souhaite réinventer la CED, la « Communauté Européenne de Défense » rejetée par la France en…1954 (1). Il croit que la détention de l’arme atomique nous met d’office en position de leader européen. Je fais partie des gens qui pensaient que la première avancée vers une véritable « union européenne » – au sein d’une Europe des Nations – aurait été de bâtir une défense commune. A condition que cette défense soit indépendante des États-Unis et de l’OTAN. Or nous savons, depuis la tentative de CED de 1954, que c’est une utopie, un rêve éveillé, un fantasme, un peu comme la création de deux états en Palestine. Ça meuble les conversations de salon un point c’est tout !
Qui sait, pour aller se battre contre le Russe, qui symbolise pour lui le mal absolu, Macron va peut-être réinventer la LVF (2) ? Mais qui, chez nous, est prêt à mourir pour Kiev ? Pour Bruxelles ? Pour l’Europe ? Le 4 mai 1939, Marcel Déat, néo-socialiste, pacifiste (et futur collaborationniste), publiait un article à la une du journal « L’Œuvre » intitulé « Faut-il mourir pour Dantzig ? ». Et de nos jours, Macron et quelques experts autoproclamés nous disent que nous devons nous préparer à mourir pour l’Ukraine. De qui se moque-t-on ? Nous prend-on pour des demeurés ?
En mars 1938, Hitler envahissait l’Autriche, sans opposition en Europe. Le 30 septembre 1938, les « Accords de Munich » étaient signés entre l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie qui cédaient au III° Reich les Sudètes et entrainaient indirectement la fin de la Tchécoslovaquie (les Allemands envahiront la Bohême et la Moravie en mars 1939). Les Occidentaux croyaient avoir évité la guerre. Alors qu’Hitler s’était engagé à ne plus avoir de revendications territoriales, quelques mois plus tard, l’Allemagne réclamait la rétrocession de Dantzig et du corridor homonyme (3). Aujourd’hui, quand on ose s’inquiéter, à juste titre, d’une possible guerre, on nous traite de lâches et on nous reproche un « esprit munichois ». Rappelons simplement à ceux qui pérorent sur le sujet que les « Accords de Munich » étaient un lâchage, un abandon indigne, de la Tchécoslovaquie avec laquelle nous avions un traité d’alliance. Léon Blum, pourtant favorable aux « Accords de Munich », se disait « partagé entre un lâche soulagement et la honte ».
Et Churchill a eu cette belle envolée envers Daladier :
« Vous avez préféré le déshonneur à la guerre ; vous aurez le déshonneur ET la guerre ! »
C’est cela « l’esprit munichois » : le non-respect honteux d’un traité d’alliance. Or, je ne cesse de répéter que l’Ukraine n’est membre ni de l’UE ni de l’OTAN. Cette guerre qui n’en finit pas, cette guerre qui met notre économie à genoux, qui lamine notre paysannerie, ne devrait pas nous concerner. On peut avoir de la sympathie, de la compassion, de la pitié, pour le peuple ukrainien mais ne sacrifions pas la realpolitik aux pseudos bons sentiments.
L’économie russe se porte bien, malgré les rodomontades et les menaces de Bruno Le Maire.
On me dit que la nomenklatura ukrainienne, totalement corrompue, et le clan Zélensky (en affaire avec Biden fils) s’enrichissent un peu plus chaque jour, « et en même temps » comme dirait le gnome élyséen, la France s’enfonce dans un marasme économique inquiétant. Ce pays – trahi par ses dirigeants – ne croit plus à rien. Il a honte de son passé, il renie son histoire, son épopée coloniale. Il n’a plus d’idéal, plus de rêves de grandeur. Sa future élite, celle des grandes écoles, des facultés, de Sciences-Po, à la remorque des universités américaines, soutient les terroristes du Hamas.
Que peut-on attendre de cette jeunesse ? Rien ! Nada ! Que dalle !
Mais, heureusement, quelques traditions, quelques valeurs chevaleresques survivent encore chez nous. Notre belle Légion Étrangère sait ce qu’est le « devoir de mémoire », et chaque année je fête Camerone avec mes camarades légionnaires (4), à Nîmes, Aubagne, Orange ou… La Rochelle.
Pour la Légion le 30 avril est un jour sacré : la commémoration de Camerone, le 30 avril 1863.
Camerone, c’est ce combat épique qui opposa une compagnie de la Légion Étrangère aux troupes mexicaines durant la calamiteuse expédition française du Mexique (5). 62 Légionnaires, assiégés dans un bâtiment d’une hacienda de Camarón de Tejeda, résistèrent toute une journée à l’assaut de 2 000 fantassins et cavaliers mexicains. Après onze heures de combat, les 6 survivants encore en état de se battre, à court de munitions, chargèrent baïonnette au canon. Un officier mexicain – d’origine française – somme alors les survivants de se rendre. Le caporal Maine répond :
« Nous nous rendrons si vous nous faites la promesse la plus formelle de relever et de soigner notre sous-lieutenant et tous nos camarades atteints, comme lui, de blessures ; si vous nous promettez de nous laisser notre fourniment et nos armes. Enfin, nous nous rendrons, si vous vous engagez à dire à qui voudra l’entendre que, jusqu’au bout, nous avons fait notre devoir. »
« On ne refuse rien à des hommes comme vous »,lui répond l’officier mexicain.
Les rescapés sont présentés au colonel Milan, qui s’écrie : « ¡Pero estos no son hombres, son demonios! » (« Mais ce ne sont pas des hommes, ce sont des démons »).
Chaque 30 avril, partout où se trouve la Légion – dans ses casernements, en manœuvre, en opération extérieure – et dans les amicales d’anciens Légionnaires, on récite (6) ou on lit, le « récit de Camerone ». Un texte clair, concis, rédigé avec des mots simples pour que les Légionnaires, issus de 180 nationalités et maitrisant souvent mal de français, puissent le comprendre :
« L’armée française assiégeait Puebla. La Légion avait pour mission d’assurer, sur cent vingt kilomètres, la circulation et la sécurité des convois. Le colonel Jeanningros, qui commandait, apprend, le 29 avril 1863, qu’un gros convoi emportant trois millions en numéraire, du matériel de siège et des munitions était en route pour Puebla. Le capitaine Danjou, son adjudant-major, le décide à envoyer au-devant du convoi, une compagnie. La 3ème compagnie du Régiment Étranger fut designée mais elle n’avait pas d’officier disponible. Le capitaine Danjou en prend lui-même le commandement et les sous-lieutenants Maudet, porte-drapeau, et Vilain, payeur, se joignent à lui volontairement… etc…»
Le 1er mai 1853 – soit presque dix ans jour pour jour avant Camerone – le sous-lieutenant Danjou, au cours d’une expédition en Algérie, perdait la main gauche à la suite de l’explosion de son fusil. Il la remplacera par une prothèse articulée en bois, dont il se servira comme d’une vraie main.
Il sera lieutenant le 23 décembre 1853, puis capitaine le 9 juin 1855 à titre exceptionnel au siège de Sébastopol et, enfin, capitaine adjudant-major le 18 septembre 1855.
Le 16 avril 1856, il était fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
En 1865, la main articulée du capitaine Danjou est rapportée à Sidi-Bel-Abbès – berceau de la Légion Étrangère – par le colonel Guilhem.
Depuis, cette relique est conservée à Aubagne (7), dans la crypte du musée de la Légion. Tous les ans, lors de la cérémonie de Camerone, la main du capitaine Danjou est portée sur la « voie sacrée », jusqu’au monument à la gloire de la Légion Étrangère (8), par un Légionnaire – officier, sous-officier ou homme du rang – choisi par ses pairs.
Le 30 avril 1961, la main du capitaine Danjou n’a pas été présentée aux Légionnaires : ce jour-là était un jour de deuil : celui de la dissolution du 1er REP (9), régiment fer-de-lance du putsch d’Alger les 21-22 et 23 avril précédents.
Ce combat de Camerone, défaite contre un ennemi mieux armé (10), à un contre trente, est entré dans l’histoire – comme Bazeilles pour les « Marsouins » ou Diên-Biên-Phu pour les paras et (encore !) la Légion – parce qu’il symbolise l’acte gratuit, le courage, la volonté, l’honneur et la fidélité à la parole donnée. « Honneur et Fidélité » : magnifique devise de la Légion !
J’ai tendance à penser, mais ceci n’engage que moi, que c’est la grandeur de la France qui fabriquait des héros de cet acabit. Certes, le courage est une affaire personnelle, et, comme je n’en ai pas à revendre, je suis assez mal placé pour en parler mais, en revanche, NOTRE histoire me parle.
Sous l’Empire, les généraux chargeaient à la tête de leurs hommes. Ceux qui survivaient aux combats finissaient maréchaux d’Empire. Cette valeur de l’exemple a perduré longtemps. Dans un de mes livres (11) j’ai écrit au sujet des émeutes parisiennes de juin 1848 :
« Durant l’insurrection on vit des généraux se battre avec une fougue de sous-lieutenant : le général Duvivier sera mortellement blessé près de la Seine, son successeur, le général de Négrier, blessé cinq fois à Waterloo, avait été tué au cours d’un assaut à la Bastille. Le général Bedeau, ancien chef de la Légion Étrangère, avait été grièvement blessé près du faubourg Saint Antoine. Cavaignac en personne, général-ministre de la guerre, et son adjoint Lamoricière avaient repris à la hussarde le faubourg Saint Denis, le général Bréa avait été massacré à la Porte d’Italie et le général Damesne avait tiré au canon sur le Panthéon avant d’être mortellement blessé. Arrêtons là l’énumération. L’insurrection parisienne a été matée au prix de milliers de tués dont …huit généraux… ».
Imaginerait-on, de nos jours, le « Chef des Armées », moulé dans sa combinaison d’aviateur faite sur mesure, montant sous la mitraille à l’assaut d’une barricade ?
Plus sérieusement, concluons avec quelques mots sur cette triste campagne du Mexique.
En avril 1865, la Guerre de Sécession américaine prenait fin avec la victoire du Nord.
Les Républicains mexicains poussèrent le gouvernement américain à masser ses troupes le long de la frontière avec le Mexique. Les troupes républicaines virent aussi leurs effectifs augmentés d’anciens combattants de la Guerre de Sécession américaine. Dans le même temps, les États-Unis pressaient les Français d’abandonner le Mexique. La France ne pouvait plus se permettre de gaspiller ses forces dans une aventure aussi lointaine. Napoléon III retira donc ses troupes, abandonnant les villes du nord, Mexico, Puebla, et Veracruz. En février 1867, le dernier navire français quittait les rives du Mexique. Sur les 38 493 militaires français envoyés au Mexique, 6 654 y sont morts de blessures ou de maladie. Puis la guerre du Mexique fit trois derniers morts.
En juin 1867, l’empereur Maximilien, qui se croyait capable de maintenir l’Empire sans aide étrangère, avait refusé d’abdiquer. Il se réfugia dans Santiago de Querétaro. Bientôt cerné par les Républicains, il se rendit. L’empereur pensait naïvement qu’il serait conduit à Veracruz et rembarqué sur le premier navire en partance pour l’Europe. Il fut condamné à mort.
Le 19 juin 1867, à Santiago, il fut exécuté avec ses généraux Miramón et Mejía.
Napoléon III qui, comme son oncle, rêvait de gloire et de conquête s’était lancé dans une aventure mal préparée ; il voulait donner au Mexique un empereur Habsbourg. Cette expédition du Mexique nous coûtait beaucoup de morts, de blessés, d’invalides et, accessoirement, elle nous valait un coup de poignard dans le dos des Américains ; ce ne sera hélas pas le dernier…
Depuis le combat héroïque des Légionnaires du capitaine Danjou, chaque fois qu’une unité mexicaine passe devant le monument de Camerone, elle présente les armes.
Éric de Verdelhan
28/04/2024
1) Le Traité a été rejeté par l’Assemblée Nationale française le 30 août 1954 par 319 voix contre 264. Les gaullistes et les communistes – pour des raisons différentes – n’en voulaient pas.
2) LVF : Légion des Volontaires Français (contre le bolchévisme) créée le 8 juillet 1941 pour aller se battre sur le front russe.
3) La ville de Dantzig, à majorité allemande, et le corridor situé juste à l’ouest ont été institués en 1919 par le traité de Versailles pour permettre à la Pologne d’avoir un accès à la Baltique, mais sépare la province de Prusse-Orientale et Dantzig du reste de l’Allemagne.
4) Je n’ai jamais servi dans la Légion Étrangère ; je suis simplement membre-ami de l’Association des Anciens de la Légion Étrangère (AALE) et ce, depuis des années.
5) « Camerone » de Pierre Sergent (Fayard ; 1980) est, à mon humble avis, l’un des meilleurs livres sur le combat de Camerone.
6) Une tradition légionnaire voulait, jadis, qu’un lieutenant méritant apprenne par chœur le « récit de Camerone » pour le réciter à ses hommes le 30 avril.
7) Maison-mère de la Légion depuis la fin de l’Algérie française.
8) Ce monument, construit à l’initiative de général Rollet, le premier « Père Légion », sera démonté et reconstruit à Aubagne, Le 26 octobre 1962. Ce sera le premier travail accompli par les Légionnaires du 1er Régiment Étranger.
9) REP : Régiment Etranger de Parachutistes.
10) Les Légionnaires étaient équipés de fusils à un coup à chargement par la bouche : la carabine Minié à balle forcée. Chaque légionnaire disposait de 60 coups, mais les Mexicains, outre l’avantage du nombre, disposaient d’armes américaines à répétition et à grande portée.
11) « Hommage à NOTRE Algérie française » Dualpha ; 2019.
il manque des champs de braises
Vous vénérez à juste titre, et moi aussi, notre Légion Etrangère qui est dans toutes les bouches des hypocrites qui nous gouvernent, pour autant Macron est le président donc, s’il en donne l’ordre, la Légion Etrangère, marchera …ou pas…au son des clairons. Elle est légaliste pour le moins et ceux qui se gargarisent des qualités qu’elle a, seront sans doute les premiers à les dénoncer en cas de grabuge. Où sont donc les DENOIX de SAINT MARC, les SERGENT qui mettaient leur peau au bout de leurs idées.
Vous avez tout à fait raison
Entièrementr d’accord avec votre message. Cess Hommes méritent tout notre Respect. Ils ont fait tous les théâtres de guerre de la France et sont couverts de médailles, preuves de leur engagement. Pour avoir fait la guerre dAlgérie sur leur aile droite, je sais ce qu’ils valent, ce dont ils sont capables et pourquoi ils existent encore alors que des bataillons entiers de l’Armée de terre ont disparu au gré de ceux qui nous gouvernent. Et comme, depuis plus de 50 ans, j’écris des poèmes, je vous mets ci-dessous les derniers vers de l’un d’eux écrit récemment :
Entreprenez et risquez les gros dangers
Qui ont mis le pays en forme de quarantaine
Il faudra bien tuer
Ces populations à l’odeur si malsaine.
Et, tant pis, si pour cela nous devons en crever
Les guerres ne sont souvent qu’une solution
Réservée
A ceux qui donnent leursang pour la Nation