CHAMBRE DES DÉPUTÉS OU ANTICHAMBRE DES DÉPITÉS ? (Eric de Verdelhan)

« Cette extrême droite qui fut autant à Londres qu’à Vichy, et dans les maquis bien avant que les communistes n’y vinssent. Cette extrême droite qui a eu le malheur de défendre l’intégrité de la République qui comprenait alors trois départements d’Algérie, comme jadis on défendait l’Alsace-Lorraine… Cette extrême droite qui s’est beaucoup trompée et a essuyé moult défaites, mais qui a eu raison aussi avant tout le monde lorsqu’elle alertait sur le danger allemand (dès la fin du XIX° siècle et dans l’entre-deux-guerres) et le danger migratoire et islamique dès les années 1970. Cette extrême droite, qui n’est que l’outil tactique utilisé par la gauche pour distinguer entre le bien et le mal, diviser ses adversaires et se maintenir au pouvoir alors qu’elle est minoritaire dans le pays. Une extrême droite imaginaire qui n’est en vérité qu’une droite patriotique en quête d’ordre et d’un légitime conservatisme, où je me sens bien… »

(Eric Zemmour).

 

 

Depuis un bon demi-siècle, mes amis, mes proches et bien sûr mes ennemis m’ont catalogué, étiqueté et remisé à la droite de la droite, dans le camp de l’extrême-droite ; la « peste brune » qui véhicule des idées « nauséabondes ». Je dois avouer que c’est bien volontiers que j’acceptais cette étiquette, j’en faisais même une gloire. Ne pas bêler avec les moutons de Panurge centristes, ne pas hurler avec les loups gauchistes, aura été chez moi, depuis toujours, une posture, une discipline, un mode de vie ou, si vous préférez, un comportement d’homme libre, car la liberté est essentiellement une valeur de droite. A gauche on parle toujours DES libertés (collectives) tout en favorisant un individualisme égocentrique et narcissique. Ces gens-là aiment le collectivisme mais pour le « vulgum pecus », pas pour eux. Ils passent leur temps à donner des leçons d’humanisme, de générosité, de multiculturalisme, de « vivre ensemble », mais sont souvent des monstres d’égoïsme.

Me voilà « à l’automne de la vie » comme disent les poètes (et les cuistres). Dans quelques jours j’aurai 75 ans…Je ne sais pas si je fais partie des « séniors », des « ainés », du « troisième âge » ou tout simplement des vieux croutons ? Je ne sais plus qui a dit « On devient vieux quand le poids de l’expérience supplante celui de l’espérance » ? J’ai une certaine expérience des choses de la vie, et, je l’avoue, de moins en moins d’espérance. Même s’il m’arrive d’être satisfait un soir d’élections.

Le premier tour des législatives aura été conforme à mes prévisions : un très beau score pour le RN (33,15%) ; le « Fronte Crapular » à 27,99% ; la macronie à 20,04% ; LR et divers droite à 10,23%.

Je me réjouis des résultats du RN et de l’élection, dès le premier tour, de 39 députés. Même si le programme économique du RN est carrément socialiste, ne boudons pas notre plaisir !

« Reconquête ! » obtient…0,75%, autant dire que ce parti est quasiment mort-né et qu’il aura été tué par celui-là même en qui nous fondions d’énormes espoirs en 2022. Nous sommes habitués aux chicayas stériles, aux guerres intestines et aux querelles d’égo des mouvements et groupuscules de droite nationale ou nationaliste, mais je pensais, naïvement sans doute, qu’Eric Zemmour, qui est cultivé, intelligent et très au fait de la politique, serait différent des autres. Je me suis lourdement trompé, errare humanum est ! Eric Zemmour peut devenir un maître-à-penser, un idéologue, de la droite conservatrice et souverainiste comme l’a été en son temps Patrick Buisson. « Reconquête ! » aura eu le mérite de droitiser la droite et de remettre l’islamisation de la France au cœur des débats.

Même si je m’amuse, je me gausse, je m’esbaudis, des gueules inverses des déçus et/ou des battus de ces élections, je suis assez pessimiste pour la suite. Je crains le pire ! Que la chambre des députés se transforme en antichambre des dépités ne suffit pas à calmer mes inquiétudes.

Pendant des mois – en gros depuis 2022 – j’ai entendu des hommes politiques, des experts, des chroniqueurs et des journalistes nous expliquer que Mélenchon se tirait une balle dans le pied, qu’il était politiquement fini, qu’il effrayait la « gauche-caviar », que ses coups de gueule tonitruants et ses rodomontades de faux-dur insupportaient son propre camp ; et que son antisémitisme et son soutien au Hamas ne pouvaient que le disqualifier et l’exclure du fameux « arc républicain ».

Mouvement Communiste Internationaliste – Pour la reconstruction de la Quatrième InternationaleDe mon côté, je faisais remarquer que Mélenchon, quoi qu’on en pense, n’est pas idiot, qu’il est cultivé, et que c’est un tribun qui baigne depuis toujours dans la politique. Il est tombé dans la marmite étant tout jeune, au sein de l’« Organisation Communiste Internationaliste », mouvement trotskiste de tendance lambertiste. De surcroît il est franc-maçon, ce qui ouvre pas mal de portes.

Mélenchon rêve, pour lui, d’un grand destin et…d’un grand soir révolutionnaire. Bien avant « Terra Nova » le think tank (ou la boite-à-penser) des socialistes, il a compris que la gauche avait perdu son électorat ouvrier et ce pour deux raisons : Primo, la désindustrialisation de la France a laminé le prolétariat ; secundo, le peu qui reste vote pour le RN. Mais il a compris aussi que le pays était devenu une colonie de peuplement de ses anciennes colonies et que « les territoires perdus de la République » étaient un vivier inépuisable de nouveaux électeurs. Le « Souchien » fait moins de deux enfants par famille quand les Français du « jus solis » ou du regroupement familial en font cinq.

Il a bien analysé l’abêtissement du pays, son manque de maturité politique, son nombrilisme, son goût pour les loisirs – panem et circenses –  et, en bon révolutionnaire, il a su opposer les « nantis », les Franchouillards de souche, aux « damnés de la terre » issus de l’immigration. En quelques années, il a parfaitement su attiser les haines, même au sein du Palais Bourbon.

Largement devancé par la liste de Raphaël Glucksmann aux européennes, Mélenchon a su, dès la dissolution, reprendre la main et imposer son « Nouveau Front Populaire ». Ceci en moins de 24 heures et en se taillant la part du Lion. Chapeau l’artiste, même si ça fait frémir, car à y regarder de près, les résultats du 30 juin sont inquiétants, que dis-je, terrifiants. Le NFP a obtenu 32 députés dès le premier tour, élus pour la plupart avec des scores dignes de républiques bananières : 71,8% pour Stéphane Peu et 71,6% pour Bastien Lachaud, tous deux dans le « 9-3 ».

Les sortants les plus haineux, les plus agressifs, les plus hargneux, de LFI ont tous (ou toutes) été réélus avec des résultats impressionnants : Manuel Bompard, Sébastien Delogu, Sophia Chikirou, Danièle Obono, Aymeric Caron, Eric Coquerel, Carlos Martens Bilongo…etc… Les poissardes du parti, Clémentine Autain et Mathilde Panot, sont réélues avec 63% des voix pour l’une et presque 60% pour l’autre. « Loulou la came » et Rachel Kéké sont presque assurés de leur élection le 7 juillet. En revanche, Fabien Roussel, qui avait choisi une ligne moins dure, a été battu et Francois Ruffin est en ballotage. Hier l’avorton présidentiel et le gamin inverti qui lui sert de premier ministre ont appelé au « front ripoux-blicain » : pas une voix ne doit aller au Rassemblement National, quitte à faire élire un gauchiste du Nouveau « Fronte Crapular ». Macon, le pompier-pyromane, est à l’œuvre. Il souhaite que le pays soit ingouvernable et, dans un an (1), il est capable de décréter une nouvelle dissolution pour préparer 2027. Il se fout de la « start’up nation », seule l’Europe l’intéresse.

Quand je développe mon point de vue devant des amis, ils me taxent de pessimisme.

Si assister – impuissant – au délitement, à la dégénérescence, à la descente aux enfers de sa patrie, depuis un demi-siècle, est assimilable au pessimisme, alors oui, je suis pessimiste !

Si considérer qu’un pays qui assassine ses enfants à naître à raison de 230 000 par an, pour les remplacer par les « Français de papiers » du « Jus Solis », ou des immigrés qu’on régularise à tour de bras, est une forme de pessimisme, alors oui, je suis pessimiste !

Si s’indigner de voir défiler, dans nos rues, des musulmans qui brûlent notre drapeau et nous traitent d’islamophobes, des racialistes qui nous crachent dessus et déboulonnent les statues de nos grands hommes, traduit un certain pessimisme, alors oui, je suis pessimiste !

Si voir les banlieues s’enflammer quand un dealer afro-maghrébin se fait bastonner par la police « et en même temps » trouver presque normal que des allogènes tentent de tuer des policiers en mettant le feu à leur voiture, c’est du pessimisme, alors oui, je suis pessimiste !   

Si penser que l’Occident chrétien suit la même pente dangereuse, suicidaire, que l’Empire romain après l’Edit de Caracalla (2) c’est aussi du pessimisme, alors oui, je suis pessimiste !

Ceux qui croient au Ciel (je suis de ceux-là) savent qu’il y a une vie éternelle après un passage sur terre plus ou moins long. Mais, de mon côté, je ne suis pas pressé de rejoindre un monde réputé meilleur. J’aime la vie que je ne considère pas comme une « vallée de larmes », tant s’en faut !

Mais la vie, il faut la croquer à pleines dents car elle est belle pour qui vit en homme libre, étant entendu que notre liberté s’arrête où commence celle de notre voisin, et réciproquement.

Dans mon existence, j’ai beaucoup voyagé. Dans des ailleurs plus ou moins lointains comme en France, j’apprécie d’abord la beauté : d’un paysage, d’un monument, d’un tableau, d’un morceau de musique, d’une jolie femme, d’une fleur…que sais-je encore ?

Je n’ai jamais eu le chauvinisme, l’esprit de clocher, ou le patriotisme cocardier des imbéciles.

Mais je suis né français et, pendant longtemps, j’ai pensé que c’était une chance. Je ne suis absolument pas « citoyen du monde » car je respecte le patriotisme et la culture des autres peuples, leurs traditions, leur mode de vie et, disons-le, leurs différences.

Je n’aspire pas à devenir « homo mondialus » : ce crétin à bonnet, nourri au hamburger, gavé au Coca-cola, abruti par la téléréalité, le loto, le foot et le porno ; ce bipède apatride, sans racine, sans repères, fruit d’un métissage identitaire, racial, ethnique et parfois même sexuel, que le Nouvel Ordre Mondial rêve de standardiser. Il n’y a pas la moindre connotation raciale dans mon propos, car, comme Jean Raspail, j’aime les races, alors que certains voudraient nous faire croire qu’il n’y a aucune différence entre un Chihuahua, un Caniche et un Berger allemand. 

Mais, respectueux de l’autre chez lui, je ne supporte plus que des gens venus chez nous pour profiter de la générosité de notre système social (3), veuillent nous imposer leurs lois, leur religion, leurs us et coutumes. Je ne supporte pas, non plus, que des « invertis » se permettent de vouer aux gémonies ceux qui pensent qu’un couple c’est obligatoirement un homme et une femme, ne serait-ce que pour la reproduction de l’espèce. Et je ne tolère pas – alors que nous représentons 1% de la population mondiale et 0,8% des émissions de gaz à effet de serre – que des « Khmers verts », aussi sectaires que bornés, nous soumettent à leurs diktats déclinistes et à leur écologie punitive…

Comme j’ai tendance à baisser les bras, on m’invite à la résilience. Il parait que c’est mieux que la passivité. Ce mot, oublié, est redevenu à la mode. Permettez-moi de lui préférer résistance. La résilience, c’est subir, se soumettre, accepter le panurgisme des masses, l’obéissance servile, avec la bonne conscience des lâches (ou des larves). Nous pouvons encore mener un combat d’arrière-garde, un baroud d’honneur, qui ne retardera pas le déclin de l’Occident. Tous les jours nous perdons du terrain, au propre comme au figuré.  Les banlieues nous le démontrent : les « territoires perdus de la République » ne sont pas perdus pour tout le monde. Mélenchon nous le prouve.

Écoutons ce que disait Jean Raspail peu de temps avant sa mort (13 juin 2020) ? :

« Je crois que les carottes sont cuites. Car je suis persuadé que notre destin  est scellé, parce qu’« ils sont chez eux chez moi » (Mitterrand), au sein d’une « Europe dont les racines sont autant musulmanes que chrétiennes »(Chirac), parce que la situation est irréversible jusqu’au basculement définitif…qui verra les « Français de souche » se compter seulement la moitié – la plus âgée – de la population du pays, le reste étant composé d’Africains, maghrébins ou noirs … avec forte dominante de l’islam…Cette danse-là ne faisant que commencer. Toute l’Europe marche à la mort… »

Mais l’auteur du « Camp des Saints » (4), ce magnifique roman prémonitoire publié en 1973, entrevoit le long terme:

« Assurément, il subsistera ce qu’on appelle en ethnologie des isolats, de puissantes minorités, peut-être une quinzaine de millions de Français qui parleront encore notre langue et s’obstineront à rester imprégnés de notre culture et de notre histoire telles qu’elles nous ont été transmises de génération en génération… Face aux différentes « communautés » qu’on voit se former sur les ruines de l’intégration… Il s’agira en quelque sorte d’une « communauté de la pérennité française ». Celle-ci s’appuiera sur ses familles, sa natalité, son endogamie de survie, ses écoles, ses réseaux de solidarité, ses zones géographiques, ses portions de territoire, ses quartiers, et pourquoi pas, sa foi chrétienne, et catholique avec un peu de chance si ce ciment-là tient encore… ».

 Des dernières élections, nous pouvons tirer un autre enseignement : Dans la France actuelle, les grandes métropoles sont majoritairement à gauche (socialiste, écolo ou extrême-gauche) c’est la France des territoires, la « France périphérique », qui vote à droite. L’idée d’un repli dans quelques provinces encore calmes, loin des grands centres urbains, dans cette « France rancie » qui déplait tant à BHL ou Laurent Joffrin, n’est pas farfelue. Ceux qui s’intéressent  à notre histoire savent que la taille de notre pays a connu des hauts et des bas. Roi Hugues Capet ou à la Chape (Francs), capétien. Naissance, mort, couronnement, règne. Capétiens

Lors de l’avènement d’Hugues Capet, elle était très restreinte. Ses possessions, discontinues, étaient concentrées dans l’Île-de-France et l’Orléanais. 

 

C’est le Règne de Louis XI (1461-1483) qui va agrandir et structurer le pays par l’adjonction, entre 1477 et 1483, des Comtés de Ponthieu et de Boulogne, du Duché d’Anjou, de la Bourgogne et de la Picardie (par le Traité d’Arras), de la Provence et du Maine…entre autres.

La France sera étendue à toute l’Europe grâce à Napoléon, mais ça finira mal.

Sous le Second Empire, puis la III° République, elle couvrira la moitié de l’Afrique, jusqu’à ce que De Gaulle ne la ramène à un hexagone étriqué, et que ses successeurs – à l’exception de Georges Pompidou – n’en fassent un pays en voie de sous-développement ; un vulgaire « land » européen qui ne produit plus rien et est devenu une colonie de ses anciennes colonies.

En conclusion, je ne sais pas si je suis un pessimiste (ou un optimiste lucide ?) mais je préfère ça à l’optimisme béat des gens qui espèrent et attendent un sauveur, un homme (ou une femme, parité oblige !) providentiel car il (ou elle) ne viendra pas. Je pense, comme Michel Onfray, que nous vivons la fin d’une civilisation. Essayons de la vivre le moins mal possible.

Le 7 juillet, je voterai RN en souhaitant qu’il obtienne une majorité absolue.

Ensuite, Inch’Allah, mektoub !

 

Eric de Verdelhan

03/07/2024

1) La Constitution lui interdit une nouvelle dissolution avant un an.

2) l’Edit de Caracalla de l’an 212 accordait la citoyenneté romaine aux étrangers à l’Empire. Jusqu’en 212, la citoyenneté romaine (avec ses privilèges mais aussi ses devoirs fiscaux) n’était accordée de façon globale qu’aux habitants de l’Italie et dans les provinces ayant le statut de colonie romaine.

3) Qui est, en réalité, plus socialiste que social. 

4) « Le camp des Saints » de Jean Raspail ; Robert Laffont ; 1973.

 

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1 Commentaire

  1. La flamme de la Résistance française ne doit pas s ‘éteindre et ne s’éteindra pas dixit un général !….Quant aux allogènes qui ont su si bien nous rappeler en son temps que là où nous étions (nos colonies) nous n’avions rien à y faire, il faudra qu’ils se mettent bien en tête que dans notre patrie française cette fois nous avons nos racines, profondes !Ils peuvent bien mettre le feu, il y aura toujours des racines qui germeront et alors il leur arrivera ce qui est arrivé jadis à nos pieds noirs !…