(Will Cuppy).
À moult reprises, je vous ai parlé des archives familiales dans lesquelles j’ai retrouvé les écrits – missives ou chroniques de voyages – d’un aïeul, Jean-Aymard de Séconlat, petit hobereau cévenol qui a passé sa vie à parcourir le vaste monde et à étudier l’histoire et les mœurs des contrées qu’il visitait. Jean-Aymard de Séconlat, qui se passionnait également pour l’ethnologie et l’histoire, a laissé des notes manuscrites sur l’ancienne Égypte. Dans ses papiers, j’ai retrouvé une étude sur l’étrange tribu dont je vais vous entretenir aujourd’hui. Depuis Champollion, Mariette, Maspéro, Amélineau et quelques autres égyptologues, personne n’a parlé de ce peuple aux mœurs pour le moins bizarres.
J’ai effectué deux voyages en Égypte, mais j’ignorais tout de ces gens qui vivaient autrefois sous la coupe de Toutanmakron, un jeune pharaon ambitieux, colérique, mégalomane et narcissique.
Grâce à Jean-Aymard, j’ai appris que Toutanmakron est le premier pharaon à avoir épousé une momie. Cette dernière était native du Thoû-Ké, un port de pêche sur la Mer Rouge. La Légende raconte qu’elle aurait déniaisé le jeune pharaon quand il avait seize ans ; elle avait l’âge d’être sa mère. On la voit sur des papyrus destinés au bas peuple, qui étaient en quelque sorte la presse-people de l’époque. Toutanmakron était le pendant égyptien d’Œdipe (en grec Οἰδίπους) héros de la mythologie grecque. Il faisait partie de la dynastie des Labdacides, les rois de la ville de Thèbes. Fils de Laïos et de Jocaste, Œdipe couchait avec sa mère.
L’épouse de Toutanmakron avait une forte influence sur son jeune mari, or nous savons que les femmes eurent un rôle majeur dans l’Égypte ancienne.
Néférousobek
L’histoire a retenue, Néférousobek qui serait, dit-on, la première femme pharaon, appelée la « Reine crocodile », car elle portait le nom de Sobek, le dieu crocodile. Mais peut-être avait-elle tout simplement, comme le saurien, une grande gueule. Il y eut aussi Hatchepsout qui a marqué son époque par sa fièvre bâtisseuse. Puis Mérytaton qui était la fille de Néfertiti et d’Akhenaton.
Akhenaton
Taousert qui arriva au pouvoir dans une période très troublée. Et bien sûr, Cléopâtre VII, née à Alexandrie en 69 avant J.C (1), qui est la plus connue.
L’épouse de Toutanmakron était surnommée la « femme-chien » car elle était coiffée comme un cocker et avait des jambes de lévrier, mais son véritable nom était Lamermakron.
Les historiens et égyptologues nous ont parlé des dieux égyptiens qui étaient fort nombreux : Rê (ou Râ), dieu du soleil ; Osiris, dieu de la mort ; Isis, déesse de la maternité ; Horus, dieu de la guerre ; Anubis, dieu des morts ; Thot, dieu de la sagesse ; Seth, dieu de la violence ; Nout, déesse du ciel…etc…etc…Mais Jean-Aymard de Séconlat nous en fait découvrir beaucoup d’autres qui étaient adorés et vénérés par les nombreuses tribus d’Égypte.
Il faut savoir que Toutanmakron et sa momie régnaient sur un pays très divisé, mais ils ne s’en plaignaient pas, bien au contraire. De nos jours on dirait même qu’ils divisaient pour régner. Le jeune pharaon, si l’on en croit les papyrus, luttait contre le « séparatisme » – dont on ne comprend pas bien la signification – « et en même temps » il favorisait les étrangers au détriment des coutumes des Égyptiens de souche. En fait, il était une sorte de pompier-pyromane qui appelait à l’union tout en favorisant les divisions. Il n’aimait pas son peuple mais seulement quelques ethnies minoritaires.
Or donc, dans ce coin de l’Égypte, des tribus se faisaient la guerre entre elles, ou s’alliaient contre d’autres tribus. Ce territoire était en permanence une pétaudière ingouvernable.
Les tribunaux, les prisons, étaient engorgés car la moindre discrimination, vraie ou supposée telle, faisait l’objet d’une plainte (et les choux gras des avocats, toujours prêts à défendre des causes douteuses). Certaines tribus se disaient stigmatisées, ostracisées et discriminées. Elles passaient leur temps en jérémiades, manifestations, pétitions et autres signes de mécontentement.
Toutanmakron soufflait sur les braises, trop content d’accentuer les divisions. Il eut même l’idée tordue de dissoudre la Chambre Haute, le pouvoir législatif, pour rendre le pays encore plus ingouvernable, persuadé que les différentes tribus n’arriveraient jamais à s’allier contre lui.
À ce stade de ma narration, il me faut vous parler des diverses ethnies, tribus, sectes les plus virulentes, les plus braillardes (ou les plus larmoyantes) du pays de Toutanmakron.
La plus dangereuse pour le pouvoir était la tribu des « Zinsoumis » (2). Ces gens-là étaient méchants comme des teignes, violents et agressifs, car leur chef, Mélenkon, un fort-en-gueule, rêvait de devenir pharaon à la place de Toutanmakron. Il excitait en permanence la main-d’œuvre arrivée massivement dans le pays pour y construire des temples et des pyramides. Hélas, bien avant le règne de Toutanmakron, un autre pharaon, aussi tordu et malfaisant que ce dernier (3) avait promulgué un édit autorisant ces gens-là à faire venir leurs familles – qui étaient souvent fort nombreuses – en Égypte où elles étaient soignées, logées et nourries aux frais de l’Égyptien de souche.
Une autre tribu dont l’influence était importante, surtout à la Cour du pharaon et dans sa capitale, les « Malfinis » (4). C’était l’ethnie d’origine de Toutanmakron et de son épouse. Riches, oisifs voire paresseux, ses membres vivaient au crochet du système ou exerçaient des métiers dans lesquels on ne transpire pas beaucoup : scribes sur papyrus, dessinateurs de hiéroglyphes destinés aux obélisques, conseillers du Pharaon ou bouffons de sa Cour. Certains se piquaient même de philosophie, comme Henrilévis qui poussa plusieurs pharaons à faire la guerre sans raison à des pays qui n’avaient pas la moindre animosité envers l’Égypte.
Une autre ethnie, qui tenait davantage de la secte que de la tribu, manifestait beaucoup et s’attaquait même aux chantiers des pyramides, les « Écologis ». Eux combattaient la modernité. Ils étaient contre tout : la construction des temples, les felouques à voile, la lampe à huile de naphte, et même la chasse aux sauterelles qui, comme vous le savez, étaient l’une des sept plaies d’Égypte. Leur grande prêtresse, qui s’appelait Thon-délié en hommage au dieu Thon (dont nous apprenons grâce aux écrits de mon aïeul qu’il était le dieu des laiderons et des mal-baisées) leur interdisait de manger de la viande ; ils se nourrissaient presque exclusivement de racines, de boulgour et de quinoa ce qui explique qu’on ne trouve pas leur trace sur les bas-reliefs des temples : les Égyptiens dessinaient toujours les personnages de profil or il est difficile de dessiner le profil d’un clou. Une autre tribu semblait moribonde : les « Socialis ». Ils avaient eu leur heure de gloire quelques décennies plus tôt, sous le règne – calamiteux lui aussi – d’un pharaon issu du temple de Jarnak.
Autre ethnie éternellement malheureuse et maltraitée selon ses dires : les « Invertis ».
Vous serez étonnés d’apprendre que chez eux, les hommes se sodomisaient entre eux ; et les femmes étaient adeptes du « gazoumaudis » (5). Les mâles voulaient devenir des femmes, lesquelles voulaient devenir des hommes, sans compter un reliquat, hommes ou femmes, qui, tel l’escargot, étaient hermaphrodites ou ne savaient pas ce qu’ils étaient vraiment. Le miracle, sachant que les hommes et les femmes ne copulaient pas entre eux, c’est qu’ils (ou elles ?) étaient de plus en plus nombreux. L’entrée dans leur tribu se faisait par un rite initiatique appelé « Komingaout ». Les hommes adoraient le dieu Sodomis dont nous apprenons, toujours par mon aïeul, qu’il préservait des hémorroïdes ; les femmes, de leur côté, priaient la déesse Sertékuis qui les protégeait des assauts des mâles en rut. On sait, par les écrits de Jean-Aymard de Séconlat, que les mâles « invertis » sont à l’origine de la « Confrérie des Chevaliers de l’œil de bronze » qui est arrivée jusqu’à nous.
Il existait bien d’autres clans sur les terres de Toutanmakron mais il serait fastidieux de tous les nommer et de décrire leurs mœurs. Je m’en tiens donc aux plus actifs (ou aux plus nocifs).
Lors de la dissolution de la Chambre Haute, Toutanmakron n’avait pas prévu que les tribus et sectes les plus opposés au régime allaient s’allier pour former un bloc qui revendiquait le pouvoir. Les « Zinsoumis », les « Socialis », les « Écologis », alliés à une tribu quasi moribonde, les « Communis », cornaqués et excités par Mélenkon, le chef des « Zinsoumis », décidèrent de chasser Toutanmakron de son trône. Ce dernier alla, en pleurnichant, demander conseil à son épouse puisqu’elle était à la fois sa mère, sa maîtresse et sa duègne. Celle-ci lui rappela qu’il existait dans le pays, une autre ethnie, majoritaire. Ses membres vivaient ou plutôt survivaient comme ils pouvaient. L’histoire n’a même pas retenue leur nom. Ils étaient un peu comme la caste des intouchables en Inde, des sous-citoyens, méprisés par les autres ethnies pourtant minoritaires. En fait, on ne leur demandait pas grand-chose : travailler (beaucoup) pour entretenir les fainéants ; payer des impôts, toujours plus d’impôts ; et se taire en rasant les murs.
Toutanmakron les méprisait et le faisait savoir chaque fois qu’il s’exprimait.
Cette ethnie formait un bloc compact, attaché à la survie de leur nation. Lamermakron, aussi machiavélique que son jeune époux, lui suggéra de recréer la division en opposant les blocs, d’égale importance, mais qui n’étaient d’accord sur rien : les « Malfinis » et les « Invertis » qui soutenaient le régime, les « Zinsoumis » (et leurs alliés) qui voulaient le pouvoir, et… les autres qu’on désignait comme un danger pour le pays alors même qu’ils ne cherchaient qu’à le sauver.
Cette ruse, pourtant très grossière, assurait la survie de Toutanmakron car le pays devenait encore plus ingouvernable. Jean-Aymard de Séconlat nous apprend que le règne de Toutanmakron s’est terminé dans la panade, la ruine, la chienlit, les émeutes, la guerre civile…Mais il ne nous dit pas pourquoi ? C’est dommage car ses recherches auraient pu inspirer Yves Coppens, décédé il y a deux ou trois ans. S’il n’était pas défuncté, je lui aurais bien volontiers envoyé les travaux de mon aïeul.
Yves Coppens, éminent paléontologue et paléoanthropologue, est le découvreur, en 1974 en Éthiopie, du fossile d’Australopithèque surnommé « Lucy ». Il fut porté aux nues par la bienpensance puisqu’il nous démontrait que le premier humanoïde – en l’occurrence une femelle – était noir. Des gens moins instruits, moins savants, se seraient contentés de dire que l’homme descend du singe, ce que nous savons depuis la nuit des temps. Mais après les travaux d’Yves Coppens, le dire reviendrait à affirmer que le Noir descend du singe, allégation parfaitement insupportable pour qui, comme moi, est totalement et foncièrement antiraciste. Contentons-nous de dire que le singe descend de l’arbre.
Et bénissons le Ciel – pour ceux qui y croient – Allah, Bouddha, Vishnou ou le GADLU (6) de vivre dans une vraie démocratie ou les magouilles politiciennes n’existent pas.
Cédric de Valfrancisque
13/07/2024
1)- Je tiens à préciser au lecteur trop marqué par la laïcité que « J.C. » ne veut pas dire « Jacques Chirac » mais « Jésus-Christ ».
2)- A l’égyptienne on prononce « Zinsoumisse ». On les appelle parfois « Eléfis »
3)- Sa momie est exposée au musée de Chamalières, en Auvergne.
4)- Même prononciation que les « Zinsoumis »
5)- Les écrits de mon aïeul ne donne aucune explication sur cette formule ; mystère ?
6)- GADLU : Grand Architecte De L’Univers ; le dieu des francs-maçons.
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Cher Monisuer, vous finissez vptre article en disant que « le singe descend de l’arbré ». Je crois que nombre de bonobos de l’Assemblée Nationale le font aussi !!!!!
Vous parvenez brillamment à nous faire rire de cette triste situation qui nous pourrit la vie !
Heureusement, ça permet de garder le moral et l’espoir.
Aussi goulaiyant que du Uderzo-Goscini
(mais à qui la faute ?)
Du « vrai » cinéma, du réel, du solide…
On en redemande, merci. Que du plaisir.
Cédric, ton aïeul était un sacré bonhomme !!
Mort de rires, même si la situation décrite dans l’article ressemble, à s’y méprendre, à la réalité que nous vivons aujourd’hui dans notre pays …
toute « coïncidence ne pourrait qu’être fortuite » nous dirait A. QUELSALCON …