DE GAULLE ET LES PARTIS POLITIQUES (Jean Goychman)

POURQUOI DE GAULLE N’AIMAIT-IL PAS LES PARTIS POLITIQUES ?

De nombreuses fois au cours de ses allocutions, de Gaulle a fustigé le régime des partis politiques.
Il dénonçait l’impuissance structurelle des partis politiques – notamment lors des grands événements – à gouverner la France.
Il les accusait de se concentrer sur eux-mêmes tout en étant incapables de diriger efficacement la France. Ce fut la cause de son départ en janvier 1946.
Voici la transcription des paroles qu’il prononcées, dont on peut constater qu’elles sont d’une actualité criante :


« Au moment où la France s’engage dans une série d’épreuves et d’événements graves, je m’adresse, il est temps encore, aux actuels occupants de la République pour leur dire tout haut et sans passion : ” Votre régime est mauvais “. Déjà, en 1940, il nous avait conduit à l’abîme. Et il fut, lui-même, balayé par la tourmente. C’est sans lui – et pour cause ! – que la France fut tirée d’affaire.
Après la victoire, vous avez refait ce système-là, pire encore qu’autrefois. Quoi que j’aie pu vous crier, vous n’avez pas voulu comprendre qu’avec l’ébranlement général, les bouleversements économiques, sociaux, moraux, l’effondrement de l’Europe, l’ascension américaine, les grandes marées qui remuent l’Asie, l’éveil des peuples d’Afrique, et, par-dessus tout, l’ambition fatale des Soviets avec, au milieu de nous-mêmes, ses prolongements séparatistes, vous n’avez pas voulu comprendre qu’avec tout cela, la France, en péril, ne pouvait pas se passer d’un Etat juste et fort.
Vous avez refait, malgré moi, et en abusant le peuple, un système qui, dans notre siècle, n’est et ne peut être qu’une scène de contradiction sur un théâtre d’impuissance. Peut-être voudrez-vous le reconnaître et agir en conséquence, avant qu’il ne soit trop tard ? Mais prenez garde ! Parce que le drame est là, de nouveau. Et à mesure qu’il se précise, malgré votre agence, votre radio, vos journaux complices, tous les projecteurs du monde vont se porter sur vos responsabilités ».


De Gaulle voyait, dans le projet de Constitution qui était en train de s’élaborer, la volonté délibérée  de mettre un contre-pouvoir parlementaire au pouvoir exécutif qui aurait pour résultat de rendre le pays ingouvernable. Ce nouveau régime nécessitait des accords entre des partis politiques dont aucun n’aurait une majorité absolue mais qui s’allieraient pour gouverner. Les petits calculs qui en découleraient (la petite soupe sur le petit réchaud) conduiraient au mariage « de la carpe et du lapin » stérile par nature et incapable de défendre l’intérêt national, incompatible avec les intérêts partisans.

DE GAULLE GARDAIT L’ESPÉRANCE

De Gaulle, après avoir quitté son poste de Chef du Gouvernement, ne resta pas inactif. Dans ses discours de Bayeux, puis de Bruneval, il expose très clairement ce qui fera la trame de la Constitution de la future Vème République. Notons avec intérêt cet extrait du discours de Bruneval :

« Le jour va venir où, rejetant les jeux stériles et réformant le cadre mal bâti où s’égare la nation et se disqualifie l’Etat, la masse immense des Français se rassemblera sur la France »

On ne saurait être plus clair en qualifiant de « stériles » les jeux des partis politiques.

LA CONSTITUTION DE LA CINQUIÈME RÉPUBLIQUE

Alors même que le régime des partis politiques conduisait, une fois de plus, au désastre, de Gaulle apparût comme le seul recours possible en 1958. Il utilisa cette large union nationale qui se  focalisait sur sa personne pour convaincre de la nécessité dans laquelle se trouvait la France de se doter d’une Constitution qui assurerait plus de stabilité et d’efficacité au gouvernement en donnant plus de pouvoir à l’Exécutif, l’affranchissant du rôle intrinsèquement néfaste des partis politiques.

Cette nouvelle constitution fut adoptée en deux étapes par voie de référendum.

Promulguée sous sa forme « complète » en 1962, elle doit avant tout se lire par son esprit beaucoup plus que par sa lettre, irrémédiablement soumise à différentes interprétations, ce dont certains, hélas, ne se privèrent pas tout en se réclamant du gaullisme le plus pur…

L’esprit de cette constitution, c’est d‘avoir un chef, Président de la République, qui soit uniquement responsable devant devant le peuple souverain. Cela a pour corollaire que, s’il est mis en minorité, donc s’il perd la confiance de la majorité du peuple, il doit démissionner.

La Constitution précise que cette souveraineté s’exerce de deux façons :

– La représentation nationale.
– La voie référendaire.

Si l’un ou l’autre de ces moyens exprime une défiance vis a vis du Président, il doit démissionner, ayant perdu la confiance du peuple souverain.

C’est ce qu’a fait de Gaulle en 1969. Lui aussi aurait pu temporiser, argumenter, biaiser, dire que rien ne l’obligeait mais… c’était de Gaulle !

De Gaulle n’était pas anti-parlementaire comme certains l’ont prétendu. Il s’opposait simplement aux « combines politiques » qui n’ont jamais fait progresser le pays.

LES COMBINES SONT DE RETOUR

Voulant apparemment rester coûte que coûte à l’Élysée, Emmanuel Macron a bloqué le pays pour un an en dissolvant l’Assemblée Nationale car tel était son bon vouloir. Le résultat est un pays fragmenté, livré aux manœuvres de groupes parlementaires tentant de marchander entre eux, exactement comme de Gaulle leur avait reproché.

Toute dissolution étant écartée, nous devons subir une situation qui va rendre notre pays à peu près ingouvernable, tout comme il l’était en 1958. Que va t-il se passer ensuite ?

Une autre dissolution, de nouvelles élections et « bis repetita » ?
Personne ne le sait et quel sera l’état de la France ?

Comment se fait-il qu’un Président français puisse autant détester la France et les Français ?
Que lui avons nous fait ?
Il donne l’impression de vouloir casser le jouet qui l’a fait roi…

Espère-t-il que l’absence de gouvernement et le chaos qui s’ensuivra permettront de faire disparaître la nation dans le magma du fédéralisme européen ?

Toutes ces questions, nous devons nous les poser.

Jean Goychman

18/07/2024

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4 Commentaires

  1. DEGAULLE est un des plus grands personnages à la tête de la france tous siecles confondus. Mais suite à la reponse que m’avait fait” pascal ” à mon propos sur napoléeon tout aussi grand, j’ai fait le rapprochement des destins politiques entre ces deux hommes
    l’un talonné par les USA dont il voulait se départir et par l’autre par le traité d’amiens(qu je n’ai pas encore lu) entre l’angleterre et napoléon.En effet concernant DE GAULLE nous n’avions pas digéré “la france ira de dunkerque à tamanrasset “puis le “je vous ai compris” (mais qui?° et ensuite l’exil . A cette époque (je n’avais que 10 ans),je revais qu’on lui fasse la peau ce que ne comprenait pas mon père mais je savais pourquoi. Et à la suite de l’échec de l’attentat du petit clamart ,j’en avais pleuré; Les années ont passé ,j’ai digéré et compris qu’en matière de politique internationale:tout se paie:il n’y a pas d’aidant gratuit) . Je vous invite à suivre à élaborer la suite du raisonnement car elle concerne toutes les polItiques. Les peuples ne sont que des pions.

  2. Le micro-minus qui squatte l’Elysée n’a pas lu De Gaulle, il s’est fait faire des résumés par CHAT GPT, ça lui suffit. Et les bouquins, il les empile pour monter dessus pour attraper les confitures cachées par Mémère sur l’étagère du haut

    • Je n’aurais pas trouver mieux pour qualifier le poudré de l’Elysée. Bravo à vous, Diossident. Ce minus est infréquentable et il auarait déjà fallu s’en débarrasser !