Nous sommes heureux de vous présenter Jean Pigeot, notre nouveau contributeur .
Chevalier de l’Ordre National du Mérite, il a été Chargé de mission au cabinet de Jacques Baumel, compagnon de la Libération, au Secrétariat d’Etat auprès du Premier Ministre, Rédacteur politique à Paris Jour et rédacteur en chef adjoint à Le Figaro,
Nous avons voulu vous partager ses excellents commentaires sur l’actualité politique .
Le 20/07/2024
« La Constitution de la Vème République a atteint ses limites », observait récemment l’un de ces bateleurs de plateaux télévisés qui ont une expertise sur tout. Voilà une sottise, qui révèle combien nos institutions sont entre les mains d’apprentis-sorciers. Car il ne reste pas grand-chose de la Constitution voulue par De Gaulle en 1958 et scellée par Michel Debré.
A-t-on déjà oublié qu’en 2000, l’article 6 de la Constitution a été modifié par référendum, réduisant de sept à cinq ans la durée du mandat présidentiel ? Jacques Chirac était président, son septennat expirant en 2002. L’idée venait de Valéry Giscard d’Estaing et n’était destinée qu’à emmerder Chirac, suspecté – à raison – d’avoir comploté avec Mitterrand la fameuse défaite de 1981.
Édouard Balladur, qui était d’une autre stature politique que Chirac, mais qui avait été battu d’une courte tête à l’élection présidentielle de 1995, ne serait pas tombé dans le piège. Chirac, lui, trouva l’idée excellente. Or le passage au quinquennat, qui établissait la concomitance de l’élection présidentielle et des législatives, a bouleversé l’équilibre savant établi par les pères de la Constitution. Au premier grain de sable, une dissolution fantasque de l’Assemblée, par exemple, la machine ne pouvait que se gripper.
Ajoutons à cela les multiples réformes qui n’ont cessé d’élargir les compétences du Conseil constitutionnel, lui conférant des pouvoirs exorbitants. Le principe fondateur de la Vème République, c’était l’autorité de l’État, appuyée sur un pouvoir exécutif fort. Les ânes qui ont tripoté et défiguré le texte de 1958 toutes les six semaines, pour des convenances du moment, ont une lourde responsabilité dans la crise institutionnelle actuelle.
Le 20/07/2024
Qu’on se rassure, la Panot ne sera pas ministre, ni aucun de ses complices ; papy Mélenchon ne sera pas premier ministre. En tout cas, pas plus de quarante-huit heures. Ils le savent bien, d’ailleurs. La boutique de gauche et d’extrême gauche ne restera pas ouverte encore longtemps. Dans quelques jours, tout cela volera en éclats. Le gourou des « insoumis » l’a laissé entendre, ce vendredi, dans une interview à BFM.
Il n’y aura même pas besoin d’une motion de censure : les socialistes ont fixé au 27 juillet la limite des discussions sur un choix commun de premier ministre. Mélenchon en ricane intérieurement. Bien sûr, on n’aura rien conclu à cette date, mais il s’en fiche. Son but est déjà atteint : l’absence de majorité, la mainmise sur le bureau de l’Assemblée et les présidences de commissions vont permettre de tout bloquer. De rendre tout gouvernement impuissant, faute de pouvoir former des majorités de rencontre. Et le Mélenchon, la mine sucrée, en tire une seule conclusion : « On ne pourra en sortir que par le haut, par la démission du président. »
Voilà donc ce qui nous attend, dans l’année qui vient. Les macronistes et la droite centriste auraient pu transgresser la règle scélérate imposée depuis des dizaines d’années par la gauche et tenter de s’entendre avec le RN. Wauquiez n’ose pas et se résigne à carboniser toutes ses chances présidentielles, tant pis pour lui. Quant aux socialistes, qui n’ont jamais perdu leur vocation de sociaux-traîtres depuis le Congrès de Tours en 1920, ils seront pour la énième fois les dindons de la farce.
À partir de là, quoi ? Dieu seul le sait. Un foutoir plus ou moins organisé par les activistes d’extrême gauche ? La révolution, que Mélenchon appelle de ses vœux ? L’intervention de l’armée ? La France a connu chacune de ces occurrences, à un moment ou l’autre de son histoire. Elle n’en est pas morte.
Le 19/07/2024
Tout a été dit depuis hier soir sur la réjouissante déconvenue de la désunion de la gauche, qui avait fini par croire à sa fable de victoire par le nombre. Lorsqu’on évacue comme négligeables onze millions de voix de la vraie droite, c’est facile. L’arithmétique a fait litière de cette chimère. Mais il faut reconnaître qu’on est passé très près de la catastrophe.
Un communiste à la présidence de l’Assemblée, cela ne s’est jamais vu, même aux temps furieux de l’après-guerre, lorsque les troupes de Maurice Thorez totalisaient plus du quart de l’électorat. À l’époque, le socialiste Guy Mollet remarquait : « Le Parti communiste n’est pas à gauche, il est à l’est. »
Mais, nous serinaient depuis deux jours les bonnes âmes, le Petit Père des Peuples est mort en 1953. Bien de l’eau a passė sous les ponts de la Moskova. Aujourd’hui, nous avons un communisme à visage humain, capable de présenter au perchoir un homme de bien, un démocrate de compétition, la sagesse même : André Chassaigne. Il peut rallier tous les suffrages de la gauche, et au-delà.
De fait, le bonhomme a une bonne tête de septuagénaire moustachu de nos provinces profondes. On le dit expérimenté, large d’esprit, bref : l’homme idoine. Certes, si la gauche se plaît à prétendre que le RN plonge ses racines dans la milice et la LVF, on serait malvenu de rappeler les quelque cent millions de morts du communisme, le rouge et le jaune ; l’argument vaut dans un sens, mais pas dans l’autre… Chassaigne sortait donc de la place du Colonel-Fabien comme la Vénus de Botticelli se lève, dans sa coquille, vierge et sans voile.
Mais ça, c’était avant. Avant que le lointain héritier de Georges Marchais ne soit battu, le plus démocratiquement possible, c’est-à-dire à bulletin secret, par treize voix d’écart, éliminé par la présidente sortante, Yaël Braun-Pivet. Là, le communiste à visage humain a soudain révélé sa vraie nature : emporté comme un vulgaire Mélenchon, pestant contre les ententes « nauséabondes », sans lesquelles, n’est-ce pas, il aurait gagné avec cent voix d’avance ! Vrai, nous l’avons échappé belle.
Détail infime, mais qui en dit long sur la rouerie du personnage. Lors des deux premiers tours de scrutin, Chassaigne a fait partie des grands démocrates refusant de serrer la main des deux jeunes scrutateurs, pour cause d’appartenance au RN. Mais au troisième tour, réalisant que l’ennemi honni pourrait bien se venger en apportant assez de voix à l’adversaire, il s’est ravisé, tout sourire, saisissant chaudement la main qu’on lui tendait. Au bal des faux-culs, lui non plus n’a pas fini de tourner.
Jean Pigeot
21/07/2024
FAIRE UN DON ?
Minurne fonctionne depuis 13 ans sans recettes publicitaires.
Si nos articles vous plaisent, vous pouvez nous aider en faisant un don de 5 €,10 € ou 20 € (ou plus, bien sûr) via Paypal.
Cliquez ci-dessous (paiement totalement sécurisé).
La politique n’est qu’un jeu de pouvoirs:Parfois c’est l’intêret du peuple qui passe avant tout, parfois c’est l’ivresse du pouvoir et de la paranoia qui passe avant tout. C’est une histoire d’hommes avec des convictions à geométrie variable: Et dire qu’on met nos destins entre leurs mains !! Il y a le pouvoir et les armes du pouvoir et c’est la le problême. Pouvoir et franc maçonnerie c’est forcément lié. De cette batisseuse on en a eu besoin depuis napoleon et peut être même avant car elle est tout de même impliquéedans la structuration,organisation et construction des villes ainsi que de la communication.Aujourd’hui ou de ce temps tout est perverti même elle et même beaucoup et il serait bon de remettre leur pendule à l’heure car c’est l’anarchie complête.C’est votre article qui m’a fait resurgir ces pensées plutôt négatives sur cette époque que l’on vit.