« Le dindon est un paon qui n’a pas réussi »
(Roland Dorgelès).
Un ami, qui connaît ma passion pour notre histoire, m’a demandé pourquoi la mascotte – parfaitement ridicule – des JO appelée « Footix » représentait un coq. C’est une bonne question car on peut se demander en effet pourquoi Macron, auquel on doit la cérémonie décadente d’ouverture des jeux, cet avorton qui déteste les « Gaulois », a accepté l’emblème – aussi ridicule soit-il – du coq gaulois pour les joutes olympiques parisiennes. Toujours soucieux de plaire aux minorités – raciales, ethniques ou sexuelles – il aurait pu choisir le fennec, pour satisfaire l’immigration maghrébine ; la mante religieuse, pour flatter les féministes ; le phoque, pour complaire aux gays ; l’escargot, qui est hermaphrodite, pour les « bi » et « trans », le rat, symbole de la ville de Paris chère aux Bobos…
Il aurait pu aussi choisir le lézard pour s’allier les bonnes grâces des milliers (ou millions ?) de larves qui vivent chez nous de nos aides sociales, aussi diverses que variées, sans rien glander.
Il aurait également pu afficher sa détestation du vulgum pecus de notre pays dégénérescent en choisissant le veau, le pigeon, le mouton ou encore le dindon.
L’origine du coq gaulois remonte précisément à…la Gaule romaine. Ce sont les Romains qui les premiers ont comparé les Gaulois à ce gallinacé. Dans l’Antiquité, la Gaule se disait « Gallia » en latin, et « Gallus » voulait dire « Gaulois » or ce mot était un homonyme de « gallus », le coq. Les poètes romains prirent l’habitude de faire des jeux de mots associant le coq aux habitants de la Gaule. Jules César lui-même comparait les Gaulois à des coqs. Il est difficile de dire si les Romains qui ont colonisé la Gaule faisaient cette comparaison par admiration pour l’ardeur combative des tribus gauloises ou pour se moquer de leur grande gueule. Un adage assez vulgaire dit que le coq serait l’emblème de la France car
« c’est le seul animal capable d’ouvrir sa gueule les deux pieds dans la m…. (en l’occurrence, le fumier)».
Pour être honnête, ce n’est pas tout à fait faux !
Durant le Moyen-âge, l’image du coq est reprise par les ennemis de la France, les Italiens et les Anglais, qui comparent nos monarques à des coqs de basse-cour en raison de leur orgueil et de leur caractère belliqueux et agressif. Plus tard, bien que l’emblème des Rois de France soit la fleur de lys, on verra apparaître l’effigie d’un coq sur diverses gravures, pièces de monnaie et sceaux royaux.
Sous la funeste Révolution française, comme sous le Directoire, le coq symbolise la vigilance et on le retrouve encore sur des pièces de monnaie sonnantes et trébuchantes.
Napoléon 1er, qui veut imposer au monde la grandeur de la France, va bouder le coq. Il lui préfère l’aigle impérial. Je ne saurais lui reprocher. Louis XVIII et Charles X n’en feront aucun cas. Napoléon III remettra l’aigle impérial de son oncle comme emblème du pays.
Le coq gaulois va réapparaître sous Louis-Philippe, ce roi-citoyen qui ne veut plus être « Roi de France » mais « roi des Français » et qui, de ce fait, fait passer l’intérêt suprême de la nation après les « droits de l’homme et du citoyen » issus de la Révolution. Louis-Philippe exige que le coq figure sur les boutons d’uniformes et les étendards de la Garde Nationale, entre autres.
Sous les Républiques successives, le coq sera présent sur les pièces de monnaie, les timbres, et sur certains édifices publics. On peut en voir un, par exemple, sur l’une des grilles du palais de l’Élysée. De nos jours, le coq est partout, sur les pièces, les timbres, les maillots des équipes de France, les drapeaux… Ce volatile qui ne vole pas est indissociable de la France (1). Même son « cocorico ! » exprime un chauvinisme cocardier que d’aucuns prennent pour du patriotisme.
Mais, depuis déjà longtemps, le pays a supplanté le coq par…une dinde nommée Marianne.
Nos monarchies avaient choisi la fleur de lys ; à forte connotation religieuse et symbole de fécondité, elle est associée à la Vierge Marie. On la retrouve d’ailleurs dans les communions ou dans les mariages car elle symbolise la pureté et l’amour. Les États autoritaires ont choisi des symboles de force et de puissance ; le lion, l’aigle ou le taureau. La Révolution a préféré une femme : Marianne.
Son nom viendrait du philosophe espagnol Juan de Mariana, dont la théorie du droit naturel est la base des « Déclarations des droits de l’homme et du citoyen » de 1789 et de 1793. Selon cet esprit fumeux, la monarchie reçoit le pouvoir de la main du peuple, qui est le véritable souverain.
Le « tyrannicide » étant un acte légitime si le monarque trahit la confiance du peuple.
L’allégorie féminine de la République renvoie à une chanson révolutionnaire du pays albigeois en occitan, la « Garisou de Marianno » (2). La chanson fut écrite en octobre 1792, une dizaine de jours après la fondation de la République. Ce n’est que très lentement que Marianne devient un symbole de la République. Sous la II° République (1848-1852), son utilisation est encore assez rare. Mais au sein des sociétés secrètes qui grenouillent au moment du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte (décembre 1851), certaines prennent ainsi le nom de « Marianne » ou « la Marianne ». En 1855, une révolte éclate dans les carrières d’ardoise de Trélazé (Maine-et-Loire). Les mécontents avaient formé une société républicaine appelée « Marianne ». Leur révolte, durant la phase la plus autoritaire du Second Empire, attira l’attention sur le prénom de « Marianne » qui commença à sortir des cercles républicains militants. En 1856, le républicain Félix Pyat publiait à Londres une « Lettre à Marianne », un violent pamphlet contre l’Empereur Napoléon III.
Son allégorie féminine date aussi de la Révolution. En septembre 1792, la France devient une République. À la place du sceau ou du portrait du Roi, on adopte un symbole de la République. Un décret du 22 septembre 1792 impose la représentation d’une femme coiffée d’un bonnet phrygien sur les sceaux de toutes les administrations. La médaille servant d’insigne distinctif à la Convention adopte l’image d’une femme avec, à la main, un bonnet phrygien.
Dès 1792, il y aura, à Paris, deux statues de la République : l’une sur la place de la Révolution (ancienne place Louis XV, actuelle place de la Concorde), l’autre sur la place des Piques (ancienne place Louis-le-Grand, actuelle place Vendôme).
Sous le Consulat et l’Empire, la femme au bonnet phrygien s’est progressivement effacée de l’espace public. Les deux statues parisiennes ont été remplacées en l’an VIII par des colonnes. Au même moment, de nombreuses villes ont fait disparaître leurs statues de Marianne. Napoléon ne souhaitait pas que la France soit symbolisée par une donzelle. Olympe de Gouges, que l’on considère comme l’une des pionnières françaises du féminisme, avait été guillotinée le 3 novembre 1793.
En juillet 1830, Louis-Philippe devient « roi des Français », et ce démagogue s’engage aussitôt à respecter les libertés bafouées par son prédécesseur Charles X. Pendant la monarchie de juillet (1830-1848), il redevient courant de voir la Liberté représentée sous les traits d’une femme.
En 1848, le gouvernement provisoire lance un concours d’allégories de la République sous forme de figures peintes, de statues et de médailles. C’est également en 1848 qu’Élisa de Lamartine, femme du poète Alphonse, sert de modèle pour un buste de Marianne.
En 1848, année de l’abolition de l’esclavage, la Franc-maçonnerie toulousaine commande une statue de Marianne sous les traits d’une esclave noire affranchie au sculpteur Bernard Griffoul-Dorval. Portée disparue en 1941 mais retrouvée et récupérée par des résistants francs-maçons, elle trône dans la salle d’exposition du « Musée de la Résistance et de la Déportation » de Toulouse.
Dès les années 1870, certains maires républicains installent des bustes de Marianne dans leur mairie, ce qui est mal vu par les conservateurs, surtout quand elle est coiffée d’un bonnet phrygien.
Majoritaires à la Chambre des députés à la fin des années 1870, les républicains n’imposent pas d’effigie officielle du nouveau régime. Les statues sans bonnet phrygien ont les faveurs de Ferry et de Gambetta. Ils leur préfèrent Marianne coiffée d’un diadème d’épis de blé. Plus tard, le conseil municipal de Paris, dominé par les républicains radicaux, lance un concours de statues de Marianne. Le règlement stipule qu’elle doit obligatoirement être affublée du bonnet phrygien.
Au XX° siècle, toutes les mairies se dotent d’un buste de Marianne qui porte désormais le bonnet phrygien. Marianne est représentée de manière très épurée. En dehors de la Marianne noire des Francs-maçons toulousains, les statues seront inspirées par des célébrités féminines du moment.
Ces dernières années, Marianne a pris les traits de Brigitte Bardot et de Laetitia Casta.
Je suppose que ces beautés blanches ne plaisent pas à « la diversité », aussi je ne serais pas surpris qu’Emmanuel Macron nous impose, un de ces jours, une Marianne noire avec les traits d’Aya Nakamura. A moins qu’il n’opte pour un « bi », un « trans » ou un « iel » (3) ; celui (ou celle ?), bien enveloppé, de la scandaleuse parodie de la Cène lors de l’ouverture des JO pourrait faire l’affaire.
Il pourrait aussi, pourquoi pas, nous imposer sa duègne ? « Mémé trognon » en Marianne, voilà une idée qui plairait aux Bobos parisiens. Durant la première année du règne de Macron, en 2017, elle a fait 80 fois – excusez du peu ! – la couverture de torchons de la presse-people.
Une chose est certaine : le coq gaulois, avec sa grande gueule, est un emblème totalement dépassé de nos jours. Il ne correspond plus à l’image de notre pays. Il faudrait le replacer par le chapon qui est un gallinacé castré, ou par le pigeon, qui illustre bien l’électeur naïf et assez stupide pour avoir voté Macron (4) ou encore par le dindon, celui de la mauvaise farce que nous subissons depuis l’arrivée aux affaires de cet avorton narcissique.
Bon, personnellement, je m’en fous, je préfère les trois fleurs de lys ou l’aigle impérial.
Eric de Verdelhan
09/08/2014
1) Pour un pays qui ne décolle pas, finalement ça peut se comprendre.
2) En français, « la Guérison de Marianne », composée par le cordonnier-poète Guillaume Lavabre, de Puylaurens.
3) Ne m’en veuillez pas si j’ai un peu de mal avec l’appellation de tous ces « non binaires ».
4) A deux reprises pour les plus idiots d’entre eux.
Je préfère moi aussi les 3 fleurs de lys…