EDITO 769 – LE SPORT EST-IL DE DROITE OU DE GAUCHE ? (Xavier Jésu)

Après ces jeux olympiques parisiens, on est en droit de se poser cette question, qui n’est pas, j’en conviens, essentielle, mais qui pourrait, une nouvelle fois, démontrer qu’il est ridicule de croire encore au « ni droite, ni gauche ».

Le journal l’Humanité, dans un article de 2006 nous rappelait…

« … les rivalités, à la fin du XIXe siècle, entre Pierre Frédy, baron de Coubertin, le libéral, et Paschal Grousset, ancien communard et « progressiste ». L’un et l’autre, attachés à l’activité physique et sportive perçue comme un outil éducatif privilégié, se sont opposés sur les finalités : l’excellence pour le premier, la solidarité pour le second ».

C’est étrange que la gauche soulève cette question à chaque grande occasion, comme celle des JO. À croire qu’il y a chez elle un malaise quand il s’agit de se réjouir d’une victoire dans une « compétition », mot qui semble lui faire pousser systématiquement un herpès géant autour de la bouche. C’est sans compter la mise à l’honneur systématique du ou des drapeaux des nations gagnantes qui leur fait monter « la bouffaïsse », comme le dirait Mado la Niçoise.

J’ai lu récemment un article de Libé publié de 2007, sous la plume de Denis Tillinac (qui n’est pas vraiment de gauche…), qui notait déjà : « Comme en politique, il faut vaincre l’adversaire sans pitié. Car seule la victoire compte. ». D’ailleurs il nous rappelait dans ce même édito : « Du temps où j’étais étudiant, la passion pour le sport était considérée par le gauchisme ambiant comme réactionnaire, voire fascisante : le « culte du héros », l’esthétisme, le dépassement de soi, la « fraternité virile », etc… ».

S’entrainer parfois jusqu’à 7 heures par jour pour être le premier ou la première est incompréhensible pour cette gauche toujours plus prompte à récompenser le dernier plutôt que celui qui réussit par son travail.

Cette année, le sujet semble encore un peu plus brûlant et aurait tendance à accentuer la fracture naissante entre la gauche et l’extrême gauche. LFI considère que « les jeux exacerbent les travers et les dérives de la politique d’Emmanuel Macron » et « n’ont plus rien à voir avec la cohésion et le plaisir du sport ». Ce n’est qu’à moitié faux, mais finalement on comprend bien que c’est une façon détournée d’exprimer sa passion obsessionnelle pour l’égalitarisme qui, pour un homme de droite comme moi, est une véritable catastrophe que l’on mesure un peu plus chaque jour. La gauche dite « socio-démocrate », pour se différentier des dealers et fichés S de l’extrême gauche, semble parfois vouloir faire croire qu’elle s’intéresse au sport mais ses démons la rattrapent toujours à un moment ou à un autre : Philippe Marlière, chercheur en Sciences Politiques de l’University College de Londres a fait, ces jours-ci, ce constat radical : « la gauche française méprise la compétition capitaliste« . L’expression « compétition capitaliste » prête à sourire quand on sait que le breakdance a fait son apparition aux JO 2024 remplaçant le karaté… Le breaking serait, semble-t-il, né au Nigéria dans les années 50 se serait ensuite développé dans les quartiers difficiles du Bronx. Ce qui n’est pas vraiment le symbole du capitalisme.

La gauche a finalement beaucoup de mal à se positionner dans le contexte sportif. L’idée même d’un gagnant et d’un perdant lui est insupportable. Dans l’Éducation Nationale, il en est de même et finalement, tout le monde est perdant : l’excellence a été remplacée par le « nivellement par le bas ». Vous avez bien le bonjour du classement PISA (qu’un élève de 1ère ou de Terminale serait même capable d’écrire Pizza pour insister lourdement sur l’échec de l’E.N).

Pour conclure, je rappelle ce que disait Denis Tillinac : « Sur le Tour de France, la droite soutenait Anquetil le vainqueur. La gauche : Poulidor l’éternel second ».

Qu’il en soit longtemps ainsi aussi en politique…

Xavier Jésu

12/8/2024


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