ALAIN MINC, UN FRANKENSTEIN DONNEUR DE LEÇONS QUI NE RECONNAÎT PAS SES ERREURS (David Desgouilles)

Nous vous proposons un article tout à fait original du journal

paru le samedi 17 aout (Lien vers l’article) et je remercie David Desgouilles, l’auteur de cet excellent papier, de m’avoir autorisé à le diffuser sur www.minurne.org

(Xavier Jésu)

David Desgouilles analyse avec verve le retournement de veste de Alain Minc dans les colonnes du « Figaro » le 14 août dernier. Si ce dernier avait toujours adulé le président Emmanuel Macron, selon les dires de notre chroniqueur, il finit par le charger de tous les maux aujourd’hui. Plutôt que de reconnaître son erreur, il se fait donneur de leçons.

Au secours ! Je suis d’accord avec Alain Minc ! L’autre jour, le chantre de « la mondialisation heureuse » a accordé un entretien à Alexandre Devecchio dans Le Figaro. Et voilà que je me suis retrouvé en accord avec lui sur les responsabilités gravissimes d’Emmanuel Macron dans la crise de régime qui vient. Passé l’effroi d’être en accord avec Minc, la déculpabilisation est arrivée très vite. Tout d’abord, Minc ne faisait finalement que répéter ce qu’explique notamment Henri Guaino depuis des semaines : nommer un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire était – et demeure – un devoir pour le président de la République, quitte à ce que ce gouvernement soit rapidement censuré et qu’il puisse désigner ensuite un chef de gouvernement du bloc central élargi à LR et qui pourrait alors s’élargir au PS.

Tant que cette hypothèque n’a pas été levée, le NFP ne se fracturera pas, ne se désolidarisera pas, ne désunira pas. Alain Minc ajoute avec une pertinence inhabituelle que ce sera d’autant plus le cas que Lucie Castets est proche du PS, qu’elle est leur candidate, adoubée par les Insoumis. Dès lors, même le subterfuge consistant à désigner Bernard Cazeneuve se heurterait au mur des réalités.

Alain Minc, nouveau Docteur Frankenstein

« Déni de réalité », ce sont les mots forts utilisés par Minc, pour qualifier celui qu’il portait jadis au pinacle. Il s’était déjà fâché tout rouge au moment de la dissolution, lâchant des propos peu aimables à l’endroit du Chef de l’État, propos qu’on a davantage l’habitude de lire dans cette chronique du samedi matin, notamment, que chez les tenants du fameux « Cercle de la Raison ». Alain Minc n’est d’ailleurs pas le seul à déplorer de se retrouver dans la situation du Docteur Frankenstein, voyant sa créature lui échapper, alors qu’il a évidemment participé à sa fabrication politique.

Jacques Attali, mais aussi Jean-Bernard Gaillot-Renucci dans les colonnes de Marianne, n’y sont pas allés de main morte. On pourrait y ajouter la flopée de députés tombés au champ d’honneur de la dissolution, découvrant le cynisme impitoyable de leur ex-idole. Que n’avaient-ils pas vu plus tôt le cynisme dont le même personnage avait fait preuve devant les Gilets jaunes, enfumés par le Grand Débat, les opposants à la réforme des retraites et bien d’autres encore. Quand on est soi-même victime, on change de regard.

Car enfin, Monsieur Minc, ces traits de caractère que vous découvrez, exposez, dénoncez, ils existaient déjà chez Emmanuel Macron. Ces dénis de réalité, cette immaturité, ce narcissisme, ils n’ont pas sauté à la gueule des Français le dimanche 9 juin à 21 h 05. Loin, très loin des décors cossus du fameux Cercle de la Raison, dans trois dizaines de milliers de communes françaises, on savait que le mec n’était ni raisonnable, ni rationnel. Si j’osais, je dirais, sans contester votre immense intelligence, que vous êtes un peu long à la détente.

Faire la leçon, plutôt que de reconnaître son erreur

Que vous découvriez aujourd’hui qu’Emmanuel Macron serait même capable d’utiliser l’article 16 pour ne pas avoir à se déjuger et faire ainsi passer le budget, qu’il était dès le début doté d’une hubris permettant ce genre de folie, c’est plutôt inquiétant, d’autant que vous l’avez approché de plus près que la grande masse d’entre nous. Je ne vous demande pas de vous installer Place de la Concorde sur une scène pour y battre votre coulpe devant les passants, mais vous pourriez entamer un début d’autocritique salutaire, après un tel aveuglement.

Il faut dire que vous partagez avec lui cette fâcheuse tendance à prendre vos contradicteurs pour de parfaits imbéciles, en particulier s’ils n’adhèrent pas à votre européisme et aux canons de la globalisation. Faire la leçon aux Français, faire la leçon désormais à celui dont vous avez célébré le génie, n’est-ce pas finalement les deux faces de la même médaille ?

Il suffirait pourtant que vous prononciez quatre mots très simples afin qu’on puisse enfin vous prendre au sérieux : « Je me suis trompé ». En attendant, qu’on nous permette de ne pas nous esbaudir devant une analyse que tout le monde partage devant le comptoir, de Maubeuge à La Grande-Motte et de Pont-Aven à Longevelle-sur-le-Doubs.

Post-Scriptum : Je n’en veux évidemment pas à l’ami Devecchio d’avoir interrogé ce phare de la pensée. Je sais combien il a dû goûter ce moment où Minc chargeait Macron de tous les maux. Pourquoi bouder son plaisir ?

David Desgouilles

17/08/2024

 

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