DEVOIR DE COLÈRE (Eric de Verdelhan)

« Il existe une tournure d’esprit que l’on nomme le « non-conformisme » et qui se résume à recevoir toutes les influences, sans en subir aucune – ne pas lever le doigt mouillé de la prudence, pour savoir d’où vient le vent – à traverser les fleuves de la vie sans jamais se préoccuper du sens du courant – à traiter les gens en place, les gens au pouvoir, les gens titrés, décorés, cravatés, le percepteur et le chef d’État, exactement de la même manière qu’on traite les autres humains… À ne jamais renoncer à l’orgueil savoureux d’être sincère ; au plaisir délicat et profond d’être juste ; à la volupté de plomber les cuistres et de saluer les héros. Et surtout …à choisir jusqu’au bout l’air que l’on respire, les mots que l’on dit et les mains que l’on serre …Je n’érige nullement l’agressivité en modèle, ni la polémique en vertu. Je veux simplement qu’un homme indigné garde le courage d’exprimer son indignation – et que, devant l’injustice, le malheur, la misère et le mensonge, un être humain soit toujours prêt à souffrir jusqu’à la révolte … »

(Michel de Saint-Pierre (1))

Canaliser sa colère en situation de conflit - Gordon Crossings

Une de mes relations, bon catholique, bien-pensant, fils de bonne famille un brin fin de race, s’étonne qu’un de mes livres s’intitule « devoir de colère » (2) car, me dit-il « la colère ne saurait être une vertu ; elle est mauvaise conseillère. Il faut toujours garder la tête froide… ». Venant de lui, cette remarque est légitime : il appartient à cette engeance des cathos progressistes, marqués à gauche, qui excusent tout, qui tolèrent et pardonnent tout. Ces gens qui se shootent au « Padamalgam » (un médicament non-remboursé, bien pire qu’une drogue) et qui, au besoin, défilent lors de « marches blanches », une rose à la main, en larmoyant « Vous n’aurez pas ma haine ». Quand on leur colle une mandale sur la joue droite, on leur a appris à tendre la joue gauche. Moi, en vieux réac, j’en suis encore à la Loi du Talion, « Œil pour œil, dent pour dent ! ». Pour être franc, je reprends même à mon compte la citation – de je ne sais plus qui ? – « Pour un œil, les deux ; pour une dent, toute la gueule » et je pense que, de nos jours, la colère est nécessaire voire indispensable. Se mettre en colère est un devoir. Chez moi, il peut parfois être tempéré par la timidité, mon éducation (lors de mes très rares « mondanités ») ou la peur de me faire casser la gueule, car je ne suis pas très courageux.

Mes coups-de-gueule sont ceux d’un écorché vif. Grommeler, pester, râler, m’indigner, c’est une thérapie dont j’ai besoin. Depuis ma prime jeunesse, j’ai mal à la France. La « société libérale avancée de type permissive », voulue par Giscard ; cette société totalement dépravée qui est née, en gros, en mai 68 (et même avant) voudrait que les passéistes de mon espèce souffrent en silence, comme si notre douleur était une maladie vénérienne honteuse. Être un « mâle blanc », un franco-franchouillard, amoureux de ses racines, est plutôt mal vu à l’époque du « melting-pot », de la France multiraciale, du « vivre-ensemble », de l’Europe « à 27 » et de la mondialisation.

Tant pis ! Je m’arroge le droit d’écrire que je souffre de voir mon pays devenir une colonie de peuplement. J’aimais mieux une France fière, conquérante, et qui ne reniait pas son passé colonial.

Notre « doulce France, terre des arts, des armes et des lois, » chère à Joachim du Bellay, est devenue une sorte de réserve indienne : chaque année, 80 millions de touristes venus du monde entier viennent visiter – admiratifs ou effarés – notre pays peuplé de 67 millions d’habitants dont cinq millions de fonctionnaires, sept millions d’allocataires des minima sociaux, deux ou trois millions de chômeurs et des milliers d’hectares de friches industrielles, tristes témoins d’une époque où tout ce que nous consommions n’arrivait pas de Chine, d’Inde, du Vietnam, de Roumanie ou d’ailleurs.

Je n’hésite plus à dire que j’en ai marre d’assister à la dégénérescence de mon pays.

Je l’ai aimé, mais il est devenu un « Land » européen et la catin de l’Islam.  Il y a quelques années, Eric Brunet écrivait dans « Valeurs Actuelles » :

« Tout ce qui est français me paraît médiocre : le cinéma, les voitures, l’art contemporain, la politique, les mesures pour redresser le pays. En fait tous les ailleurs m’attirent. J’ai le sentiment que même après huit jours de prison à Ouagadougou, Pyongyang ou Caracas, le retour à Roissy me collerait le bourdon. Je ne suis plus amoureux de la France. J’éprouve tout juste un peu de tendresse pour elle…En fait, je ne supporte plus ses jérémiades, son arrogance, sa vision étroite et racornie du monde, sa connerie…Moi le patriote, le cocardier barrésien, hier candidat à toutes les exaltations tricolores, comment suis-je devenu cet être détaché ?

Aujourd’hui je ressens de l’amertume quand je pense à mon ancien amour. Je regrette même de l’avoir tant chéri. Ces torrents d’amour, jamais récompensés. Pas un mot, pas un geste, pas une once de considération. Une séparation univoque ; une duperie. Évitez de me parler de patriotisme, de « made in France », de Marseillaise, de citoyenneté, de vivre-ensemble. L’amour de la France, j’ai déjà donné. Trop peut-être. Je déserte. J’emporte avec moi Stendhal et Brassens. Le reste vous pouvez le garder. » 

Je pourrais écrire la même chose, mais je remplacerais volontiers Stendhal, qui me tombe des mains, par Jean Raspail, Hélie Denoix de Saint-Marc, Pierre Schoendoerffer, ou les « Hussards » !

Et puis, j’en ai marre qu’on me dise régulièrement que je suis excessif et qu’on se croit obligé de rajouter la citation de Talleyrand « Ce qui est excessif est insignifiant » car – primo – je suis tout simplement lucide et – secundo – quand Napoléon traitait Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord de « tas de m…. dans un bas de soie »,  il avait bien jugé l’homme et il avait raison.

Nous avons un « devoir de colère », légitime, à l’égard des salopards qui ont pourri et détruit notre pays, notre mode de vie, nos coutumes, notre civilisation ; qui veulent la mort de l’Occident.

Je suis né au début des « trente glorieuses » ; j’avais 18 ans en mai 68. La France, bien avant, allait déjà au vau-l’eau. De Gaulle, en bradant l’Algérie française et le Sahara, avait tiré un trait sur notre autosuffisance énergétique, puis, en 68, des accords iniques (et unilatéraux) ouvraient grand les portes à une immigration algérienne qui, déjà, nous détestait. Un peu plus tard, le funeste tandem Giscard-Chirac instaurait le « regroupement familial » qui marquait la fin de la France blanche.

Quand j’étais gamin, il était possible de parler d’instruction civique et de morale chrétienne sans se faire insulter. Une majorité de Français approuvait la peine de mort pour les infanticides, les meurtres de policiers et autres crimes odieux. L’inceste était un crime jugé sévèrement et personne n’aurait osé proférer l’injonction « Nique ta mère ! ». La désertion, même en temps de paix, était une faute grave. L’avortement était un crime contre l’enfant, or, depuis la Loi Veil de 1975, à raison de 220 000 avortements par an (3), le pays a tué, légalement, 10 millions de petits Français (car, ne nous leurrons pas, dans « la diversité » on n’avorte pas). La pédérastie était une déviance punie par la loi. Le mariage – religieux ou civil – était l’union naturelle d’un homme et d’une femme, ne serait-ce que pour la reproduction de l’espèce. Les unions « devant Dieu et devant les hommes » n’explosaient pas en vol au bout de trois à cinq ans, à la moindre contrariété. Au nom d’une parité ridicule, on ne demandait pas aux femmes d’endosser l’uniforme de soldat et d’apprendre à faire la guerre ; ce rôle, ce devoir, était dévolu aux mâles depuis la nuit des temps. L’enfant, dès son plus jeune âge, apprenait le respect et l’obéissance à ses parents, puis à ses maîtres. Nous sommes passés de l’enfant normal à l’enfant gâté, puis à l’enfant-roi. Nous subissons dorénavant l’enfant-tyran qui a tous les droits (mais plus aucun devoir). L’ado apprenait la politesse et la déférence à l’égard des ainés et des autorités. L’adulte révérait la pudeur et ne faisait pas étalage de ses mœurs dissolues. Ce qu’on appelait alors « l’hypocrisie bourgeoise » permettait de préserver les enfants. Les pauvres avaient de la dignité ; ils ne donnaient pas dans le misérabilisme pleurnichard et la quête des aides sociales. Certains – j’en ai connu – arrivaient à être heureux. Pour rêver d’un avenir meilleur dans la société, on n’exigeait pas l’ascenseur social qui vous élève sans le moindre effort. On prenait l’escalier qu’il fallait gravir marche par marche, l’une après l’autre. Ça prenait souvent des années. Vive le certif ! | Faire vivre et faire connaître l'histoire du FinistèreÀ cette époque, le Certificat d’Études Primaires sanctionnait un savoir efficace minimum – lire, écrire, compter, etc…- qui permettait à de nombreux jeunes, attirés par les métiers manuels, d’entrer dans la vie active dès l’âge de 14 ans (4). Il ne venait à l’idée de personne de revendiquer un droit à l’emploi sans avoir pris la peine d’apprendre d’abord un métier. Il était courant et normal de bosser 48 heures par semaine. Le Conseil de révision, quand vous étiez un homme de 18 ans, vous faisait mettre à poil devant le sous-préfet qui décidait de votre aptitude à servir la France quand vous auriez 20 ans. Le Service Militaire obligatoire, faisait un tri salutaire entre ceux qui étaient fiers de l’accomplir et ceux qui arrivaient à se faire réformer. Les premiers y apprenaient une fraternité que les seconds ne connaîtraient jamais. Notre pays tirait orgueil de la colonisation vue comme un grand dessein civilisateur. Il existait encore des races. On admirait le courage et la force de nos Tirailleurs Sénégalais (et de nos troupes indigènes en général). Le mot « nègre » n’avait rien de péjoratif puisque des intellectuels comme Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor revendiquaient leur « négritude ». 

Depuis la grande saignée de 14-18, la France, inspirée par Maurice Barrès, cultivait le respect de « la terre et des morts ». Jamais elle n’aurait toléré qu’une députée de gauche d’origine africaine l’insulte et l’invite à « manger (ses) morts ». Pas plus qu’elle n’aurait permis que des hordes allogènes manifestent dans les rues, saccagent des monuments et brûlent son drapeau.

Mai 1968, fait figure de date de référence alors que ce n’était qu’une colère d’enfants gâtés, de gosses de bourgeois, à une époque où 20% des jeunes accédaient aux études supérieures. Cette « chienlit », comme disait De Gaulle, n’aura concerné qu’une infime partie de la population, mais ses suites ont été désastreuses surtout au plan moral et « sociétal », pour parler comme les cuistres. 

Mai 68 — Wikipédia

Le chômage a explosé, en France, à partir du milieu des années 1970, lors du premier choc pétrolier (1973) qui a bouleversé toute notre économie. Nous avions perdu notre autosuffisance énergétique en abandonnant les gisements – de gaz et de pétrole – sahariens. Cela s’est traduit par un ralentissement conjoint de la croissance ET de la productivité. C’était la fin des « trente glorieuses », le début des « quarante piteuses » (lesquelles sont devenues calamiteuses, et ce n’est pas fini !).

Le chômage demeure à un niveau élevé depuis 40 ans - Centre ...

 

C’est à partir de là que le chômage « structurel » s’est installé durablement chez nous. Georges Pompidou, qui avait la sagesse des terriens, craignait des manifestations de rue si le chômage venait à dépasser les 300 000 personnes. Nous le vîmes monter à deux, puis trois, puis quatre millions ?  On ne saurait le dire précisément tant les chiffres, tels les dés de tripot, ont été pipés !

Le socialisme larvé de Giscard d’Estaing, le socialisme assumé de François Mitterrand, et la course à toujours plus d’Europe de tous nos dirigeants, ont eu raison de notre industrie et, par là même, de notre économie. Depuis Giscard, la France n’a plus connu un budget en équilibre. Nous ne produisons quasiment plus rien, en dehors du luxe, de l’aéronautique et de l’armement lourd. Nos mines ont fermé une à une, les hauts fourneaux de nos aciéries aussi. Depuis les années 80, notre industrie a détruit des millions d’emplois. La classe ouvrière n’existe quasiment plus.  Pour éviter des charges, taxes ou impôts trop élevés, ou des normes drastiques – techniques ou environnementales – imposées par Bruxelles, nos industriels ont préféré délocaliser leur production. Et, tandis que les ouvriers allaient pointer au chômage, la France, avec le « regroupement familial », laissait rentrer massivement sur son sol une immigration attirée par nos aides sociales aussi généreuses que variées, sans parler de l’immigration clandestine.

Et, comme si toutes ces calamités n’étaient pas suffisantes, il nous faut aussi, maintenant, supporter les remarques désobligeantes, les reproches (voire les insultes) d’une génération d’enfants trop gâtés, de petits merdeux, de jeunes cons formatés par la secte écologique, qui nous accusent d’avoir pourri « leur » planète alors que, si nous devons battre notre coulpe, c’est d’avoir été trop faibles à leur égard. Nous aurions dû manier plus souvent, plus sévèrement, plus systématiquement, la salutaire paire de claques, d’autant plus qu’aujourd’hui il est trop tard ; elle est interdite. 

Alors oui, je continuerai à m’imposer un « devoir de colère ». Comme je n’ai jamais eu le courage (ni l’occasion) de risquer ma peau sur un champ de bataille, je me contenterai de défendre mes idées avec ma plume. Je n’ai, hélas, pas les qualités énoncées en préambule par Michel de Saint-Pierre, mais, à défaut de vrai courage, il me reste un brin de panache. C’est souvent la marque des petits hobereaux fauchés. Je crois de moins en moins à la capacité de réaction de notre pays. Il est gangréné, vérolé, pourri, perverti, abruti. Les optimistes ou les naïfs espèrent encore qu’il y aura un réveil, un sursaut salutaire, un retour de balancier. Je le souhaite mais sans trop y croire.

Suis-je nostalgique ? Oui, un peu sans doute, mais pas plus que ça, car comme disait Michel Audiard :

« Penser à reculons, je laisse ça aux lopes et aux écrevisses… »

Eric de Verdelhan.

03/09/2024

1) Il écrivait ça au sujet de Léon Daudet, l’une des plus féroces plumes de l’« Action Française ». 

2) « Devoir de Colère » publié chez Dualpha en 2020.

3) Il s’agit du chiffre officiel reconnu par les pouvoirs publics.

4) Il est ridicule d’avoir cédé aux socialistes qui voulaient 80% de bacheliers.   

 

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5 Commentaires

  1. Monsieur de Verdelhan, je suis comme vous. Et, à moins que je ne me trompe, c’est Théodat de MONTBRUN qui a écrit : “pour un oeil les deux yeux” …. mais j’ai aussi trouvé cet extrait d’un livre de Luc (6 – 36-38 – Soyez compatissant comme votre père est compatissant ; et ne jugez pas pour que non vous ne soyez pas jugés
    et ne condamnez pas pour que non vous ne soyez pas condamnés pardonnez et vous serez pardonnés ! donnez et il vous sera donné ! Je suis catholique donc croyant comme vous et, pourtant, si on devait toucher à l’un de mes petits enfants, j’appliquerai certainement la loi du Talion) . J’ai bientôt 88 ans ; j’ai toujours mené ma barque ainsi et ce n’est pas maintenant que je changerai ! Le peuple français dort ou ne veut rien voir ! Le gamin de l’Elysée nous a conduit dans le gouffre où nous sommes. Ses prédécesseurs depuis Giscard s’y étaient déjà bien employés. En bon franc-maçon, lui termine la tâche pour laquelle les francs-maçons l’ont fait nommer à ce poste. Il est incapable de l’occuper ! Tout ce qu’il a dit et fait a été dit et fait contre notre Patrie. Il faut absolument qu’il dégage … d’une façon ou d’une autre ! Hier, un de mes amis me disait : si ça se trouve, on va bientôt avoir un Premier ministre arabe ! Il ne manquerait plus que cela arrive et c’en serait fini de noitre “belle et doulce France”. Suivons plutôt le roi du Maroc dans ces décisions. Les soit-disant Français qui ont voulu transformer les rues de Marrakech en terrain de jeux en savent aujourd’hui quelque chose. Et pour avoir assister un jour où nous nous promenions avec mon épouse dans ce pays à l’arrestation très musclée de deux “migrants” pour l’Europe cachés sous l’essieu d’un camion, j’espère que ces raailles connaîtront le système judiciaire marocain dans toute son ampleur. Par contre, quand ce même roi dit : “je ne veux pas que Marrakech devienne une banlieue française” quelle claque pour notre Président ! Pourtant il n’y a pas eu de réponse. Je vous dis que c’est un gamin ! Quil retourne dans les jupes de Brigitte, si Brigitte il y a.Je vous salue bien bas, Monsieur de Verdelhan et je serai tyoujours heureux de vous lire. Je n’ai pas encore lu votre livre “Devoir de colère” … mais je sais que je vais le faire. Merci de l’avoir écrit.

  2. la capacité des responsables politiques a exposer la réalité est proportionnelle au nombre de leurs convocations devant la 17e chambre et force est de constater qu’un certain Eric ZEMMOUR tient le devant de cette scène

  3. Œil pour œil, dent pour dent, le concepte n’est pas nouveau :

    “Mais si malheur arrive, tu paieras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure. (Exode 21,23-25).”

    Pour ce qui me concerne, je regrette qu’on l’ait oublié.