LE PATRIOTISME DE PÉPÉ EST MORT ET ENTERRÉ (Yann Bizien)

Je ne parle pas de celui qui se transmet encore dans un volume de plus en plus réduit de familles en France et qui permet de constituer un vivier résiduel et de plus en plus marginal de jeunes qui s’intéressent aux métiers régaliens à risques comme les armées, la Gendarmerie, la Police, la douane, la Sécurité civile et les Sapeurs-pompiers.

Je ne parle pas ici de ce patriotisme porté fièrement par ceux qui garantissent encore, je ne sais pas jusqu’à quand, notre défense et notre sécurité.

Non.

Je parle du patriotisme qui devrait partout exister naturellement, dans le peuple pris dans son ensemble.

Je parle de ce patriotisme qu’a pu me transmettre mon grand-père né en 1894 jusqu’à mes douze ans.

Je veux parler de ce patriotisme considéré comme un devoir évident et naturel pour chaque citoyen.

“Le patriotisme à l’ancienne a subi au cours de la deuxième moitié du 20ème siècle une érosion sans équivalent dans notre histoire”.

Il faut être aveugle et déconnecté pour ne pas s’en rendre compte.

Nous venions jadis dans ce monde avec l’amour de la France dans la famille et dans les tripes. Nos anciens avaient un rapport étroit et sentimental à la nation qui supposait qu’ils étaient évidemment prêts à mourir pour la France si nécessaire.

Durant six semaines, en avril 1917, 200 000 soldats meurent sur le chemin des Dames, côté français, contre 300 000 dans le camp allemand, cela dans l’absurdité d’une guerre qui, comme toutes les autres, pouvait être évitée si sa logique avait pu être brisée.

Il n’y a plus, dans ce pays, et pour une grande partie de sa population, ce même sens du don de soi et du sacrifice.

Le patriotisme de pépé est devenu un bien précieux dans ce pays parce qu’il est devenu rare.

Sa rareté doit interroger le pouvoir. Le patriotisme en France doit-il rester l’affaire exclusive de quelques-uns, ou faut-il faire un nouvel effort national pour le généraliser ?

Personne n’ignore que notre civilisation n’est pas seulement en crise et décadente. Elle est aussi menacée gravement de l’intérieur.

Des idéologies ont imprégné tout un système allant de l’Education nationale aux institutions en passant par des Partis politiques et des millions de familles. Elles ont déconstruit notre identité nationale. Elles ont fracturé la nation. Elles ont déresponsabilisé des millions d’adolescents, de citoyens et d’adultes.

Notre société ne fabrique quasiment plus, en proportion de sa population, de patriotes.

Depuis 43 ans, des gouvernants irresponsables ont laissé s’installer des archipels de communautés dans toutes les portions du territoire français.

Le patriotisme était jadis le ciment de la nation. Il soudait tout un peuple autour de valeurs morales communes. Il était le plus puissant levier de cohésion nationale.

Notre pays est aujourd’hui affaibli et meurtri par le clientélisme électoraliste, par les excès de la globalisation, par les dérives mondialistes, par l’aveuglement sans frontièriste et, il fallait bien les placer ici, par les idéologies multiculturaliste, diversitaire et immigrationniste.

Déclassés, fragilisés, empêtrés dans nos disputes, incapables de nous entendre sur le choix d’un gouvernement, nous ne valons plus grand chose dans ce monde.

Amis patriotes, soyons tous honnêtes, combien de divisions pourrions-nous former s’il fallait défendre notre pays demain matin ?

Je crains le pire dans cette France en déclin et du face à face que je n’ai jamais voulue et que le pouvoir ne veut toujours pas voir.

Le patriotisme figurait autrefois dans l’héritage de chacun. Aujourd’hui, il est devenu quelque chose de honteux. Être patriote, c’est avoir basculé dans le fascisme. Au nom de l’antiracisme, de l’égalitarisme, et de l’inclusivité, on tombe nos statues, on accuse notre histoire, on se couche devant le réel et on endocrine toute notre jeunesse à l’école, à l’université et à Sciences Po.

Pour nommer le patriotisme dont on aurait encore besoin dans notre pays divisé, inflammable et instable, on lui prête volontiers un autre nom : les forces morales, qui sont de plus en plus rares, y compris chez nos élites.

Il est parfaitement clair que les forces morales sont indispensables face à l’épreuve. Sans forces morales, l’Ukraine et Israël auraient déjà été rayées de nos cartes. Sans forces morales, la Russie ne pourrait pas résister aux avancées ostentatoires de l’OTAN vers ses frontières.

C’est désormais une évidence : nous avons cessé d’être une nation. Sa déconstruction est bien trop engagée pour espérer la sauver en douceur.

C’est un fait historique : il n’y a plus en France de communauté uniquement nationale.

Sur la question du patriotisme, la classe politique a reculé et échoué. Elle a renoncé et capitulé. Elle va désormais passer son temps à nous tromper et à nous faire croire que tout ceci est faux.

Le patriotisme de pépé est mort. Mais le pouvoir ne veut pas y croire. Pour lui, il y a un bon et un mauvais patriotisme, c’est à dire le patriotisme de la société ouverte, qui n’assimile plus, et le patriotisme de la société fermée.

Le problème est que dans le patriotisme de la société ouverte et plurielle il n’y a plus de “nous”, plus d’identité française, plus de collectif, plus de culture historique et plus de ciment entre les communautés. Et le problème, surtout, est que cette société ouverte génère une violence que nous ne pouvons plus, hélas, contrôler.

Les patriotes, du moins ce qu’il en reste, ont désormais peur de devenir des étrangers chez eux. Et ils trouveront bien un jour un tribunal qui s’attachera à les condamner pour l’avoir pensé et pour l’avoir dit.

Vive le patriotisme de pépé.

 

Yann Bizien

10/09/2024

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