« PAR Saint MICHEL, VIVE LES PARAS ! » (Eric de Verdelhan)

« Un peuple qui se sépare moralement de son Armée est un peuple perdu … ».

(Charles Maurras)

 

Pendant deux semaines, j’ai bourlingué dans le sud de la France et (un peu) en Espagne. Des amis à voir en Camargue, d’autres dans l’Aude ; entre les deux une visite à des neveux que je vois trop rarement, puis j’ai rejoint d’autres amis à Biarritz et Bayonne. J’ai clôturé mon périple par le Col d’Ibardin et Orio, au pays basque espagnol. Quinze jours sans journaux, sans radio, sans télé…Je n’ai donc pas suivi l’actualité, pourtant riche, durant une quinzaine de jours :

Il y a eu, tout d’abord, la nomination des 41 ministres du gouvernement Barnier. Emmanuel Macron a fort bien réussi son coup ; il a un gouvernement à sa botte. Un gouvernement-potiche qui n’a aucune légitimité, mais il s’en fout.  Certes Bruno Retailleau tient des propos musclés mais que faut-il en attendre ? J’ai encore en mémoire les rodomontades de faux-durs de Sarkozy, Valls, Attal, ou encore Darmanin. C’est du vent ; un vent qui a parfois une odeur fétide de flatulence.

Il y a eu ensuite, le tam-tam médiatique autour de Marine Le Pen et de quelques caciques de l’ex-FN, poursuivis pour des « soupçons de détournements de fonds publics européens ». Cette affaire sent le règlement de compte politique ou, plus exactement, le procès stalinien. On a fait semblant de juger François Bayrou pour le même motif, puis… on l’a relaxé. Je doute fort que les juges auront la même clémence pour Marine Le Pen et ses présumés complices. Notre « démo-crassie » aura réussi à voler aux électeurs du RN leur victoire aux européennes et aux législatives. Il ne lui reste plus qu’à condamner Marine Le Pen à dix ans d’inéligibilité et la boucle sera bouclée ; personne ne descendra dans la rue pour défendre la patronne d’un parti « odieusement raciste et xénophobe » qui ne fait pas partie de l’« arc républicain » malgré ses 11 millions d’électeurs : Ce système est bien, bien, pourri !

J’ai appris en cours de route le viol et le meurtre de la jeune Philippine de Carlan. Un crime odieux commis comme toutes les fois ou presque, par un immigré sous OQTF et récidiviste. La jeune victime est blanche, aristocrate et catholique autant dire qu’elle n’intéresse ni les féministes, ni les gauchistes. Le footeux Mbappé n’est pas venu pleurnicher sur l’assassinat de ce « petit ange ».

Encore un crime de Blanc, un « francocide », qui n’émeut pas grand monde !   

Et, enfin, j’ai découvert tardivement, presque par inadvertance, l’affaire des « bippeurs » piégés du Hezbollah. Je tire mon chapeau au Mossad qui vient de venger la mort de 58 parachutistes français tués à Beyrouth le 23 octobre 1983, dans l’explosion de l’immeuble « Le Drakkar ».

L’élimination des chefs du Hezbollah rend vulnérable le régime des Mollahs iraniens. Tsahal tient là une occasion de frapper l’Iran avant que ce pays ne dispose de l’arme atomique. Entre l’Ukraine et le Moyen-Orient, notre monde est devenu une poudrière. Une étincelle peut tout faire sauter.

Je ne peux m’empêcher de penser aux imbéciles qui croyaient que la « Société des Nations » garantissait la paix ; à ceux qui pensaient la même chose de l’ONU ; et à ceux, enfin, qui nous disent que c’est l’Europe qui est gage de paix (alors que c’est la paix qui a fait l’Europe et non l’inverse).  

Mais, aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’autre chose que de ce qui va mal, d’autre chose que de la dégénérescence – morale et mentale – et du délabrement de notre pauvre pays ; ou des risques d’un conflit généralisé qui pourrait déboucher sur la Troisième Guerre Mondiale. Je voudrais faire preuve d’optimisme et vous parler d’espoir, cette « petite flamme au bout du tunnel » comme disait Charles Péguy. Oui, il m’arrive encore, parfois, d’espérer un sursaut salutaire pour notre pays.

 Les Français, dans leur grande majorité, semblent accepter la disparition à terme de leur nation. Ils donnent l’impression de s’habituer lâchement à la loi des banlieues de non-droit, voire même de la comprendre au nom de la repentance envers une immigration qui aurait, nous dit-on, « une revanche à prendre ». Après avoir bradé son empire – et, par là même son autosuffisance énergétique – la France accepte de perdre aussi des quartiers entiers de l’hexagone, livrés aux trafiquants allogènes ou aux imams intégristes, et elle semble se satisfaire de leur qualification de « territoires perdus de la République » alors qu’ils ne sont pas perdus pour tout le monde.

Il m’est arrivé – trop souvent sans doute ? – de critiquer et de fustiger la jeunesse.

Après tout, j’ai moi aussi été un jeune con et, comme chantait Brassens « le temps ne fait rien à l’affaire ; quand on est con, on est con. », mais je dois avouer que c’est une autre jeunesse que je vais rencontrer rituellement chaque année à Bayonne, pour fêter Saint Michel, le saint patron des parachutistes, au 1er RPIMa (1). Cette plongée de deux jours dans mon ancien régiment, c’est une sorte de cure thermale, excellente pour mon moral trop régulièrement en berne.

Le 1er RPIMa c’est un monde à part ; c’est l’une des unités les plus décorées de France.

Les hommes qui servent dans ce régiment d’élites, bien qu’ils soient tenus à la discrétion, méritent qu’on parle d’eux.  Ils sont les dignes héritiers des premières demi-brigades SAS (2) qui se sont battues en Crète, à Benghazi, sur le front libyen, en Cyrénaïque, en Tunisie…Ils descendent en du « Bataillon du ciel » largué à Plumelec le 6 juin 1944 à 0h40. Le caporal Emile Bouétard, probable premier tué du débarquement, était un parachutiste français.

Ces parachutistes, on va les retrouver dans les combats de la Libération et lors de l’opération Amherst, aux Pays-Bas, en avril 1945. Les « paras-colos » iront ensuite se faire tuer – nombreux – dans les rizières d’Indochine, puis du 13 mars au 7 mai 1954, des bataillons parachutistes entiers disparaitront dans la sinistre cuvette de Diên-Biên-Phu.

Ils obtiendront, plus tard, une victoire-éclair lors de l’Opération « Mousquetaire » à Suez en 1956, sous les ordres de chefs prestigieux comme Massu et Château-Jobert.

Ils gagneront la bataille d’Alger en 1957, puis, en avril 1961, beaucoup d’entre eux choisiront « les voies de l’honneur » pour ne pas trahir l’Algérie française.

Viendra, ensuite, la génération de parachutistes des « Opex » (3).

J’ai eu le privilège – car c’en est un ! – de servir au 1er RPIMa. « De mon temps », comme disent les vieux, le régiment formait ses paras pour les envoyer faire le coup de feu au Tchad. Au nom d’accords anciens, la France soutenait le régime corrompu de François Tombalbaye aux prises avec un « Fro-Li-Nat » (4) qui voulait le chasser du pouvoir. N’Djamena s’appelait encore Fort-Lamy.

 Traumatisé par la guerre d’Algérie, le gouvernement ne voulait pas risquer la vie d’un « p’tit gars du contingent » dans ce conflit lointain et n’envoyait là-bas que des soldats de métier.

Mon camarade Henri C……, retrouvé 40 ans après nos classes à Bayonne, à l’occasion de la sortie de mon premier livre, m’a rappelé qu’en janvier 1970, notre section d’instruction comptait 69 hommes. Le 22 mai 1970, lors de l’obtention de notre brevet parachutiste, à Pau, nous n’étions plus que… 29. Un écrémage qualitatif aussi sélectif, sinon plus, que dans les unités de Légion Étrangère.

Si vous ne savez rien des combats du Tchad (de fin 1969 à 1972) – ce que je peux comprendre puisque personne n’en parle – sachez que là-bas, les commandos paras de la 6ème CPIMa (5) ont eu une soixantaine de blessés et 26 tués. Le 23 mai 2014, l’ « Amicale des Eléphants Noirs » –  les anciens de la 6ème CPIMa – inaugurait une stèle dans la Citadelle à la mémoire de ses morts.

Quand j’ai été incorporé, on m’a affecté à la section Hoareau. L’adjudant Etienne Hoareau a, par la suite, servi dans « l’Assistance Militaire Technique » de l’Armée tchadienne. Il y commandait une section parachutiste.  Son véhicule a sauté sur une mine. Il est mort le 28 mars 1972 à Ouaddaï. L’autre section d’instruction avait pour adjoint le sergent-chef Christian Large. Il est parti ensuite à l’AMT du Tchad. Il est mort le 24 mars 1971, sous l’assaut d’une forte bande rebelle, à Ouled-Bili.

Biographie du Général de Division Edouard CORTADELLAS

A la fin août 1972, le général Cortadellas, commandant les troupes au Tchad, rendant compte de sa mission, déclarait que nos pertes étaient de 41 tués et de 102 blessés. Son propre fils, Bertrand Cortadellas, sergent-chef à la 6ème CPIMa, avait été tué le 23 janvier 1971 à Moyounga.

Je n’ai pas servi à la 6ème CPIMa, mais en hommage à mes camarades tombés au Tchad, j’ai raconté, dans un de mes livres, leurs combats oubliés (6).

On pourrait aussi évoquer les missions barbouzardes du « groupement opérationnel » quand le régiment, à la demande d’Alexandre de Marenches, était devenu le service « action » du SDECE (7).

Ensuite, pendant des décennies, jusqu’aux « printemps arabes » les opérations extérieures à caractère offensif ont cessé à l’exception de celle du 2ème REP sur Kolwezi en 1977, avant la guerre du Golfe et les « Opex » actuelles en Afrique. Entre temps, nos dirigeants, socialistes ou assimilés, ont inventé les « soldats de la paix » ce qui nous a amenés à certaines situations catastrophiques (entre autres, l’affaire du « Drakkar » qui coûta la vie à 58 parachutistes français).

Des missions d’interposition entre belligérants, à caractère défensif ou d’observation, sous la bannière de l’ONU ou d’une force internationale…

Depuis les « printemps arabes », la déstabilisation de toute l’Afrique subsaharienne a amené la France, plus ou moins lâchée par ses « alliés » européens, à reprendre des opérations offensives mais elle le fait avec des moyens dérisoires : notre Armée est réduite à une peau de chagrin ; nos soldats n’en sont que plus héroïques ! Les paras sont revenus au Tchad en 1983 – 84, avec d’autres soldats français, pour l’« Opération Manta ». Puis il y eut l’« Opération Epervier » jusqu’en août 2014, puis l’« Opération Barkhane »…etc…etc…

Par discrétion et par manque de connaissances, je ne vous parlerai pas du 1er RPIMa depuis qu’il est l’une des unités de nos « Forces Spéciales ». Nos « Forces spéciales » sont citées en exemple dans le monde entier. Leurs hommes risquent leur vie dans les missions les plus périlleuses.

Gilles Perrault, écrivain procommuniste qui a servi chez les paras mais ne les porte pas dans son cœur, a écrit :

« Les unités parachutistes forment un clan fermé au monde extérieur … qui possède ses références, ses rites, ses légendes. Les parachutistes racontent des histoires de guerre qui se ressemblent toutes par une exaltation de la bravoure et du sacrifice inutile …: se battre par solidarité, sauter avec les autres pour ne pas être un salaud …plus que pour un idéal collectif et indiscutable qui n’existe plus. »

Ce qu’il dit est parfaitement vrai, mais ce qu’il dépeint – et ne peut pas comprendre, l’imbécile! – s’appelle chevalerie, altruisme, don de soi, abnégation, courage, sens du devoir et/ou du sacrifice. Mais revenons à mon passage à Bayonne fin septembre :

Tradition oblige, la Saint Michel du 1er RPIMa commence par une grand-messe. A mon grand regret c’était  la messe « moderniste » de Paul VI. Je présume que les déboires récents de l’évêque de Bayonne, monseigneur Aillet, jugé trop traditionaliste par le Vatican, explique en partie la disparition du latin ? Je suis sensible à cette symbiose du sabre et du goupillon que la Révolution et l’influence des Loges maçonniques n’ont pas encore réussi à tuer. La France est encore une terre chrétienne.

Durant la messe, j’ai été frappé par la piété et le recueillement des jeunes officiers, sous-officiers et hommes du rang présents. J’ai pensé à ce que Pierre Sergent appelait « la mystique du soldat ». Ces paras d’élites risquent leur vie en permanence. Chez eux on ne triche pas.

Durant la prise d’armes qui suit la messe, une vingtaine de paras ont été décorés de la Légion d’Honneur (« la Rouge »), de la Médaille Militaire, de l’Ordre National du Mérite (« la Bleue ») ou de la Croix de la Valeur Militaire. Au 1er RPIMa, on est étonné par le nombre de sous-officiers arborant « la Rouge » ou la médaille Militaire. De nos jours les décorations sont  galvaudées. Eux sont allés chercher les leurs au feu, avec leur courage, leurs tripes et parfois leur sang : respect !

La Saint Michel, c’est aussi des lâchers de paras sur la Citadelle quand le temps s’y prête (8) et un repas de Corps qui rassemble les jeunes et leurs « anciens ». Un verre à la main, dans la bonne humeur, on se remémore nos souvenirs. Comme je n’ai absolument rien d’un guerrier, les miens se limitent à des crapahuts épuisants dans l’arrière-pays basque, des montées crevantes au sommet de la Rhune et des plaies occasionnées par les thuyas de la DZ pourrie (9) d’Hasparren.

Mais loin de cracher dans la soupe, je sais ce que je dois à mes quelques années passées sous les drapeaux. C’est comme « enfant de troupe », à onze ans en sixième, que j’ai appris la ponctualité. J’ai appris aussi à cirer mes chaussures, à astiquer mes boutons au « Miror » et à faire un nœud de cravate. Ce n’est pas grand-chose mais c’est déjà beaucoup. Je cire encore mes pompes mais jamais celles des autres, pas plus au propre qu’au figuré, car je n’ai jamais eu un mental de cire-bottes.

Chez les paras, j’ai appris le dépassement de soi et une certaine rigueur dont je ne me suis jamais départi. Le chant de marche du 3ème RPIMa « Etre et durer » suggère de venir chez les paras « pour aimer et pour souffrir ». Peu sportif par nature, j’ai souffert – un peu ! – mais j’ai aimé cette expérience qui a marqué ma vie d’une empreinte indélébile.

Demain, les jeunes parachutistes du 1er RPIMa connaitront peut-être un conflit « de haute intensité ». Cette guerre dont semblent rêver les USA, Ursula von der Leyen, Macron et quelques illuminés au sein même de nos Forces Armées ?

Si j’en crois un ami général, en cas de conflit « du faible au fort » nous subirions alors, en quelques jours, une raclée encore plus mémorable que celle de juin 1940.

Non pas à cause de nos soldats – qui sont fort bien formés – mais en raison du manque d’effectif et de l’obsolescence d’une grande partie de notre matériel, sans parler de la faiblesse de nos stocks de munitions. A l’heure actuelle, notre Armée de Terre, réduite à une peau de chagrin, compte 130 000 militaires, dont environ 15 000 réservistes. Qui se souvient encore que pour gagner militairement la guerre d’Algérie, le général Challe a maintenu une Armée de 500 000 hommes sur les seuls départements de l’Algérie française ?

Je ne souhaite pas aux paras du 1er RPIMa (ni à d’autres bien sûr !) de servir de chair à canon dans un conflit qui ne devrait pas nous concerner sachant que l’Ukraine ne fait partie ni de l’Union Européenne, ni de l’OTAN. Mais je pressens qu’un jour – quand, je l’ignore ? – il leur faudra défendre leur pays et mener une guerre de civilisation au sein même de l’hexagone contre un ennemi de l’intérieur que la bienpensance ne veut pas nommer.

Mais leur devise est « Qui Ose gagne ! »…Et je suis persuadé qu’ils oseront.

Eric de Verdelhan

04/10/2024

 

1) RPIMa = Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine.

2) SAS = le Spécial Air Service britannique né durant la Seconde Guerre Mondiale.

3) OPEX = Opération Extérieure.

4) Front de Libération Nationale.

5) CPIMa = Compagnie Parachutiste d’Infanterie de Marine.

6)  « Cœur chouan et esprit para » publié en 2019 aux éditions Dualpha.

7) Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage ; l’ancêtre de la DGSE.

8) Cette année une météo exécrable a interdit les sauts en parachute.

9) DZ = Drop Zone ; zone de saut en parachute.

 

FAIRE UN DON ?

Minurne fonctionne depuis sa création en 2011 sans recettes publicitaires.
Si nos articles vous plaisent, vous pouvez nous aider en faisant un don de 5 €,10 € ou 20 € (ou plus, bien sûr) via Paypal.
Cliquez ci-dessous (paiement totalement sécurisé).

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

2 Commentaires

  1. Merci, monsieur de Verdeilhan. C’est si bon de vous lire. Mon mari, sujet britannique, a fait partie du SAS. Il me parle souvent de ce temps là…