MARTINIQUE : PANEM ? ou CIRCENSES ? (Simon Zémer)

Lecteur de Minurne, je suis également avec attention ce qui se passe à la Martinique depuis longtemps et, bien entendu, en ce moment. J’ai relevé dans Minurne deux interventions de Marc Le Stahler, l’une étant une demande de droit de réponse très documentée au Monde à la suite d’une article visiblement mal informé ou biaisé et l’autre étant l’explication de la prime d’éloignement dite « de vie chère » servie aux fonctionnaires de provenance métropolitaine ou recrutés sur place (et Dieu sait s’ils sont nombreux).

En m’appuyant sur la réflexion, un jour, d’un sage dont je ne connais pas le nom et qui disait devant moi : « La vie est belle, mais les gens sont méchants », je propose à mon tour de partager avec vous ce que sais (ou ce que je crois savoir) et ce que je vois ; ce peut être quelquefois des coïncidences. 

Des événements festifs donnent parfois à réfléchir ; leur enchaînement et leurs connexions périphériques aussi. En s’intéressant à une série d’événements qu’on pourra relier comme on voudra mais qui se relient entre eux de toutes les façons, on relèvera par exemple ceux-ci :

14 août 2024 : méga concert « privé »  à la Martinique d’un artiste engagé qui a choisi d’entrer dans la notoriété sous le nom de scène Kalash.
Prix des places : de 34,50 € à 78,50 €.
Subvention-subversion de la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique) : 50 000 €.
À l’arrivée : 23 000 spectateurs. 

La billetterie avait été ouverte le 19 juin et en une demi-heure toutes les places avaient été vendues. En la circonstance, étant donné le prix des billets, il n’était plus question de vie chère. Le public de Kalash, pourtant, n’a rien à voir (du moins selon le vocabulaire de la « colère populaire ») avec les présumés profiteurs de LA VIE CHÈRE.

Les organisateurs de ce concert, ayant octroyé 1 000 places à prix réduit (autour d’une quinzaine d’euros) pour permettre à 1 000 jeunes d’y assister, et arguant du fait que cette largesse représentait pour la production un sacrifice de 300 000 €, ont sollicité de la CTM une subvention du même montant.

La CTM – Collectivité Territoriale de Martinique -, institution réputée en grande difficulté financière, s’est acquittée d’une subvention de 50 000 € pour cette manifestation festive.

L’événement a remporté le succès escompté, si l’on en juge d’après la presse locale.

« Ce mercredi 14 août 2024, Kalash a proposé un show inédit au public martiniquais, au stade de Dillon. Un concert à guichets fermés, où plus de 23 000 personnes … »
Source : martinique.franceantilles.fr
https://search.app/qPvUHUrQd9qf4N3N7

14 octobre 2024 : À l’invitation de Brigitte Macron, l’artiste était reçu à l’Élysée en compagnie de son avocat, Me Eddy Arneton,  par le conseiller outre-mer du Président de la République, François de Kerever, afin d’inciter celui-ci à résoudre la crise actuelle en lui prodiguant expertise et conseils.

16 octobre 2024 : Kalash fait une apparition surprise à une énième table-ronde – en principe technique – (contre la vie chère) qui se tient à la CTM où l’État, la collectivité territoriale, et les principaux acteurs de la grande distribution s’efforcent de réduire le différentiel de prix entre la Martinique et l’Hexagone. La présence du trio d’agitateurs qui sème à la Martinique le feu et la ruine depuis deux mois est également à observer, comme il est de notoriété publique que ceux-ci ont refusé d’agréer les protocoles auxquels parviennent les parties besognantes alors que leur présence a été jugée incongrue par des gens sensés et outrés par l’inadéquation entre leur parole publique et leur présence (quasi institutionnalisée par quelque passe-droit en forme de passe-partout).

2 novembre 2024 : Les trois agitateurs débarquent à Paris pour plaider la cause « d’un peuple que l’on est en train d’affamer » et « prêter main forte à la diaspora » (persécutée elle aussi en France et solidaire, cela n’est un secret pour personne). En même temps Kalash, l’artiste emblématique, anime dans l’île voisine de Sainte-Lucie le Yamaha Sunfest où de nombreux Martiniquais (et vraisemblablement aucun de ces békés si copieusement insultés, diffamés et infamés par une propagande très intéressante à observer mais toxique et qui rappelle que la désinformation est de tout temps l’art de la subversion (comme la Propagandastaffel fut jadis l’art de donner de l’élan à une guerre mondiale).

La leçon que l’on peut en tirer est loin de la misère de l’infime minorité des petites gens qui n’ont pas accès à la solidarité nationale à la Martinique et que la Martinique est en train de brûler – et le sort des plus malheureux d’empirer – parce que quelques-uns sont en train de creuser des fractures profondes, phase liminaire d’un plan laminaire comme on en a vu d’autres dans l’histoire, pendant que d’autres – certains étant du reste probablement les mêmes – font la fiesta à Sainte-Lucie pour célébrer le culte d’une marque directement liée à un loisir de riches, le motonautisme.

RCI (Radio Caraïbes International) évoque cet événement en apparence secondaire, mais en apparence seulement, dans une île dont le salaire minimum est inférieur à l’équivalent de 500 € par mois pour un salaire médian de 1000 €, inférieur de 10% au salaire médian moyen mondial et où la population a d’autres préoccupations que le motonautisme.

« Des milliers de festivaliers au rendez-vous du Yamaha Sunfest à Sainte-Lucie.
Clap de fin sur la 1ère édition du Yamaha Sunfest, un événement musical et nautique organisé ce samedi 2 novembre à Pigeon Point Beach/Sainte Lucie et qui a réuni des milliers de festivaliers avec comme tête d’affiche Kalash.
La marque de moteurs marins souhaitait organiser un événement festif qui réunirait les habitants de la Martinique et de Sainte-Lucie dans le cadre paradisiaque de Pigeon Point Beach. »

Un événement festif, le Yamaha Sunfest à Sainte-Lucie… exactement comme les exactions de « Lavichère » pour des « festivaliers » mal intentionnés à la Martinique.

Commediante-tragediante !
(Il n’y a que dans un vieil adage que tout finit par des chansons).

Simon Zémer

4 novembre 2024

PS – En complément d’information, voir la video en page d’accueil : « Martinique : l’indépendance dirigée par les travailleurs et les pauvres ».

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