Après l’Ukraine, notre très belliciste Ministre des Affaires Étrangères, Jean-Noël Barrot, a annoncé hier être désormais prêt à déployer nos armées au Groenland pour faire face à l’armée américaine et pour empêcher les prétentions de Donald Trump.
Chacun pourra juger de la pertinence, de la crédibilité, de la déconnexion ou de la folie de cette position.
Il faut surtout lui rappeler que nos armées ont plus que jamais besoin de budgets et d’efforts constants dans notre politique de défense.
Car dès qu’il s’agit des discussions budgétaires, chaque armée exerce une pression politique, use de son influence et fait valoir ses besoins en moyens et ressources à sa façon.
Nous y sommes.
J’ai appris, il y a quelques jours, dans un rapport très fourni de 114 pages sur l’avenir de la supériorité aérienne, publié par l’Institut français des relations internationales, que nos armées souffraient de « vulnérabilités significatives » dans le domaine aérien.
Dans l’hypothèse d’un engagement militaire de haute intensité, l’aviation de combat française serait cantonnée au rôle de « supplétifs des chasseurs de cinquième génération ».
Plus précisément, l’aviation militaire française ne pourrait tenir l’effort de guerre d’un combat aérien que durant trois jours seulement.
Ce rapport pointe les vulnérabilités de l’Armée de l’Air et de l’Espace et notamment les limites du modèle français, les incertitudes sur les programmes d’avenir, des « cohérences industrielles précaires », les impasses qualitatives et technologiques, l’obsolescence de la furtivité, qui permet normalement aux avions de chasse d’échapper à la détection radar, la perte de la maîtrise du champ électromagnétique, notre incapacité à brouiller les satellites radar adverses, les capacités « Potemkine » et échantillonnaires, la très faible « épaisseur organique » et le manque de munitions.
Les deux auteurs soulignent que la France a abandonné « certains domaines technologiques clés » qui ont généré des ruptures capacitaires « dans le haut du spectre de la conflictualité moderne ».
Ils évoquent des capacités jamais mises en service comme la furtivité radar et la guerre électronique offensive mais aussi l’abandon de capacités existantes comme la SEAD – qui permet la suppression des défenses aériennes ennemies – et le retrait progressif de moyens dans le domaine de la défense sol-air.
Ils soulèvent le problème majeur de l’asymétrie technologique de nos avions de combat constatée dans des exercices interalliés avec le F-35 américain. Ils vont même très loin dans leur jugement en observant que la mission de combat contre des chasseurs furtifs de 5ème génération est devenue impossible à gagner.
Par ailleurs, ils constatent l’insuffisance de bombes simples pouvant constituer des munitions d’usure et de saturation destinées à traiter de nombreuses cibles. Les « consommations de missiles air-air observées lors d’exercices de grande ampleur représentent, rapporté aux stocks, trois jours à peine de combat de haute intensité ».
Ils dénoncent également la faiblesse et la vulnérabilité de notre défense aérienne qui ne permettrait pas à la France de supprimer les risques « d’attaques saturantes de drones ou des salves balistiques et hypersoniques conventionnelles ».
Ce rapport souligne aussi le fait que les armées françaises ne disposent pas d’équipement ni de projet capacitaire pour « brouiller » les munitions de précision guidées par satellite des forces chinoises ou russes.
Enfin, les deux Officiers rédacteurs de ce rapport, qui ne masquent pas du tout leur scepticisme, rappellent que l’aviation de chasse française est aujourd’hui en « anémie quantitative » et à son plus bas volume historique depuis 1916.
Conséquence de ce terrible constat, ils précisent dans ce rapport que la France joue désormais en seconde division dans l’OTAN.
Il n’est pas négligeable d’être conscient de ce nouveau déclassement de l’armée française, en particulier parce que notre Ministre des Affaires Étrangères, qui vient de signer une charte très wokiste, idéologique et progressiste, pour la diplomatie française, a annoncé hier être prêt à déployer nos armées au Groenland face, clairement, à l’armée américaine.
Jean-Noël Barrot devrait se calmer devant l’armée désormais très virile des Etats-Unis qui n’a rien de ridicule, et qui doit être consciente de nos vulnérabilités que notre chef des armées, Emmanuel Macron, doit résoudre.
Yann Bizien
01/02/2025
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