« Que les Français aient approuvé l’abandon de l’Algérie, ce morceau de France, trahie et livrée à l’ennemi, qu’ils aient été complices du pillage, de la ruine et du massacre des Français d’Algérie… Ceci, je ne le pardonnerai jamais. La France est en état de péché mortel. Elle connaîtra un jour le châtiment. »
(Maréchal Alphonse Juin, le 2 juillet 1962)
La période des vœux est terminée, nous voilà déjà en février. Cette période des vœux est propice aux grandes résolutions… qu’on s’empresse d’oublier dès la fin janvier. Personnellement, en 2024, j’ai pris une décision à laquelle je pensais me tenir : celle de tirer un trait sur l’Algérie. J’ai écrit plusieurs livres (1) et des dizaines d’articles qui traitent de l’Algérie française. Je pensais sincèrement avoir épuisé le sujet, mais les « chicayas » entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, ce jeu dangereux qui consiste à chercher à être aimé par quelqu’un qui nous déteste, est préjudiciable à tout le pays. On semble oublier – ou, plus exactement, on fait semblant d’ignorer – que nous avons sur notre sol une cinquième colonne algérienne qu’il est très difficile de quantifier avec précision.
L’Algérie actuelle compte 45 millions d’habitants. La moitié de cette population a moins de 25 ans. Et ces jeunes, plutôt que de crever de faim en Algérie, profitent des accords iniques de 1968 et viennent massivement en France, cet ancien colonisateur honni qu’ils apprennent à détester dès l’école.
En 2022, Macron nous a imposé le soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Ceci nous a valu, tout au long de l’année – mais surtout autour du 19 mars et du 5 juillet – des démonstrations de repentance honteuse de la part de notre classe politique, des articles tendancieux d’une presse (majoritairement de gauche) culpabilisant la France, des films et documentaires à la gloire du FLN, et aussi des manifestations de liesse qui se transformaient immanquablement en actes de vandalisme de la part des Franco-algériens – « Français de papiers » par le Jus Soli – ou Algériens résidant chez nous, l’ancien colonisateur (dont ils ne dédaignent pas les aides sociales, aussi diverses que généreuses, que notre pays repentant leur verse sans compter).
Sur la colonisation et la guerre d’Algérie, nous aurions pu, nous aurions dû, laisser le temps faire son ouvrage. Il cicatrise les plaies, favorise l’oubli et parfois même, le pardon (2). Mais François Hollande, sur les conseils de son ami Benjamin Stora, a préféré jeter du sel sur des plaies encore à vif : il s’est rendu à Alger en décembre 2012 et, sur place, a condamné la France pour les massacres de Sétif en mai 1945. Ensuite, il a accusé notre police d’avoir commis une tuerie d’Algériens, le 17 octobre 1961, en plein Paris. Croyant s’attirer les suffrages des Franco-algériens, il n’a fait qu’attiser la haine des jeunes issus de l’immigration maghrébine envers la France. Mais nous n’avions pas encore touché le fond ! Avant son élection, en février 2017, Emmanuel Macron qualifiait l’œuvre française en Algérie, le travail remarquable (et souvent désintéressé) des colons français sur une terre aride et inhospitalière durant 132 ans, de « crime contre l’humanité ». Puis, en octobre 2018, il allait salir notre Armée en faisant repentance, pour la France, au domicile de la veuve de Maurice Audin. Macron, qui ne connaît rien à notre histoire, ignorait ce que fut la « Bataille d’Alger » : une période trouble durant laquelle Alger, deuxième ville de France à l’époque, aura connu 112 attentats dans le seul mois de janvier (1957). Le commissaire Benhamou n’arrivant à rien avec 1 500 policiers, le socialiste Robert Lacoste donna les pleins pouvoirs (y compris ceux de police) au général Massu qui rentrait de l’« Opération Mousquetaire » à Suez. Massu, qui étrennait ses étoiles, commandait la 10ème DP – une Division Parachutiste -. Ses régiments ont tous convergé sur Alger. Je ne vais pas, une fois de plus, raconter la bataille d’Alger. Retenons que les paras de Massu ont éradiqué le terrorisme dans la ville. Pendant la bataille d’Alger, Maurice Audin a été arrêté par des Légionnaires paras de la section du lieutenant Erulin (3), du 1er REP, puis remis pour interrogatoire aux paras du commandant Aussaresses. Il disparait le 11 juin 1957 et on ne saura jamais, de façon formelle, s’il a été tué par les gens chargés de l’interroger ou par ses amis du FLN après s’être évadé. Mais après tout, Maurice Audin était un traître à sa patrie : la façon dont il est mort n’a pas grande importance !
Ensuite, Macron, en pompier-pyromane, n’a cessé de souffler sur les braises. C’est sciemment que je parle de braises, en pensant à deux films « engagés » (toujours contre la France) : « Chronique des années de braise » de Lakhdar-Hamina (4), sorti en 1975, et « Des feux mal éteints » de Serge Moati (5), sorti en 1994. Des procès en sorcellerie, à charge contre la France.
En 2020, il chargeait Benjamin Stora de « dresser un état des lieux juste et précis » sur la mémoire de la colonisation et la guerre d’Algérie. Rappelons, brièvement, certaines propositions du fameux « Rapport Stora » qui est une invitation à la repentance aussi unilatérale que l’étaient les funestes Accords d’Evian. Il propose notamment :
- de constituer en France une commission « Mémoire et Vérité » chargée d’impulser des initiatives communes entre la France et l’Algérie ;
- de commémorer les dates symboliques du conflit (le 19 mars 1962, le 25 septembre, et le 17 octobre 1961) ;
- de restituer à l’Algérie l’épée de l’émir Abdelkader « héros de la résistance à la colonisation française »;
- de reconnaître l’assassinat de l’avocat et militant politique Ali Boumendjel, pendant la bataille d’Alger ;
- de poursuivre les travaux sur les essais nucléaires français dans le Sahara et leurs conséquences (ainsi que celles de la pose de mines antipersonnel durant la guerre) ;
- de faciliter les déplacements des Harkis et de leurs enfants entre la France et Algérie (6) ;
- de réactiver le projet de « Musée de l’histoire de la France et de l’Algérie », prévu à Montpellier et abandonné en 2014 ;
- de faire entrer au Panthéon l’avocate Gisèle Halimi, figure d’opposition à la guerre d’Algérie (7) ;
- d’ériger des « lieux de mémoire » sur quatre camps d’internement d’Algériens en France… etc
Dans la foulée, Macron, comme Hollande avant lui, condamnait le prétendu massacre du 17 octobre 1961 (8) ; puis, la ministre Roselyne Bachelot annonçait que la France allait ouvrir « avec quinze ans d’avance » les dossiers concernant la guerre d’Algérie. Du côté algérien, le président Abdelmadjid Tebboune, comme TOUS ses prédécesseurs, se moque des gesticulations françaises comme de sa première djellaba. Ce qu’il attend, c’est un acte de contrition en bonne et due forme, avec, à la clé, des indemnisations pour les « spoliations et crimes » que nous aurions commis en Algérie.
Devant une France faible, une France avachie, une France à genoux, une France reptilienne, il ne faut pas s’étonner de voir des Algériens (ou Franco-algériens) manifester et saccager les vitrines de nos grandes villes, en brandissant des drapeaux algériens, lors de la victoire de leur pays (car pour eux la France n’est pas leur pays) à la coupe d’Afrique de football. Il est dit que nous boirons la coupe jusqu’à la lie, jusqu’à l’hallali, puis juste qu’au « Halal » tout court.
Dans mes écrits sur l’Algérie, je me suis intéressé à l’histoire, au contexte géopolitique qui a entrainé ce drame, à la realpolitique, au démarrage économique créé par la France et aussi au côté sentimental de cet abandon tragique : la perte, pour les « Pieds noirs » et les Harkis, d’un pays de cocagne où il faisait bon vivre. Mais jamais je n’ai évoqué la guerre entre la chrétienté et l’islam. D’autres l’ont fait avant moi, et sans doute mieux que je ne l’aurais fait moi-même (9).
Je vais cependant en dire un mot, pour ne plus avoir à y revenir ensuite. Arrêtons de raconter que c’est le monde chrétien qui colonisa le Maghreb. Ce sont les Arabo-musulmans, en l’an 630, qui colonisèrent des peuples chrétiens (et romains) depuis des siècles. Peuples auxquels ils imposèrent leur religion – l’Islam – par la force. Ces peuples étaient chrétiens et ont donné trois papes et cinq empereurs romains. Les papes furent Victor (de 189 à 199), Melchiade (de 311 à 314), et Gélase (de 492 à 496). En Occident, les amoureux qui fêteront bientôt la Saint Valentin ne savent pas que cette fête a été instaurée par Gélase 1er, pape berbère. Et bien peu de gens savent qu’un évêque berbère, Saint Augustin d’Hippone, est considéré comme l’un des quatre « Pères de l’Eglise ».
Ce n’est qu’en l’an 250 que la Gaule fut évangélisée ; ce n’est qu’en 392 que le Christianisme devint religion d’État sous l’empereur Théodose, alors qu’il était implanté chez les Berbères depuis l’an 150.
Qui, chez nous, a entendu parler de Dihya, connue sous le nom de « la Kahina » (ou la Kahena) ? Une princesse berbère qui a combattu les Omeyyades, lors de la conquête musulmane du Maghreb au VII° siècle. Après plusieurs succès contre les envahisseurs musulmans, Dihya a été tuée au combat, dans les Aurès, en 703. Elle est une figure historique et identitaire des Chaouis et des Berbères en général. Selon Zineb Ali-Benali (10), Dihya réussit à unifier tout le Maghreb. Au début de la conquête musulmane, l’unité du Maghreb central (l’actuelle Algérie) est réalisée par Koceïla. Ce chef berbère prend la tête de la résistance, de 680 à 688. Le Maghreb était chrétien avant d’être musulman.
Charles de Foucault (photo) était lucide quand, le 29 juillet 1916, il écrivait à René Bazin :
« Les musulmans peuvent-ils être vraiment français ? D’une manière générale, non : plusieurs de leur dogme fondamentaux s’y opposent. Le seul moyen pour qu’ils deviennent français est qu’ils deviennent chrétiens ».
Un retour à la religion chrétienne de leurs ancêtres qui eut été assez logique mais l’anticléricalisme maçonnique de la III° République ne pouvait l’accepter.
Mais revenons à nos moutons, à savoir, ce qu’a été « notre » Algérie française :
D’une colonisation, exemplaire à plus d’un titre, nous avons fait un motif de culpabilité et de contrition ; nous avons transformé une guerre indéniablement gagnée militairement en défaite ; en perdant les hydrocarbures sahariens nous avons bradé notre autosuffisance énergétique ; nous avons parqué dans des camps insalubres les Harkis fidèles à la France (quand nous ne les avons pas livrés désarmés aux égorgeurs du FLN) tandis que nous déroulions le tapis rouge aux Fellaghas.
Donc, si nous devons faire repentance, c’est bien d’avoir abandonné l’Algérie française.
Le bachaga Saïd Boualem a écrit : « Quand les Français débarquèrent sur nos côtes, le mot Algérie n’existait pas. 1830, c’est le chaos, deux millions d’esclaves rançonnés par les pillards, rongés par la syphilis, le choléra, la malaria ; des déserts, des marais pestilentiels… Pour juger l’œuvre de la France… il me parait utile de faire une comparaison. En Algérie, deux recensements : 1856 = 2 307 350 musulmans ; 1954 = 8 670 000 musulmans. En Amérique du Nord, lors de l’arrivée des Blancs, il y avait 1 500 000 Peaux-rouges ; aujourd’hui ils sont moins de 300 000. Ces chiffres sont rarement cités par les décolonisateurs ! L’œuvre de la France est une réalité et aujourd’hui s’impose une vérité historique que l’Occident va apprendre à ses dépens : la nécessité de la présence française. Hors cette paix que la France a maintenue pendant un siècle, le vieux fanatisme religieux de l’Islam, n’ouvre qu’une voie : le retour sanglant à la féodalité… ».
On peut m’objecter que le bachaga Saïd Boualem était favorable à l’Algérie française ; c’est vrai ! Alors citons ce que Ferhat Abbas (photo), le père du nationalisme algérien, disait en 1936 :
« Si j’avais découvert la nation algérienne, je serais nationaliste et je n’en rougirais pas comme d’un crime. Mais je ne mourrai pas pour la patrie algérienne parce que cette patrie n’existe pas. J’ai interrogé l’histoire, j’ai interrogé les vivants et les morts, j’ai visité les cimetières, personne ne m’en a parlé. Sans doute, ai-je trouvé l’Empire arabe, l’Empire musulman qui honorent l’islam et notre race, mais les Empires se sont éteints. On ne bâtit pas sur du vent. Nous avons donc écarté une fois pour toutes les nuées et les chimères pour lier définitivement notre avenir à celui de l’œuvre française dans ce pays. »
Et c’est encore lui qui déclarait :
« L’œuvre de la France est admirable! Si la France était restée vingt ans de plus elle aurait fait de l’Algérie l’équivalent d’un pays européen ». Et d’ajouter : « La France a commis un crime : elle a livré le peuple algérien aux tueurs et aux assassins… ».
Depuis la reconnaissance des droits du Maroc sur le Sahara occidental, Macron est à nouveau en froid avec Tebboune et il cherche à revenir dans ses bonnes grâces. Tout ceci ne rime à rien. Je ne crois pas à une possible réconciliation entre l’Algérie et la France. Parmi les Algériens, (et les Tunisiens ou les Marocains), beaucoup de ceux qui ont connu la colonisation ou les protectorats français, aiment notre pays. Ceux qui ont voulu devenir français se sont bien intégrés, ne le nions pas.
Mais la jeune génération, manipulée par les imans, les islamo-gauchistes et une éducation nationale imprégnée d’anticolonialisme, a appris à nous détester. Un sondage récent nous révèle qu’en région parisienne 75% des jeunes de 15 à 18 ans d’origine maghrébine font passer la Charia avant les lois de la République. Souvenons-nous de cette prophétie de Houari Boumédiène : « Après l’Algérie française viendra le temps de la France algérienne ; nous vaincrons ce pays par le ventre de nos femmes… ». Il voyait juste mais il ne pouvait pas imaginer que les dirigeants (et les partis de gauche) de l’ancien colonisateur se révèleraient des « collabos » de la pire espèce.
Il y a quelques années, à la suite d’un de mes articles, un élu macroniste m’écrivait : « Sur l’Algérie, vous ne savez pas tourner la page ». Je lui ai répondu : « Monsieur, il m’est difficile de tourner la page sachant que monsieur Macron s’est torché avec. »…
Éric de Verdelhan
4 février 2025
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1)- « Requiem pour l’Algérie française », « Un homme libre… », « Oran le 5 juillet 1962 (et quelques massacres oubliés) » et « Hommage à NOTRE Algérie française ».
2)- Dans mon esprit, le pardon est dû aux « Pieds noirs » et aux Harkis honteusement abandonnés par la France. Nous ne devons RIEN à l’Algérie qui nous doit son existence, son industrialisation, ses infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires et la découverte de ses hydrocarbures, etc…
3)- Philippe Erulin, né à Dole le 5 juillet 1932 et mort à Paris le 26 septembre 1979. Il était chef de Corps du 2ème REP lors de l’opération de Kolwezi en mai 1978.
4)- « Chronique des années de braise », film algérien réalisé par Mohammed Lakhdar-Hamina, sorti en 1975 et qui, comme par hasard, remporta la Palme d’or au Festival de Cannes.
5)- « Des feux mal éteints », film français de Serge Moati, sorti en 1994, sur la guerre d’Algérie.
6)- C’est sans conséquence puisque les Algériens considèrent encore aujourd’hui nos Harkis comme des traîtres et n’en veulent pas chez eux.
7)- Rappelons que Gisèle Halimi était proche du FLN et œuvrait contre la France.
8)- Le professeur Bernard Lugan et moi-même avons rédigé suffisamment d’articles sur le sujet pour qu’il ne soit pas utile d’y revenir ici.
9)- Merci à l’ADIMAD-MARF d’avoir traité ce sujet dans un de ses bulletins.
10)- Contentons-nous des écrits de Zineb Ali-Benali. Dans un (mauvais) livre, Gisèle Halimi en fait une ancêtre du…combat féministe.
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