GÉNÉRALEMENT, L’HISTOIRE EST ÉCRITE PAR LES VAINQUEURS (Jean Goychman)

L’arrivée de Donald Trump au pouvoir aurait logiquement dû conduire à un certain nombre de réflexions et tout ce que les médias « mainstream » compte d’experts en tout, de géopolitologues bardés de diplômes, de généraux à l’éblouissant passé militaire, de grands reporters courant le monde partout là il faut être, auraient dû avoir à cœur de nous expliquer une situation obscure pour nous mais limpide pour eux.

 

 

UNE RÉALITÉ BIZARREMENT OCCULTÉE

Cependant, ce bouleversement sans précédent que nous vivons qui voit se mettre en place une alliance USA-Russie ne semble pas être l’objet d’une analyse qui soit à la hauteur de l’événement.

Ceux qui, hier, nous vantaient les incommensurables mérites de l’OTAN, seul véritable rempart à l’immense danger que constitue pour nous la Russie menée par Vladimir Poutine, ne disent plus un mot sur ce sujet. L’Europe est lâchée par Trump, qui, naturellement, serait un agent russe.

Assez paradoxalement, d’autres, sur les mêmes plateaux, nous disent que la Russie est exsangue, que son armée est « à bout de souffle » et qu’elle ne pouvait pas gagner la guerre contre l’Ukraine mais que la « trahison » de Donald Trump va renverser la situation.

Ce narratif, totalement indigent, évite de dire une vérité pourtant plus apparente chaque jour.

 LA FIN DE L’HÉGÉMONIE DE L’ÉTAT PROFOND AMÉRICAIN

Trump, lors de sa campagne de 2016 qui allait le faire rentrer à la Maison Blanche en 2017, avait déclaré qu’il allait « assécher le marigot de Washington ». En d’autres termes, cela signifiait qu’il allait libérer le peuple américain d’un pouvoir de l’ombre qui avait confisqué la démocratie et s’était emparé de tous les rouages du pouvoir de la nation la plus puissante du monde et qu’il appelait « l’État profond »

Il en avait probablement sous-estimé la puissance réelle et n’avait pu en venir à bout à la fin de son premier mandat qui s’est terminé par une défaite électorale qui aurait dû définitivement l’écarter du pouvoir. Mais il a su faire mentir tous ses détracteurs et et son retour aux affaires fut triomphal le 20 janvier 2025.

Cela signifiait que l’État profond avait définitivement perdu le pouvoir aux États-Unis. Sa survie allait donc se jouer ailleurs et ce ne pouvait qu’être qu’en Europe, là où il avait déjà colonisé l’Union Européenne. Et cette colonisation d’un nouveau genre s’était faite, comme l’écrivait Nikola Mircovic dans « l’Amérique-empire » par la « colonisation des élites de l’Union Européenne ».

TOUT CE QUI SE PASSE ACTUELLEMENT EST PARFAITEMENT RATIONNEL

Trump, après avoir « neutralisé » l’État profond américain, veut maintenant éradiquer de la surface de la planète la partie « supranationale » de cet État profond dont l’objectif est d’installer un gouvernement mondial qu’il contrôlerait. Il réaliserait alors définitivement ce que Francis Fukuyama avait prédit dans son livre « La fin de l’histoire » écrit en 1992.

Pour cela, Trump sait qu’il ne peut y arriver seul. Il peut cependant trouver des alliés dans le camp de ceux qui s’opposent à ce projet de monde monopolaire. Logiquement, il doit les chercher parmi les partisans du monde multipolaire. Or, c’est durant le sommet de Munich consacré à la sécurité en Europe le 10 février 2007 que Vladimir Poutine avait prononcé l’un des plus importants discours du début du 21ème siècle. Il annonçait (déjà !) la fin du projet de monde monopolaire et il esquissait le monde futur qui, loin de faire disparaître les nations, allait au contraire rétablir les souverainetés nationales et qu’il désignait sous le nom de « monde multipolaire »

Donald Trump n’a pu ignorer ce discours et, dès lors, le rapprochement entre ces  deux hommes n’était plus qu’une question de temps et de circonstances.

UN RENVERSEMENT D’ALLIANCE LOGIQUE.

Trump et Poutine se connaissent depuis la fin du 20ème et leurs relations étaient bonnes. Ce discours de Poutine a probablement fait entrevoir à Trump des perspectives nouvelles plus conformes à la sienne qui n’est pas mondialiste et il l’a dit à de multiples reprises. Trump est avant tout un Américain et qui veut faire de l’Amérique la nation la plus grande, sans pour autant faire disparaître les autres ni même se confronter avec elles. C’est cet « isolationnisme » qui trouve sa source dans la « Doctrine de Monroe » (1823) qui l’anime.

Les circonstances de son retour au pouvoir lui ont permis de reprendre contact avec Vladimir Poutine et il est probable que, de son côté, Vladimir Poutine avait dû lui faire passer des messages l’encourageant à le faire, tout comme Staline, quelques décennies avant, avait répondu favorablement à une demande de de Gaulle.

Pour pouvoir se rapprocher de la Russie, Trump doit rompre avec la politique suivie par l’État profond. Il doit faire un choix entre la Russie d’un côté et l’Ukraine soutenue par l’OTAN et l’UE.

Ce choix vient de s’exprimer clairement et il est logique. Tout comme il doit poursuivre son jeu d’alliance avec les adversaires naturels de l’État profond mondialiste et, pourquoi pas, la Chine ?

A ce stade, on peut noter une certaine similitude entre les actions entreprises par Donald Trump et celles de Charles de Gaulle, s’opposant déjà à cet impérialisme américain.

Ce qui est curieux, c’est que, pour l’instant, il semble que ce soient les futurs perdants qui écrivent l’histoire, comme si le fait de taire la vérité pouvait l’empêcher d’apparaître.

Jean Goychman

02/03/2025

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