RÉPONSE À FRANÇOIS BAYROU (Yann Bizien)

Je veux dire à François Bayrou, suite à son interview du 7 mars sur CNEWS, que nos armées ne sont pas prêtes pour la fiction de guerre de haute intensité qu’il imagine subitement et à la hâte avec Emmanuel Macron et d’autres dirigeants européens.

 

 

Elles ne le sont pas car nos petites armées étaient déjà en surchauffe et en dépassement de leurs contrats opérationnels avant cette guerre en Ukraine.

Elles ne le sont pas car il y a depuis trop longtemps une grande inadéquation entre le budget, les moyens, les missions et les ambitions, que le pouvoir masque avec sa communication.

Elles ne le sont pas parce qu’il est illusoire de croire que la haute technologie remplacera de bons officiers, les soldats, les marins, les aviateurs et les médecins militaires.

Elles ne le sont pas car la défense de la France reposera toujours sur des hommes et des femmes en nombre suffisant, et il est sain qu’il en soit ainsi.

Elles ne le sont pas car nos armées, même si elles ont une grande valeur opérationnelle, même si elles sont craintes, redoutées et respectées, même si elles ont une longue culture du combat, et que leur excellence est partout reconnue, jusqu’aux Etats-Unis, sont aujourd’hui à l’os, en surchauffe, démunies, toujours dans l’inconfort et au-delà de leurs contrats opérationnels.

Elles ne le sont pas parce qu’elles n’ont plus la masse critique en ressources humaines et en moyens pour encaisser le choc d’une guerre de masse et de haute intensité. Elles ne le sont pas parce que des millions de Français ne se sentent plus concernés par la question de la guerre. Il est faux d’affirmer le contraire.

Elles ne le sont pas, car nous avons aujourd’hui des armées déconstruites et échantillonnaires, faites pour réduire les coûts, pour afficher une belle vitrine le 14 juillet, ainsi que pour des projections et des expéditions limitées et de courtes durées.

Je veux lui dire qu’elles ne sont pas prêtes parce qu’on ne fait pas des combattants, des soldats, des commandos aguerris, des fantassins, des artilleurs, des pilotes d’avions de chasse, des conducteurs de chars d’assaut, des marins endurcis, des aviateurs adroits, dans une société de l’assistanat, sous perfusions d’aides, sans esprit de défense, sans ciment patriotique, sans forces morales, sans discipline et sans unité de la nation.

On ne fait plus de combattants dans une société qui ne reconnaît plus comme valeurs que la mixité sociale et l’égalité et qui abandonne le respect de l’autorité, la reconnaissance de l’effort, du mérite, du courage et de l’excellence.

Surtout, on ne fait pas de combattants avec des jeunes radicalisés qui ne reconnaissent pas notre culture, n’assument pas notre histoire, brûlent notre drapeau, bafouent nos valeurs, attaquent notre ADN, nos forces de sécurité intérieure et égorgent des innocents.

Nos armées ne sont pas prêtes parce qu’il n’y a pas dans toutes nos banlieues de la fraternité d’armes.

Elles ne sont pas prêtes parce que notre pays est affaibli par une violence intérieure endémique. Nous passons notre temps à chercher à agir sur les conséquences de nos problèmes plutôt que d’en traiter les causes.
L’état de notre démographie ne nous permet plus de fabriquer des combattants en quantité suffisante pour défendre un pays de 68 millions d’habitants.

Nos armées ne sont pas prêtes parce que notre classe politique a renoncé à protéger et à défendre nos frontières. Elles ne sont pas prêtes car il y a un risque séparatiste élevé en France.

Elles ne le sont pas car il y a des forces contraires qui prospèrent dans notre pays.

Nous ne sommes pas prêts parce que les attentats de 2015 n’ont surpris que ceux, hélas majoritaires, qui refusaient de voir la réalité du monde et les dangers de l’immigration islamisée, massive et sauvage.

Elles ne sont pas prêtes parce que le bain de sang du Bataclan ne nous a pas fait sortir de l’innocence, de la naïveté et de l’hédonisme.

Nous ne sommes pas prêts parce que l’autorité de l’État est en ruine dans notre société ensauvagée et qu’il ne parvient même plus à garantir la sécurité intérieure du quotidien. Nos failles sont immenses et que la France est une passoire.

Nous ne sommes pas prêts parce que pour faire la guerre, il faut pouvoir mobiliser toutes les ressources politiques, économiques, industrielles, intellectuelles et humaines du pays, ce qui apparaît impossible à cause de nos fractures durables et profondes.

Nous ne sommes pas prêts parce que notre résilience est faible. Nos institutions et services publics fondamentaux de l’Éducation, de la Justice, de la Santé, des transports et de l’énergie dysfonctionnent et ne sont plus efficaces.

Nous ne sommes pas prêts parce que des forces intérieures et extérieures se sont attaquées à notre modèle pour détruire nos croyances, inverser nos valeurs, conquérir nos territoires et bientôt, peut-être, le pouvoir.

Nous ne sommes pas prêts parce que les bons sentiments de ce moment créé par Emmanuel Macron ne suffisent pas à notre défense, que la guerre n’est pas un phénomène réservé qu’aux autres et qu’elle doit concerner chaque Français.

Elles ne sont pas prêtes parce que la sécurité et la défense n’existent que pour ceux qui s’en donnent concrètement les moyens, au-delà des mots, des slogans et des postures.

Elles ne sont pas prêtes, parce que le désarmement militaire, pénal et moral de la France est une évidence.

Nous ne sommes pas prêts parce que nos armées ont beaucoup souffert de deux cohabitations, des alternances et des démissions politiques.

Nous ne sommes pas prêts car les politiques n’ont plus de courage et ne voient plus les intérêts supérieurs de la nation ni les besoins du peuple.
Nos politiques désireux de « toucher tous les dividendes de la paix, depuis 1989, » ont mené une longue guerre d’attrition contre notre outil de défense.

Nous ne sommes pas prêts pour la fiction d’Emmanuel Macron parce que notre politique de défense était entre les mains de professionnels du trompe l’œil, que la politique est devenue l’art de tordre la réalité, et que les priorités du pouvoir étaient ailleurs, dans notre société multi-culturalisée au forceps.

La communication politique et les intérêts de partis ont euthanasié la bonne décision et l’action efficace. La politique et l’électoralisme n’ont servi que les intérêts de clientèles, pas ceux de la France.

Notre classe politique n’avait plus que l’ambition et la vocation à se maintenir au pouvoir au détriment des intérêts fondamentaux de la Nation. Nous avons mal sélectionné notre classe politique sur les grands scrutins et nous y sommes aussi pour quelque chose dans tout ceci. Notre déclassement est le résultat d’une longue lâcheté politique collective.

Voilà pour vous, François Bayrou !

Yann Bizien

8 mars 2024

 

 

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