MACRON EST IL COUPABLE DE « HAUTE TRAHISON » ? (Éric de Verdelhan)

« Pour les traîtres douze balles dans la peau, pour les demi-traîtres six balles suffiront »

(Georges  Clemenceau)

« Jadis, quand les princes se déchiraient sans mêler les peuples à leurs querelles, les victimes étaient infiniment moins nombreuses. La guerre nationale, inventée par la Révolution et poursuivie par Napoléon, a fait autant de morts que celles de l’Ancien Régime ; autant en vingt ans qu’en plusieurs siècles… »

(Hervé Bentégeat)

 

 

Un ami, indigné et choqué par les discours va-t-en-guerre d’Emmanuel Macron, ses menaces envers la Russie, son idée farfelue de « mutualiser » notre dissuasion nucléaire au sein de l’Europe, son catastrophisme pour maintenir le peuple français en état de stress permanent, me déclare qu’un jour prochain l’avorton présidentiel devra rendre des comptes à la justice. Et comme il a, de surcroît ruiné le pays, qu’il l’a insulté, trahi, humilié et affaibli au profit de l’Europe, cet ami pense qu’il sera lourdement condamné pour le crime – gravissime ! – de « haute trahison ».

Certes, on pourrait gloser indéfiniment sur l’indignité de beaucoup de nos dirigeants et sur l’image désastreuse de « ripoux-blique » bananière que notre pays donne au monde entier.

Après avoir déclaré devant des foules en liesse : « Moi vivant, jamais le drapeau du FLN ne flottera sur Alger ! » de Gaulle a bradé notre autosuffisance énergétique en abandonnant l’Algérie ; Giscard d’Estaing a favorisé le « remplacement de population » en légalisant l’IVG et en autorisant le regroupement familial ; Mitterrand, décoré de la Francisque Gallique par le maréchal Pétain (1), a détricoté la nation au profit de l’Europe ; Chirac  a été condamné pour malversations après ses deux mandats ; quant à Sarkozy, il est sous bracelet électronique pour une affaire, et en cours de procès pour un financement supposé par Kadhafi. Hollande, le porcelet priapique qui sortait nuitamment de l’Elysée, en scooter, pour aller honorer quelque gourgandine, est passé au travers des gouttes mais il aura laissé une image assez pitoyable de la France.

Quant à Macron, je pense qu’il est, et de très loin, le pire président de la V° République. Pourtant je suis persuadé il ne sera pas poursuivi, et c’est bien regrettable. Si nous étions encore une nation digne de ce nom, un pays fier, riche, indépendant ; un État souverain qui batte encore sa monnaie et qui assure la sécurité de ses frontières, nul doute que Macron et quelques uns de ses prédécesseurs seraient trainés devant les juges pour répondre du crime de « haute trahison » envers le peuple français. Je pense même qu’en d’autres temps, ils auraient été passés par les armes car ils n’ont pas cessé de trahir leur pays au profit des USA ou de l’Europe.

Dans ce domaine, la palme, je l’ai dit et redit, revient à Macron qui cumule à peu près tous les défauts de ses prédécesseurs sans avoir aucune de leurs qualités (2). Mais il faut s’attarder, pour la bien comprendre, sur ce que recouvre la notion même de « haute trahison ». C’est un concept un peu flou, un crime qui consiste en « une extrême déloyauté à l’égard de son pays, de son chef d’État, de son gouvernement ou de ses institutions ». Il est bien souvent associé à celui d’ « intelligence avec l’ennemi ». C’est une infraction grave qui concerne les dirigeants politiques dans l’exercice de leurs fonctions. Certains y voient la version républicaine de l’ancien crime de « lèse-majesté » (3).

En droit constitutionnel, la référence à la « haute trahison » apparait dans les Constitutions de l’an III (art. 106 et 107) pour sanctionner les atteintes au fonctionnement régulier du pouvoir législatif, puis dans celles des Chartes de 1814 (art. 33) et 1830 (art. 28), sans précision, dans celle de 1848 (art. 68) et dans celles de la III° et de la IV° République (art. 42), à nouveau sans précision.

Si, comme moi, on s’intéresse à l’Histoire de France, on constate que la « haute trahison » a surtout frappé des gens attachés à la nation ou qui voulaient (ou pensaient) la défendre. Le premier qui me vient à l’esprit est le bon Roi Louis XVI. Il fut accusé de « haute trahison » pour avoir tenté de s’enfuir du pays en juin 1791 et avoir comploté avec l’étranger (4). La Convention déclara « Louis Capet coupable de conspiration contre la liberté de la nation et d’attentat contre la sûreté générale de l’État ». Le Roi sera guillotiné le 21 janvier 1793. Accusée d’avoir incité le Roi Louis XVI à trahir, de complicité ainsi que d’« intelligence avec l’ennemi », la Reine sera guillotinée le 16 octobre 1793.

La Terreur (1792-1794) enverra encore bon nombre d’innocents à la guillotine pour « haute trahison » envers le peuple et la sainte Révolution. C’est tout simplement honteux !

Citons aussi François Athanase Charette de La Contrie, chef de l’insurrection vendéenne de 1793 à 1796. Capturé blessé, après un simulacre de procès devant le tribunal révolutionnaire de Nantes, il sera fusillé pour « haute trahison » le 29 mars 1796. Son rival et allié, le général Stofflet, dit « Mistouflet », avait été fusillé à Angers le 25 février. Ces héros défendaient la France éternelle, le Trône et l’Autel. Ils n’ont jamais trahi leur patrie et méritent notre respect le plus total !

Autre défenseur acharné de la monarchie, Georges Cadoudal. Associé à la chouannerie dès 1793, Cadoudal avait pris la tête d’une armée, avec l’aval de Louis XVIII, qui, de son exil, lui confia le commandement en Bretagne en 1798. Cadoudal participera, en 1800, à la conspiration de la machine infernale visant le premier consul, puis au fameux « complot Cadoudal », avec le général Pichegru, pour enlever Bonaparte en 1803. Capturé, il sera condamné à mort le 10 juin 1804 pour complots et « haute trahison », puis guillotiné, avec onze complices, le 25 juin 1804 à Paris. Le duc d’Enghien, qu’on soupçonnait de complicité, avait été fusillé le 20 mars 1804 en catimini dans les fossés du château de Vincennes, après avoir été enlevé hors de nos frontières, le 15 mars, en Allemagne.

Le maréchal Ney (image), duc d’Elchingen, prince de la Moskowa, sera accusé de « haute trahison », condamné à mort et exécuté le 7 décembre 1815 pour s’être rallié à Napoléon lors des Cent-Jours. Lâché et renié par ses « frères-maçons », il sera réhabilité par Louis-Philippe 1er en 1831.

Le général Boulanger, qui n’avait pas osé transformer ses victoires électorales en coup d’État contre le régime déliquescent de la III° République, sera pourtant condamné par contumace, le 14 avril 1889, à la déportation dans une enceinte fortifiée, pour « atteinte à la sûreté de l’État ». La Cour n’ayant pas retenu la « haute trahison » (5). Le patriote Paul Déroulède, qui l’avait soutenu, sera lui-même condamné à dix ans de bannissement en janvier 1890… pour n’avoir rien fait contre l’État.

À la Libération, le maréchal Pétain et Pierre Laval furent traduits devant la Haute Cour de justice, l’un en juillet 1945, l’autre en octobre. Laval fut condamné à mort pour « haute trahison ». Pour le maréchal Pétain, on ne put retenir la « haute trahison » ; il fut donc condamné à mort pour « intelligence avec l’ennemi ». Sa peine sera commuée par de Gaulle en réclusion à perpétuité en raison de son grand âge. Il mourra le 23 juillet 1951. Pierre Laval, qui avait tenté de se suicider, sera fusillé le 15 octobre 1945, dans la cour de la prison de Fresnes.

Je terminerai par les généraux Raoul Salan (photo gauche) et Edmond Jouhaud (photo droite), deux des quatre membres du « quarteron de généraux à la retraite » fustigé par de Gaulle, à la tête du putsch manqué d’avril 1961 à Alger. Salan et Jouhaud, qui avaient rejoint l’OAS après le putsch, furent condamnés à mort par le Haut Tribunal militaire (6) pour des motifs assimilables à la « haute trahison » puisqu’ils visaient un complot insurrectionnel pour renverser le pouvoir. Le tribunal retiendra contre le général Salan, une « atteinte à la sûreté de l’État », alors qu’en l’occurrence, c’est le pouvoir qui trahissait l’intégrité du territoire en abandonnant des départements français. Les deux généraux putschistes, ainsi que tous les autres défenseurs de l’Algérie française, seront finalement graciés par de Gaulle, puis amnistiés en 1968 et réintégrés dans les cadres de réserves en 1982 par Mitterrand.

Si je ne craignais pas de donner dans un raccourci simpliste, je vous dirais, au travers de ces quelques exemples, que c’est bien souvent la République qui condamne pour « haute trahison » ceux qui veulent défendre la France éternelle, ses racines chrétiennes ou l’intégrité de son territoire.

J’ajoute que, dans notre pays déliquescent, les voyous se protègent entre eux. Et la crainte, la peur, qu’un président de la République puisse un jour être poursuivi pour « haute trahison » devait turlupiner quelques esprits tordus. Jusqu’en 2007, la « Haute Trahison » figurait encore dans la Constitution de la V° République (art. 68) comme la seule cause permettant de mettre en jeu la responsabilité du président de la République. Ce dernier était alors passible de la Haute Cour de Justice. Elle se définissait en particulier par l’article 5 : « Le président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État. Il est le garant de l’indépendance nationale et de l’intégrité du territoire ».  

Mais, je ne cesse de le répéter, nous sommes devenus un État mafieux, une  République bananière, qui adapte ses lois aux malversations de ses dirigeants. En 2007, on a réformé l’article 68 pour carrément supprimer la référence à la « haute trahison »…/…  

Et on a ajouté à sa place une définition en langue-de-bois qui parle, pour le président, de :

« Manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat », qui serait une cause de destitution par la Haute Cour. Je ne saurais vous dire, de façon formelle, qui est à l’origine de cette mesure inique et scandaleuse qui dédouane le président de la République de sa responsabilité devant son peuple. Je présume qu’on doit ça à Nicolas Sarkozy, l’homme qui, en 2007, nous a imposé le Traité de Lisbonne par vote du Congrès alors que nous avions refusé le Traité de Nice en 2005. Les rats sont dans un fromage et ne quitteront le navire qu’au profit de l’Europe.

Macron est-il coupable de « Haute Trahison » ? La réponse est oui, c’est indéniable !

Est-il passible d’une condamnation pour « Haute Trahison » ? La réponse est non…hélas !

Mais, je ne suis pas méchant et encore moins sanguinaire. Je ne rêve pas de voir promener sa tête au bout d’une pique, je laisse ce genre de barbarie macabre aux révolutionnaires, ceux de 1789 et leurs héritiers. Non, je voudrais seulement qu’on ré-ouvre, spécialement pour lui, notre bagne de Cayenne pour qu’il puisse y méditer longtemps sur ses félonies tout en cassant des cailloux. De plus, comme ce paltoquet prenait la Guyane pour une île, il pourrait y parfaire ses notions de géographie. Par souci d’humanisme, nous pourrions autoriser sa duègne, son chien « Nemo » et quelques-uns de ses affidés à l’accompagner en Guyane. Sait-on jamais, peut-être que « Nabot-Léon » nous gratifierait d’un nouveau « Mémorial de Sainte-Hélène » (7) ? Mais il ne pourrait pas l’intituler « Les mémoires d’un âne » puisque c’est déjà le titre d’un livre d’Alphonse Daudet. Dommage ! 

Je sais déjà que certains me trouveront trop gentil et me diront qu’en d’autres temps, plus soucieux de justice et d’égalité devant la loi, on passait les traîtres par les armes. Je le sais bien mais ça, comme dit la pub, « c’était avant ! », quand la France était encore une nation.

Eric de Verdelhan

12 mars 2025 

1)- Sous le numéro 2202. Edmond Giscard d’Estaing, le père de Valéry, a lui aussi été décoré de la Francisque Gallique mais personne n’en parle.

2)- Pour être franc, j’ai du mal à trouver des qualités à François Hollande. L’autodérision peut-être ?

3)- Ce n’est pas mon avis car le crime de « lèse majesté » concernait un monarque de droit divin, donc une atteinte à Dieu lui-même, dans un pays très catholique.

4)- Comme les documents trouvés dans la fameuse « armoire de fer » étaient censés en attester.

5)- Le général Boulanger se suicidera en septembre 1889, sur la tombe de sa maîtresse à Bruxelles.

6)- Le général Salan, par contumace (puis à la prison à perpétuité lors d’un second procès).

7)- Qui a été écrit par Emmanuel de Las Cases et non par Napoléon. 

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