DE LA REPENTANCE – 1 – (Eric de Verdelhan)

« Quand un homme a faim, il vaut mieux lui apprendre à pêcher que lui donner un poisson. »

(Proverbe chinois) (1)

 

 

Depuis toujours, je défends la liberté d’expression, et je cite souvent le propos qu’on attribue – à tort semble-t-il ? – à cette canaille maçonnique de François-Marie Arouet, dit Voltaire :

« Je ne partage pas vos idées mais je me battrais pour que vous puissiez les exprimer ».

J’ai toujours aimé les débats d’idées, fussent-ils houleux, et les personnalités aux convictions fortes, fussent-elles diamétralement opposées aux miennes. Pourtant, je me fais souvent insulter, sur les réseaux dits « sociaux », par des abrutis, des crétins (de surcroît anonymes) qui, ne partageant pas mes convictions, se croient autorisés à me gratifier de tous les noms d’oiseaux, quand ils ne me traitent pas carrément de fasciste ou de nazi. Le combat est inégal : j’exprime clairement MES idées, ils me répondent anonymement, dans un sabir très souvent approximatif mais parfois… amusant ; les fautes de syntaxe et d’orthographe compensent la pauvreté du vocabulaire et l’absence totale d’idées personnelles. Ce pathos verbeux, cette idéologie prémâchée servie par quelques mots de la novlangue et du « politiquement correct » ne m’irrite pas, au contraire, elle m’amuse ; et il m’arrive même, quelquefois, d’y répondre (mais seulement quand j’ai du temps à perdre). 

Récemment, je me suis fait agonir par un lecteur – anonyme bien sûr ! –  à la suite d’un article sur notre empire colonial. Ce monsieur me reprochait d’idéaliser la colonisation – « le temps béni des colonies » que chantait Michel Sardou – et d’occulter le fait que nous serions responsables du retard pris par nos anciennes colonies que nous avons « maintenues en esclavage » (sic). Et il concluait son engueulade par un argument-massue imparable : si Emmannuel Macron restitue des biens à l’Afrique c’est que nous les avons volés, comme  Göring avec les œuvres d’art des Juifs en 1940, ben voyons !

Que répondre à ça ? Rien, sinon que je n’ai jamais idéalisé la colonisation.

Je n’entends pas philosopher sur la nécessité – qui reste à prouver – de la décolonisation et du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Économiquement autant qu’au plan humain et moral, ce bradage a été un désastre. Nous avons perdu, entre autres, le pétrole et le gaz sahariens, le titane malgache, le riche sous-sol des grands lacs tchadiens… et j’en passe. Nous avons livré des peuplades amies à des tyrans, à des roitelets cupides, à des guerres tribales sans fin. Depuis, l’Afrique crève à petits feux, de la sécheresse, du  SIDA, de la malaria, de conflits ethniques ou religieux permanents…

Et, à force de démagogie racoleuse, d’auto-flagellation et de repentance de notre part, les anciens colonisés qui vivent massivement sur notre sol se sont mis à nous détester ou nous haïr (2). 

Il faut lire « L’Épopée coloniale de la France », d’Arthur Conte (3) : notre empire colonial fut, à la fin du XIX° et au XX° siècle, le deuxième plus vaste du monde, derrière l’empire britannique. Nous étions présents sur tous les continents, et notre empire s’étendait à son apogée – de 1919 à 1939 – sur 12 347 000 km2.

En incluant la métropole, les terres sous notre souveraineté atteignaient la superficie de 13 500 000 km2, soit 1/10ème de la surface de la terre, abritant une population de 150 millions d’habitants à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Nous étions une grande puissance, nous dominions le monde et, loin d’en avoir honte, nous en étions fiers !

Qu’il est facile, aujourd’hui, de critiquer et de condamner  notre épopée coloniale ! Il ne s’agit pas de regretter ; les regrets ne servent à rien quand on a tout perdu. Il importe surtout de connaître notre histoire, d’arrêter les jérémiades, la repentance, et de revendiquer fièrement notre passé.

Ce n’est pas la colonisation qui est criminelle, c’est notre décolonisation à la hussarde…

Des peuplades amies, en voie de développement, nous faisaient confiance. Nous les avons abandonnées au milieu du gué, et nous avons fait, du même coup, NOTRE malheur et LE LEUR. Mais nous avons fait le bonheur des deux blocs – USA et URSS – qui voulaient nous chasser de notre empire.

Alors, aujourd’hui, j’en ai ma claque des « idiots utiles », des collabos, qui contribuent, par leur veulerie compassionnelle et leur repentance imbécile, à la dégénérescence et au délitement de leur patrie ; patrie qui accessoirement est aussi la mienne, hélas !

On ne peut pas reprocher à nos anciens colonisés de (tenter de) tirer profit de la faiblesse, de la culpabilité imbécile et de la lâcheté de nos dirigeants. Nous avons vu, dans nos rues, des défilés de musulmans qui insultaient la France et nous traitaient d’islamophobes. Nous avons accepté que des hordes noires saccagent ou déboulonnent les statues de nos grands hommes. Nous avons même toléré qu’un ministre de l’Intérieur mette un genou à terre devant des vandales allogènes.

Nous sommes responsables de cette situation ; nous récoltons… ce que nous avons semé !

La repentance – ce mal ô combien mortifère ! – s’est abattue sur le pays et elle a contaminé presque toutes les couches de la société. Les moins touchées étant la classe ouvrière, parce qu’elle a encore du bon sens, se paupérise et en a assez de trimer pour faire vivre des allocataires d’aides sociales qui nous arrivent massivement d’Afrique ou d’autres pays où l’on crève de faim (surtout depuis qu’ils sont indépendants). Elle n’affecte pas non plus la France des campagnes qui travaille dur et qui gagne souvent moins que les nouveaux arrivants. Cette France « de souche », ouvrière et paysanne – le « prolo » et le « cul-terreux » méprisés par les bobos – n’a pas honte d’être blanche et ne se sent aucune culpabilité, aucun devoir, vis-à-vis de gens qui ne voulaient plus de nous, mais qui, en revanche, veulent bien de nos aides sociales, aussi généreuses que variées.

La repentance, contrairement à ce que l’on croit, n’est pas qu’un comportement de gauche ; les islamo-gauchistes se foutent éperdument du passé colonial de la France. Les plus cultivés savent que les beaux esprits « issus des Lumières » étaient tous esclavagistes et que, sous la III°  République, la droite, humiliée par la défaite de 1870, rêvait d’une revanche sur les Prussiens. Après Sedan, elle pensait déjà à la reconquête de l’Alsace-Lorraine. Tandis que la gauche maçonnique voulait exporter l’esprit des Lumières et civiliser les peuplades sous-développées : les propos de Jules Ferry ou d’Emile Combes à ce sujet sont sans ambiguïté. La gauche a perdu la classe ouvrière, donc elle racole des voix auprès des enfants du « Jus Soli ». Et elle se dit que la pagaille, les manifestations, la lutte anti-flics, la culture de la haine, peuvent devenir, à court terme, un moyen de prendre le pouvoir. 

La repentance, c’est au sein de la bourgeoisie – grande ou petite – qu’elle fait son lit. Eric Zemmour appelle l’électorat de Macron « les partis bourgeois ». Pour ma part, je désigne ce ventre mou, ce magma tiédasse, par « l’extrême-centre » (4) : c’est le vieux rêve brisé de Giscard d’Estaing que Macron veut réaliser. L’alliance de la « gauche-caviar » et de la « droite-cachemire », l’une courant après les avancées « sociétales » de l’autre. Les différences entre les deux sont infimes. Sans sombrer dans le cliché, disons que la « droite-cachemire » est souvent plus ancienne que la « gauche-caviar », ramassis de parvenus, de nouveaux riches engraissés au fric (mal) gagné dans des métiers dans lesquels on ne transpire pas trop : le show-biz, le cinéma, la pub, la communication et, bien sûr, les médias. Mais, aussi vrai que la droite d’antan était l’alliance du sabre et du goupillon, « l’extrême-centre » bourgeois, très majoritairement urbain, est celle du libéralisme débridé et du fric-roi.

La repentance, c’est, pour Emmanuel Macron, un moyen de fragmenter l’opinion et de faire des minorités – sexuelles, religieuses ou raciales – d’éternels  opprimés. Macron ambitionne que la France devienne un « Land » européen, donc tout ce qui divise le pays nuit à la cohésion de la nation et favorise ses visées européistes. Et, pour le bourgeois macroniste, la repentance c’est LE moyen de se donner bonne conscience à bon compte. Depuis la nuit des temps, la bourgeoisie a été veule et « manchiste » : il lui faut être « tendance », « in », près du pouvoir. Elle sait, au besoin, se faire servile et flagorneuse pour préserver ses intérêts. Elle a été esclavagiste quand il était de bon ton de l’être, contre le Trône et l’Autel quand on pouvait racheter les biens du clergé et des émigrés, bonapartiste sous Bonaparte, pétainiste sous Vichy,  gaulliste sous de Gaulle, etc… Elle a toujours su retourner sa veste (et baisser son pantalon, pour s’asseoir, cul nu, sur sa dignité) quand il le fallait. La repentance lui convient parfaitement : elle n’engage à rien, ne coûte pas un centime, et accessoirement elle alimente les conversations de salon, ce qui évite d’enfiler des lieux communs sur le temps qu’il fait.

« Chez ces gens-là », comme chantait Jacques Brel, on est pour le migrant, pour le Noir vociférant qui a, parait-il, « une revanche à prendre », pour l’inverti qui « assume sa différence », pour l’égalité homme-femme (pardon : femme-homme), pour le voile dans l’espace public puisqu’il s’agit d’une coutume. 

Et, comme on a des convictions, on n’hésite pas à employer une femme de ménage ou une bonniche arabe, « à condition qu’elle ne soit pas voleuse »  ou un jardinier noir « à condition qu’il soit propre ». On se vante d’avoir des amis « gays » car ils sont souvent « plus cultivés et plus raffinés que les hétéros ». Bon, on n’habite pas dans les banlieues, pas même dans les quartiers populaires. On aime les pauvres, mais pas au point de vivre comme eux ! Mais on applaudit quand Yannick Noah, Omar Sy ou Lilian Thuram – trois multimillionnaires noirs – se plaignent du racisme des Français de souche. Cet « extrême-centre » n’a pas compris qu’il jouait en permanence contre son camp et qu’il serait la première victime d’une arrivée au pouvoir des islamo-gauchistes. Une prise de pouvoir qui, compte tenu de la démographie galopante des nouveaux arrivants, peut se faire de façon légale et démocratique. Jean-Luc Mélenchon, lui, l’a bien compris !

Éric de Verdelhan.

24 mars 2025                                                                                      

1)- Certains l’attribuent à Confucius, d’autres à Mao Zédong. Cet adage résume assez bien les erreurs de la colonisation. Et avec l’« Aide au Développement », nous continuons à assister nos ex-colonies.  

2)- Ceci est à relativiser : cette détestation émane surtout des Africains (Afrique noire et Maghreb). Les Asiatiques, dans l’ensemble, sont plutôt bien intégrés.

3)- « L’Épopée coloniale de la France », d’Arthur Conte ; Plon ; 1992.

4)- Je crois être l’un des premiers à avoir employé ce qualificatif.

 

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