« Je ne parle pas aux cons, ça les instruit ! »
(Michel Audiard)
Il y a quelques jours, j’ai écrit un article intitulé « De la Repentance », dans lequel j’exprimais, pour la énième fois, mon ras-le-bol de voir nos dirigeants et les partis de gauche se livrer à une auto-flagellation honteuse, un « mea culpa » indigne et des salamalecs larmoyants envers nos ex-colonisés et leurs descendants, noirs ou maghrébins (1), pour se faire pardonner notre épopée coloniale et/ou notre passé esclavagiste. Une repentance qui, de surcroît, n’est pas toujours sincère car c’est aussi, pour ces gens-là, une façon de s’attirer les suffrages des Français « de papiers » issus du « Jus Soli » ou du regroupement familial ; ces Français de fraiche date dont beaucoup détestent la France.
Depuis des décennies, c’est une surenchère à qui battra sa coulpe le plus fort ; qui saura le mieux baver sur notre pays, l’insulter et cracher sur nos morts. Si notre pauvre nation se meurt, elle le doit essentiellement à une nomenklatura que certains appellent « élites » alors qu’ils sont des traîtres, des salopards et des fossoyeurs qui jouent contre leur camp, ou plutôt contre NOTRE camp.
Cette servilité reptilienne, cette attitude indigne devant des immigrés plus ou moins récents, qui nous insultent, manifestent contre leur pays d’accueil et déboulonnent les statues de nos grands colonisateurs, a démarré dès la fin de notre empire, au tout début des années 60 ; mais elle s’est amplifiée avec l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand et la création de « SOS-Racisme » en 1981. Ensuite, tant Jacques Chirac que Nicolas Sarkozy n’ont pas cessé de donner des gages à la gauche en condamnant le racisme supposé des Français. François Hollande, conseillé par Benjamin Stora, a été encore plus loin quand, sur le sol algérien, il a condamné la France pour les massacres de Sétif le 8 mai 1945. Peu après, il reconnaissait la responsabilité de nos forces de l’ordre dans la tuerie de fellaghas qui manifestaient, en plein Paris, le 17 octobre 1961. Comme s’il était anormal, en pleine guerre d’Algérie, de mater une tentative de rébellion d’une troupe ennemie (2) dans la capitale. Avec Hollande, je pensais que nous avions touché le fond et qu’il serait difficile de faire pire en matière de veulerie compassionnelle et de repentance honteuse ; je me trompais lourdement, hélas !
Emmanuel Macron nous est arrivé en mai 2017. Marionnette de Davos, pantin du Nouvel Ordre Mondial, il avait pour mission de détricoter notre histoire pour tuer ce qui restait encore de la France éternelle et de son passé glorieux, pour en faire un vulgaire « Land » européen. Avant même d’être élu, en février 2017, il annonçait la couleur en déclarant que notre colonisation en Algérie était un « crime contre l’humanité ». Une telle infamie aurait dû le disqualifier mais la « démo-crassie » est une illustration, parmi d’autres, de la Loi de Pareto (3). Macron a été élu et réélu. Pauvre France !
Depuis, cet avorton narcissique, frappé d’une logorrhée sentencieuse – une véritable diarrhée verbale – passe son temps à critiquer les « Gaulois réfractaires », surtout lorsqu’il est à l’étranger.
Il a, entre autres méfaits, rendu visite à la veuve du traître Audin et sali l’armée française en l’accusant de l’avoir tué. Notons, au passage, que la suppression d’un traître en temps de guerre est une chose assez courante, pour ne pas dire normale. Puis, il a fait déposer une gerbe sur la tombe du terroriste algérien Larbi Ben M’hidi, l’un des fondateurs du FLN, responsable de plusieurs attentats durant la bataille d’Alger qui ont tué des dizaines d’Européens. C’est proprement scandaleux !
Macron a également fait rendre à l’Afrique des biens que nous aurions prétendument « pillés ».
Plus récemment, en déplacement au Maroc, ce détracteur de toute forme de colonialisme a vanté, avec des trémolos dans la voix, les bienfaits pour l’Europe de l’invasion musulmane d’Al-Andalus : sept siècles d’une colonisation brutale, aussi terrible pour les chrétiens que pour les juifs, ne semble pas l’émouvoir. La colonisation, pour lui, c’est comme le racisme ; ce n’est condamnable que si le colon est blanc. Emmanuel Macron déteste le « mâle blanc » (4) et le fait savoir.
Pour se dédouaner aux yeux des nouveaux arrivants, il n’a de cesse de déclarer que sa génération « ne porte pas le poids de la colonisation ». Les salauds, pour lui, ce sont les Français d’avant, ceux qui ont fait la gloire et la grandeur d’un pays qu’il s’ingénie à détruire.
Il se trouve que, malgré mon âge, je ne porte pas, moi non plus, le poids de la colonisation. Je n’ai jamais fait le coup de feu dans une de nos anciennes possessions. Je connais plusieurs de nos ex-colonies ou protectorats, mais seulement en touriste. Mon père, lui, s’est battu en Indochine et en Algérie, pour défendre des populations amies qui ne voulaient pas du communisme. Des populations que nous avons abandonnées au nom du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », cette tarte-à-la-crème lénifiante imposée par l’URSS au lendemain de la seconde guerre mondiale.
Tout gamin, j’ai eu la fierté de notre empire, puis, plus tard, mes voyages en Afrique ou dans « notre » Indochine m’ont permis de constater que tout ce qui tient encore debout dans ces pays est l’œuvre de la France. C’est moins vrai de nos jours puisque ces territoires sont devenus le terrain de chasse des Américains, des Russes ou des Chinois. La plupart de ces pays ne veulent plus de nous.
Aujourd’hui, chaque fois qu’il m’arrive de parler de notre ancien empire, des imbéciles pétris de la doxa officielle, culpabilisés par les discours ambiants contre la colonisation, me rétorquent que nous aurions retardé le développement des contrées colonisées ou sous protectorat français.
Et bien, le retard que nous aurions fait prendre à nos ex-colonisés, parlons-en ! Je ne saurais mieux l’illustrer que par une anecdote que j’ai racontée dans un de mes livres (5).
L’histoire se passe lors d’un dîner mondain. Un de ces dîners où je m’ennuie comme un rat mort car le bavard impénitent, le passionné que je suis, n’a absolument RIEN à dire. On m’a appris, jadis, qu’en société, il ne faut parler, ni de politique, ni de religion, ni de son travail. L’humour gaulois est également mal venu et le rire, carrément déplacé. Que reste-t-il alors ? Rien, nada, que dalle ! Des généralités sur le temps qu’il fait, des fadaises, des lieux communs, bien consensuels, pour ne froisser personne. On y caquette allègrement, comme dans une volière.
Avec le temps, je constate que, finalement, rien ne change. Lorsque j’avais 30 ans, les gens qui m’emmerdaient avec les couches-culottes de leurs rejetons sont les mêmes (en plus décatis) qui me bassinent aujourd’hui avec celles de leurs petits-enfants. Mais heureusement, dans ces dîners d’un ennui mortel, il y a souvent le con de service : il parle fort, avec assurance et emphase. Il est pontifiant, sentencieux et moralisateur. On sent celui qui sait tout et qui a vécu. Les autres convives l’écoutent avec respect et un brin d’admiration car il est officier supérieur ou haut fonctionnaire. Habitué à commander, il n’aime pas être contredit. Il faut donc l’écouter religieusement, sans jamais l’interrompre et le regarder avec un air bovin qu’il prendra pour de l’admiration.
Ce soir là, c’est un « général-quart-de-place » issu du Service du Matériel (6). Je le connais de réputation : il considère les paras comme des têtes brûlées et la Légion comme un repaire de brutes apatrides. Durant sa carrière d’embusqué, il n’a jamais risqué sa précieuse peau dans une « Opex » (7) mais arbore fièrement deux rosettes qu’il doit sans doute à la souplesse de son échine : « la Rouge » et « la Bleue » (8), glanées sans avoir un coup de feu à se reprocher sinon à l’exercice (ou sur des perdreaux s’il est chasseur) (9). Il ressemble aux bidets Jacob Delafon : un robinet bleu pour l’eau froide et un rouge pour l’eau chaude ; ou aux fines porcelaines de Chine qui « supportent bien les décorations mais craignent le feu ». Je l’écoute sans piper mot, mais je réagis quand il déclare, péremptoire : « Reconnaissons que notre colonialisme n’a servi à rien sinon à retarder l’évolution de nos colonisés ». J’avance timidement : « L’état actuel de l’Afrique Noire et de l’Afrique du Nord, après plus d’un demi-siècle d’indépendance, ne me pousse pas à la culpabilisation et à la repentance… »
« Pour les Nègres et les Bougnoules (10), je vous l’accorde, me rétorque-t-il, mais vous ne connaissez pas le Vietnam. Les Vietnamiens sont créatifs avec rien : regardez le Cyclo-pousse ».
Je lui demande naïvement : « Vous avez vécu là-bas mon général ? ». Et il me répond :
« Non mais j’y suis allé, en voyage organisé, avec ma femme, il y a 5 ou 6 ans. Ces Jaunes sont des bosseurs. D’ailleurs, on le voit bien, chez nous, dans les restaurants asiatiques… ».
Diantre, j’ai affaire à un ancien d’Indo : respect ! Je n’ai plus qu’à la fermer. Et pourtant…
J’aurais pu dire à ce con glorieux que je connais, mieux que lui sans doute, la belle histoire de « notre » Indochine française. Et qu’en 2009, avant d’écrire mon premier livre (11), j’ai fait un long voyage en Indochine (je me refuse à dire Vietnam) : du delta du Mékong au Tonkin, de Saïgon (que je me refuse à appeler Hô-Chi-Minh-ville) à Hanoï, via Hué et Haïphong.
J’ai terminé mon périple dans la magnifique Baie d’Along. J’ai succombé au charme de ce pays et de ses habitants. Et je comprends que nos colons, nos missionnaires, nos soldats aient pu attraper là-bas le « mal jaune ». J’aurai pu expliquer à ce con pontifiant que je n’ai rien contre les bureaucrates, les gratte-papiers, les fourriers et autres compteurs de chaussettes – il en faut – mais je leur demande simplement de ne pas cracher sur le pays qui les paie (avec NOS impôts !). J’ai eu la chance, dans ma vie, de connaître ou de côtoyer plusieurs grands soldats : les généraux Jouhaud, Langlais, Caillaud, le colonel Château-Jobert, le capitaine Sergent, et tant d’autres encore…
Certains m’ont même honoré de leur amitié. J’ai un profond respect pour les gens capables de mettre leur peau au service d’un idéal, et ceux pour qui le patriotisme n’est pas un vain mot.
J’aurai, enfin, pu dire à ce con ramenard et inculte qu’en l’écoutant j’ai pensé au vieux slogan soixante-huitard : « La culture c’est comme la confiture : moins on en a, plus on l’étale ». Car le Cyclo-pousse qu’il a cité en exemple est un bienfait du colonialisme. Il est arrivé en Indochine juste avant la Seconde Guerre Mondiale, et il est l’œuvre d’un génial inventeur… charentais, Maurice Coupeaud, une « face de craie », un « souchien ». Coupeaud n’a pu exporter son Cyclo-pousse, avec l’agrément de Georges Mendel, le ministre des colonies, qu’après l’avoir fait tester dans les allées du Bois-de-Boulogne par deux champions cyclistes, vedettes du Tour de France de 1937, Georges Speicher et Maurice Le Grévès. Une expérimentation a ensuite été tentée, à l’automne 1938, à Phnom Penh. Quelques semaines plus tard, Maurice Coupeaud faisait fièrement son entrée dans Saïgon, à l’issue d’une course-marathon mémorable de 27 heures. Dans l’esprit de son inventeur, comme dans celui du ministre Georges Mendel, le Cyclo-pousse constituait « un progrès dans le respect de la dignité de l’homme » qui n’était plus, tel l’antique coolie, « attelé comme une bête de somme à ses brancards », mais assis, trônant à l’arrière de l’engin. Voilà la véritable histoire du Cyclo-pousse, inventé en métropole, par un Français !
J’aurais pu raconter ça, mais… je n’ai rien dit. Oh, pas par courtoisie vis-à-vis de nos hôtes ! Pas par lâcheté non, plus ! Disons, par lassitude, car j’en ai ma claque de tous ces « idiots utiles », ces collabos même pas honteux, qui contribuent, par veulerie, à la dégénérescence de leur patrie ; patrie qui accessoirement est aussi la mienne, hélas !
Éric de Verdelhan
28 mars 2024
1)- Je note que les Asiatiques de notre Indochine se sont plutôt bien intégrés, qu’ils étudient, travaillent et ne passent pas leur temps à nous reprocher de les avoir colonisés.
2)- Rappelons que c’est la Wilaya 7 du FLN qui organisait cette manifestation.
3)- Lisez « Le Procès de la démocratie » de Jean Haupt ; publié en 1971 et réédité par DPF en 1977.
4)- Surtout s’il est hétérosexuel, car il affectionne les invertis.
5)- Sauf erreur, dans « Devoir de Colère » ; publié en 2020.
6)- Ce service est indispensable au bon fonctionnement de nos armées mais admettons que les héros y sont relativement rares.
7)- « Opex » = Opération Extérieure.
8)- « la Rouge » est la Légion d’Honneur et « la Bleue », l’Ordre National du Mérite.
9)- Ou à son appartenance à la Franc-maçonnerie ?
10)- Je ne fais que transcrire ses propos car chez ces gens-là, on n’est « pas raciste mais… »
11)- « Au capitaine de Diên-Biên-Phu » Publié chez SRE-éditions en 2011.
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